Aujourd'hui, fini l'homme machine de La Mettrie, et les commentaires d'Assoun. Du bon et du moins bon. Si les animaux peuvent être considérés comme des machines, ce n'est pas pour cela qu'ils ne souffrent point. Mais quantité de remarques pertinentes. Continuité animal-homme, déterminisme de la volonté par le corps, critique de la justice, dépréciation des grands systèmes métaphysiques, précurseur de Darwin comme Maupertuis, et de Freud dans la dimension de la jouissance, de l'érotisation du savoir. Précurseur de talent et de courage, mais dont l'oeuvre est limitée. Il lui manque un souffle.
Promenade dans le parc Blossac.
Je suis attaché à mes idées. Je sais qui je suis quand ou parce que je sais ce que je pense. Identification totale de ma personne à mes idées. J'ai l'impression qu'elles sont ce qui me distingue d'autrui, et qu'elles me permettent de m'en protéger. Je suis par les idées. J'ai compris que j'éprouvais une grande souffrance psychologique dans l'isolement parce que je n'ai pas la présence d'autrui qui me permet de décrocher de mes pensées, d'aller de l'avant. Lorsque je suis seul, je m'y accroche, et dépense une énergie considérable dans l'exercice de la répétition de chaque idée, ou portion de phrase, de peur de la perdre, et de me perdre avec. Ainsi, je ne peux les laisser filer. J'y reviens 5,10,15,30 fois et c'est cela qui m'épuise et me tourmente. Il me faudrait lâcher prise en ce qui concerne les pensées, ou n'énoncer qu'une fois une idée avec les mots appropriés puis passer à autre chose. Or, je ne le puis. Pourquoi un tel attachement aux idées, qui pour moi me définissent, dont j'ai besoin pour me défendre, et qui attestent (le besoin, toujours, d'attester; de prouver), que je ne suis pas un sot, que j'ai une intériorité, et mes propres pensées.
Observation intéressante. Obsession constamment présente malgré mes efforts, les preuves fournies. Et cependant, il faut bien se défendre de l'emprise des gourous, et des préjugés de toutes sortes, et quel en est le moyen si ce n'est par les idées? Mais consentir à ses propres pensées critiques sans s'y fixer et y revenir indéfiniment devrait suffire. La crainte de ne pas trouver les mots, et la fixation sur les mots qui expriment les idées, de peur de ne pouvoir exprimer l'idée, et donc une intuition, une part d'intériorité, de vie intérieure qui a besoin des mots pour se faire voir, être reconnue, est là aussi. Car comment se faire reconnaître comme sujet sans les mots? Crainte excessive, obsessionnelle de perdre les mots. Fixation, cristallisation de la vie psychique, du moi, dans la formation des idées.