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27 septembre 2015 7 27 /09 /septembre /2015 00:05

La vie, y compris la vie humaine, n’est qu’une succession de rapports de force. Malheur au faible, où à celui qui le devient.




La souffrance que je ressens dominer le monde m’abat régulièrement.




Perdre son intelligence, sa mémoire, son imagination, et se retrouver à la merci de tous, sans défense, livré à la perversion de tous !




Régulièrement, je me mets à la place des femmes, j’ai moi-même une sensibilité naturellement féminine, et je ressens avec elles l’horreur des agressions machistes. Elles devraient toutes apprendre l’aïkido.




Je crois que tout ce qu’on est provient de notre structure corporelle, de ses modifications, des circonstances en tant qu’elles affectent cette structure.




Il faut soi-disant apprendre la confiance. La Providence veillera sur nous, sur tous. Mais la Shoah nous montre clairement que c’est à nous de faire le travail, tout le travail. Aide-toi et le ciel t’aidera. Or, comme on est le ciel qui se réalise dans le monde, s’aider, c’est déjà le ciel qui s’aide. Il n’y a donc rien à attendre du Ciel qui soit autre que ce que réalise notre effort.




Certaines personnes m’ont dit, et disent : « cette femme n’est pas pour moi ! » Pas dans le sens où elle ne leur correspondrait pas, mais ils ne se sentaient pas à la hauteur, du genre : « Trop belle pour moi ». Ce genre de réactions me stupéfait. Peut-on accepter sans combattre, sans humiliation, d’être dépassé de la sorte, vaincu absolument ? Pour ma part, si j’ai eu des déceptions amoureuses, je ne me suis jamais dit qu’une femme me « dépassait ». Jamais aucune femme ne m’a donné cette impression. Je n’ai jamais senti cela. Mais il doit être particulièrement cruel de se sentir limité pour ainsi dire organiquement , constitutivement.




Aller à l’hôpital un jour de déprime, ce n’est vraiment pas le truc à faire. On y rencontre des êtres complètement perdus, l’air égaré, malheureux, des jeunes couverts de bandages, sans doute défigurés, ou bien en chaise roulante, ou bien étendus, et on ne peut pas savoir ce qu’ils ont. Et puis, dans les couloirs, des familles à l’air éploré, résigné côtoient des gens plus insouciants, qui semblent se promener ici comme ailleurs, comme s’ils étaient en pleine rue, simplement. Parfois, dans mes jours les lus sombres, je me demande si les bouddhistes, si Schopenhauer n’a pas raison. Le monde souffre beaucoup trop, les créatures souffrent beaucoup trop. La souffrance domine les joies, les progrès, les victoires. La mort triomphe toujours du vivant, de la vie qui lui résiste, le mal du bien, alors le but de toute vie ne doit-il pas être de supprimer tout désir, tout attachement, afin d’évacuer la souffrance qui y est liée, si cette méthode est effectivement la meilleure pour ce but ?




Tous ces types fauchés qui ne pourront plus jamais faire l’amour !




Les hommes se défient sans cesse de leurs yeux, et c’est à qui fera la plus forte impression .Moi, je refuse d’entrer dans leur jeu. Si j’accepte le rôle classique que tout homme est forcé à jouer, cela dégénèrera. Nous risquons fort d’en venir aux mains, et je gâcherai ma belle rédemption par un massacre sûr. Je suis vraiment lassé de ces rapports de force, de domination, ou le fort écrase, systématiquement, le faible, et où tout faible, tout fort qui devient faible, est humilié, asservi, moqué.


Tous nos efforts, parfois, vraiment, on se demande pourquoi.




Je ne crois pas qu’il faille accepter l’irréversible, même un irréversible qu’on sait être tel. Un handicap, une maladie incurable, la mort d’un enfant, si on les accepte, il ne se passe rien.
La révolte permettra l’œuvre littéraire compensatrice, l’engagement humanitaire rédempteur. Ne pas accepter une diminution physique, ce sera peut-être acquérir la puissance supérieure à celle dont on était pourvu valide, nécessaire à la rélisation de l’oeuvre ; un enfant mort, ce sera peut-être, par l’engagement humanitaire, des dizaines d’enfants sauvés.
Celui qui accepte l’irréversible sous prétexte qu’il est irréversible, par contre, n’est pas pour moi un sage, c’est un apathique.




X n’aurait rien à dire au psy, s’il le voyait, tout simplement parce qu’il n’a rien à dire.




X ne peut se défendre. Il ne pourrait s’en sortir dignement dans une confrontation où, par exemple, on l’accosterait dans la rue, car il ne trouve pas ses mots.




Quelle horreur que la situation d’un animal, ou d’un être humain à la cohérence définitivement brisée ! Ils ne peuvent plus évoluer, plus avancer, plus se déterminer eux-mêmes. Je tremble, je suffoque, je m’indigne à la pensée de tous ces êtres ineptes. Mais, finalement, pourquoi lutter ? Car les pessimistes ont raison, la mort triomphe toujours, et elle laisse sa victime, toujours, impuissante, inconsciente, détruite.




Petit menton, petite voix, petit sexe, besoin de beaucoup de sommeil, bref, je suis une toute petite nature.




Je ne crois pas à la liberté. On est tous coincé par les limitations que nos corps nous imposent. Un débile léger ne pourra jamais se déterminer, évoluer librement. Quelle horreur que leur sort, parqués dans des maisons communautaires, où, sous le prétexte qu’ils doivent servir à quelque chose, être utiles, on les condamne à accomplir, toute la journée, toutes leurs journées, des travaux répétitifs, mécaniques, inutiles, alors qu’avec une meilleure infrastructure, un meilleur soutien, on pourrait les divertir, les épanouir vraiment.




Imaginez la cruauté du sort des parents, dont les enfants, normaux, subissent des lésions cérébrales déstructurantes irréparables, ou un accident dont la gravité similaire implique une chute aussi irréversible, enfants qui ne pourront donc jamais rien faire de leur vie ! Cela, c’est un scandale absolu !




Je m’inquiète de mes performances sexuelles. Suis-je assez viril, le serais-je assez, pour satisfaire mes partenaires ?




Encore vu un noir style rappeur me défier du regard et, se retournant, suivre une femme blanche et la draguer sans respect, sans distance, sans pudeur.
Est-on vraiment obligé de se niveler sur ce type d’attitude agressive, et régressive, digne et typique du règne animal, mais pas digne d’intégrer le monde humain ?




Toute diminution physique et plus encore intellectuelle, est absolument un scandale, insupportable, car supporter, accepter la diminution, on ne peut le faire que diminué. Alors on supporte un état auquel, valide, on aurait préféré la mort.


Ne plus pouvoir s’extérioriser, ne plus pouvoir exprimer son intériorité, ou perdre son intériorité, c’est une souffrance excessive, c’est souffrir ou ne pas souffrir, plus que nous pouvons, ou plus que nous devrions pouvoir le supporter.




Lorsqu’une société, comme la nôtre, est si décadente qu’elle en est devenue folle, il devient urgent de changer les choses par la force.




Plus je vais, et plus je pense que ce qui constitue la valeur des êtres, hommes compris, ce n’est pas la complexité de leur cerveau, mais leur performance sexuelle. Du moins, c’est comme cela que le prennent, que le vivent, que le ressentent les femmes.




Il est difficile de ne pas mépriser les femmes, car il est dans leur nature de se laisser toucher, de se faire baiser, de s’abandonner dans les bras d’un homme, de perdre le contrôle volontairement, et, bien que cela ne dure que le temps de l’excitation sexuelle, il n’est pas rare qu’elles apprécient insultes et humiliations. Il est dans leur nature d’aimer être dominés, comme il est dans la nature des hommes d’aimer dominés.




A une heure du matin ,quel est le genre de musique qui émane des voitures, réveillant tous ceux qui dorment alentour ? Du rap.




Tout violeur devrait être puni de mort, et tout type lourd et insistant importunant les femmes devrait être enfermé. Les femmes, étant les égales des hommes, devraient pouvoir se promener seules dans n’importe quel coin de France et du monde, cela sans soucis. Y contrevenir est de l’ordre du crime contre l’humanité.




Pour ce qui est évolution des mœurs, respect des lois, attitude citoyenne et parité, les peuples du Nord sont plus avancés que les peuples du Sud.




Les chauffards pour la plupart, viennent de Cité, et les délinquants sont aussi chauffards.




Tous ceux qui profitent de la faiblesse d’autres créatures pour s’affirmer, et, du même coup, concourent à les maintenir dans cette faiblesse au lieu de les aider à s’en délivrer, où, s’il n’y a rien à faire pour elles, ne respectant pas leur intégrité et leur dignité, doivent être mis hors d’état de nuire.




De tous les peuples, les blancs sont certainement les plus beaux, physiquement, et ceux chez qui on rencontre le plus de variétés, de sensibilité, et de profondeur dans le visage.




Non seulement les films pornographiques ne me font pas rire mais ils heurtent profondément mon sens moral, et mon goût esthétique. A mon avis, il y a bien peu de spectacles plus affligeants, plus dégradants pour la femme, plus vulgaires. Toute pornographie est recherche du plaisir par la participation ou l’observation de l’asservissement de l’espèce humaine, et, comme telle, devrait être interdite, car contraire à la dignité humaine.




Une femme qui perd ses bras, ne peut plus faire grand chose. Ses possibilités sont bien diminuées.




Par définition, la mort n’est pas la vie. Il n’y a qu’une vie, cette vie-ci. Aussi est-il ridicule d’employer des expressions comme « une certaine vie c’est mourir », où « un certain type de mort, c’est vivre ».


La vie est la vie, et la mort la fin de la vie. Etonnant toutes les contorsions, les exercices spéculatifs extrêmement complexes et laborieux, toutes les religions, les ascèses, les mystiques, qui s’efforcent de nier l’évidence.




Le bouddhisme est-il compatible avec Darwin, avec les données, les connaissances de la biologie ? La réponse est non !




Il est nécessaire à l’homme d’espérer pour parvenir à « supporter la vie ». Mais cette espérance n’est pas nécessairement fondée. Il suffit que l’homme la croit fondée, que la croyance en une forme de cohérence universelle le dupe, pour qu’il puisse retrouver le goût d’agir ! Besoin de cohérence certes mais cohérence hypothétique, à laquelle un assentiment sans fondement suffit pour muer de nouveau l’homme désespéré, qui n’échappe pas à l’absurde, mais au moins s’en croit délivré. Peut-on vivre, et vivre sans désespoir, si l’on se refuse à toutes espérance dont on pressent qu’elles portent en elles, de nature, une part mensongère, fausse, inclinant dans le sens qui nous permet de vivre ? Peut-on vivre une vie non désespérée par l’absence d’espoir ? Ce qu’impose la lucidité, que l’espoir est toujours une anticipation usurpée, peut-il être assumé sans troubles psychiques, avec dignité ?




Un préjugé : une vie réussie est une vie qui se termine bien.




Je préfère mille fois voir une femme danser que l’entendre philosopher. D’un côté la vie, Dieu qui s’incarne, de l’autre du galimatias dont l’apprentissage, du moins pour l’homme normalement constitué, n’est pas une fin en soi, mais n’a d’autre intérêt que de lever ses inhibitions, pour pouvoir danser avec la femme qui danse, et la baiser, comme tout le monde.




Epuisé par les préjugés censés dénoncer les préjugés. Le manichéisme est attribué péjorativement en toute occasion. Et après tout, pourquoi pas le manichéisme ?
De même, juger que tout cliché est nécessairement un préjugé est un cliché, un véritable préjugé.




C’est le sacrifice de son individualité, de son intelligence au profit du consensus communautaire, qui est cause de toutes les violences de groupes, et celui qui se sacrifie de la sorte est un faible, prêt à toutes les compromissions pour ne pas être seul, vivre seul, penser seul, agir seul, pour être intégré à un groupe, et ne pas avoir à s’opposer, seul, à tous les groupes. Le faible se cherche une tendance, quelle qu’elle soit, parti politique, de gauche, de droite, d’extrême gauche, d’extrême droite, religion monothéiste, bouddhiste, groupe de ceux qui ne se revendiquent d’aucun groupe, d’aucune tendance, association d’égoïstes etc
Le fort est toujours seul. C’est la solitude qui le caractérise le plus exactement car il n’est jamais complètement d’accord avec qui que ce soit, et, de plus il tient à se rester fidèle, d’où un refus systématique d’obtempérer.




Hier, j’ai vu deux pauvres types, qui avaient l’air de bien se connaître. Le genre misérable, basket, jogging, et bombers. L’un deux, manifestement hémiplégique, se faisait rabrouer par l’autre, durement. Et subitement, cette scène de misère finalement ordinaire, m’a désespéré. Me rendre compte, comme cela, avec certitude, que la majorité des hommes est ignoble, cela je le savais, mais que cela soit éclairé par un exemple caractéristique et glaçant, cela a vraiment dépassé mes forces, dégoûté mon aptitude à la résistance.




Il y a deux genres d’hommes, ceux qui aiment s’habiller en jogging, et ceux qui y répugnent.


Un type, de la musculation, me dit : «vous êtes anxieux », comme si cela était péjoratif. Mais, que diable, anxieux, émotif, sensible, réceptif, tourmenté, bref énergique et vibrant, c’est tout un !
N’est-ce pas préférable à être insensible et mou ?




A Moving, je discutais, récemment , avec un groupe de personnes, et personne n’écoutait une femme d’une trentaine d’années, laide, molle, et manifestement stupide, à la limite de la déficience mentale. Cependant, elle devait bien souffrir de son état, puisqu’elle tentait sans succès d’attirer l’attention sur elle. Cette femme, cet être donc, devait souffrir de ne pas être belle, énergique et intelligente, mais son état même, ses déterminations physiques incluant si nettement l’irrévocabilité de sa laideur, son peu d’énergie constitutif la condamnant à ne pas assez vouloir pour évoluer, et les faiblesses de ses connexions cérébrales la vouant, ici encore, à la stagnation, force m’était de constater, une fois de plus, que la grâce, on l’avait ou on ne l’avait pas, et que l’on naissait avec ou sans.
Mais cette femme, néanmoins, souffrait de ce qu’elle était. Et je me dis, une fois de plus, que la vie était une loterie injuste, qu’il était malheureux d’être déterminés si petitement que le sont les êtres qui partagent la qualité de cette femme, condamnés malgré eux à suivre les autres, les plus beaux, plus malins, plus enthousiastes qu’eux, et souvent bien limités eux aussi, et cette pensée me laissa perplexe, brisé en fait, comme à chaque fois. Est-ce ma faute, si j’ai le don de me projeter en la vie, l’état d’esprit d’autrui, d’être limité par ses limites, et d’en ressentir les effets ? je manque, finalement, de l’égoïsme fondamental qui permet de survivre.




Toute la culture que j’ai assimilé, depuis les parachutistes, n’a servi qu’à me compliquer l’existence, à me « surdifférencier », donc à m’isoler et à me rendre plus peureux que je ne l’étais.




La philo, les arts martiaux, l’alcool, le centre d’éducation renforcée, les parachutistes, l’écriture, la littérature, la mystique n’ont eu d’autre fin, pour moi, que celle de rire, chanter, danser, baiser comme tout le monde, casser mes inhibitions. Cela n’a pas fonctionné. Les expériences que l’on tente pour trouver, ou retrouver la spontanéité, l’étouffent au contraire. On a beau s’imprégner d’existentialisme, ça ne change rien.
La différence légère qu’on se pressentait et qu’on s’est efforcé de surmonter, acquiert une radicalité désespérante, conséquence logique de ces efforts. Finalement, on découvre qu’il y a plusieurs types d’êtres. Alors nous vient une obsession : faire partie de ceux qui existent. On prend donc un chemin opposé à tout ce que nous avions entrepris : travailler à l’œuvre qui absolutisera notre différence, la rendra définitive, irréversible, sans contestation. Alors, nous pourrons, la tâche accomplie, cesser de nous justifier, et, enfin, nous détendre.




Trop sensible pour ne pas croire en mon destin, comme Sartre dans ses jeunes années.




Un boulot que je n’aimerais pas faire : barman de nuit.




Aus Inrocks, ils sont encore si bêtes qu’ils sont tout à fait capables d’admirer sincèrement les Hell’s Angels.




Consternation toujours recommencée : les femmes semblent apprécier, réellement, les gueules de cons, d’abrutis, d’imbéciles archétypaux.




Les dragueurs homosexuels sont aussi lourds que les hétéros. Bien que souvent plus cultivés et plus intéressants au premier abord que les macho, dès qu’ils comprennent qu’ils n’ont aucune chance avec toi, ils abandonnent tout lien éventuel, malgré les affinités que la conversation a pu dévoiler. Je n’en ai pas rencontré de « désintéressé » comme la majorité des africains incapables de percevoir dans la femme autre chose qu’un objet !




Tout le monde parle de fêtes et des nuits où la vie est plus intense. Rien ne remplace, pour moi, les sports de plein air, l’aube, la tranquillité et la lecture. Je n’ai pas le tempérament pour m’amuser de ce qui amuse les autres ou plutôt les noctambules. La seule vision des photos de visages d’êtres grotesques, avinés, satisfaits, répugnants, et violents par-dessus le marché, que les tenanciers de bar aiment afficher sur leur mur, m’horrifie. Puis-je éprouver autre chose que véritablement du mépris pour ces gens-là ?




La casquette, devenu symbole d’imbécillité ?




Le machisme, caractéristique à quoi l’on reconnaît immédiatement où situer l’homme ( le sous-homme qui, puisqu’il ne possède pas l’intelligence nécessaire pour être homme, s’en affuble, entre le coq et le gorille ).




Je me demande si je n’ai pas le syndrome d’Asperger. Je suis incapable de m’atteler à une tâche qui ne m’intéresse pas. Même si cette tâche doit être accompli, je ne l’accomplis pas. Je ne trouve pas en moi la motivation suffisante, l’énergie nécessaire pour l’accomplir.




Toute tentative ascétique qui vise le détachement a pour unique dessein d’harmoniser les aléas causés par l’attachement nécessaire au monde, donc la mystique reste discipline strictement utilitaire, faussement détachée des intérêts qu’on a dans le monde.




Il n’y a pas une fausse et une vraie recherche spirituelle. Seule l’intensité de l’effort varie, mais son but vise toujours, quelque soit les oripeaux dont on l’entoure, à vivre mieux.




Endurcissement du corps et du moral par la pratique martiale, la philosophie, la création artistique, le voyage, la méditation zen, toutes activités pouvant prendre apparence d’exercice de lâcher prise, sont strictement utilitaires. Quoi que l’on fasse, on le fait pour mieux jouir de ce qu’on sait être notre unique vie. Tout détachement est stratagème inconscient pour s’attacher moins douloureusement.




Désormais, je vois tout sous l’angle Darwinien. Toute lutte, toute action, toute pensée n’ont d’autre fonction que de s’assurer la meilleure descendance, quel que soit le type de descendance par lequel on s’exprime le plus et le mieux, pour lequel il nous faut opter pour transmettre le meilleur de nous-mêmes.




Jamais je n’aurais connu l’insouciance propre aux premiers amours.




Je suis vraiment un type hors normes. Je sais que la vie n’a de valeur, ne vaut la peine –insistons bien sur le mot peine- d’être vécu que par, que pour l’amour, et, paradoxalement, je fait tout pour le fuir, pour ne pas qu’il me contrôle. Mais l’amour est nécessairement perte de contrôle.






On survit seulement quand on n’aime pas, forcé de se créer nombre d’artifices pour tenir, et de faire semblant d’y croire vraiment, s’auto persuadant qu’ils sont motifs valables, suffisants. La survie ne prend les couleurs de la vie que par l’amour porté ; le décentrement altruiste ne se concrétise qu’en lui. Tout est artifice, en dehors de l’amour.




La vie n’a de véritable intérêt que dans la jeunesse. Les sens et la conscience en alerte, on cherche son âme sœur, le sexe a besoin d’amour pour s’épanouir, l’amour appelle le sexe. Mais, quand l’appétit sexuel s’éteint, il n’y a plus de recherche, plus de quête, plus de complétude à espérer, plus de projets, rien qu’un corps sec. La vieillesse ne jubile plus, et n’est pas faite pour l’amour. Songeant à tout cela, le désespoir m’étreint. « Il n’y a pas de désespoir qu’une heure de lecture ne m’ait ôté » dit Montesquieu. Moi, je ne suis pas en état de lire, désespéré, alors marchons ! Le salut est dans la marche, par laquelle les jambes s’épanouissent, et les poumons s’emplissent de l’air grâce auquel on retrouve le Souffle primordial qui éclipse la pensée obsessionnelle.




Quand tu n’aimes pas, ta vie ne sert à rien. Quand tu aimes, tu te fais toujours baiser.




J’aurais une trique d’enfer les trois quarts du temps, j’aurais comme fondement de vie l’obligation impérieuse de décharger. Les gonzesses, je sauterais dessus ? Hélas ce n’est pas le cas.




J’aime adopter humble attitude face aux Sensei, mais envers ceux que j’ai choisi, pas ceux qui veulent s’imposer comme une évidence sans conditions.




Que l’essence prime sur l’existence, ou bien que l’existence prime sur l’essence, la mort nous enlèvera et l’existence et l’essence. Cela seul est véritablement important.




J’ai répulsion instinctive pour tout groupe, pour toute réaction de groupe.




L’amour est toujours une plaie béante en sa vie. Soit on ne souffre pas, parce que l’on aime peu. Soit l’on aime véritablement, et alors, prisonnier d’un attachement excessif, tantôt excitant, tantôt énervant, l’on souffre terriblement.




Quand je pense que tout ce qui nous distingue positivement des autres s’efface, s’annule après cette unique vie. Que m’importe le nirvana, je n’en jouirai pas.




Mes écrits n’expriment que mes inquiétudes, mais la véritable teneur de ma vie, c’est la gaieté, une gaieté euphorique. Mais, comme je la vis, n’écrivant qu’en réaction à la tristesse qui m’étreint lorsque je suis conscient que cette gaieté prendra fin, on ne saura de moi que l’aspect follement mélancolique.




Tout ce qui est technique, bricolage, m’a toujours ennuyé. Réfléchissant au fait que cela avait toujours été, j’ai compris à quoi cela tenait. J’ai toujours aimé passionnément, et mes facultés psychiques étaient subjuguées en permanence par le charme de quelques filles dont la présence s’imposait à toute autre préoccupation possible.




Isild le Besco, les délinquants la passionnent davantage que le citoyen bourgeois. Qu’elle aille faire un tour en prison, et elle constatera que la plupart de ses pensionnaires sont proches de la débilité légère, ne sont pas beaux, sont vulgaires, péquenots, et puisqu’ils sont là, détruisent la vie des gens. Les véritables voyous sont loin des héros Pasoliniens. Comme partout, seule l’exception y est digne d’intérêt.




Je suis ce que Edgar Morin appelle un « écrivant », je me sers de l’écriture pour exprimer mes idées, je m’en sers comme moyen en vue d’une fin autre, mais je n’écris nullement pour l’écriture. Elle n’est pas une fin en soi pour moi.




La masse sert de terreau nécessaire à l’émergence de celui qui en justifie l’existence. Ce n’est déjà pas si mal, de la part du quelconque, mais qu’on ne s’y trompe pas, il reste quelconque.




Insignifiants sont ceux qui, ne s’attachant pas à la vie, ne craignent pas la mort, et prennent nombre de risques déments par la pratique d’activités risibles. La vie est bien trop précieuse pour qu’on la sacrifie bêtement. Moi, j’aime la vie, les femmes, l’amour. Je voudrais que cela me soit vivable éternellement. Or, lucide, je sais que la mort m’enlèvera absolument tout. Aussi en suis-je terrifié, et suis-je terriblement pressé.




On ne fait que ce qu’on peut faire, que ce que notre nature vous permet…On n’excède donc jamais les limites tracées par notre nature, la vie le veut ainsi ; le faire entraîne la mort, mais, exceptionnellement peut être extase émancipatrice, libératrice, salvatrice.




On ne sort jamais de soi. Si je sors de moi, c’est encore moi qui sors de moi. Je ne m’échappe jamais de moi-même. Seule la mort ne me fait pas devenir un autre qui soit encore moi. Mais alors, je ne serai pas réellement autre puis que je ne serai plus.




Entre le journal intime et des aphorismes définitifs. Un journal intime composé miraculeusement d’aphorismes définitifs.




Ce dont tu rêves, fais-le, ce que tu te rêves, sois-le.




Le monde se partage entre ceux qui lisent, qui organisent leur vie en fonction de la lecture, et ceux qui ne lisent pas, donc qui s’ennuient et recherchent distraction et compagnie. Que faire, quand on ne lit pas ?




Vraiment, il me semble que je ne suis pas un homme ordinaire. Plus proche de la femme sans doute. Trop proche.




Des types que je n’ai jamais compris : ceux qui passent leur temps à faire du roller, du skate. Cela me semble pire que le cyclisme professionnel.




Tout ne se vaut pas. On sent instinctivement les activités qui vont épanouir sa propre nature, et si l’on passe tout son temps à faire du tricot, sans sentiments de perte, de gâchis, c’est que l’on est insignifiant.




On parle avec étonnement de la jalousie, de la mesquinerie des petits, comme s’il n’était pas logique qu’il en fut ainsi. Par définition, les plus doués ne peuvent jalouser le talent que les autres n’ont pas.




Je ne drague pas. J’ai suffisamment vécu pour me permettre d’être sincère.




Il n’y a pas de « vanités humaines », parce que rien n’est vain, et d’autre part, que ce qui semble séparer radicalement les affaires dites vaines d’occupations plus sérieuses n’est qu’une conséquence de l’intensité variable et involontaire des diverses physiologies.




Une amie s’occupant du « Corps glorieux » cherchait à savoir ce qui survivait de notre corps. Mais rien, vraiment rien de glorieux !




Lutter pour s’accomplir, telle est l’unique voie. Sachant que tout nous sera enlevé, elle reste l’unique voie.




Les hommes vivent, sentent, s’émeuvent, ont leurs idées. Puis ils meurent, et il n’en reste rien pour le monde.




Faites-vous tout ce qu’il faut pour sauver votre couple, faites-vous les efforts pour cela ? Ridicule, car il est normal de se lasser, et c’est l’idée qu’il faut tout faire pour justement ne pas se lasser qui est contre nature. Saturé d’une relation, pourquoi ne pas aller voir ailleurs ?




Etre fidèle, c’est s’enchaîner.




Seuls les faibles obéissent. Le dévouement, l’abnégation, le sacrifice ? Remarquable, à condition de choisir sa cause. Hors de question qu’on nous l’impose.




Bruits de bouche, ventriloque, contrepetterie m’ont toujours indisposé.




Ce dont tu rêves, tu peux l’accomplir, car le rêve révèle ta véritable nature, ce dont tu es plein.




On entend souvent critiquer les hommes, qui, malgré le fait que leur survie soit assurée, se plaignent. On juge cela ridicule de se plaindre pour des problèmes existentiels, si la survie est assurée, et indécent, car nombre de miséreux se révèlent davantage stoïques, et constants. Mais cette façon de considérer la chose est ridicule car les problèmes existentiels n’apparaissent, ne peuvent apparaître, que lorsque la survie est assurée. Ceux que la nécessité poussent à trimer jusqu’à l’abrutissement vivent forcément l’instant et ne peuvent se distancer de leurs actions et en interroger le sens.




Je ne peux pas avoir d’amis. Ils sentent que je suis ailleurs.




Les autres cherchent à s’intégrer. Moi je résiste.




Une hantise, ressembler aux autres.




De nos jours, on rencontre si peu de monde à apprécier les grands auteurs que les lire isole.




Comme Howard Hughes, mais s’agissant de mes pensées, je désirerais tout conserver.




La compagnie des femmes pour laquelle je n’ai pas de désir m’indispose davantage que celle des hommes qui m’indiffèrent. Cependant je suis infiniment plus clément envers les femmes qu’envers les hommes. Il suffit à un homme de m’avouer qu’il n’apprécie pas un auteur que j’estime génial, pour le mépriser aussitôt. Ce que je tolère chez la femme, et bien plus, je ne suis pas trop contrarié si j’apprends que telle femme dont le charme me séduit ne lit que des livres dont j’exècre la tiédeur.




Ne fréquentant que des êtres sans mystères, ni intellos ni sportifs, dont l’ambition la plus haute est de devenir notaire ! Vraiment les types dont se gaussent les romans.




Je pourris d’ambition. Je veux la première place. Cela me freine. J’ai l’impression d’être une machine parfaite, que le moindre choc peut dérégler, dont il peut déranger à jamais les ambitions.




Joyce ? C’est pénible comme Flaubert.




J’ai besoin de croire. Mais je ne crois pas.




Peut-on être heureux sans espoir ? Je ne pense pas. Il y a une seule alternative, soit espérer, soit désespérer, il n’y a pas de troisième voie.




Un seul sort commun, la mort, ou comment la vie conduit inexorablement chacun de nous en deçà de l’état de la plus amorphe des créatures !




Ce qui est terrible avec la mort, c’est qu’on cesse de se dire : « Qu’ai-je fait aujourd’hui, depuis hier, un mois, une année ? Ai-je correctement utilisé mon temps ? En ai-je profité pleinement, l’ai-je servi à ma fructification, mon épanouissement, ma maturation ? » Tout cela n’a plus de sens.




Mon père me dit que je me sers des théories infirmant le libre arbitre, pour justifier mes insuffisances. Or, ce n’est pas vrai, elles ne me sont pas un alibi. Mais, si cela était, cela n’aurait aucune incidence sur la réalité. Adhérer aux théories déterministes n’a jamais empêché quiconque d’accomplir son œuvre. C’est le corps qui commande.




Il faut se contenter de ce que le ciel nous a donné. Rien de plus éloigné de mes pensées. Il faut tout prendre.




Notre société ne pardonne pas leur connerie aux cons, alors qu’elle respecte comme différent les véritables déficients. Pourtant, le « con » est un intermédiaire entre le pôle de la débilité et le pôle de la subtilité, et, comme le déficient, il n’a pas choisi d’être ce qu’il est. Le jugement provient du fait qu’à partir d’un certain seuil, on considère l’homme doué d’un libre-arbitre tel qu’il devient rétroactivement responsable de ses déterminations, très limitatives dans le cas du con. Or, ce libre-arbitre est un leurre. Critiquer le manque de subtilité, la lourdeur de Séraphin Lampion, c’est oublier qu’un tel être, étant ce qu’il est, ne dispose par définition pas du raffinement, de la complexité de Marcel Proust, ou de Dostoievski. S’il en disposait, il ne serait plus lui-même. Il serait Proust ou Dostoievski. Or il est Séraphin Lampion. Force nous est de constater qu’il existe davantage de Séraphin Lampion que de Marcel Proust, mais ce que l’on comprend comme déterminations pour les déficients, on doit le comprendre également des Séraphin Lampion.




Je suis choqué par le comportement des domestiques, heureux de toujours céder la première place à ceux qu’ils servent, heureux de servir, en somme. Pourquoi tel coéquipier de Lance Armstrong le sert pendant sept années, lui permet sept sacres, y sacrifiant sa propre carrière, et attend l’approbation de Lance pour s’échapper et s’offrir une étape ? Combien d’étapes victorieuses aurait-il pu s’offrir s’il s’était décidé à accomplir son propre destin ? Sans doute aurait-il été renvoyé de l’équipe s’il n’avait pas servi le leader. Mais, de là à être plein de gratitude envers celui qui l’éclipse toujours, il y a un pas !




Obéir, c’est apprendre à commander, affirment les chefs, qui ne délèguent jamais leur pouvoir.




Qui se ressemble s’assemble. Lorsque ce n’est pas le cas, la hiérarchie présente entre les êtres qui se côtoient est patente.




Les êtres que j’exècre le plus sont ceux qui profitent de la faiblesse et de la crédulité d’autrui pour s’affirmer. Ceux-là ne méritent pas la corde pour les pendre. Mais on les pendra quand même.




Je n’ai pas mis longtemps à comprendre que ceux qui recherchaient ardemment à vaincre la peur de la mort étaient ceux qui, logiquement, en avaient le plus peur. Ce qu’il m’a fallu plus de temps à saisir, c’est que cette peur, et le besoin d’en vaincre les effets, était expression éminente de puissance, ce qui amena le plus difficile à accepter, l’idée que cette peur était justifiée, qu’elle n’était donc signe d’aucune carence, mais d’un trop plein, d’un excès et de vitalité et de lucidité. Alors, l’objectif n’était plus de me préparer à l’inéluctable, mais d’éviter à tout prix ce que je savais être inéluctable. Ainsi, la lucidité m’éloignait à jamais de tout espoir de sagesse, de réconciliation, de la satisfaction tranquille de celui qui se croit sur le chemin, de la grâce, de la rédemption réintégratrice et sans scission ultime. Je savais alors que le déchirement de celui qui sait m’accompagnerait jusqu’au bout, et qu’il déclinerait dans la mesure ou je déclinerais moi-même. Ce qui accompagnerait la perte de son intensité, ce ne serait pas la sagesse, mais mon inévitable dégénérescence. Convaincu très tôt de cela, je perdis tout intérêt pour la religion et pour la philosophie. Tout ceci devint pour moi du gallimatias nous cachant l’essentiel, nous divertissant du problème de la mort par de multiples et très complexes édifices. Zazen ne pouvait plus servir mes élans mystiques. Mais il restait un moyen, aussi valable que l’alcool ou le sexe après tout, pour calmer mon imagination et mes angoisses par conséquent. Une sortie de secours, non plus évasive par le haut, mais dont les ressources pouvaient m’éviter le plus bas. Finalement, travailler zazen superficiellement, en ne recherchant aucune irruption d’un quelconque transcendant dans l’immanence, mais se contenter d’une tranquille altération des sens, d’un émoussement des qualités réceptives de la conscience, ce devait être cela, le sens de zazen. Se contenter de la surface, nier toute réalité supérieure comme illusoire, et considérer l’éphémère comme la seule réalité, tandis qu’on nous enseigne l’inverse, et s’observer tranquillement en vidant la conscience de sa substance, c’est tout ce qu’on pouvait faire.




J’aime les actrices, leur légèreté distraie ma lourdeur, ma sombre attitude.




L’amour entre hommes et femmes est voué à l’échec, car il a pour principe la différence des sexes, différence finalement trop aléatoire et légère, de trop peu d’influence pour générer une véritable complémentarité. Hommes et femmes se ressemblent trop pour que l’amour qu’ils se portent soit davantage qu’activation de fantasmes.






Toute notre intelligence, notre prudence, notre vivacité ne nous offrent pas un sort meilleur que celui de la brute, de l’imprudent, de l’amorphe. « Pourquoi aurais-je été plus sage que l’insensé puisque j’aurais le même sort ? »




Qu’est-ce qu’un homme ? La mort tue l’homme. Mort, un homme n’est plus un homme, comme un tigre n’est plus un tigre quand il est mort. C’est donc le corps qui constitue l’essence. Un homme dont le corps est si altéré qu’il a conservé la vie, mais perdu toutes les caractéristiques qui spécifient un homme, comme la verticalité, la pensée, la parole, le rire et les pleurs, la mémoire volontaire (encore que toute mémoire puisse chez l’homme aussi être envisagée comme instinctive ), ne peut être un homme, car il en a perdu le corps.




Un maître en arts martiaux disait que le jour ou il prit conscience que dans un monde sans Dieu, ou équivalent, il n’avait rien à perdre, et qu’en un monde organisé par sa présence, il avait tout à gagner, cela lui fit perdre toute crainte de mourir, car d’un côté, rien à perdre si le monde est insensé, de l’autre, soutenu par Dieu s’il est sensé. C’est juger un peu vite, car sans Dieu, la vie peut conserver de la valeur, et même acquérir une valeur absolue, irréductible à toute mesure. C’est oublier aussi que la présence de Dieu ne dispense nullement de la prudence nécessaire à sa préservation, et son épanouissement propre. L’instinct de conservation existerait-il simplement pour que nous l’outrepassions, en surmontions les conséquences ? Et puis, ces hommes survivant d’une catastrophe m’agacent, qui font louange à Dieu, pour leur avoir sauvé la vie. Leur survie est purement contingente. Dieu les préfèrerait il aux millions d’êtres humains aussi valeureux qu’Il laisserait périr ? Et puis, ils manquent de cohérence, car s’ils croient, pourquoi sont-ils si heureux de ne pas mourir, eux pour qui la mort ne signifie pas cessation irréversible de la vie ?




Quoi que l’on se dise que les jeunes participants de la télé réalité se font exploiter, il est toujours préférable de faire la TV que d’en être spectateurs.




Notre essence fluctue selon les évolutions de l’ensemble de nos dispositions physiologiques qui la déterminent intégralement.




Les poètes contemporains se prennent au sérieux. Il n’y a pourtant pas charlatans plus niais, plus exécrables, que ces types imbus d’eux-mêmes, qui se servent de l’inspiration divine des muses, que l’on ne transcrit pas sur commande, pour justifier leur maigre production. Quelques poèmes insipides et mal construit leur suffisent pour se jauger l’égal de Proust et Wagner.




Le surréalisme est une des fumisteries les plus réussies du siècle.




Je ne pourrais écrire de romans. Je suis trop obsessionnel.




Je peux à peine lire, car quoique je lise, j’ai besoin d’y apporter des corrections, et ce qui devrait être un plaisir est une corvée intellectuelle qui me met hors de moi, proprement intenable.




Charles Bovary ne comprend rien. Il existe des crétins pareils, et pourtant, ils semblent trop niais pour être vraisemblable.




Si le « Dictionnaire des idées reçues » jouit d’une haute considération tout à fait injustifiée, c’est parce qu’il est accessible à tous, et que sa longueur ne doit pas excéder trente pages.




La souffrance, c’est le prix de la gloire.




On rencontre davantage d’hommes énergiques mais stupides que d’hommes mous mais intelligents.




La lucidité est néfaste pour tout. Des bons camarades de lycée, dont le destin divergeait, se firent serment de se revoir trois années après leur séparation. J’étais des leurres, et refusait de prêter serment, car je savais qu’après trois années, aucun de nous n’aurait envie de s’y tenir, et que le seul qui s’y serait tenu s’il l’avait accordé, cela aurait été moi, sans en avoir envie d’ailleurs. Mais cette juste anticipation des choses me fit mal voir de mes camarades. La lucidité brise tous les rêves, les chimères, les faux-semblants à quoi s’accrochent les êtres.




Je sais bien que l’on périclite inexorablement, que la vie, ou plutôt la mort, nous impose un jour fatidique à partir duquel nous ne pourrons plus lutter. Mais je ne pense pas que Dieu nous remplisse à la mesure des empiétements de notre faiblesse sur notre libre arbitre et volonté de puissance. Je pense que nous sommes attaqués d’une déchéance sans retour ni compensation.




Il ne faut pas remettre au lendemain l’exercice de ses facultés propices à la création, car la création n’a de valeur véritable que si elle répond à un besoin, et tout besoin décline avec l’âge. Vieillard, on n’a plus l’envie, l’impulsion nécessaire, pour exprimer des trésors intérieurs enfouis, même s’ils sont potentiellement encore « sortables »




Sans travail, le talent n’est rien. Mais l’aptitude à persévérer au travail est partie intégrée du talent, en est une composante indissociable. On ne peut séparer en deux catégories distinctes le travail et le talent. Ou plutôt tout travailleur n’est pas talentueux, mais tout être talentueux est travailleur.




Je ne crois vraiment pas en la gratuité de l’art.




Prétendre qu’il faut choisir entre l’art et la vie est un préjugé. Qu’on soit amateur ou créateur, l’art enrichit la vie, l’intensifie, et ne la contredit nullement.




Un bouddhiste a dit : « Si tu ne peux éviter un grave danger, cela ne sert à rien de stresser puisque tu ne peux l’éviter, mais s’il y a une solution, cela ne sert à rien également de stresser, puisqu’il y a une solution. » Le contraire me paraît plus exact : normal d’angoisser si le drame futur est inexorable ; et sain d’angoisser s’il y a une solution pour s’en sortir, car ses choix acquièrent une importance considérable et déterminent plus qu’à tout autre moment l’avenir.




A chaque instant, nos choix conditionnent tout notre avenir, mais l’on ne s’en aperçoit que rarement, lorsque notre avenir est immédiatement mis en jeu.




Les véritables artistes ne brûlent jamais leurs œuvres. Cela peut arriver exceptionnellement par crise de démence, certainement pas pour une quelconque idéologie. Ceux qui brûlent leur création comme signe de protestation, le font parce que l’acte de protestation les accomplit davantage que leurs œuvres, signe évident du peu de valeur de leur création, qu’ils reconnaissent implicitement en la brûlant.




La mégalomanie est-elle synonyme de pathologie ? tous les grands hommes, quelques soient leur humilité apparente, sont mégalomanes.




Les mercenaires ne sont pas de charismatiques et philosophes aventuriers. Ils partagent la bêtise ordinaire du soldat de carrière, ni plus ni moins.




Les hommes forts sont tous des traîtres. Ils trahissent s’il le faut pour accomplir leur destin.




On parvient facilement à dire ce qu’on a à dire, mais pas suffisamment. Ce n’est jamais assez. La richesse de notre personnalité, l’essentiel de notre être n’est jamais exprimé.




Je crois que nulle part ailleurs que dans le domaine du rire gras, le processus mimétique ne dévoile autant son emprise, n’est source de plus de ravages.Il y est principe d’encore plus de contagion que lors des lynchages. C’est alors que la vulgarité triomphe. Personnellement, si je souris au sourire d’autrui, je ne ris pas de son rire.




J’ai entendu dire que si la prison ne servait pas la réinsertion, on pouvait se demander pourquoi enfermer les prisonniers. Et la protection des biens et des personnes ? N’est-ce pas d’abord pour les empêcher de nuire qu’on enferme les êtres dangereux ?




Les handicapés sportifs désirent qu’on s’intéresse autant à eux qu’aux autres. C’est aussi ridicule que si les grands brûlés désiraient que l’on admire leur beauté à l’égal de celle de Claudia Schiffer, ou que les débiles profonds réclamaient pour leur production une attention aussi déférente que celle qu’on observe à l’égard de l’œuvre de Proust.




J’ai toujours aimé des femmes à forte personnalité. Jamais les suiveuses, toujours les suivies.




J’ai un solide mépris pour les femmes car elles se laissent toucher par les hommes, et elles aiment ça !




En culture, la comparaison dicte sa loi. Impossible d’apprécier « Madame Bovary » après la lecture de « La montagne magique ». Une solide culture classique dévoile immédiatement quels sont les charlatans, les insignifiants. Elle distingue le bon grain de l’ivraie.




Tant que l’homme restera avant tout et fondamentalement un animal, la corruption perdurera. L’animalité sans pensée de la bête, et l’intelligence pure de la machine ne connaissent pas ce problème, mais le corps vivant se réfléchissant ne peut sacrifier sont intérêt propre. il en est toujours le serviteur quelques soient les apparences.




La mort est toujours un échec.




Si celui qui cherche à vaincre la peur de la mort y parvient, c’est un médiocre, s’il n’y parvient pas et qu’au contraire sa peur est exacerbée, c’est un type réellement intéressant ; mais celui qui n’éprouve pas ce qui, en tant qu’homme, devrait lui être un besoin naturel, est un imbécile certifié.




L’homme ordinaire a besoin de la guerre pour vivre dignement. L’homme extraordinaire est celui qui sait maintenir la tension en temps de paix.




Vraiment, celui qui ne craint pas la mort est un arriéré. Au moins, il est heureux ; le divertissement lui suffit à ce que la lecture de dix mille ouvrages et la pratique intensive de divers exercices ascétiques ne servent qu’à plonger dans l’abîme pour d’autres.




On s’étonne de la place que nos sociétés modernes confèrent à la mort. Il est pourtant logique que la lucidité croissante qui nous porte à considérer la mort telle qu’elle est effectivement nous la rende moins supportable que lorsque nous lui supposions des ornementations paradisiaques.




La plupart des courants dit de sagesse disent : Il faut apprivoiser la mort, vaincre la peur de la mort, pour mieux vivre. Mais le but, c’est de mieux vivre. Le problème que pose la mort, qui met fin à ce « mieux vivre », reste donc intact, aggravé même par l’accentuation des différences entre vie et mort.




Par « Heureux les simples en Esprit (car ils vivront), il faut entendre « heureux les imbéciles car un rien les distrait de ce qui pourrit continuellement la conscience de ceux qui savent ». En un sens, seuls ceux qui existent vraiment, avec tout ce que cela charrie d’effroi, sont concernés de leur vivant par la mort. Les autres n’ont pas la conscience suffisamment exacerbée pour être hantée par elle.




Certainement, toute la pensée, toute l’éthique de Mishima reposent sur l’ignorance de ses motifs véritables, s’auto persuadant que la mort n’est rien, qu’une sorte d’équivalence prévaut entre la vie et la mort, ceci afin de vivre enfin, mais surtout pas de mourir véritablement. Or, sa crainte de la mort était telle qu’il a préféré s’y précipiter, en en travestissant la véritable nature. Mais la mort est une horreur. On ne peut plus aimer, mort. Et l’on ne peut plus être aimé, puisque l’on n’exprime plus ni puissance, ni mystère. Ce privilège est réservé aux vivants, et parce que les vivants conscients le savent, et savent qu’il prendra fin, leur vie est réellement une malédiction. Ainsi naissent les mythes.




La liberté n’émerge que de la possibilité de l’irrationalité pour un être puissamment rationnel.




Je ne cherche jamais mes mots. Ma pensée s’entretient d’elle-même. Non, mes efforts sont tout entier tournés vers leur raréfaction. Mais je ne suis pas dupe de la signification de ces efforts. je recule pour mieux sauter. Je m’alourdis momentanément pour mieux me déverser, et en un sens je joue en même temps la vraie comédie de la légèreté par exigence de survie, sans être ignorant de la gravité qui la sous-tend.




Je n’ai pas de livres de chevet, car je n’ai lu que de grands noms et pourtant bien petits joueurs. L’abîme de lucidité qu’ils ont pénétré n’est rien en rapport à celui en lequel je me suis empêtré. Ma solitude n’est pas comparable à la leur, ma force non plus. Je suis le demi dieu de l’inconfort et de la rage, mais ne l’étant qu’à demi, et de surcroît condamner à le rester, il y a bien peu de chances que je n’émerge et le fasse paraître.




La seule issue, ce pourrait être le divertissement, mais elle ne fonctionne que pour les inconscients, un certain type d’homme. Il reste l’amour, mais trop superficiel, en général mal fondé, il ne dure que ce que l’irréductibilité de la différence corporelle permet, ce qui est bien peu de choses. La logique vitale la plus efficace reste donc la plus simple, le secret immémorial et naturel, connu de tous : faire des enfants. Ils sont un focalisateur naturel de l’attention, et respectent une logique de vie qu’ascèse et méditation contredisent. Ils sont la solution.




La vérité, seul je la connais, je suis Elihou, dont les philosophes ne comprennent pas la simplicité, contredisant les vieux sages, et ridiculisant les installés, démontrant la faiblesse des traditions, et indiquant les chemins de l’ère nouvelle. Je suis l’Avenir, la transformation réelle attendue par tous depuis le Commencement. J’ai l’explication pour tout. Rien ne m’échappe, mais Tout m’échappera, malgré ce que je suis. Aussi activez vous comme je le dois, sans quoi ce sera votre fin en même temps que la mienne.




La condition humaine ne diffère, sur l’essentiel, en rien de la condition animale, se reproduire, sauf qu’à la nécessité organique chez les animaux de procréer s’ajoute la nécessité psychologique de le faire pour les hommes.




Il n’y a de liberté que celle que le corps permet.




On est libre qu’en fonction de son corps.




Les traditions tuent plus qu’elles ne construisent, mutilent plus qu’elles ne fondent.




La drague, je n’en ai jamais compris le sens. Séduire m’attire, draguer me répugne. Draguer, c’est faire du commerce, c’est marchander, chercher à se vendre, et tromper l’autre sur la marchandise.




On cherche tous à survivre et à s’exprimer, à prendre le maximum d’ampleur, tout en sachant que la mort nous enlève toute puissance, et que les fruits de nos travaux ne nous seront d’aucune utilité quand nous serons morts. C’est-à-dire qu’avec une conscience d’homme, nous sommes régis tout de même régis par des lois animales. Lucides sur la fin de toutes choses, la vie et la mort, nous cherchons malgré nous à exister le plus possible. Mais cette quête, ce besoin corporel d’affirmation, qui est aussi celui de reconnaissance et d’amour, et concerne tous les vivants, est justement ce qui nous différencie du mécanique, de la machine, de l’ordinateur, qui ne se manifestent pas, qui n’ont pas besoin d’exister. Cette quête est donc indépassable, comme la mort qui y met fin, hélas.




Nous sommes tous des individualistes forcenés. Il y a ceux qui le savent, et ceux qui l’ignorent.




Nous agissons toujours en vue de notre seul intérêt, et cela même quand nous méditons en temple bouddhiste, quand nous sacrifions nos vies pour que vivent nos enfants ou ceux des autres, quand notre énergie s’est épuisée à l’avènement d’une idéologie collective. Lorsque le footballeur sacrifie ses prouesses personnelles au profit du résultat collectif, c’est parce que la gloire qu’il en retire s’il joue médiocrement mais si son équipe gagne est supérieure à ce qu’il pourrait acquérir par ses seuls exploits si son équipe perd. Tous les joueurs de l’équipe de France ont gagné la gloire, et même ceux qui ont peu joué, avec l’obtention de la Coupe du Monde, supérieure à celle que le meilleur joueur aurait obtenu s’ils ne l’avaient emporté. On voit donc que l’altruisme véritable consisterait à être indifférent à ce que ce soit l’équipe à laquelle on appartient ou bien celle contre laquelle l’on jour qui emporte le match. Or, c’est par définition ridicule, car dans les fats, cela supprimerait toute agressivité. La notion même de match n’aurait plus de sens, il n’y aurait plus de réelle confrontation de puissance générée par une volonté d’affirmation, mais une apathie mortifère. Heureusement, on ne peut échapper à l’égoïsme.




Ceux qui vous parlent de sérénité, de tranquillité de l’âme sont des charlatans. L’angoisse est la compagne indissociable de l’énergie, et l’énergie, c’est la vie. Si l’angoisse décroît, c’est qu’énergie et vie perdent en intensité. La sérénité est le propre des amorphes et des vieillards, de ceux qui ne désirent plus. Or, lorsque l’on s’intéresse à la vie de tous les grands fondateurs de religions, d’initiateurs de tendances spirituelles, on s’aperçoit, y compris pour Bouddha, et quoi qu’ils disent tous, que leur recherche s’enracine finalement dans une insatisfaction colossale, liée à un désir de vie sans commune mesure avec l’homme ordinaire. Leur parcours ne peut donc servir de modèle. C’est en accomplissant leur tâche concrète qu’ils ont trouvé l’apaisement, non par la seule méditation. C’est donc par leur satisfaction qu’ils ont surmonté leur désir de spiritualité, qui chez eux était si fort que ce qui est ordinairement sollicitation légère, fugace leur était besoin naturel. Mais ce n’est pas par suppression de tout désir, qu’ils ont passé outre. Leur désir, ils l’ont accompli, et parce qu’ils étaient d ’une puissance incommensurable avec le commun des mortels, ils sont devenus les témoins extraordinairement privilégiés que nous connaissons. Il n’y a pas d’autre voie que celle qui tend à réaliser nos désirs.




Pourquoi, tant qu’ils nous restent de l’énergie, et cependant complètement désabusés, créons-nous tout de même ? Plutôt que lire Freud ou Schopenhauer, préférez-y Darwin. Il vous donnera toutes les réponses.




Certains, et même des philosophes, disent que certains écrivains sont méchants. Peut-on être plus niais ? En littérature, on n’est jamais assez violent, mais la violence n’est qu’un rééquilibrage vital aux écrivains. En littérature, la méchanceté n’existe pas, sinon on n’écrit plus que des fadaises catho, style Salomé ou Coelho.




L’absence de besoins serait perfection pleine d’être si elle marquait l’émergence dans un plein d’être, mais elle rime hélas avec néant, et ne peut que signifier un tel gouffre.




La mort est l’absolument horrible. On n’aime plus, et si on est aimé, on ne l’est plus que pour ce que l’on fut, mais, pour le reste que l’on est devenu, on n’est vraiment plus à la hauteur. Certains voudront nous consoler, atténuer nos craintes, en nous démontrant que nous n’aurons plus besoin, ni d’aimer ni d’être aimer. Mais c’est justement cette perte absolue marquant l’engloutissement dans le froid définitif, le monde de ce qui ne vibre plus, de ce qui ne ressent plus, qui ne vit plus qui est effroyable. Il n’y a qu’une seule immortalité qui soit digne d’être vécue, celle de la vie, l’unique vie, c’est-à-dire cette vie-ci.




On passe sa vie à se différencier, ou à tenter d’institutionnaliser son originalité, puis la mort procède au nivellement régressif de tous les êtres. Hommes, animaux, végétaux, tous égaux et indifférenciés dans la mort.




Toute la philo n’est que charabia dont les édifices ont pour seule fin de masquer le véritable et unique problème, celui des rapports entre la vie et la mort.




Les psy se trompent sur tout, et inversent les valeurs. A les entendre, il faudrait supprimer tout ce qui dépasse, tout excès, toute démesure, qualifié d’obsession ou de perfectionnisme, et ériger en modèle une norme de la mesure, de la stabilité, de la constance : la banalité comme mode fantasmé de la vie, voilà leur idéal. Dostoievski, Kierkeegard, Tarkowski, Van Gogh, Bach ? Verdict : Préoccupations religieuses excessives, qui sortent de la norme, donc obsessions, pathologie, mais rassurons-nous, une petite dose de médicaments et ils rentreront dans le rang ! La première chose à faire, dans la Nouvelle République, c’est remplacer le primat des psy de tous bords, de toute obédience dans les média, par des philosophes et des littéraires.




Je préfère chier sur le livre d’un mort que décapiter des vivants.




On affirme que l’art ne sert à rien. C’est stupide. Il sert l’amateur, mais il sert aussi l’expression, la survie même du créateur, puisqu’on ne peut survivre qu’en s’exprimant, et que ce qui distingue le créateur, c’est qu’il lui est nécessaire, un besoin vital, naturel, ce qui est superflu, inessentiel pour les autres.




On dit qu’il faut se croire immortel pour agir efficacement. Rien de plus faux. C’est lorsqu’on est obsédé par la mort, pressé par elle, tendu à l’extrême que l’on crée. C’est affaire de pure logique. Autrement dit, c’est osé mais La Rochefoucauld est un imbécile.




L’écrivain n’est pas plus narcissique que d’autres. Simplement, sa volonté de puissance s’affirme dans l’écriture, et non dans les affaires, ou le sport par exemple ;




Il n’y a pas de l’authentique et de l’inauthentique. Il n’y a que de l’authentique, ou de l’inauthentique si l’on préfère. Nous sommes tous soumis à la même loi. Nous cherchons tous à survivre, et à nous manifester pleinement. Simplement, les modes et l’intensité du cri « modalisé » diffèrent selon la nature de chacun, et les circonstances. Mais, en un sens, il n’y a pas de tricheurs. Tous sur le même plan, au-delà du bien et du mal, sans forcer.




D’un côté, je médite à la façon zen, pour émousser mes sens, altérer la puissance phobique de mon corps, diminuer l’intensité du travail de ma conscience, et de l’autre, je lis Proust, pour décupler la puissance de mes sensations et renaître au monde, comme d’habitude. Cela peut paraît contradictoire, deux tendances opposées, mais elles s’enrichissent mutuellement, à la façon décrite par Bergson, dans le quatrième chapitre des « Deux sources de la morale et de la religion ».




Les psyx me semblent naturellement fermés à la philo. Les explications de la folie par Bergson ou Sartre valent bien celles des plus éminents des leurs.




Un psy avouait en toute insouciance qu’avec des médicaments, la cyclothymie n’avait qu’à bien se tenir, et que désormais, les types flamboyants un jour, dépressifs le lendemain ne seraient plus ni dépressifs ni flamboyants, mais heureusement pour eux, pour la société, pour le bonheur de tous, ils seraient à l’avenir quelconques, ordinaires, enfin normaux. J’ai voulu protester, mais devant l’approbation béate, et les forts applaudissements des centaines de participants au colloque, je n’ai pas osé, car j’ai vu que j’étais seul. Cependant, j’ai fait acte de résistance, je n’ai pas applaudi. Or, c’était presque une obligation, considérant l’unanimité des réactions et l’animosité de mon éphémère voisine constatant que je ne participais pas de l’avis collectif, de la réjouissance des ignares. Manifestement, la psychiatrie c’est un système de pensée tout entier à renverser. Le fait de vouloir conditionner les hommes, de façon à ce qu’ils puissent servir les normes en vigueur, est une monstruosité dont les premiers serviteurs sont les psychiatres, qui se livrent aux « rééducations » de toute étrangeté avec la meilleure conscience possible, ne doutant point l’impression de douter. Autrement dit, voici ce qui sépare le psy du philosophe.


Toujours stupéfait par la facilité avec laquelle les êtres humains semblent apprécier les comiques les plus vulgaires. Ils ne paraissent pas sourire par condescendance ou lâcheté, mais rire de bon cœur. De là à l’immonde, il n’y a qu’un pas. Là, on se sent vraiment d’une autre race. Peut-être sont-ils prisonniers du processus mimétique, terrorisés à l’idée de passer pour d’affreux ringards trop sérieux s’ils ne rient pas aux spectacles les plus vulgaires. Faibles, mais de bons goûts ? A les voir se trémousser, s’esclaffer comme ils le font, ils seraient trop bons acteurs.




Partout, la vulgarité, la bêtise et la violence nous agressent. Elles ne nous pardonnent pas de n’en pas être, de maintenir notre stature de derniers irréductibles. Cependant, elles peuvent encore nous humilier. Quant à nous empoisonner l’existence, c’est affaire quotidienne.




La preuve du niveau horriblement médiocre de la TV, c’est qu’elle ne suscite aucune revue de qualité. De Télé poche, le pire, à Télérama, le meilleur, le niveau oscille de l’insipide au monstrueux.




Le problème avec les anarchistes, c’est qu’ils sont souvent d’une bêtise confondante. Confondante, c’est le mot. Moins que les religieux tout de même.




Maztneff, citation approximative : « Je ne suis pas curieux, je suis passionné. Par conséquent, tout ce qui ne m’enthousiasme pas m’ennuie. » Voilà pourquoi, si le non passionné ne subit pas l’impression d’un sacrifice permanent de lui-même, lorsqu’il est forcé de travailler pour vivre, travailler est le pire que la vie puisse imposer au passionné.




La masse : Le fait de n’en pas être ne me réjouit pas de sa médiocrité.




Dans certains milieux, Thierry Ardisson passe pour un type intéressant !




Paulo Coelho se lit même en milieu étudiant !




Je réclame le droit à la discussion, à la critique, qui ose remettre en question, bousculer les savoirs établis. On doit pouvoir critiquer Freud, Marx, Nietszche, Darwin, et même Einstein, comme celui-ci l’a fait de Newton.




Montherlant a raison. On ne peut faire de politique sans se corrompre. Pour être, et rester populaire, le politicien doit célébrer le goût populaire, et ceci est le commencement du déclin, soit par dégénérescence physiologique, soit par trahison envers soi-même. A moins d’être un personnage vulgaire de nature, ce que laisserait supposer le fait de choisir la politique.




On constate souvent une scission opérée par les hommes, et les femmes, entre la littérature de divertissement, ou littérature d’été, expression détestable, et les classiques. Il me semble, m’a toujours semblé à leur lecture, que les plus distrayants des livres étaient les classiques. Il faut que cela soit connu.




On crève d’infantilisme généralisé.




Les femmes adorent les types jaloux, car la jalousie est le signe de la possessivité, donc de la recherche d’exclusivisme, ce qui exprime et l’amour et la force de caractère. La jalousie est donc la meilleure preuve d’amour. Les femmes ne s’y trompent pas, et pour peu qu’elles disposent d’un peu d’énergie, trompent allègrement, naturellement pourrait-on dire, leurs compagnons peu jaloux, signe évident de faiblesse.




René Girard : « On désire une chose non parce qu’elle est désirable mais parce que les autres la désirent. » Mais si les autres la désirent justement elle, n’est-ce pas tout de même qu’il est fondé biologiquement qu’elle est plus aimable que l’ordinaire, plus saine en quelque sorte.




Tu es ce à quoi tu t’identifies spontanément. Dans la lecture du « Diable au Corps », certains, c’est étrange, s’identifient au militaire trompé plus qu’à l’amant. Ce sont de naturels cocus, des cocus par tempérament, trop faibles dans la lecture pour tromper qui que ce soit, trop faibles dans leur vie pour imposer à leur compagne quoi que ce soit.




Ce qui me rend le plus dingue d’amour, ce sont les femmes en train de danser. Elles me rendent malades, littéralement. Je ne sais pourquoi cette gestuelle si simple, si peu mystérieuse, pratique tellement moins complexe que les femmes philosophant, m’ensorcelle, mais leur effet est radical : c’est un sortilège bien réel. Là je me sens homme.




L’homme étant essentiellement, dans ses faits et gestes, dans sa façon de vivre, un animal, je ne me fais guère d’illusions sur son raffinement à venir. Tout de même, je prends parti et m’engage, sur le modèle de Sartre, sachant pertinemment que tout le bien que je pourrais faire n’est, sinon rien pas grand chose, en rapport à l’apocalypse prochaine qui balaiera tout progrès, toute civilisation et toute conscience. Ou bien : comment ne pas désespérer dans une situation objectivement désespérante.




On accuse les habitants de nos pays d’Europe de l’Ouest d’être individualistes. Mais l’individualisme, c’est la corruption. Or, corrompus, nous le sommes, mais c’est pire ailleurs. Le fait de ne pas frauder, de payer ses impôts est la véritable conduite solidaire, et responsable. Cessons donc de louer constamment des pays d’Afrique du Nord, d’Europe de l’Est ou d’Asie. C’est le manque de civisme de leurs habitants, la corruption, qui leur rend la solidarité nécessaire, car ils y sont acculés. Honnêtes et responsables, ils n’en auraient pas besoin.




Après tout, je ne suis pas contre un certain déterminisme intérieur qu’on nous infligerait par médicaments, nous supprimant notre liberté, une bonne part de notre marge de manœuvre, à la condition qu’il accroissent la qualité de nos passions, et non qu’ils en diminuent l’intensité, comme actuellement ils le font, comme ils sont faits pour le faire.




On n’est jamais à chaque instant que son corps. Tout ce qui vient de l’extérieur nous affecte réellement mais dans la mesure où notre corps est affecté, et nos souvenirs, la réalité passée à laquelle ils renvoient, n’existent que par la réalité actuelle des dispositions spécifiques de notre corps. En ce sens, nous sommes entièrement sous influence. La liberté, l’immortalité de l’âme sont vraiment des chimères.




Accéder à l’âge de raison, ce serait pour l’humanité accepter d’être mortelle. Après le troisième âge, positiviste, surviendrait éventuellement un quatrième âge puis un cinquième âge. Mais n’ira pas plus loin. Or l’humanité a progressé. Sans vouloir réellement l’admettre, elle se sait mortelle, ce qu’elle n’accepte pas. Comme moi, elle se sait finie, mais elle n’en supporte pas l’idée. Sa survie dépend du passage de l’ignorance à la lucidité, mais elle est la seule espèce pour qui lucidité est conscience et anticipation de la mort. Or, on ne peut vivre de cette lucidité, néanmoins nécessaire à l’évolution humaine. Ceci est un paradoxe, qui signifie pour moi ceci : Qu’à moins de changer de nature, l’homme risque de mourir bien avant le cinquième âge. Il risque en fait de ne jamais connaître l’avènement du quatrième âge, c’est-à-dire de s’éteindre très prochainement.




Une certaine folie peut être le signe de la lucidité, le vertige celui de la liberté. Ainsi l’être toujours plein de la conscience de sa liberté, du « tout est possible à chaque instant », risquerait le vertige permanent et donc une certaine forme de folie. C’est le prix de la lucidité. L’ignorance sereine et satisfaite d’elle-même lui serait-elle préférable ?




De nos jours, se vouer à la philo ne donne plus l’indépendance.




Si un aveugle ne ressent pas le besoin de prier, je ne pense pas également, qu’il soit intéressé par zazen, que zazen est un sens pour lui. Ce qui peut tranquilliser un voyant, lui donner une autre vue, ne peut qu’enfermer et effrayer un aveugle, pour lequel l’essentiel passe par la communication directe avec autrui. La vue, absente, ne lui donne pas le besoin de passer outre. Mais je peux me tromper. Après tout un aveugle peut croire en Dieu, je pense.




Le seul penseur que j’estime vraiment, c’est Darwin, plus proche de la vérité sur notre condition, à mon avis, que tous les penseurs qui ont fondé notre monde moderne.




Le droit est toujours celui du plus fort, car si celui-ci ne veut pas le respecter, qui peut l’y entraîner? Le plus faible ? S’il y parvient, c’est qu’il est le plus fort. Une coalition des faibles ? Idem.




Il est dommageable que l’on ne dévoile pas suffisamment l’intérêt des Fables de La Fontaine dans nos écoles, collèges, lycées. Il est vrai qu’après tout, cela n’humaniserait pas le fonctionnement tout animal de notre société, cela n’atténuerait pas sa violence. Notre humanité consiste à disposer de la raison, mais qu’on le veuille ou non, celle-ci est toute entière au service de la bestialité qui nous meut, qui est notre source première de motivation.




L’extrême gauche ne se différencie en rien de l’extrême droite, en Amérique du Sud. Ils poursuivent un dessein commun : acquérir pouvoir et contrôle du trafic de drogue. On pouvait croire à la révolution du temps du Che. On n’y croit plus. La réalité actuelle illustre ce qui pouvait passer autrefois pour caricature : les bandes dessinées d’Hergé.




J’aime les femmes, mais je les méprise, car faut-il être méprisable pour aimer la bêtise. Or, les hommes incarnent la bêtise , la manifestent avec évidence, bien plus que les femmes, qui sont néanmoins excitées par eux. Etre excité par la bêtise, par l’imbécile qui bombe le torse et marche comme s’il était sur un bateau, en tanguant, gorille éructant d’affreux borborygmes, cela est détestable, affligeant. Or, ce genre de messieurs, majoritaires, trouvent femmes. L’affligeante constatation sur le plan ethnologique, expose les faiblesses du sexe : Toute l’intelligence et la sensibilité féminine ne sauraient réfréner la passion excitée par le cri rauque de la bête, et son large torse velu. En cela, la femme est pitoyable.




J’ai le plus grand mépris pour ceux qui ne ressentent pas, qui n’éprouvent pas le besoin de la mer, dont le moral et l’ardeur y restent d’une température égale qu’en un autre lieu. La mer change tout. Transportez n’importe quelle bourgade sans intérêt au bord de la mer, et elle en acquiert un . Impossible alors de la qualifier de patelin, de trou perdu. La mer, ouvrant l’horizon d’une façon incomparable, transfigure le moindre élément à proximité. Moi, je ne suis pas la même personne en campagne qu’en bordure de mer. Seule la mer répond à mes aspirations grandioses, et je ne me sens vivre qu’en sa présence.


Sollers, il se sert de Nietzsche non pour justifier ses erreurs passées, mais pour ne pas avoir à se justifier.




La valeur d’un homme se mesure à ses difficultés à s’intégrer, à s’adapter. L’instabilité est signe de grande valeur. Est stable celui qui, satisfait, a trouvé sa place. Or, mettre du temps à la trouver est le signe d’une grande intériorité, et non d’une carence à laquelle il faudrait remédier.




Certains ont la mauvaise foi, sous prétexte de relativisme culturel, de mettre sur un plan commun, excision, femmes-girafes, bouches en forme de plateau, et boucles d’oreilles. A quel point ce que nous pensons peut-il être influencé par le processus mimétique ? Les boucles d’oreilles ne mutilent pas, ne sont pas causes de souffrances, de nuisance pratique, n’empêchent nullement la jouissance, et sont facilement universalisables.




Les vrais « durs », si tant est que l’on puisse employer une expression aussi ridicule, sont les plus sensibles des êtres, ceux qui désirent le plus vivre, et par conséquent les êtres les moins cools et les plus peureux que l’on puisse rencontrer !




En un sens, Nietszche ne sert à rien. Les surhommes ont toujours su prendre le pouvoir, et les penseurs ont toujours cherché à justifier leur faiblesse en prétendant inverser les valeurs, jugeant de faibles les hommes à femmes au pouvoir, et se qualifiant implicitement eux-mêmes de surhommes.




Une de mes connaissances, flûtiste, me disait : « La différence censée distinguer l’artiste du citoyen ordinaire est un mythe ». Preuve irréfutable qu’il n’était pas un véritable artiste, car on ne peut ignorer ses propres besoins, et l’artiste en connaît qui n’effleurent même pas le citoyen majoritaire.




Il me semble que les femmes ne se monopolisent pas assez en ce qui concerne deux crimes majeurs de l’humanité : l’excision, et le viol. Les concernant, elles pourraient réellement y mettre un terme. Et pourtant, elles ne font rien. Se pourrait-il que les misogynes soient dans le vrai ? S’il y a des guerres, c’est compréhensible parce qu’à l’inverse de ce que pensent beaucoup de monde, les hommes aiment çà. S’il y a autant de viols, auxquels pourtant les femmes pourraient facilement mettre fin, c’est peut-être qu’elles ne sont pas si innocentes que cela. Peut-être ont-ils une utilité biologique après tout, réveillant opportunément l’agressivité enfouie nécessaire à la survie, et à la bonne tenue de l’espèce.




J’ai toujours méprisé les types qui rotaient, pétaient, crachaient. Or, j’en ai rencontré en tout milieu, du collège privé à l’armée, du lycée professionnel à la fac de philo. Concervant mon instinctif mépris, je suis cependant devenu las de mon affliction.




Je crois qu’une grande majorité de femmes aiment, contrairement à ce que l’on entend parfois, le fait que leurs hommes s’affalent avec leurs amis dans le canapé du salon, jouissant des matchs de football. Cette normalité les rassure.




Les femmes se plaignent qu’on ne se soucie pas de leur intelligence. Mais si nous recherchions l’intelligence, si c’est l’intelligence qui nous plaisait, c’est avec nos ordinateurs que nous coucherions.




La vente de mes aphorismes risque de ne pas dépasser les trois cents exemplaires. S’ils peuvent plaire à une riche mécène milliardaire, m’accordant le minimum matériel pour que je puisse créer à plein, ce ne sera pas en vain.




Nous ne sommes libres que ce que notre intelligence nous permet. Nous n’avons de liberté qu’en fonction de notre intelligence. Pour ne pas être d’accord avec une personne, une tendance, un groupe, une religion, un parti, il faut en comprendre les arguments, et pouvoir en énoncer d’une puissance équivalente. C’est pourquoi il est plus aisé de revendiquer son athéisme que de réfuter Darwin.




Jules Renard a écrit à peu près ceci : « Ce qui distingue le petit écrivaillon du grand écrivain, c’est la paresse de l’un, le courage de l’autre. » Ceci est ridicule. La paresse ne veut rien dire, sinon qu’on manque d’énergie. Or, on ne choisit pas sa propre énergie, on n’en est pas responsable. Elle dépend du corps et le fait même de vouloir éveiller son corps, les virtualités qu’il contient, dépend d’un état premier du corps, sur lequel on n’a aucune prise. Autrement dit, ce n’est sûrement pas par une volonté dont ils seraient méritants, responsables, que Napoléon et Balzac se sont illustrés. Leurs exploits ne dépendent pas d’un pur choix originel et libre, absolument inconditionné, mais d’un corps supérieur, et de circonstances favorables qui ont servi ce corps, mais la volonté est une conséquence, ou plutôt une traduction volontariste du bouillonnement plus ou moins intense du corps. Autrement dit, nul ne peut avoir la volonté de façonner sa propre volonté, car cette distanciation d’avec soi-même est comprise dès l’origine dans ses possibilités, et est donc en quelque sorte illusoire. Nul ne peut échapper aux limites que lui impose son corps, y compris en le modifiant, cette volonté de modification étant elle-même déterminée par son corps, par un état antérieur du corps. La liberté est donc une chimère, ou n’excède jamais ce que le corps permet.




Plus jeune, adolescent, je pressentait que j’encourais un grave danger si je continuais à lire, comme si la lecture accentuerait une « différence » de nature, et la rendrait irréversible. j’ai continué à lire, et mes craintes se sont avérées fondées. Tout est devenu plus compliqué, rien ne s’est simplifié, et ma solitude a empiré. Mais c’est l’envers nécessaire de la distinction que je paie, son inévitable (et logique, arithmétique) conséquence. A mesure que l’être se différencie, la force de sa conscience de soi s’intensifie, et les revendications de ses propres idées, de ses propres goûts s’affinent, et ne peuvent plus être ignorées, sacrifiées au collectif. L’homme qui se détache du lot, dont la nature est de se détacher du lot, est par définition un irréductible, qui préférera anéantir la foule que se laisser déterminer par elle. C’est à ce prix là que l’on se fraie un destin.




Il faut grandir. Grandir, ce n’est pas abandonner ses rêves. Bien au contraire, c’est les réaliser.




Les vieillards, comme les infirmes, ne donnent pas l’impression d’exister d’une vie d’homme. On les dirait plus proche des animaux.




Nietszche : « Il faut croire en son destin ». Ridicule ! Il y a ceux qui y croient parce qu’ils ont de bonnes raisons d’y croire, et ceux qui n’y croient pas parce qu’ils ont de bonnes raisons de n’y pas croire. Le « il faut » n’a pas de sens ici. Tout se fait naturellement, instinctivement en ce domaine.




Etonnant comme la société interdit aux hommes d’avouer leur peur. Cela conduit à des formules ridicules et contradictoires, comme : « Je crains ceci, j’ai de l’appréhension pour cela, mais attention, je n’ai pas peur ! ». Quand les hommes auront compris que la peur et son intensité croissent en fonction de l’intelligence et de la vitalité, alors peut-être cesseront-ils d’avoir peur d’oser affirmer leur peur. Ceci dit, on peut finalement considérer leur peur d’une telle affirmation comme un signe de vitalité, démontrant un fort attachement à la vie, et signe d’une faible intelligence, celle-ci ne triomphant pas du mimétisme.




Tant que les prisonniers sentiront que l’institution chargée de leur réinsertion ne les a pas protégés, leur haine de l’institution, et par extension de toutes les institutions est légitime.




La prison a perdu tout son charme depuis l’arrivée des télévisions. Elle n’est plus désormais l’équivalent d’un monastère coupé du monde, mais est à chaque instant pleine des pires produits de ce monde. On ne conçoit pas qu’un Genêt puisse en sortir à nouveau.




Patrick Sébastien, refrain d’une chanson : « On est là pour faire la fête, sans se prendre la tête ». Une formule d’un dépliant dont l’objectif est d’attirer les jeunes à l’aumônerie catholique de Poitiers, se termine par : « sans prise de tête ». A dégoûter irrémédiablement de tout spectacle de variété, et de toute religiosité.




L’orgueil est bien souvent la conscience intuitive de sa propre valeur. Il naît de la comparaison, ( et est justifié selon ce que l’on apporte ).




Le complexe d’infériorité est la plupart du temps un sentiment de supériorité non confirmé ( dont on n’est pas absolument sûr, qu’on voudrait définitif ).




L’aptitude à vivre est inversement proportionnelle au goût de la vie ( à son appréciation ). On ne peut en jouir quand on l’aime vraiment.




L’artiste n’est pas un être qui exprime mieux qu’un autre ce que tout le monde ressent. Il ressent plus, d’où lui vient un besoin supérieur d’expression, et donc des descriptions d’une autre nature.




Etre handicapé ou vieux, c’est la même chose, cela conduit au même effet ; on n’existe plus pour les autres comme puissance, seulement comme devoir. ( On existe seulement pour les autres comme devoir, plus comme puissance ). Il faut aider ces êtres blessés à redevenir puissance.




Un fondamental d’Artaud : « Il m’importe beaucoup que les quelques manifestations d’existence spirituelle que j’ai pu me donner à moi-même ne soient pas considérées comme inexistantes par la faute des tâches et expressions mal venues qui les constellent. »




L’intériorité ne se commande pas. On ne choisit pas la qualité de son psychisme, la valeur de son esprit, la fécondité, la profondeur de sa conscience ( et de son cœur ). L’exercice ne porte que sur son extériorisation, sa manifestation, sa mise en forme. Il la rend opérante, effective, communicable, universelle. On ne choisit pas son caractère, son tempérament = volonté sans choix.




« Et, s’il est encore quelque chose d’infernal et de véritablement maudit en ce temps, c’est de s’attarder artistiquement sur des formes au lieu d’être comme des suppliciés que l’on brûle et qui font des signes sur leur bûcher. »
Pas d’accord pour deux raisons :
La mise en forme est indispensable. C’est le travail de l’artisan, et tout artiste est un artisan. Sans cela, il peut exister des natures d’artistes. Mais il n’y a pas d’œuvres. Ensuite, je suis d’accord. L’artiste ne se limite pas à l’artisan. C’est la différence entre le petit et le grand artiste. Et justement, un artiste est avant tout différent, malade, torturé, préoccupé de choses qui touchent les autres mais ne les obsèdent pas, ne les hantent pas. Ses intuitions sont si quantitativement supérieures qu’elles en viennent à l’être qualitativement. Cependant, les petits joueurs doivent vivre aussi, et s’exprimer. C’est la masse et ils plairont à la masse, puisque la culture ne permet pas à un caractère donné originairement de s’élever à la compréhension interne d’une œuvre. Si Paulo Coelho était Dostoievski, il ferait du Dostoievski, mais il ne le peut pas, et si les lecteurs, pour la plupart, le lisent, c’est que mis à part la poignée prometteuse, ils y correspondent.
On ne choisit pas d’être Napoléon, et on est fou si l’on s’en croit à tort l’égal. Mais faut-il être Napoléon pour avoir le droit de vivre ? Non, évidemment. Tout le monde a droit à l’existence, et à l’épanouissement, c’est-à-dire à ce qui l’accompagne nécessairement, l’expression de son intériorité, et ce même si elle est médiocre. Les animaux eux-mêmes, inférieurs qualitativement aux imbéciles, doivent vivre, et se manifester. Les tuer est un crime, si ce n’est absolument utile et nécessaire pour la survie et l’expression des êtres supérieurs.




La valeur d’un être se mesure à son amour de la vie ; par conséquent aux forces de résistance qu’il oppose à la mort et à tout ce qui pourrait diminuer sa puissance. Le faible, l’apathique ne lutte pas, ne se défend pas, ne réagit pas. Il se laisse conditionner, déterminer par son milieu. Il n’impose pas ses vues. Il ne crie pas sa peur de l’altération de son corps et de sa conscience, et ne hurle pas quand il se voit dépérir et quitter le monde. Le fort est en révolte constante, dans la hantise de la disparition et de l’amoindrissement.




Il ne peut exister un seul grand homme qui ne soit hypocondriaque, qui n’ait pas conscience de sa mort prochaine, et qui ne soit pressé ( de peur de ne pouvoir sortir de lui-même tout ce qu’il a à donner ).




Etre « cool » naturellement est synonyme d’insignifiance.




La plupart des femmes ont des physionomies inintéressantes. Elles sont laides, n’ont pas d’énergie, de curiosité intellectuelle, d’enthousiasme. Elles ne sont pas avides de vivre. Les filles qui défilent devant moi, au restaurant universitaire, ont des figures pâles, apathiques et molles. Nul éclair de folie dans leurs yeux. Et l’on voudrait que les hommes soient égaux. Les Chrétiens le voudraient en tout cas. Mais cela saute aux yeux qu’ils ne le sont pas, puisque les visages distordues de ces filles ont leur correspondant masculin, puisqu’elles sont aimées. Mais moi, je préfère réellement les chiens, les animaux en général. Non qu’ils soient plus intelligents, mais ils ont une soif de vivre réellement plus intense.




La valeur d’un homme, c’est aussi sa curiosité qui la situe. Etre intéressant, c’est d’abord s’intéresser.




La valeur d’un homme se mesure à sa curiosité, son enthousiasme.




On ne peut trouver le repos sans et avant d’avoir donné ce qu’on avait à donner. Un écrivain ne donnera jamais qu’une petite part de lui-même quand il voudrait tout sortir ( d’où le malheur comme prédestination, comme destin etc).




La vie a une valeur que la mort n’a pas ( puisque, sans être à proprement parler une valeur, elle est la condition de possibilité de toute valeur, excluant ainsi logiquement la possibilité pour la mort d’avoir une valeur, ou de contenir un éventail de virtualités valeureuses ).




« simul peccator et justus »




Les hommes, quelles que soient leur civilisation, me font penser à des meutes sans raisons, avec leur manie détestable et lâche d’ harceler les femmes faibles pour coucher avec, et d’insister jusqu’à ce qu’elles craquent, qu’elles cèdent.




La civilisation : pouvoir parler de tout avec n’importe qui sans risquer l’agression physique. Jusque là, nulle noosphère.




Qu’est-ce que c’est beau, une femme bien fraiche qui sent le bonheur et l’exhale par tous les pores de sa peau.




Je suis parfois extrêmement pressé par un mouvement d’urgence. J’ai l’impression qu’aucune des activités intéressantes offertes dans mon secteur ne doit m’échapper, sous peine de perte grave. Il me faut lire tous les grands livres, de philosophie, de littérature, de peinture, et me cultiver en tout, sciences de la terre, sciences physiques, mathématiques, en tous les arts. D’autres fois, je suis en paix. L’instant présent se suffit à lui-même C’est le bonheur. Il n’y a plus d’anticipation angoissante. Un livre me procure cela parfois.




Qu’est-ce qu’un écrivain ? Un psychopathe surpuissant, plus doué que les autres, ou plus tenace, plus résistant.




Si Dieu nous a investit, dans nos corps, d’un instinct de conservation, c’est bien pour que nous vivions cette vie que l’on connaît, et qu’on ne vit pas uniquement en vue d’une forme de vie supérieure, que cette vie terrestre, donc, a une valeur spécifique.




La vie s’oppose à la mort, puisque l’instinct de conservation, indissociable de la pérennité, et du développement de la vie, s’y oppose.




Spinoza écrit que l’on sait intuitivement que nous sommes éternels. Moi, je dis exactement l’inverse. Si nous sommes pressés, avides de nous exprimer, de mettre en forme nos intuitions, de manifester notre intériorité, c’est que nous sentons, nous savons que, même si nous devions continuer d’exister après cette vie, nous ne pourrions plus donner, au moins sous la même forme, et selon le même mode, ce que l’on a à donner. La vie est courte, et nous avons raison d’être pressé pour la raison indiquée. Si la vie et la mort étaient exactement pareilles, sans différence, parler de vie, et de valeur de la vie, n’aurait aucun sens. Le fait qu’il faille tout donner maintenant, et agir intensément en conséquence, nous pousse à vaincre l’inertie, car si nous avions la possibilité éternelle de nous extérioriser, non seulement nous ne ferions rien, mais il n’y aurait aucune intensité à vivre. Mais dans notre situation, il nous faut inventer notre vie, l’organiser, se faire le maître de son temps, sans quoi nous mourrons prématurément, et mourir de cette façon, se gâcher, passer à côté des possibilités de sa nature, c’est pire que la mort véritable. Je ne crois pas comme Teilhard, que, si nous mourrons avant terme, nous quittons le monde « gros » de ce que l’on n’a pas su ou pas pu exprimé de son intériorité. Ou, en tout cas, je pense qu’il est trop tard, définitivement, pour la donner et la faire fructifier au sein du monde. Et cela, nous le sentons obscurément, mais avec certitude, ce pour quoi les Bouddhistes ont tort, car nous devons être « pressés », impatients. Ce pour quoi, aussi, il est impératif de protéger toute vie, animaux compris, et de s’efforcer de contribuer à ce que tous trouvent leur voie, c’est-à-dire le ou les modes d’expression qui les épanouiront, par l’affirmation optimum de leur personnalité dans le développement de leurs qualités, ce par quoi d’ailleurs ils serviront le monde en le construisant ( et l’orientant vers le bien ).




Qui m’aimera pour ce que je serai, mort ? C’est-à-dire non pas m’aimer dans le temps de ma mort pour ce que j’aurais été, mais pour ce que je serai actuellement, mort ? ( de même tels grands vieillards sont respectés non pour ce qu’ils sont effectivement, mais pour ce qu’ils ont été, dans le souvenir qu’on s’en est fait, respect qui est aussi une des causes de nos actions présentes, car un jour viendra ou l’on ne pourra plus se défendre, et toute la réserve et la distance que l’on observera à notre égard sera déterminé par ce que l’on aura été ). Autant dire que l’on ne profitera plus. Mais, il est vrai, l’on ne sera plus.




L’on se définit essentiellement par son identité sexuelle, et on la perd quand on est mort. On n’est plus alors, ni homme, ni femme. Mais, on n’est plus, tout simplement, aussi ne peut-on dire « on », même accompagné d’une négation de ce « on ». Le « on » n’a plus de sens.




Quelle tristesse que celle d’être irrémédiablement fermé à la vie de l’Esprit, à la philosophie ! Et pourtant cette vie, même pour ceux excluant toute tentative de la comprendre, de sublimer ses données immédiates, paraît encore avoir un intérêt pour le plus grand nombre, en la vivant tout simplement. Mais le propre de la vie humaine, ne consiste-t-il pas à la magnifier ? Certes, mais voilà une solution Nietzschéenne au problème de la décérébralisation. Si vie et valeur sont consubstantielles, alors le fait de vivre la vie simplement prend une valeur absolue, c’est-à-dire que même à l’état minimal, et puisque la vie implique toujours que quelque chose vit, la vie, alors toute vie, même rendue la plus amorphe possible, conserve encore une valeur inestimable, incluse par cette simple et mystérieuse pulsion primitive.




Quelle hypocrisie ! La liberté est une nécessité morale, et pourtant, l’on sait bien que tout vient du physiologique. Sa « nature », c’est « son » identité, et c’est « son » corps, donc l’ensemble des dispositions incluses en/par et circonscrites en/par ce corps ! Et la liberté n’est pas si nécessaire à l’organisation sociale, car rien n’empêcherait d’emprisonner les gens pour leur mauvaise nature, par prévention et répression ,tout en reconnaissant leur irresponsabilité.




Si tout ce qu’un être est a pour base son corps propre, comment l’essence pourrait-elle précéder l’existence ?




Une obsession, l’aphasie. Est-ce la combinaison des mots, la composition des phrases, leur structuration, la mise en forme de ses intuitions, qui est rendue impossible par la destruction d’une partie du cerveau, ou bien est-ce que cela est une possibilité conservée, mais qu’on ne peut pas restituer, extérioriser, parce que le passage de la constitution mentale et verbale des idées à leur transmission en parole, en dire et en écriture est faussée, ou bien est-ce l’intériorité elle-même qui est déstructurée, dissoute, anéantie, à jamais perdue ? Bergson penserait que seules la combinaison mentale des mots, ou bien la faculté de les transmettre, sont touchées, mais pas l’être en son fonds, le cerveau n’étant que l’organe réceptacle de quelque chose, ( quelqu’un ? ) qui le précède, l’instrument réceptacle et transmetteur de l’Esprit, ce qui va permettre son effectuation. C’est simplement cette transmission, cette actualisation qui est empêchée par la destruction du cerveau. Mais l’esprit est conservé. En réalité, ces trois niveaux sont certainement détruits selon le degré de dégradation du cerveau.




Finalement, ce qui compte pour situer un homme, c’est sa puissance d’imagination et sa mémoire, non le rocambolesque de sa vie. Un type qui a fait le tour du monde, vécu mille aventures périlleuses, qu’en retirera t il s’il n’a pas de mémoire, d’imagination ? Rien. Un homme qui reste allongé dans son lit toute sa vie, mais pourvu d’une imagination débordante, ce sera Proust, il rendra tout passionnant.




La seule vraie loi naturelle : tout ce qu’on peut donner, on cherche à le donner. Stirner, dernière page de « Ma jouissance de moi » : « Tu es possesseur du tien, c’est-à-dire de tout ce que tu as la force de t’approprier ».
Je dirai plutôt : Tu es tout ce que tu as la force de donner.




Tous les types qui veulent se suicider sentent qu’ils sont en retard sur eux-mêmes, sur le meilleur d’eux-mêmes, qu’un décalage s’est formé entre leur valeur réelle, leurs potentialités, et ce qu’ils expriment vraiment, et par conséquent la façon dont ils sont considérés. Logiquement, la vie est plus facile pour les insignifiants.




Donner le meilleur de soi, c’est le meilleur moyen d’être heureux, c’est-à-dire de se débarrasser de soi !




Chaque être est le monde pour lui. Chacun est tout pour lui.




Souvent, je songe à me suicider : enfin débarrasser de l’obligation imposée par le talent.




Comment aimer les gens sachant que s’ils vous aiment, c’est parce que vous les aimez ? C’est-à-dire que toute diminution vous affectant, et atténuant votre propre amour pour eux, les conduit par réflexion à vous amoindrir, à vous mépriser.




Aimer les autres ne se commande pas, car nous avons plus de chance de plaire, beau et intelligent, énergique, que laid, stupide et apathique, et le fait d’attirer autrui nous le rendra naturellement aimable. Aimer ne résulte donc pas d’un choix.




Toute action terroriste, si elle s’en prend aux êtres, est injustifiable, car blesser physiquement ou moralement un être de façon irréversible génère une perte irréparable, sachant qu’à supposer pour les croyants qu’il y ait une vie post-mortem, cette « vie » prendra de toute façon une autre tournure. La jambe supprimée, la perte de la possibilité d’exprimer son intériorité, ou la destruction totale, si cela est possible, de cette intériorité, cela ne se reconstituera jamais, et les potentialités de la personne, même si elles survivent sous une autre forme, seront perdues pour le monde. Quand elle est causée volontairement, cette dégradation physique ou mentale constitue, par le fait de son irréversibilité, un acte à la limite impardonnable. Tout acte de ce genre est donc à classer dans la catégorie des injustifiables et en tant que tel, crime contre l’humanité. Tout terroriste est donc un criminel contre l’humanité ( et finalement tout agresseur ).




Un type qui passe son temps à regarder la télévision, et qui s’en trouve heureux, est nécessairement un abruti qui n’a rien à sortir de lui-même.




Ce ne sont pas les blessures d’enfance qui font la personnalité. C’est la personnalité qui constitue ses blessures. Un être qui a des « tripes » sera toujours, nécessairement, insatisfait.




Tous les hommes ne se valent pas : plus on a de besoins, plus on a de valeur.




Plus un être a de choses à donner, plus il est pressé.




Qui peut le plus peut le moins, mais ne peut s’en contenter.




Le détachement par l’attachement, ce n’est pas le renoncement visé pour lui-même, c’est l’apaisement, la satisfaction naturelle qui suit l’accomplissement de sa tâche.




La valeur d’un être se mesure à la force de ses besoins.






Le monde des philosophes et celui des non philosophes sont irréductibles, vraiment différents. La communication entre un philosophe et un non philosophe est impossible dès qu’il s’agit de s’entendre sur autre chose que sur des thèmes légers, comme la pluie et le beau temps, le sport, et encore, il se pourrait que les opinions en viennent vite à diverger sur ces thèmes si on les approfondit un peu, voire diverger dangereusement pour le philosophe, tant les gens ordinaires sont peu habitués à être contredit, à polémiquer, et par conséquent sont susceptibles de rapide agressivité, de rapidement s’emporter. Mais, sur les thèmes classiques de la philo, c’est une tâche épuisante et qui réclame beaucoup de patience pour le philosophe qui doit tout d’abord se mettre à niveau, définir tous les termes, puis avancer très progressivement. C’est procéder comme Socrate en somme., tâche exaltante au début, mais dont on se lasse vite.
Philosophes, tentez d’aborder des thèmes comme la politique, la liberté, la religion, la volonté avec des citoyens ordinaires. Si vous en avez perdu l’habitude, vous serez étonnés de la masse de préjugés infantiles par lesquels les gens s’empêchent volontairement de penser. Et puis, comme vous êtes extrêmement minoritaires, aspirants philosophes qui ne deviendrez pas professeurs, préparez-vous à votre retour, où il vous faudra soit toujours vous taire, soit toujours contredire et exciter le monde contre vous.


Il me semble que je suis un danger pour la communauté. Ce n’est pas pour me déplaire, car la communauté ne donne pas leur place à ses membres et ne leur a jamais donné, comme elle n’a jamais assuré leur sécurité.




La volonté, plus forte que le corps ? Tous les gens intelligents savent que la volonté est strictement déterminée par l’ensemble du fonctionnement du corps de tel ou tel individu, ou être vivant en général, et notamment par son cerveau.




Ce qu’on entend par volonté n’est rien d’autre que l’énergie dont, par l’intermédiaire de notre corps propre, nous disposons, l’énergie dont dispose notre corps en fait, et qui ne se commande, choisit pas, dont l’éventuelle fluctuation et le désir de la voir progresser sont eux-mêmes strictement déterminés à chaque instant par l’état d’ensemble du corps, et ses modifications.




Je n’ai compris que récemment l’importance du sexe, pour les femmes, qu’il leur est essentiel, et, dit vulgairement, qu’elles n’aiment rien tant que se faire mettre, le plus furieusement et dans toutes les positions possibles. Elles sont, en un sens, bien moins coincées que nous, terriblement plus perverses.




Les manipulations génétiques auxquelles les lois nous autorisent à nous livrer sur les embryons nous dirigent vers un totalitarisme évident. Les uns seront prédéterminés pour tel type de travail, les autres pour tels autres types de travail. Manipuler l’embryon, c’est, non seulement modifier son avenir, mais également sa personnalité, son tempérament et cela a quelque chose de monstrueux.




Je ne comprends pas pourquoi la faiblesse est encore associée à la dépression, au fait de craquer. Il me semble, et c’est amplement démontré par la vie des grands hommes, que la lucidité y est associée, et l’énergie, car quel bon vivant et amoureux de la vie résisterait à la pensée de sa fin et de celles de ses proches ? Par contre, le type qui tient sans fluctuations est soit un imbécile incapable d’anticipation, soit un mou qui a peu a perdre et chez qui la conscience de sa fin ne provoque par conséquent pas de grands et perturbants remous.




Je suis envahi d’une haine sans bornes, farouche, destructrice envers la société qui va m’obliger de gâcher ma vie à travailler pour elle, sacrifice de mon individualité, de mes aspirations, de mes talents, sans lesquels je ne pourrai survivre.




Je tuerai volontiers toute vie terrestre par haine de l’injustice. J’ai une propension inquiétante à vouloir tout faire sauter.




L’écriture pour moi ? Un toc qui m’aide à conjurer le sort.




Ceux qui défendent l’idée d’une nature vierge, et pure, par opposition à la corruption de la civilisation, sont des imbéciles. La même loi régit le monde des déserts, des banquises, et celui des espaces civilisés. Chaque être cherche à survivre et à s’exprimer. Simplement, les modes par lesquels on suit celle loi sont moins complexes dans le monde dit « naturel » que dans celui dit « civilisé ». Mais l’hypocrisie y existe aussi entre l’homme et l’animal, et entre espèces animales, où l’on triche sur les traces qu’on laisse et sur toutes sortes de choses afin de piéger l’espèce dont on se nourrit, et de survivre. Certes, les relations y sont moins complexes, mais est-ce une bonne chose ?




Je suis comme un légionnaire, inapte à la vie civile, pour la raison, en ce qui me concerne, que la seule idée d’une hiérarchie à respecter, devant laquelle s’effacer, me donne des envies de meurtres.




Si je suis à ce point hanté par l’attaque cérébrale, c’est pour ne pas devenir comme ce que je n’étais pas, et que l’on croyait que j’étais. Je ne veux pas régresser, au point de faire « risette » au premier venu. Mon passé est suffisamment riche d’humiliations en tous genres. Cette obsession risque de me rendre fou.




















































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