Philosophe mégalomaniaque par excellence, ce type est spécialiste dans l'art de la justification. Ses livres sont bourrés de contradictions, d'inconséquences, et toutes ses lacunes sont balayées trop facilement par des références constantes à Nietzsche, dont on peut dire à peu près tout et n'importe quoi.
Il est bien meilleur à l'oral qu'à l'écrit, et ses livres sont médiocres et de mauvaise foi. Les gens commencent à s'en rendre compte. Il a pris le melon comme on dit, s'exprime sur tout, et est devenu le gourou Onfray, adulé par les figures dominantes des médias, tels Olivier Giesbert.
Il descend l'œuvre de Sartre, qui, malgré ses erreurs, reste le plus grand philosophe français du 20ème siècle, et l'œuvre de Freud, un génie d'un niveau similaire à Newton, Darwin, Einstein. Romain Rolland, les surréalistes, Stefan Zweig, Thomas Mann, Ricoeur, Castoriadis, Lévy Strauss, les représentants de l'école de Francfort entre autres, ont pris Freud au sérieux, et même Einstein a correspondu avec lui. Quelle figure intellectuelle prend Onfray au sérieux?
Je l'ai même entendu mépriser les profs de fac qui cherchent à donner la meilleure place à leurs bouquins dans les rayons des librairies. Mais ces auteurs bossent des années sur des sujets pointus, et ils vendent 100 exemplaires de leurs travaux! Onfray vend des centaines de milliers d'ouvrages de piètre qualité. C'est vraiment, pour reprendre l'Evangile, se préoccuper de la paille qui obstrue l'œil de son voisin plutôt que de la poutre dans son propre œil.
De même, prendre le contrepied systématique de l'histoire de la philosophie, en méprisant les auteurs consacrés, et en valorisant les figures mineures et sans intérêt, c'est nier que si Aristote, Platon, Descartes, Kant et tous les autres ont dominé, ce n'est pas un hasard, ni un complot mortifère des puissants, mais parce qu'ils ont apporté quelque chose de vraiment plus important, de plus profond, plus précis ou révolutionnaire que les auteurs relégués au second plan. Moi-même, j'aime beaucoup La Mettrie par exemple, mais entre son œuvre et celle de Schopenhauer, y a pas photo. Schopenhauer l'emporte haut la main.
Enfin, le philosophe Onfray, héraut de l'hédonisme et de la joie de vivre, n'exhale ni générosité ni épanouissement enthousiaste, bien au contraire. On retrouve un peu l'éthique désincarnée et toute théorique de Levinas, abstraite mais sans véritable chaleur, représentée par Finkielkraut par exemple, si prompt à critiquer Van Damme, qui, lui, est réellement généreux et n'a pas besoin de vastes et fumeux développements métaphysiques sur l'irréductibilité du visage de l'autre pour aimer les gens.