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26 septembre 2015 6 26 /09 /septembre /2015 22:20

Journal intime d’un dément.




J’ai mal aux yeux. Peut-être parce que je les tiens trop écarquillés. On dirait, presque, que j’ai dessein de les agrandir exprès. j’espère que ma douleur ne portera pas à conséquence. Je vois, heureusement, l’ophtalmologue bientôt. Mais si j’ai même un léger problème en plus d’une vue qui a si bien baissée qu’il me faudra changer de lunettes si je passe mon permis, et s’il faut pour que je règle ce problème ingurgiter des tonnes de médicaments, et accroître ma dépendance, je vais, c’est sûr être contristé.
Je ne comprends pas comment je peux plaire. J’ai un visage si angoissé, si constamment ému, si transpirant, si rougissant, que je devrais faire fuir. Je crains d’ailleurs beaucoup. En effet, mes cheveux longs doivent favoriser l’acceptation de mes rougeurs, car je fais jeune homme romantique, image à laquelle contribue mes longs cheveux noirs et mes habits, dont un pardessus sombre qui m’arrive aux genoux. Mais, quand je couperai mes cheveux, je crois que je ne supporterais pas le choc. J’aime mon visage, uniquement parce qu’il manifeste assez convenablement mon caractère romantique et farouche, mais sans mes cheveux, adieu le romantisme ; restera ma maigreur, mes traits fins, délicats, presque ascétiques, et la douceur de mes yeux. Mais rougir monstrueusement en étant à demi chauve, cela fera retardé, déplacé, pas convenable, voire grotesque. Il est temps que je change.


C’est étonnant, j’ai pratiquement retrouvé ma timidité d’autrefois. Je suis perpétuellement submergé par l’émotion, et je crois que si on me parlait, j’aurais de la peine à répondre, à articuler, à garder mon sang-froid, à ne pas rougir. Il faut que j’apprenne peu à peu à contrôler mes émotions. Je vais chercher un travail, et faire du théâtre. Le rôle que je trouverais, quand j’arriverais à jouer, ne devra pas être trop en dessous de ce que je suis, de mes goûts, car autrement, gare à l’humiliation, au traumatisme, même enrichissant.


Je marche et en m’analysant et en essayant de ne pas trop bouger mes lèvres ( elles me gênent, je ne sais où, ou plutôt comment les mettre, mais je suis bien content, cependant, qu’elles soient là ), je m’aperçois que je dois avoir l’air, souvent, d’un chien battu, ce à quoi justement je n’ai pas envie de ressembler. J’ai peu de menton, enfin il n’est pas inexistant, il est même assez joli, néanmoins très féminin. Je n’ai pas le menton carré de beaucoup d’hommes. Mes yeux sont souvent tristes, doux, parfois retors, mais c’est parce que je pense qu’ils ne doivent pas l’être qu’ils le sont, cependant rarement, et peut-être suppliants. J’ai des yeux de biche, finalement, et je ne vois pas là ce qui excite les femmes. Enfin, le principal, c’est qu’elles les aiment, et le reste. Mais, s’il est vrai que je comprends pourquoi elles m’aiment, mon tempérament extraordinairement passionné en est la cause, cela fait grandement plaisir qu’il traverse mon physique et l’incline en ce sens, ce qui n’est pas donné, ou plutôt pas évident.


J’ai croisé une femme magnifique, style italienne, encore que je l’ai pas vu entièrement. Elle travaillait sur ordinateur. Ses habits me plaisaient, son corps suivait son visage et je crois qu’elle sentait bon.


Vivement le contrôle, vivement une femme, vivement le premier salaire, vivement la protection féminine et masculine, vivement l’expression artistique et sociale, vivement l’épanouissement, vivement la non peur, vivement le rayonnement intégral, vivement l’apothéose avant la mort, et vivement la mort elle-même, si elle est précédée d’un moment heureux et d’une claire vision de ce qu’elle est, et si cette vision nous y fait pénétrer avec calme et encore félicité devant la promesse d’une nouvelle et éternelle félicité !


Visconti, Fellini, Pasolini, Eisenstein, Sokourov, Truffaut, Bresson, Desplechin, Lubitsch, Blake Edwards, Fritz Lang, Dreyer, Werner Herzog, Murnau, Chaplin, Kubrick, Kazan, Kurosawa, Kobayashi.




Incroyable comme je suis peu motivé pour le travail. Ca y est, c’est arrivé, je ne me reconnais plus parmi les philosophes. Je ne me vois pas passer mes journées entières à chercher dans des encyclopédies. Pourquoi certains homme font cela ? Ils fuient quelque chose ou ils en ont un goût réel ? Si je suis, effectivement, passionné par la réflexion, c’est davantage comme écrivain que comme philosophe, même si j’admets que philosopher, c’est y mettre la forme. Mais qui niera que Proust, Dostoievski, Mishima, Montherlant, Balzac, Gide ou Céline pensent. Ils ne philosophent pas mais ont tous atteint un niveau de lucidité, de perception accrue, bien réel, et eux ils aimaient les femmes, les hommes, l’amour, la vie, le sexe, l’odeur. Et ca, ca me plaît, ça me ressemble plus. Comme le fait que j’ai plus de plaisir à écouter un acteur raconter ses aventures, sa vie, ses expériences, ses films, à condition que ce soit un acteur qui me plaise, même s’il est laid, qu’entendre un philosophe parler, même si ces théories me plaisent, parce que des théories, ce n’est pas ca qui manque, j’en ai le cerveau rempli, mais la jouissance, l’expression d’un sentiment, ça oui, çà me manque. Oh, comme j’aimerai être acteur, vaincre peu à peu ma timidité, et jouer un grand rôle et y mettre toute ma force et me transcender, et élever toute la scène. Mais par pitié, que je reste moi-même, que je ne me perde pas dans la confusion des esprits passables. Que j’extirpe mon talent de moi-même, que je le manifeste à la terre entière, et aux astres, et à l’univers entier, et qu’ils rayonnent devant ce que je leur offre, de l’art à l’état pur. Et en même temps, écrire des livres, jouer du piano, pratiquer l’aïkido, lire… Et puis, transfigurer la société entière et sauver l’homme. Voilà mes projets. Dieu, la nature, tout ce qui vit, tout ce qui respire, tous ceux qui le veulent, qu’ils m’aident dans mon dessein révolutionnaire, d’avènement pacifique, global, généralisé, et bien compris, et assimilé.


L’écriture a un pouvoir. C’est un constat banal, mais je n’y croyais pas jusqu’à ce que j’écrive régulièrement. La lecture, ca oui, je connaissais sa force, et l’écriture pour transmettre des messages, je connaissais son impact. Mais je doutais de l’écriture comme révélateur de ma propre personnalité. Je pensais plutôt qu’elle la traduisait, l’interprétait, mais, en plus de ce travail d’affirmation, elle précise, elle conforte, elle montre à soi-même, elle oriente, elle rassure, elle élève. Quelle puissance salvatrice que l’écriture !


J’ai peur de passer pour un vieux barbon, un vicieux que les femmes ont en horreur, enfin de devenir ça. Finalement, j’ai une moins bonne fortune, en apparence, que les Montherlant, Teilhard et compagnie, car tous avaient des amis, des sœurs qui les comprenaient, des femmes, des maîtresses qu’ils aimaient au moins un peu. Mais lequel, de ma sensibilité et de ma puissance, était si seul ?


J’ai toujours l’angoisse que les femmes rient de moi, toujours la crainte qu’elles aient peur. Depuis l’hospitalisation où deux femmes m’ont avoué qu’elles avaient, au premier abord, eu peur de moi, à Paul-Guérin ou la femme que j’aimais, m’avait, m’a dit un camarade, craint, à une autre femme que j’appréciais et qui était effrayée par mon imprévisibilité ( Saint-Hilaire ), cela cumule les raisons pour qu’à mon tour je sois effrayé par leur regard, leur réaction et pour que je fuis comme un monstre. Voilà, entre autre, pourquoi je suis si lent, si long à séduire, et si peu sûr de moi. Fanny n’a pas eue peur de moi. Mais quand j’y pense, je m’attends parfois à un accueil dur, comme d’ailleurs avec toutes les femmes, du style : « Tu t’es pas regardé ? » Quelque chose d’aussi banal que çà.


Et la respiration, quelle formidable mécanique ? Quelle puissance de vie elle permet, quelle joie de vivre. Et tout à coup, j’ai peur des gaz. C’est une des morts que je crains par-dessus tout. Le sentir rempli de mauvais air, chercher la respiration, ne rien trouver, savoir qu’à des lieues à la ronde, c’est plein de gaz, que c’est foutu ; en plus de la souffrance, avoir le pressentiment de la mort. Chercher à vivre quand même, par le corps et lutter désespérément puis perdre le contrôle, se tordre sur le sol, enfin perdre connaissance, et mourir. Sans doute, l’asthme dont j’étais fort affecté petit a joué un rôle dans cette frayeur. Voilà une mauvaise fin, aussi mauvaise que si on ne se rend compte de rien. Il faut, sans souffrir, avoir le temps de se préparer ; sans cela, quelle terreur ! Mourir sans avoir tout réglé, sans s’être réconcilié, sans l’avoir vu venir, sans avoir achever une part essentielle de sa création, l’horrible fin.
Respirer beaucoup, manger un peu, remuer son corps sans heurts, faire l’amour passionnément, embrasser les forêts et la mer, lire ce qu’il faut, écrire le nécessaire, l’essentiel, voilà le secret d’une bonne vie.


Différence entre écrire les textes qu’on juge essentiels pour soi mais aussi pour les autres, et un journal intime, essentiel pour soi, avec çà et là quelques idées à la pertinence universelle.


J’ai parfois l’impression que mes lèvres me rendent ridicules. En fait, je me sens parfois laid et alors ridicule. Mais la laideur n’incline pas nécessairement au ridicule car Elephant man, si je le trouve laid, je ne le trouve pourtant pas ridicule. Et je ne crois pas que ni Esope, ni Socrate m’auraient paru ridicule, ni même grotesque ou pitoyable, bien qu’étant laids.


Deux filles que je vois de loin, et qui paraissent, de loin, véritablement superbes. Nous nous croisons, nous éloignant chacun du côté opposé. Au bout d’un instant, je retourne sur mes pas, pour les voir. Elles sont assises tout au bout du parc, deux déesses. Je me rapproche, mais comme je suis assez timide, pas de face, mais par un chemin me décalant sur leur côté après avoir été masqué par des arbres. Quand j’arrive à leur niveau, je tourne la tête et je m’aperçois qu’elles se sont levées et avancent d’un pas opposé au mien. Pourquoi ? Ont-elles eu peur ? Mais nous étions plusieurs dans le parc. Et puis, elles ne m’ont peut-être pas vu me revenir, ou peut-être ont-elles pensé que je m’en allais à l’extérieur du parc. Ainsi, je dois être paranoïaque. Ce n’est pas ma venue qui les a fait fuir. Mais peu importe, je préfère cette maladie guérissable à une apparence Lautréamontesque.


J’étouffe. J’ai besoin de protection. Il faut que je trouve un riche mécène qui veuille me donner l’argent dont j’ai besoin, ou plutôt qui me loge dans une luxueuse demeure, parmi d’autres hommes et d’autres femmes riches et sensibles, compréhensifs. Mais, n’étant pas un gigolo, je ne coucherais pas s’il ou si elle me le demande. La hantise de Montherlant, c’était l’obligation de travailler, pour survivre. Mais moi, c’est ma hantise et j’y suis contraint. Et je me suis trop éloigné des impératifs vitaux de ce genre. Tout mon temps, je l’ai occupé à développer, à épanouir une aptitude à goûter l’art, accomplissant mes penchants naturels déjà très nettement réceptifs. Et ayant apprécié ces arts, m’étant élevé, m’étant raffiné par eux, et me voir imposé une plongée au milieu des brutes, du monde économique, mathématique, manuel, bruyant, monnayable, déjà je ne peux le supporter. Sans doute, j’avais raison, quand je prédisais quelles faiblesses morales, à affronter le monde, allaient me donner l’enrichissement culturel dont je rêvais, mais il correspondait aux besoins de ma nature profonde. Choisir un médiocre travail, et y prendre goût, se contenter de cette situation humiliante, mais justement n’en être plus humilié, abolir toute différence, revenir au commun, se résorber entièrement dans la masse, ne pas même s’en rendre compte, oublier ce qui furent ses raisons de vivre pendant des années. Je crains tellement tout çà que j’ai constamment envie de me suicider pour que çà n’arrive pas.


Il va falloir trouver un travail cet été. Mais quoi ? Classer des papiers huit heures par jour pendant des mois, se courber pour ramasser des légumes, voilà ce qu’on m’oblige à faire. Je suis désespéré, je vois tout en noir. En fait, constamment, je me demande à qui je veux ressembler plus tard. Et il n’y a pas si longtemps, je me suis aperçu que c’étaient les acteurs qui m’attiraient, et que, de toutes les classes, c’était celle-là qui comprenait le plus grand nombre d ' hommes à qui je voulais ressembler. Bien sûr, il y a des acteurs dont la personnalité ne me plaît pas. Mais tout de même, je m’en sens vraiment très proche. Le problème, c’est comment faire pour être acteur. Il y a ma timidité, et puis je n’ai jamais été en école d’acteur, et n’irais-je sans doute jamais. Comment, dans ses conditions, aurais-je accès à une formation indispensable ? De plus, ai-je l’énergie suffisante, le talent ? Impossible de le savoir vraiment. Quant à l’écriture, mon style nerveux et passionné, et la force de mes idées ne compensent pas la pauvreté de mon vocabulaire, répétitif, ni la tournure scolaire et enfantine de mes phrases. Mais, toujours, j’ai peur que la philo use toutes mes forces, toute mon énergie, qu’elle m’enlève ma personnalité, tout mon suc vital.


Quand je vais en ville, je suis pratiquement pris d’une peur panique. Comme un fou, un autiste, quelques artistes, tout me dépasse, je suis submergé par le mouvement. J’ai l’impression de ne plus rien contrôler, d’être enveloppé d’une spirale, logé dans un tourbillon. Je suis pris d’un vertige qui me rend incapable. J’ai parfois envie de fuir, pas toujours. Il m’arrive de ne pas prendre trop mal d’être ballotté malgré moi, porté par la vie des autres, mais tout de même, le tête et l’esprit me tournent, et il y a plus agréable. Quand je vois tous ces hommes et ces femmes criés, sûrs d’eux, je suis ébahi de tant d’audaces, de tant d’assurances, et pourtant qu’ont-ils pour cela, qu’ont ils vu, qu’ont-ils écouté, qu’ont-ils appris pour s’aider à diriger leurs émotions ? Ont-ils, comme moi, couru vigt et un kilomètres d’une traite ? Ont-ils essayé le théâtre ? Se sont-ils déplacés quatre cent kilomètres par deux fois uniquement pour aller combattre à mains nues dans un tournoi fait pour cà ? Ont-ils dormi, seul, en forêt ? Ont-ils écumé temples et monastères ? Ont-ils vu leurs doigts geler pratiquement à en être mutilés pour la vie, en opération de haute montagne avec les chasseurs alpins ? Ont-ils sauté en parachute ? Ont-ils montré qu’ils étaient capables, en philosophie, d’avoir la meilleure note ? Regardez cet homme peureux et fragile marcher, dans la rue, cet homme qui n’ose pas lever ses yeux sur d’autres hommes et les regarder trop près, qui n’articule qu’à grand peine pour demander un sandwich, cet homme, il a fait tout ça, cet homme, c’est moi. Misère que la destinée d’un être à l’émotivité divine mais seulement humain pour le reste, car ce panégyrique, c’est un dixième de ce genre d’actions du tout réalisé par moi et par ceux qui me sont proches. Mais a t on jamais vu cas si extrême et si grands efforts pour si décevants résultats ?


Si je suis si peu content de moi, c’est que je ne fais plus rien. J’ai abdiqué tout travail contraignant, intellectuel, j’ai abdiqué la philo. Ressaisis-toi, bon sang, ressaisis-toi.


Si je hais tant les examens, c’est, je crois, parce qu’ils remettent en cause ma puissance. Si je termine deuxième ou troisième, je ne suis pas premier. Mais je suis pourtant bien plus puissant qu’eux tous. Il est vrai que ma puissance pourrait revêtir plusieurs autres formes et donc être indépendante de la seule philosophie. Mais, cette matière, en tant qu’elle touche à l’absolu n’a pas de meilleur défenseur que moi, car il n’y a pas meilleur dialecticien que moi. Aussi, comme je ne travaille pas ce qui est demandé, je me fais dépasser par des types qui n’ont qu’une passion limitée, des petits philosophes, tandis que moi je bous littéralement, mais je consacre mon temps aux domaines qui m’apportent, ce dont j’ai besoin dans l’immédiat. Cependant, je suis plein de rage car ces minables se croient supérieurs à moi. Enfin, Kierkegaard n’était pas, non plus, le meilleur étudiant de son groupe. Mais je suis frustré, car que l’on me juge égal aux autres et pas infiniment supérieur, cela me met en fureur. J’attends la reconnaissance, la gloire. Le génie mystique annoncé par Bergson, c’est moi, j’ai vocation de prophète. Seulement, celui ou ceux qui ont voulu çà ont raison de me faire attendre car sio on devait maintenant se courber devant moi, serais-je prêt à assumer mon rôle, à en tenir la hauteur ? Non, car je suis encore trop faible, trop timide, trop peu assuré pour ce grand dessein ,et de ce grand dessein. Mais travailler dans un bureau calfeutré, être anonyme, perdre toutes mes envies, s’épuiser à classer des papiers ou à travailler sur ordinateurs, et surtout, s’en contenter, aimer ce travail, c’est perdre tout ce à quoi je tiens de personnel. Déjà, perdre mon temps continuellement, et devoir le gaspiller à me rabaisser au milieu de faibles âmes, quelle peur pour le futur, et que le présent me donne hélas à vivre.


A la vérité, je me suis fait trop remarquer en philo,. On attend de moi des miracles qui n’auront pas lieu. Pas tout de suite en tout cas.


Tout ces écrits sont en fait autant de réclamations, de supplications. Mon but est de me persuader de ce que je suis, de m’y tenir. Mais, Dieu, peut-être, courroucé de toutes ces plaintes, de ces jérémiades innombrables, inclinera le sort dans le sens que je crains. Mais ne suis-je pas l’envoyé, le vengeur, le rédempteur, le guérisseur, le contempteur, le protecteur, l’intercesseur ? J’ai ce rôle dans la peau, et ce rôle, je ne veux pas qu’il ne soit qu’illusion. Martyr, je commanderais en martyr, et je ne m’effacerai pas derrière un bureau. Kafka l’a fait, mais il n’a pas fait que cela. Quoi, j’aurais étudié tous les arts, je les aurais emmagaziné, assimilé, j’aurais créé un apport essentiel à la philosophie et à l’humanité, je serai tombé en enfer, je me serais relevé, pour en rester là ou pour sombrer à nouveau. oh, non, la rédemption doit être complète. Mais, F F, pourquoi m’as tu abandonné ? Qu’elle soit remplacée par une autre, ou bien qu’elle vienne demander le pardon et qu’elle me serve, qu’elle participe à mes efforts pour spiritualiser le monde. Qu’elle devienne ma disciple, et que je la sauve et l’élève par mon propre salut qu’elle me permettra d’atteindre. Et j’ai reçu grâce sur grâce et je suis le seul comme cela, à ce niveau, et tous ces dons qui doivent me faire sauver le monde, me font mépriser le monde. Et cela parce qu’on m’a méprisé. On a méprisé la douceur, la timidité, la naïveté, l’intelligence, la beauté, l’honnêteté, la gentillesse. On les a tournées en dérision. On les a bafouées. On en a ri. On a ri du génie honnête, mais comme il était génie, il s’est dit qu’il fallait, en actes, montrer à l’Univers entier comme on l’avait traité. Car de certains, on se moque, mais comme ils ne sortent pas du lot, on les tolère. Mais on ne tolère pas la supériorité, la réceptivité artistique, la douceur exacerbée, et ceux-là qui correspondent à ce portrait, qui veulent être considérés comme ils sont, c’est-à-dire ne veulent pas descendre de leur ciel pur, participer à la bassesse, on cherche par tous les moyens à les déshonorer, à les humilier, pour qu’ils cèdent, et qu’ils participent à la compromission généralisée. Je devrais être riche pour vivre à l’écart, mais sans confrontations, le génie ne peut éclore, le prophète prêcher.




Mes pires ennemis : le capitalisme, la bêtise, l’insignifiance des hommes d’affaires et du show business ; les violeurs, les sadiques, les bonnes consciences.
Objectifs : montrer à tous les hommes quelle conduite adopter dans tous les domaines, expliquer d’où proviennent les maux, les guerres, et pour tous les sujets, se justifier. Détruire une bonne fois pour toutes, obscurantisme et superstition. La poésie s’en passe bien, l’art s’en passe. Il y a assez de vrais problèmes, la vie, la naissance, la mort, le sexe, l’amour, l’évolution de l’Univers et des hommes, pour se contenter de cette matière. La métaphysique suffit.


Est-ce que j’ai eu raison d’arrêter le théâtre ? La question ne se pose pas car ma timidité l’imposa. Mais, si j’avais fais l’effort d’y aller avant que je sache quelles notes j’avais eu à l’examen, j’y serais sans doute retourné. Seulement, après avoir eu vent de mes résultats, j’ai jugé inutile d’y aller. mais en fait, cela l’était. Seulement, il est vrai, j’ai surtout eu l’impression d’accéder à un autre statut, plus noble, et inconvenant d’associer ma nouvelle gloire aux borborygmes éructés sur la scène. Mais ma gloire n’était pas la gloire. Cependant, le niveau était pitoyable. J’aime l’antique, les tragédies Grecques, les pièces classiques, plus d’ailleurs que le théâtre romantique, et pas un n’inclinait dans ce sens. Ils ne m’offraient qu’un affreux salmigondis de pièces contemporaines. Enfin, la petite qui s’occupe du théâtre m’aurait sans doute beaucoup poussé. Mais elle aurait eu fort à faire, je n’étais pas prêt.
Quant à l’aïkido, en dehors de mon physique disloqué, le sacerdoce était épouvantable. Toujours faire une requête pour être ramené en ville ou rentrer à pied tard le soir, me poser des questions qui me détruisaient par une comparaison incessante de moi aux pauvres types qui pratiquaient. Et puis, être obligé de toucher des types qu’on n’aime pas, d’y mettre les manières, sentir qu’ils ne nous aiment pas non plus. Se faire dominer par des crétins plus gradés qui n’ont rien compris à l’art, se faire défier yeux dans les yeux, au contact, par des brutasses illettrés, craindre d’être choisi par le professeur pour la démonstration d’une technique et craindre de rougir intensément, et d’être incompris et malmené par le professeur qui n’est pas des intellectuels les plus raffinés. Voilà je crois, beaucoup de raisons valables pour ne pas y aller. Ah, évidemment, si j’étais moins timide, si j’étais davantage sûr d’être ce que je crois que je suis. Mais on n’efface pas vingt ans de vexations et de dénis permanents de sa personnalité et d’insultes et de moqueries en écrivant trois pages ardentes pour se retrouver.


Je suis un individualiste forcené. Je fuis l’impersonnel. Etre résorbé dans la masse est un de pires cauchemars, une de mes plus lancinantes obsessions. C’est pour cela que je ne suis ni enthousiaste pour le théâtre, ni pour la philo. Car, faire du théâtre avec d’autres acteurs auxquels je ne veux pas ressembler, c’est courir le risque de leur ressembler, et être en cours avec des élèves qui me sont indifférents, c’est risquer de me muer en être indifférent pour autrui., c’est me fondre dans un groupe. Et moi, j’aime l’écart, je suis à l’écart, et j’y tiens. Je ne veux pas être inclus dans un groupe, avoir une étiquette. Eventuellement être artiste reconnu, essentiellement appartenir à la caste très fermée des prophètes. Mais, si je suis si étrange ( a t on jamais vu un individualiste si peu sûr de posséder une individualité ), c’est parce que je n’ai pas eu la rassurante équivalence féminine. Elle est indispensable pour savoir qui l’on est, pour se jauger, se juger, statuer clairement sur sa valeur, se relâcher, se confirmer ce que l’on croyait être par l’estime qu’on porte à une personne qui nous a choisi. Ainsi, je ne suis pas tant coupable de tout mon orgueil, car si je suis si doué que je le prétends et puisque je ne peux m’en faire une certitude, comment rester ferme. Quel héros que de tenir le cap ! Mais, vite, une femme, ou un signe confirmant que je suis, sinon le sauveur du monde, au moins son guide, ou les deux si possible, extraordinaire demande. Qu’elle saute dans mes bras et que je ne la refuse pas cette fois. Que je courre après et que je saisisse ma chance.


J’ai de la tension plein les yeux, j’ai peur pour eux. La cécité, bigre !


Pourquoi, rougissant, avec une voix faible, une difficulté à parler, je séduis, alors que tant de gens qui partagent ces symptômes et ces gaucheries n’attirent personne ? Mais tout le monde rougissant n’est pas génie.


J’ai une furieuse envie de recommencer à boire, car l’écriture ne me suffit pas. Mais je ne peux me le permettre.


Rencontré beaucoup de chauves, tous laids. J’en suis choqué.


Je pleurerais toutes les larmes de la terre pour avoir Caroline, ou une femme de cet acabit, et de cette grâce. Quand je pense qu’elle a échu à des va nu pieds !


Je n’ai rien écrit du week-end, comme je le voulais. Je ne me porte pas trop mal et ce malgré une peur de mourir obsédante, la crainte de perdre la mémoire, et une douleur assez lancinante aux yeux, qui me brouille la vue. Et puis, une maladie bénigne, sans doute un gros rhume, m’affaiblit. Mais la possibilité qui me reste d’écrire me soutient et m’allège des poids constants et ordinaires de la vie humaine. Je n’aimerais, malgré tout, pas être aveugle. Quand je vois tous ces hommes et ces femmes qui sont cruellement infirmes, je ne comprends plus rien au sens de leur vie. Mais si leur vie n’a aucun sens, pourquoi la mienne et celle des gens que j’aime auraient-elles un sens ? Et si elle en a un, et qu’il peut disparaître, comment accepter cette disparition du sens et de la valeur d’une vie pour une personne encore vivante ? Et puis, mon Dieu, tous ces morts, si je me demande à quoi servent leur vies, je vais paraître ridicules puisqu’ils sont morts, mais justement, tous ces hommes qui ont existé, aimé, rêvé, pensé, et qui sont réduits à néant, qui ne servent personne, quel peut être encore, non le sens de leur vie, mais le sens de leur mort ? Elles nous poussent peut-être à vivre plus, pressés par l’urgence, mais eux-mêmes, tous les morts, une fois mort, n’en récoltent aucun fruit. Parfois, je me demande si tous autant que nous sommes, nous ne devrions pas nous résorber en une gigantesque et permanente orgie et soûlerie plutôt que de poursuivre d’inutiles chimères et rêves de sagesse.


La vérité, c’est que se laisser consumer par l’amour conduit à la force tout aussi bien qu’à la faiblesse. Mais les sages ont tort qui veulent s’en prémunir, car alors, même à supposer qu’ils y gagnent la tempérance, ils ne vivront qu’un bonheur en demi-teintes, obligé pour leur succès de se durcir le cœur, de pratiquer de longues et insensées ascèses pour vaincre la peur de la mort, ce que la vie procure naturellement à maintes reprises. Non, l’homme est fait pour aimer. Peu importe que l’amour ne dure pas. Sur le temps qu’il dure, point besoin de se poser les questions métaphysiques sur le sens de la vie. On aime, et cela suffit. Et naturellement, spontanément, les peurs pour soi s’effacent. On se voit affronter mille dangers pour sauver la personne aimée. Peu importe alors la mort, la vie reprend ses droits, avec les battements du cœur. Ainsi, la vie est amour. Celui qui aime constamment, même s’il craint, même s’il est rendu faible par cette crainte, reste dans le sens de la vie, dans la logique vitale. Mais celui qui cherche à fermer son cœur, à s’insensibiliser aux choses extérieures, celui-ci est un insensé, car il devance la mort, qui n’est pas chose funeste en elle-même mais à écarter lorsque l’on vit, à ne pas confondre avec la vie, à n’y pas subsumer la vie. La vie est supérieure. Aussi, il faut la préserver. Elle est sacrée. Nous n’en avons qu’une. Aussi a-t-elle plus de valeur que la prunelle de nos yeux. Qui nous fera vibrer une fois mort ? Le stoïcisme, le bouddhisme ne valent ni l’amour Chrétien des évangiles ni les préceptes shintoïstes mis en application dans l’aïkido. La vie, la vie, la vie ! Je meurs d’une immense envie de vivre. Je veux vivre, je veux l’immortalité. Puissé-je la trouver, et être éclairé par la transfiguration et de nombreux moments de joie sans ombre trop cruelle pour les altérer. Que la vie bouillonne encore en moi, dans tous les pores de ma peau et mes entrailles, et qu’elle les soulève d’allégresse.


Le problème avec les personnalités extrêmes, c’est qu’elles aiment si intensément que lorsqu’elles n’y prennent pas garde, qu’elles ne freinent pas leur enthousiasme divin, elles deviennent vite incapables de penser à autre chose, de remplir leur devoir et leur obligation. En même temps qu’elles s’élèvent, elles faiblissent dangereusement, se laissant submerger par l’image de l’aimé, emplissant toute leur âme, la débordant même, l’enveloppant, et cela fait leur bonheur comme cela fait leur malheur. En effet, s’il faut s’y laisser couler, ne pas résister au flux vital qui entraîne à aimer, nous n’imposerons pas de limites, et, pourtant, il faut en imposer, et à quel niveau, pour ne pas sombrer si la fortune roule à l’encontre de nos desseins enchantés. C’est une question. Mais la réponse, c’est l’art, car il correspond à la détresse des âmes ardentes qui aiment sans limites. Et la création artistique doit donner la force équilibrant les pleurs des aimants forcenés. Le salut par l’art est réservé aux tempéraments qui crachent sur la mesure. Et les hommes intempérants et obscurs parce que passionnés se nouent à l’art qui les sauve de la détresse absolue.


Je souffre d’un trop-plein d’angoisses. Mon ventre est contracté à l’extrême. Ma respiration est saccadée ; elle oppresse mes poumons, fragilise mon cœur, et tend tout mon être. J’ai une maladie du genre bronchite et la diarrhée de surcroît. Je n’ai cessé d’avoir de puissant vertiges qui me remplissaient toute la tête hier. Je crois que mon nez, bouché, a favorisé ces impressions terrifiantes. Je n’ai pu m’endormir, tellement l’angoisse m’étouffait, et ma respiration bloquée favorisait et rajoutait au tremblement de tout mon être, corps et âme. Je suis resté quelques heures, dans cet état, incapable de m’apaiser. Mes vertiges surtout, me faisaient craindre le pire. Et j’ai pensé qu’un de mes nerfs, une de mes veines essentielles allaient céder. Je me suis vu, inerte, entouré de médecins qui m’ouvraient le crâne et m’opéraient le cerveau, une vraie obsession. Et puis, j’ai pensé que çà allait arriver, la mort ou l’attaque cérébrale. Et si la partie touchée de mon cerveau coupait le nécessaire pour alimenter mon sexe, qu’allais-je devenir ? Et puis, si la partie de mon cerveau correspondant aux sentiments, aux affections s’écroulait, alors je deviendrais pire que le commun des mortels, ou comme lui, amorphe, quelle perte pour l’humanité. Aussi, je préfère rester éveillé, croyant avoir plus de forces ainsi que plongé dans le sommeil. Puis, j’ai pensé à ma mort pour laquelle vraiment je ne suis pas prêt, mais s’en soucie t elle et à celle des êtres chers. Je n’ai jamais assisté à un enterrement de ma vie. Et pourtant, ce qui me paraît irréaliste, il va falloir l’affronter. Supporterais-je le choc, moi qui n’ai aucun soutien ferme à l’extérieur ? Je doute de ma volonté, à raison. Et puis, il y a ce maudit avenir, et ces examens pour lesquels je n’ai pas assez travaillé. Une semaine de gâché. Espérons que je m’en sorte, mais, cela est sûr, je me suis reposé sur les acquis du premier semestre, qui m’ont trop fait tourner la tête.
Et puis, quelle nature angoissée que la mienne : pratiquement constamment terrorisée par la mort, par un problème cérébral, une infirmité physique, la perte d'un organe, d’un sens ; toujours sur le qui-vive, prêt à déverser un flot d’adrénaline dans tout le corps à la moindre alerte, le plus petit problème, la plus légère douleur ou quelconque infime contrariété. Me voilà, le roi des craintifs, des peureux, mais aussi, des émotifs, des réceptifs donc le roi de la vie. Mais, que l’on contrôle sa raison, son intellect ou non, qu’est-ce que cela change lorsque tout le corps vibre d’envie de vivre et résiste, incessamment, à la mort. Le corps seul commande. Un corps qui bouillonne, on ne peut pas le faire taire, il est incontrôlable. L’esprit le suit dans ses désirs et ses gémissements. Il n’y a rien à faire à cela. Aussi, seulement, peut-on tenter de contrôler son corps, de le calmer, de l’orienter, en rythmant convenablement sa respiration, en effectuant des mouvements corporels amples et avec douceur, souplesse, en s’élargissant et en s’ouvrant au monde.
J’aime les médecins. Que ferais-je sans eux ?


J’ai peur de la mort, j’ai peur de la mort, j’ai peur de la mort. Et la perte d’un organe, d’un membre, d’un sens, est déjà un aperçu de la mort, un rapprochement vers la mort de tout l’être, car cette perte n’est-elle pas la mort d’une partie de soi, l’extinction définitive et éternelle d’une part chérie de son corps ? Mais je veux qu’on me laisse mon corps et ma santé physique et ma santé mentale. Comme Job, j’implore et supplie Dieu.


Craintif comme la biche effarouchée, tremblant comme le chiot qu’on martyrise, pleurant comme le plus sensible des humains, je ne sais où aller, je ne possède rien, je ne suis bon réellement qu’à me lamenter ou à rêver de grandes actions, d’aventures amoureuses. Malade par tous les fibres, désemparé comme une feuille encore vivante qui va quitter l’arbre protecteur, je traîne ma lourde croix et suis trop faible pour la supporter seul. Que quelqu’un, une Aglaïa Epantchine vienne me secourir. Qu’on veille sur Frédéric Vigner Pierre-Henry Marcel, malouin, descendant de Chateaubriand, de tous les romantiques et de tous les souffrants de la terre. Quelle faible motivation, quel fardeau pour moi d’ouvrir un livre et d’y travailler –ce que j’aime m’empoisonne.


De plus en plus angoissé. J’ai une sensation de vertige qui, vraiment, m’emplit le cerveau entier. Sur le chemin du retour, j’ai cru que ça y était. Mais non, c’est la maladie qui me fragilise et me fait croire ça. Espérons que ce n’est pas une méningite. Ou encore une tumeur galopante au cerveau. En effet, j’ai l’impression de perdre la mémoire, ou alors ce sont les fumigations que j’ai inspiré qui ne m’ont pas réussi. Et puis, sur le retour, j’avais un manteau et pull-over et il faisait chaud. Enfin, je ne pars pas dans les meilleures conditions. Ma timidité se renforce, pour égaler ce qu’elle était autrefois, et se manifeste amplement. Mais, après tout, c’est ma vraie nature, et sans doute est-ce préférable de montrer clairement quel est le fond de ma nature, plutôt que d’en montrer une version durcie ou d’essayer de l’insensibiliser réellement. S’insensibiliser, c’est insensibiliser la vie. Cependant, les battements de mon cœur, s’accélèrent, et, sûrement, favorisent mon épuisement. Je rougis a tout va, la vie m’est insupportable. Je suis désespéré. Que faire plus tard ? Et y aura-t-il un plus tard ? Comment être joyeux, respirer à pleins poumons et lever la tête, lorsque nous pensons qu’incessamment, nous allons perdre la vie, ou pire, perdre la raison. Comment espérer dans de tels conditions ? Se voir tout le temps grabataire, ou débile léger ou profond, ou simplement bien diminué enlève toute ardeur, tout courage, tout instinct de vie. Et puis, à quoi suis-je bon ? Apparemment, j’ai des aptitude pour tout, mais je n’excelle en rien. Et puis là, malade, affaibli, je suis vraiment sans défenses. Qu’un organe interne me perce et je suis anéanti. Au moins, ne pas mourir seul !
Et cet examen à venir, peut-être sera t il rempli de monde cet amphi D, sans échappatoires. Il faut pourtant que j’y aille. Malheureux comme la pierre, affrontons stoïquement notre impitoyable destin !
Mais comment faire face lorsque le corps est détruit ou qu’il se détruit, à un point tel que l’âme est entraînée dans le gouffre ou s’y verra jetée, dans l’impuissance maudite. Mais, bon sang, quelle intolérable misère ! Il faut que je réussisse mes examens, malgré ma préparation insuffisante. Pourvu qu’il n’y ait pas trop de monde dans cet amphithéâtre, et pourvu que je contrôle l’envie d’aller aux toilettes.
Mon cœur bondit. Je suffoque, et il faut que je passe des examens.


Comment être joyeux, si l’on ne croit plus à l’avenir ? Je me sens trop sursitaire pour être enthousiaste à propos de quoi que ce soit.
Mais en quoi puis-je être coupable ? Je suis seul, et extrêmement isolé. Si c’est ma faute, alors oui je suis coupable. Mais il me semble que j’expie suffisamment à chaque jour de ma vie. Pourquoi rajouter des peines à la masse qui m’encombre déjà ! Mais, Dieu, je ne dois pas me plaindre. Et je gémis continuellement, tout juste si je ne pleure pas ? Est-il âme sur la terre plus angoissée, plus torturée que la mienne ? J’ai faibli. Mon cœur ni mon âme n’ont supporté les multiples coups qu’ils ont subis.
Ai-je travaillé l’Anglais ? Mais je ne pensais pas en avoir. Et les doc connus ? Mais je les croyais inconnus. Et si je me suis trompé, comment m’en sortir ?


Et Descartes, et l’ordre, et la culture générale ? Que sais-je de ces trois sections d’une même discipline ?
Vraiment, je plains les chiots, car certains, vraisemblablement terrorisés, tremblent si intensément que je jurerais parfois qu’ils souffrent comme moi, et ils ont encore moins de possibilité défensive.


Je ne sais plus où j’en suis avec l’écriture. Ne me faut-il écrire que lorsque je suis mal ? Ou l’écriture me prodigue toujours beaucoup de bien ? En fait, je vais mieux qu’avant l’examen. Cependant, j’ai écris avant. Mais je crois que je n’aurais pas écris, je n’aurais pu évacuer un peu de mes angoisses aussi rapidement. J’ai mal au dos. J’espère que la colonne n’est pas touchée et que tout le reste n’est que fausse alerte.
L’examen d’Anglais, bien que je n’ai pas produit un grand effort ( tout de même, pas si mal en fonction de mon état ), s’est mieux passé que prévu ( surtout la partie ‘français » ).


Ce que m’a apporté l’écriture. Une dépendance sûrement puisque j’ai du mal à concevoir une journée sans écriture. Et l’effet salvateur que j’en tire n’est peut-être qu’euphorique. Dans ce cas, il ne durera qu’un temps, puis il faudra trouver autre chose. Cependant, une petite révolution s’est effectuée. Je crois que malgré le fait que je me savais et m’avouait extrêmement timide, je voulais le cacher aux autres, ce qui introduisait un décalage dans ma conduite. Il fallait que je me durcisse démesurément. Mais, puisque je suis ce que je suis, pourquoi ne pas le dévoiler complètement ? Je suis un être tellement constamment émotif que je suis incapable de conserver avec un inconnu sans rougir et que même connaissant mes interlocuteurs, il m’arrive constamment d’être bloqué pour parler et rien ne sort qu’une suite de sons désarticulés et inintelligibles. Cependant, j’arrivais à surmonter ce handicap, mais en jouant, en masquant ma vraie nature et en me métamorphosant en dur. Il faudrait que j’arrive à accepter l’intégralité de ma personnalité une bonne fois pour toutes, puis que je convertisse peu à peu ma timidité en force, sans que je la mue en type violent. Victime d’une réputation. Il est vrai aussi qu’il n’est pas facile d’exposer ses faiblesses en certains milieux, particulièrement primaires, dont les membres, dans ces cas-là, se repaissent de votre infériorité en un domaine, et vous blessent profondément.
Mais, depuis que j’écris, j’ai pris un peu de confiance en ma propre valeur, je suis un peu apaisé sur ce problème, et ne désespère pas un jour, d’avoir une femme qui me convienne ( à condition que mes craintes sur ma santé s’affirment infondées ; hélas, j’ai souvent raison ; pas toujours je l’admets ). Mais si je ne peux plus parler, je peux regarder les femmes et les hommes dans les yeux, à l’inverse de ma situation quand je jouais un rôle. Et si les tics reviennent, j’ai par ailleurs mûri, et j’arrive, sinon à les éradiquer, du moins à les contrôler suffisamment pour vivre. Je crains toujours la folie, ( cette obsession me poursuivra donc toujours ? Quand donc enfin la terrasserais-je ou la dépasserais-je définitivement ? ) mais pour la première fois depuis longtemps, je me suis senti léger et plein de forces. Je crains qu’avec mes prochains résultats, moins bons que les précédents, et avec ma nouvelle incapacité à parler, les autres me croient abrutis, comme autrefois on le croyait, et j’espère ne pas redevenir le larbin que j’étais, vraiment mouton de trop vouloir être aimé, de trop rechercher l’amour. En fait, j’espère que cette capacité me reviendra rapidement, et que j’aurais la voix claire.


Que faire cet été, avec cette fragilité ? Nous verrons cela. Mais, de toute façon, quelque chose devra la faire cesser, et quelque chose de positif et de bon.


Je ne suis pas dupe de moi-même. Si j’écris, c’est pour contrer des démons qui sont d’ailleurs une simple face obscure de moi-même, une partie trop explorée, ou pas assez, comme je le crois, un manque d’amour.


Faut-il être impartial avec soi-même ? Quand l’homme le peut, je crois, mais quand il est incapable d’aller au bout des choses, doit-il tenter l’impartialité qu’il n’arrivera jamais à atteindre ? J’en doute.
Je n’ai pas la solution pour ne pas sombrer, ni pour que les autres soient épargnés. Au moins je retarde le moment de mon effondrement. Mais j’espère qu’il n’arrivera pas. En tout cas, j’ai choisi pour moi l’impartialité, donc le risque. Peut-être la partialité est-elle un nouveau risque à courir .
Ai-je eu tort d’arrêter l’aïkido ou le théâtre ? Peut-être, mais le remords tue l’homme. Ou il peut le tuer. Mais peut-il le sauver ? Vous voyez, comme toujours, je suis prisonnier de la dualité. Ainsi, quelle que soit ma personne profonde, mon comportement à venir, il y a une vérité me concernant, c’est que ma conscience me laisse moins tranquille que celles des autres. Cependant, peut-être là encore ai-je une raison cachée d’agir et de penser ainsi. Encore la dualité, qui dénote une conscience élevée qui n’est peut-être qu’illusion pour masquer des monstruosités . Voyez, je ne sors pas de la dualité et si je dis, voilà le cercle vicieux maladif qu’il faut briser, qui me dit qu’il n’est pas nécessaire à l’élévation de mon âme. Peut-être faut-il en sortir au bout d’un certain temps seulement ? Quand ? Peut-être ne faut-il jamais y entrer ? Ai-je eu le choix ? Ainsi se pressent continuellement des questions dans ma tête, auxquelles je m’efforce de répondre juste. Mais les psychopathes s’en posaient-ils ? Voilà encore une série de questions compliquées qui dévoilent mon trouble : en arriver à s’assimiler à un psychopathe !
La sérénité, vraiment, c’est ne plus ne poser de questions, ou plutôt de questions qui impliquent l’âme intégralement.


Peut-être Dieu a t il répondu à mes vœux. N’arrivant pas à suivre, et donc m’écroulant prochainement, il exauce mon vœu, qui était d’être rendu incapable de faire le mal si je cédais à la tentation des crimes les plus affreux, mais dans ce cas il ne prend pas en considération que je souhaitais avant tout réussir. Mais peut-être est-ce la rançon de mon échec. Il m’a beaucoup donné, il m’a beaucoup repris. Mais alors quoi ? Je me sens encore fort, et plein de bonnes dispositions, j’ai peut-être perdu de nombreuses batailles, mais n’aurais-je pas droit, moi aussi, à la faiblesse humaine ? Comment ? Dieu vous choisit et même si c’est votre appel qui a conditionné son aide, il vous abandonne totalement si vous ne vous sentez pas à la hauteur. Mais alors, il fallait souffrir et il faut encore souffrir et il faudra toujours souffrir. Mais il ne me semble pas, à moi, que j’ai perdu la guerre. Si je n’ai pas la force et l’énergie de les accomplir, n’ai-je pas encore, malgré tout mes reculs, eu une révélation ces derniers temps ? Ne dois-je pas continuer ma mission ? Et s’il n’y en avait pas, alors ce qui fut proche de la folie était du même coup plus héroïque. Ainsi, je suis encore ardent, armé, prêt à combattre, et la défense des faibles, des opprimés, leur protection, et l’assurance qu’ils deviendront forts pour ceux qui le pourront, voilà ma cause, et la sauvegarde des forts, le maintien de leur force, leur ouverture au monde et la compréhension de leur rôle, voilà ma cause. « Alea jacta est »


Bien sûr que j’ai eu tort d’arrêter théâtre et aïkido mais c’était sacerdoce constant. Qui comprendra ma souffrance, qui allégera mes peines, qui tolérera ma faiblesse, qui me rendra fort et bon, ou qui m’aidera à le devenir ?


Je culpabilise trop. J’ai toujours l’impression pénible d’être surveillé en permanence, comme si, à chaque fois que je m’écartais un tant soit peu de la voie prescrite, j’allais être frappé de malédiction. Je n’arrive plus à parler. Et ce que j’ai dis des yeux que j’arrivais à lever n’est pas aussi vrai que ca pouvait en avoir l’air. Le fait même de l’écrire, d’y penser, et le naturel m’est ôté. Mais le fait d’accepter ma timidité l’aggrave. Je suis si timide que je ne sais comment je vais faire pour vivre. Je ne vois qu’une solution : une femme. Je deviens si balbutiant que j’en suis monstrueux ou phénoménal. Je ne peux plus parler. Je suis comme autrefois, pour cela au moins, mais j’espère que le reste ne me contaminera pas. C’est horrible. Qu’ai-je fait ? Le son ne sort plus de ma bouche. Je suis muré. Impossible de parler. Il faudrait que je fasse des exercices spéciaux. Que je crie, que je clame à voix haute des poésies. Mais comment vais-je faire pour vivre ainsi ? Que je suis malheureux de ce handicap ! Je crois qu’une partie de mes angoisses a disparue, ce qui fait que j’ai du trop relâché la bribe de l’ensemble de ma personnalité. Mais, en fait, en plus d’écrire, il faut que je continue de m’efforcer à exercer des activités extérieures. En fait, je suis bien malade. Vivement le break, les vacances, que je quitte cet endroit ensorcelé. Je suis allé acheter une revue. je n’ai pas pu parler, ni dire bonjour, merci ou au revoir. C’est « Mémoire du sous-sol » bis. Et j’ai la crainte de me réendurcir. Mais, après tout, puisque je n’écris pas pour m’enfermer, il n’est pas exclu que je n’écrive plus, ( un certain temps ), car si je vais bien, à quoi bon. Ecrire est un devoir que je m’impose qui peut raviver mes plaies. En fait, cela n’est pas nécessaire, cela peut même être néfaste à mon bonheur. Pourquoi prendre l’habitude d’écrire tous les jours, même quand les affaires marchent et que le cœur rayonne ? Pour prendre plus facilement la plume quand je ne vais pas. En fait, c’est inutile. Je crois que, mis à part pour mon travail, ou quelques textes que je trouve important à noter, je n’écrirais plus désormais que lorsque je me jugerais dans un état qui le nécessite. Mais je vois déjà apparaître mon problème de cheveux. Et d’autres encore. J’en ai marre. Je suis harassé. je ne me sens propre à rien.


Je suis au comble du désespoir, de la solitude et de la schizophrénie. J’angoisse sur tout. Je ne sais ou je vais, ce qui est bon pour moi. Peut-être quelque chose s’est débloqué, peut-être quelque chose s’est enfoncé. Je ne sais quoi faire de mon avenir, ni de ces vacances. Dieu ! Donne-moi une femme qui puisse m’aider et qui m’aide effectivement. Je pleure d’angoisse, de souffrance et de mal-être. Tout mon être crie son désespoir, tremble de crainte. Dieu, aide-moi. Enfin, surmonte ta timidité, toi que voilà rassuré sur ta valeur intrinsèque !


En fait, par les diverses épreuves que j’ai été amené à vivre, il m’a fallu revêtir mon cœur de couches successives d’impénétrabilité, pour le durcir de façon satisfaisante. J’ai l’impression que depuis que j’écris, j’ai ôté au fur et à mesure toutes ces strates de superficielle dureté, et que j’ai retrouvé mon vrai moi. Cependant, ce moi est assez faible, extrêmement timide, si émotif qu’il me rend incapable de parler. J’ai retrouvé un moi plus humain et j’ai perdu une force qui pour être artificielle, me protégeait tout de même. Maintenant, il va falloir que, à partir de ces nouvelles bases, je m’élève vers une imperturbabilité nouvelle.
Ai-je terriblement régressé ? En fait, tout ce que j’avais construit s’est écroulé, une nouvelle carapace s’est effondrée. Pour une nouvelle mue j’espère. Comment vais-je m’élever maintenant ? Il me faut une activité extravertie et je crois que le pas décisif ne pourra être franchi qu’avec l’aide d’une femme. Arriverais-je seulement un jour à dépasser pour de bon ma timidité ? En fait, il me faut une femme et un groupe d’amis. Cela, c’est certain.
Suis-je malheureux ! Est-ce le progrès qui m’assurera un bond définitif ? Car je ne veux pas rester comme ça. Ou est-ce un retour en arrière qu’il va falloir annuler ? Bon sang ! Elephant man est de retour. Martyrisez-le, massacrez-le moi, acharnez-vous sur lui. Etripez-le, qu’il n’en reste rien. Et mon avenir ? Envolé mon rôle, envolée ma mission ? Et mes textes, ne serviront-ils à rien ? D’ailleurs, j’ai peut-être rêvé. Peut-être ne valent-ils rien ? Mais en quoi un être rougissant, comme moi, qui est si bloqué qu’il ne peut prononcer un mot, est-il apte à plaire un petit peu tout de même ? Je redeviens l’enfant que j’étais, après la rupture, des forces en plus mais de la vie en moins, que Dieu me donne cette fois-ci une seconde chance et que je sache la saisir.


J’en ai marre d’avoir toutes ces connaissances, tous ces souvenirs, tout cet amour, ce sexe, qui ne servent à rien, qui ne rendent personne heureux.


Ma seule satisfaction, c’est que cela marche. Mais il faudra attendre combien de temps pour la concrétisation ? Et cela n’est-il pas une illusion qui cessera dès que mon regard insistera, dès que je parlerai ? Alea jacta est encore une fois. Je sais ce qui m’ennuie. S’il me faut vaincre et dépasser ma timidité, me muer en « dur » montre une image de moi qui n’est pas en adéquation avec ce que je suis réellement et me dégrade par rapport aux femmes qui finalement préfèrent « l’incapable » sensible. Mais rester cela, c’est immoral et me transformer en dur ou plutôt essayer de le paraître est une déformation de ce que je suis vraiment. Il me faut une femme, vraiment il me faut une femme que je rende heureuse et qui m’aide à me sortir de là.


Tant pis si je cède aux démons de l’écriture. Que cela aille bien ou mal, je ne sais si je dois écrire. Mais là, ça va mal. J’aime la douceur. Je suis la douceur. Quel monde brutal autour de moi ! Je ne comprends pas ce qui m’arrive, je ne sais plus ce que je fais. Il s’opère un bouleversement en moi. Je me perds et je me retrouve. Je suis partagé entre divers sentiments, et ces contradictions m’empêchent absolument de me concentrer sur mon travail. Je suis heureux de plaire, et tout à la fois plus détendu parce que moi-même, et plus contracté parce que sans défenses. Mais cet était dans lequel je suis, cette timidité excessive, il ne faut pas m’en contenter. Comment y échapper, Comment m’en délivrer tout en restant moi-même ? Rencontrer une femme devrait m’aider, mais comment s’y prendre ? Faire du théâtre : aurais-je encore peur de perdre mon individualité ? Apprendre le piano, me payer quelques cours de chant.
Et puis, il faudra travailler. Quoi faire, et quand ? Et puis, il faudra s’occuper de mes textes. les mettrais-je à la banque, dans le casier de Marcelle ? Enfin, une année nouvelle commencera. Sans trop de doutes, je ferai de la philosophie. Et reprendrai-je le théâtre, l’aïkido, continuerai-je le piano ? Quelle organisation pour tout cela. D’ailleurs, je ferai peut-être un stage d’aïkido pendant ces vacances. Qui sait ? Cela peut peut-être m’améliorer, me redonner l’envie. Et puis, qu’en sera t’il de mes buts politiques, sociaux ? Aurai-je encore une idée équivalente dans l’esprit ? Est-elle invalidante ? Est-ce de l’entêtement que de s’obstiner à la conserver ? Est-ce un poids en trop ? Ou est-il le véritable but de ma vie ? Encore des questions, d’innombrables questions.
Si ma timidité m’empêche de parler, et si je compense cette frustration par l’écriture, alors, gare à la schizophrénie. Fanny, ou es-tu, pourquoi m’as-tu abandonnée ? Elle est là, la femme qui va me sauver. Après tant d’années de souffrances, elle va comprendre, s’approcher, me regarder, et si je rougis, si je ne peux parler, et si je tente quelque infructueux essai, et qu’il s’échappe de ma bouche uniquement des borborygmes, elle comprendra, il faudra qu’elle comprenne, et qu’elle ressente les sévices endurés, les innombrables douleurs tues, infligées par l’extérieur, mais dont mes blocages émotifs sont la véritable cause.
Et tous ces gens qui m’estiment, pour mon apparence, lorsqu’ils vont voir que je suis inapte à la prononciation, que vont-ils penser de moi ?
Ma bouche est close, mon nom est Esope, je suis un martyr.


Voilà, tous ces projets que j’avais, apporter le maximum de bonheur, d’épanouissement, de bien-être, de plus-être à la création entière, je ne les fructifierai donc jamais.
Tous ces gens qui réclament ma protection, ne pourrais-je la leur donner ? Mes rêves étaient des rêves fous, insensés, ils provenaient d’ailleurs d’un insensé, mais n’étaient-ils pas grands, dignes d’estime, charitables, souhaitable ? N’avais-je pas de bonnes intentions ? Je voulais que chacun puisse se sentir en sécurité avec moi, que tous sachent que mes émanations les entouraient d’une nappe salvatrice, que mes vibrations emplissant l’univers leur étaient destinées et que leur bonheur, à leur tour, enchantait l’Univers et accroissait sa conscience de Lui-même, et par conséquent la conscience de tous les êtres et de toutes les choses mortes ou vivantes, et encore à venir.
Mais voilà, sois je suis fou à lier, sois je suis apte à les réaliser. Deux extrêmes donc, s’offrent à moi. Si je renonce et que je peux, alors je prends les risques de devenir vraiment fou. Si je suis déjà fou, alors il me faut renoncer. Le problème, c’est que ma folie, j’en suis persuadé, mais mon tempérament extrême me montre que folie et vérité sont liées et que le chercheur de l’absolu est toujours à la limite. Mais, il paraît que non, certains hommes, qui font pourtant de grandes choses, n’ont pas à affronter ces maux. Peut-être, mais cela ne nie pas que je défie tout fou sans génie d’avoir été aussi loin que moi dans la recherche mystique théorique et pratique. Et si beaucoup de fous se disent mystiques, moi j’ai détruit la mystique contre mon gré, ce qui est différent. On pourra dire que je suis un fou brillant, mais qu’importe. J’ai la carrure intellectuelle, émotive, et universelle objective d’un prophète. Mais je ne sais pas encore ce qu’il faut, et je ne contrôle pas vraiment mes émotions, mes deux plus importants problèmes.
Si Dieu me demande de choisir, que répondrons-nous ? C’est peut-être bien pour cela qu’il ne demande pas. Pourquoi se plaindre, puisque je refuse explicitement mon rôle tout en le voulant, mais avec des conditions peut-être inacceptables. S’il existe une étape à franchir, il me manque peut-être une clé sur moi-même, voire plusieurs, trouvons-les.


Mes tics étaient nombreux. Ils ne m’ont pas encore empêché d’écrire. C’est çà de bon

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