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26 août 2016 5 26 /08 /août /2016 18:02

Footing d'1H10 sous la canicule. Ce n'est rien comparé aux 50 km de Yoan diniz. J'ai résisté à l'envie de faire des pompes, des dips, et du rowing. Même si j'aime cela, j'en ressens aussi le besoin pour me protéger. Toujours cette fameuse carapace.

Il faut que j'achète une chemise blanche pour un mariage, des chaussures pour courir, une passoire, une lampe, des draps, un oreiller. J'anticipe ces achats. Je m'imagine luttant pour trouver mes mots, et les vendeurs se foutant de moi. C'est une véritable épreuve, confrontation pour moi. Mais si je suis débile, on risque de se foutre de moi, ou me traiter avec une familiarité hautaine, condescendante. Comment résister, et prouver que j'existe? J'étais, plus jeune, tellement inhibé que j'avais du mal à parler, à articuler. Je ne parlais jamais en groupe et je ne pouvais sortir de moi et communiquer ce que j'avais à dire, et donc me faire valoir aux yeux des autres, prendre ma place, et exister. Cela jusqu'à l'armée à peu près. Les autres faisaient comme si je n'existais pas, comme si je n'avais rien à dire, comme si j'étais un débile, une surface sans intériorité, sans idées personnelles. Lorsque, parfois, j'arrivais à m'exprimer, les autres étaient surpris. "Tiens, il n'a pas l'air, mais il dit des chose intéressantes, il sait des choses", "tiens, tu es intéressant quand tu parles normalement". Le pire, c'était pendant les repas, car il y avait toujours beaucoup de bruit, et là j'étais incapable de sortir un son. Je souffrais beaucoup de cette impossibilité à m'exprimer, à exister dans la relation. Et cela me poursuit. Dès que je vois un groupe, ou parfois même un individu, je m'imagine à leurs côtés, vide, creux, incapable de parler, et n'ayant rien à dire, ne comptant pas. Et je m'imagine qu'il faut toujours être fort, toujours pouvoir s'exprimer, qu'à la moindre faiblesse, les autres nous lynchent, nous humilient, nous arnaquent, nous placent dans des instituts ou nous ne comptons plus, ou nous sommes infantilisés, niés, ou notre parole et notre volonté n'ont plus de poids, d'impact. Sans doute est-ce dû pour une part à la réalité(violence des prisons, des hôpitaux psychiatriques, des maisons de retraite, des institutions, des relations humaines etc) et pour une part à mon passé (succession de traumatismes) le tout amplifié par mon hyper sensibilité.

Mais si j'avais pu m'exprimer librement à la maison, s'il n'avait pas toujours fallu tricher, faire comme si, se durcir, masquer ces émotions, taire la vérité, j'aurais pu sortir de ce système, de cette prison, de cette aliénation plus tôt. J'y suis encore d'ailleurs. Je ne me suis pas libéré de mes liens. La malédiction à la Lady Hawk. Peut-être pour cela que je ne pouvais affronter les émotions plus jeune, que j'en avais honte, que je ne pouvais regarder "Rémi sans famille" tellement c'était dur pour moi, ou ado, que le "Cercle des poètes disparus" m'avait tant ému.

Tout ce qui ne ma passionne pas m'ennuie. Je suis incapable d'apprendre, d'assimiler, de retenir quelque chose qui m'indiffère. C'est peut-être une des causes de mes difficultés à me reconvertir. J'ai tenté le droit administratif, mais je ne retenais rien, comme s'il n'y avait pas de place dans mon cerveau pour ça. J'ai tenté les assurances avec l'AFPA. Aucun des jeunes diplômés qui étaient dans la recherche d'emploi ne m'y voyait. Les assureurs que j'interrogeais me disaient que j'allais m'y ennuyer, ce à quoi je répondais" les assurances, c'est intéressant" pour leur montrer ma bonne foi, reprenant sans grande conviction les propos de mon père, "les assurances, c'est intéressant", mon père qui me conseillait d'écrire pour mes lettres de motivation :"Je suis très motivé pour tout type de poste. Je ne sais rien faire". Voilà. S'emmerder toute sa vie dans un poste que l'on n'a pas choisi, parce qu'il faut travailler, et se rabaisser autant que faire se peut. "Je ne sais rien faire" "il ne sait rien faire" " tu ne sais rien faire" m'évoquant les si encourageants "tu es un bon à rien" de mon adolescence.

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