Les experts en frappes, qui se croyaient les plus forts, étaient amenés très facilement au sol et dominés par des spécialistes du jujutsu brésilien, dont les frères Gracie, Royce et Rickson étaient les plus illustres représentants.
Le JJB est la systématisation et l'amélioration des techniques de jujutsu au sol, pour simplifier. Hélio Gracie en est la figure la plus connue. Formé par un japonais émigré au Brésil, il avait compris qu'au sol, la force ne comptait plus autant, qu'il fallait donc y amener les adversaires et les soumettre par clés ou étranglements.
Lui-même avait remporté de nombreux combats mais sa réputation était cantonnée au Brésil. Ses fils d'abord, puis d'autres combattants issus de ce style le popularisèrent à travers le monde, et ils ringardisèrent les autres styles. Les adeptes de la lutte, habitués au corps à corps, comme Mark Kerr, ou Mark Coleman, s'en tirèrent honorablement. Les strikers étaient dépassés. On en était venu à penser que l'art des coups ne servait à rien, jusqu'à ce que Maurice Smith, un champion de kick boxing inverse la tendance. La seule issue pour eux étaient de s'initier à la lutte pour éviter le sol, au JJB au cas où ils iraient quand même, pour s'en sortir et faire ainsi la différence dans l'échange de frappes.
Ils reprirent la main, et les lutteurs et autres grapplers n'eurent d'autre recours que s'initier au striking pour se maintenir au niveau.
Des combattants complets, de haut niveau en thaï comme en grappling apparurent alors, comme Marco Ruas ou Bas Rutten, mais leurs transitions entre les différentes phases du combat étaient encore largement perfectibles.
Les athlètes se professionnalisèrent, et on accéda au franchissement d'un palier supplémentaire avec des hommes comme Rodrigo Minotauro, Fedor Emelianenko, Anderson Silva, Georges Saint Pierre, qui n'étaient plus seulement bons mais excellaient dans plusieurs disciplines.
Ces combattants d'exception semblent eux-mêmes maintenant dépassés, pas seulement parce qu'ils sont rattrapés par l'âge, mais également parce que pour les nouveaux combattants le MMA est devenu comme un terreau naturel. Ils en assimilent les connaissances et les subtilités et les modifient, alors que pour les anciens, l'hybridation entre striking, phases de lutte, et sol étaient encore en construction, n'allait pas de soi.
Parfois, l'incorporation de techniques propres aux styles traditionnels, que l'on croyait dépassés ou inefficaces, surprend et apporte un nouvel intérêt pour la discipline, ainsi que des évolutions techniques possibles, comme ce fut le cas avec Cung Lee et le san shou/sanda ou Lyoto Machida et le karaté shotokan. On attend et souhaite d'autres surprises du même genre, qui enrichissent et diversifient le jeu de plus en plus homogène des combattants.