Spinoza me semble largement surestimé. D ’ abord, systématiser et qui plus est circonscrire philosophiquement la réalité au modèle géométrique, c’est déjà un symptôme, le signe d’un esprit un peu dérangé et psychotique, qui ne trouve la paix que par l’établissement d’un système métaphysique cohérent qui permet d’humaniser le monde et de pouvoir s’y projeter, système impressionnant et logique mais artificiel, construit sur des fondations et des relations très contestables. On est ici proche de la tendance psychotique propre à nombre de philosophes dévoilée par Freud et bien exposée par Paul-Laurent Assoun (Hegel en était un exemple caractéristique pour Freud : Hegel pensait révéler la vérité de l’Univers, l’Esprit s’effectuant dans le monde et Hegel en exprimant le fonctionnement dans son œuvre, délire d’anthropocentrisme paroxystique). Ensuite, nombre de ses développements repris et valorisés, comme l’importance du corps, l’interaction corps/esprit, le déterminisme, la morale ouverte, l’importance des émotions et de la joie, l’actualisation de ses possibles sont mal étayés, mêlés à des considérations plus mystiques que philosophiques, accompagnées sans cesse de l’idée d’éternité, du point de vue de l’éternité, etc Or, on retrouve l’essentiel de ces idées, mais exposées plus clairement chez certains penseurs chinois ou encore chez les empiristes anglais par exemple, mais sans le verbiage philosophico-mystique. Si j’ai dit dans un autre texte que pour moi, Freud c’était Nietzsche sans le délire, Hume, avec des réserves, c’est un peu Spinoza sans le délire.