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12 août 2015 3 12 /08 /août /2015 20:31

Et si Sartre, dans son existentialisme, avait tout faux, si tout son système n'était qu'un mensonge, un raisonnement protecteur dont il ne pouvait se passer, dont il avait besoin pour vivre? La séparation entre animaux et êtres humains, les uns libres et les autres déterminés parce que seuls les hommes se font eux-mêmes librement (l'existence précède l'essence) est un postulat métaphysique. Sartre ne dépasse pas Kant sur ce point. On ne peut valider le libre-arbitre que pour raisons pratiques, et même l'impression subjective de la liberté ne signifie et ne prouve pas qu'on est libre, comme l'ont exposé La Mettrie, Spinoza ou Hume.

Pour Sartre, prétendre le contraire, c'était nier sa responsabilité, être de mauvaise foi. Il se pourrait en fait qu'il ne pouvait affronter la possible réalité, le postulat contraire d'un déterminisme total, et que, faute de la puissance nécessaire ou de l'équilibre psychologique pour vivre avec cela, il fut poussé sa vie entière à édifier un système avec la liberté au centre comme obsession.

Plus il allait, plus il prenait en compte les déterminismes sociaux et structurels, comme la guerre, l'économie, qui contraignent l'individu, et plus ses tentatives d'harmoniser dialectiquement existentialisme et contraintes situationnelles se compliquaient, s'avéraient impossibles (La critique de la raison dialectique).

Et, si, finalement, Sartre, niant également certaines avancées de la psychanalyse, en restant fondamentalement Cartésien, avait triché toute sa vie avec lui-même, avait, bien davantage que le garçon de café, été de mauvaise foi, et si toute sa philosophie dans sa version existentialiste était fondée sur une faiblesse?

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commentaires

C
La liberté. Pouvons-nous nous poser les questions qui suivent ? <br /> Est-ce parce que tous les hommes ne sont pas libres que quelques- uns ne peuvent l’avoir été, ne peuvent l’être, ne peuvent le devenir ? <br /> Sont-ce ceux-là les hommes non libres, entre autres : ceux qui ne peuvent pas y accéder, ceux qui ont perdu la possibilité de la liberté par accident ou maladie, ceux qui ne croient pas à la liberté ou feignent de ne pas y croire, ceux qui ne veulent pas y accéder, ceux qui en ont peur, ceux qu’elle culpabiliserait car l’ayant mal utilisée ou l’utilisant mal ? <br /> La liberté se prouve-t-elle ? Ne s’éprouve-t-elle pas plutôt ? Le sentiment, la sensation, de liberté, la liberté, n’est-ce pas cela qui rend l’expérience de la vie, si l’on en excepte le côté parfois trop vertigineux, si intéressante ? La liberté ne peut-t-elle être un bien qui s’acquiert, même si certains humains n’y accéderont jamais ? <br /> Est-ce un bien qui s’acquiert et qui peut et même qui doit se transmettre ? Parce qu’éprouver la liberté ne serait-ce pas finalement le summum de la joie. Et si elle est ressentie par un homme bien cet homme-là ne peut-il pas que s’améliorer et avoir envie d’améliorer la vie des autres ? Cercle vertueux. <br /> Certains de vos textes, tous très intéressants pour leur complémentarité même, dans leur exposé des contraires aussi, ne vont-ils pas parfois un peu dans ce sens ? Ils donnent envie de liberté en tout cas. Ca peut sembler paradoxal : c'est bon.
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F
Oui, il y a une libération possible au moins partielle, mais je ne pense pas qu'on en soit l'origine, cette réalisation individuelle progressive ou radicale dépend pour moi des circonstances, des rencontres, et non d'actes libres, de "projets existentiels originels" pour reprendre Sartre. C'est pour cela que je critique également la notion de mérite. On cherche tous à s'en sortir à notre façon, et "nul ne fait le mal volontairement", mais que par ignorance, pour reprendre Socrate. Enfin je crois. La prise de conscience de ce qui nous déterminait à notre insu peut nous aider à nous réorienter et à choisir différemment, ce qui est clair chez Freud, un peu plus complexe chez Spinoza par exemple.