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22 octobre 2015 4 22 /10 /octobre /2015 23:08



Texte en deux parties, d’abord le problème, puis sa résolution.
Voilà le problème majeur que se pose tout sincère aspirant à la sagesse parvenu au plus haut degré de lucidité qui en fait un être et sceptique et cynique, et tout de même charmant. Le voici : s’il n’y a aucune essence à atteindre, si la mort est un affreux état qu’il faut éviter à tout prix, si vraiment seule la vie compte pour le vivant, alors la réalité est effroyable, seules comptent les recherches scientifiques qui permettent de rallonger la vie et d’améliorer la santé, quitte à nous robotiser totalement puisque nous en sommes déjà arrivés là. Les perspectives sont alors effrayantes, parce que nous sommes condamnés à la déshumanisation, c’est l’avis de la morale, mais encore davantage parce que si la mort est à éviter à tous prix elle n’en est pas moins pour nous, hommes du vingtième siècle, tout à fait imminente. Mais si la mort n’est pas une fatalité, si elle est un état enviable, mais surtout si quoique l’on fasse sur terre, la « vie du ciel » y est/sera toujours préférable, c’est-à-dire que même pour le sage qui atteint ici-bas le meilleur niveau, le retour à la source originelle est/sera toujours supérieur en félicité, qu’est-ce qui nous empêche de nous tuer ? Deux choses : premièrement, l’idée que la mort est une issue épouvantable mais cela revient à la première idée de ce texte. La deuxième chose pour l’aspirant à la sagesse est l’idée que la nature, où Dieu, ne le veut pas, sinon nous ne serions pas là. Mais si après la mort, puisque généralement le sage est panthéiste, même après qu’un homme ait commis un crime abject, comme il le croit, son auteur jouit de la même félicité que tout autre et donc que lui, pourquoi ne pas tous nous tuer puisque pour nous tous, cet état futur sera forcément préférable ? A cela, qu’est-ce qu’un sage répondrait ? Impasse, je n’en connais pas ; sans doute que pour comprendre et résoudre ce problème, il faut justement être un sage. En attendant, le problème reste entier.

La seule solution réellement compréhensible pour le vulgaire et qu’il juge bénéfique résiderait en la religion monothéïste. Mais y existe-t-il des sages ? Leurs réputations de douceur et de sainteté n’est elle pas basée sur de terribles inepties ? Et peut-on être saint sans sagesse ? Non, donc s’il y existe des saints, ils sont sages. Mais sont-ils alors toujours monothéïstes ? Il semblerait qu’arrivé à ce niveau, l’homme n’en fait plus sa préoccupation première ? Mais alors, ne serait-il pas plutôt panthéïste car un homme qui tirerait toute sa force de la croyance en un Dieu unique et conscient jusqu’à la fin de sa vie ne pourrait pas se désintéresser de cette préoccupante question ? La solution consisterait en ce que l’extinction, la mort, ne soit ni un bien, ni un mal. Par conséquent, il faut rester en vie car la vie est un cadeau de Dieu, quelque chose d’extraordinaire, qu’il faut savoir saisir. En effet, elle peut être un mal extrême, donc un enfer mais aussi un bien extrême, donc un paradis. Mais comment, si la vie peut être un bien, faire comprendre et accepter à un homme commun l’idée que la perte de ce bien potentiel n’est pas un mal ? En montrant que ce bien potentiel peut se transformer en mal potentiel. Mais si l’homme est objectivement très heureux, alors comment lui faire admettre que la perte de ce bonheur, de cette sensation enviable n’est pas un mal ? Eh bien, justement, c’est là qu’intervient la sagesse car elle consisterait à comprendre vraiment, de l’intérieur, que la perte d’un bien n’est pas un mal. Car pour le vulgus, il ne peut en être ainsi, il ne le comprend pas. Moi non plus. Mais justement, comment comprend-on cela ? En ayant un niveau le permettant. Ainsi sans doute les facultés intellectuelles sont insuffisantes pour accepter ce qu’on considère être une fatalité. Mais puisque les sages sont au-dessus de nous, et savent et ne jugent pas ce néant effrayant comme une fatalité, alors c’est la preuve qu’il n’en est pas une. L’on pourrait cependant prétendre qu’il en est une mais que le sage a trouvé la force nécessaire pour supporter stoïquement ce destin tragique qu’il connaît. Mais comment ? puisque cette force même lui est donnée par la connaissance de son destin, qui donc ne peut être tragique. Ainsi, soyons heureux !




Si l’homme considère son physique et l’acceptation de tout ce qui constitue son physique propre comme l’ultime et seule réalité, alors il n’y a pas de réels progrès spirituels envisageables ; mais s’il nie son physique au profit d’un état, d’une perception qu’il considère plus élevée, alors il y a négation d’une partie de lui-même, et donc une part de subjectivité, une objectivité qui n’est que partielle, bref il en résulte un état imparfait. Mais s’il existe réellement une essence, une immuabilité à atteindre, et si l’homme est de ceux qui peuvent l’atteindre, alors l’homme qui en sera ne pourra plus être considéré comme imparfait puisque la négation ne l’empêchera pas de sentir le parfait. Ainsi, si Dieu existe (Dieu dans un sens très large, vu comme principe conscient ou bien tout simplement comme énergie première et instigatrice de toutes choses), il n’y a aucune raison qui nous empêchent de rejeter totalement les apparences et illusions que notre corps montre, et qui sont de véritable réalités objectives jugées comme elles le doivent être par nos sens mais inessentielles et donc dépassables. (Une personne est comme on la voit, telle qu’on la voit, telle qu’on la ressent, mais pour la personne elle-même, il peut y avoir autre chose en elle, ce qu’on voit d’elle est vraie mais ce qu’on ne voit pas peut l’être aussi).




Pourquoi me sens-je mal ? Un complexe d’infériorité latent qui est en moi et que j’arrive par le syndrome de Pasolini à éteindre pour un moment, resurgit malgré moi au bout de quelques jours d’euphorie. Mais, cette dépression est la suite logique qu’entraîne justement l’extrême agitation, qui ne peut qu’être négative puisqu’elle sera toujours condamnée à une fin qui est la tendance inverse d’une extase non religieuse, mais insignifiante. Ce complexe d’infériorité, sur quoi est-il basé ? Il est une gêne terrible, se caractérise par la sensation d’être un centre sur lequel tous les regards convergent et se moquent, assurément. Il y a aussi, les symptômes qui reviennent ou la peur qu’ils reviennent, les obsessions terribles, menaçantes qui continuent de hanter mon esprit, mon cerveau malade. Si nous ne sommes que des animaux, il y a aussi chez nous infériorité/supériorité, et donc les complexes d’infériorité non seulement peuvent être justifiés mais peuvent avoir leurs raisons d’être rationnels. Il est évident que nous ne sommes pas des animaux, ou pas que des animaux et donc finalement essentiellement différents des animaux. Mais alors, si l’accomplissement ne veut rien dire pour un singe, signifie-t-il quelque chose pour l’homme qui devrait, simple animal, s’il était petit, faible, laid, peu intelligent, se sentir normalement écrasé par un être plus fort, mais en tant qu’animal à essence extraordinaire, il doit pouvoir, même avec toutes les tares inimaginables, sauf celles de ne pouvoir réfléchir et de s’abstraire du monde par la réflexion, bref disposant de la capacité qui justement fait de lui un homme, doit donc pouvoir se situer dans un au-delà qui le dégage de l’influence des qualités d’un homme qui si elles étaient supérieurs et s’il n’était qu’animal l’écraserait. Chez l’animal, il n’y a pas complexe d’infériorité mais sentiment instinctif et naturel d’infériorité (en présence d’un congénère supérieur bien entendu). Ainsi chez l’homme, peut-être le complexe d’infériorité est-il uniquement basé sur des causes psychologiques destructrices mais peut-être aussi le complexe repose sur une vérité manifeste de pauvres capacités, d’infériorité réelle et que peut le pauvre homme alors ? Quel espoir pour lui ? Est-il condamné à être le souffre douleur, le canard boiteux dont tout le monde se moque et se sert ? Et peut-il en être heureux ? Ou pour lui aussi il existe l’issue, non nécessairement mystique, mais possible voie de libération. Un être faible est-il malheureux ? Se rend-il compte de sa faiblesse, de sa bêtise ? En est-il malheureux ? En souffre-t-il ? Et s’il en souffre, est-ce le signe d’une conscience, d’une intelligence suffisamment développée, qui est la preuve d’un accomplissement possible ? Ou l’homme réellement faible ne s’en rend pas compte et n’en souffre pas réellement. Ainsi l’homme qui est faible, qui a conscience de sa faiblesse, qui se sent inexistant, qui en souffre doit pouvoir se sauver. Il s’agit alors soit d’un sentiment d’une lucidité bien naturelle, soit d’un complexe dépassable. Mais il ne s’agira pas uniquement dans les deux cas, d’une prise de conscience purement spontanée, animale, car elle sera réfléchie et donc soit ne reposera sur rien de véritable soit l’issue pour l’homme doué de cette capacité de réflexion doit être possible. Ainsi, l’homme qui a conscience d’une faiblesse et sait la réfléchir est soit un homme doué des mêmes capacités qu’un autre ou supérieures et donc présente des symptômes psychologiques qu’il doit dépasser, cet homme est apte à la libération, soit est réellement, physiquement, intellectuellement plus faible mais il doit pouvoir « s’affranchir » et abolir les carences que lui confère son physique et il doit pouvoir malgré tout atteindre une forme de grâce si ce n’est la grâce elle-même, dans sa pleine acception.

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