J'aimerais apporter ma contribution pour les motifs du désintérêt croissant pour l'aïkido. J'ai moi-même arrêté la pratique cette année après environ une quinzaine d'années d'entraînements dans différents dojo (à Niort, Poitiers, Parthenay, Saint-Malo et Londres).
Même si cela me manque, j'éprouve une certaine lassitude. Je vais expliquer pourquoi.
D'abord la prétendue douceur de l'aïkido. En fait, l'aïkido est assez brutal. A force de chuter, et de subir des clés, on finit par s'abîmer. J'ai pratiqué d'autres arts martiaux, dont le karaté, que j'ai trouvé bizarrement moins violent. Quant à l'esprit pacifique de l'aïkido, il est contestable car se défendre dans la rue avec un violent irimi nage, un nikyo ou un sankyo sur un type non entraîné fait plus de dégâts qu'employer un gyaku tsuki ou un mae geri chudan non appuyé.
Un autre point problématique, c'est la difficulté de le situer. On peut au départ être attiré par pleins d'aspects, l'esthétique, l'efficacité, le mysticisme, le plaisir des mouvements, mais tous ces aspects sont des leurres et s'avèrent décevants, pour moi en tout cas.
L'esthétique, on s'habitue, on ne la remarque plus.
Le plaisir, à force de répétitions, s'atténue. L'envie d'essayer autre chose, d'autres techniques, se fait sentir.
L'efficacité, on en doute. On aimerait bien quand même, après avoir beaucoup sué, savoir si nos techniques passeraient en cas d'agression. Il faut insister sur le fait que l'aïkido est aussi un art martial, et il doit donc être efficace, sinon, si on se désintéresse de l'efficacité, pourquoi ne pas faire que du zen, du taï chi, ou du yoga? Mais s'il n'est pas efficace, pourquoi passer son temps à projeter et passer des clés? Autant passer au muay thaï, au JJB, au silat ou au MMA!
La spiritualité/philosophie peut être un élément central de l'intérêt porté à l'aïkido. J'étais fasciné, adolescent, par la personnalité de Ueshiba et je pensais que la pratique conduisait à la paix intérieure. Las, le niveau d'Ueshiba semble inaccessible, si l'on en juge par les hauts gradés actuels. J'avais aussi l'impression, débutant, que les hakamas étaient sereins car ils dégageaient une sorte de sérénité dans leurs mouvements. En fait c'était illusoire, les aïkidokas étant aussi névrosés que tout un chacun, et la pratique de l'aïkido n'apporte aucune espèce de sagesse ou d'altruisme, malgré la publicité autour de ça.
Enfin, dernière critique, la mentalité de beaucoup d'aïkidokas, persuadés de faire le meilleur art martial, avec l'éthique la plus noble, méprisant les autres arts martiaux, et au final beaucoup plus égocentriques. Il m'est arrivé de m'entraîner plusieurs années dans un même club, et certains anciens ne connaissaient pas mon prénom, et les pratiquants ne demandaient pas de nouvelles si je m'absentais quelque temps. Dans tous les clubs de divers arts martiaux et sports de combat que j'ai fréquentés, l'ambiance était paradoxalement beaucoup plus chaleureuse et fraternelle. Au final, les rivalités, les conflits, les ego sont tout aussi présents dans le monde de l'aïkido si ce n'est plus.
Voilà. J'en ai un peu marre pour toutes ces raisons. Peut-être n'ai-je pas rencontré le prof qui m'aurait permis de garder la motivation, me permettant de franchir un niveau technique, ou de renouveler ma vision. O Sensei disait qu'un Ikkyo n'était jamais le même qu'un autre Ikkyo. J'avais l'impression inverse de faire toujours la même chose, répétant indéfiniment les mêmes kote gaeshi, les mêmes shiho nage etc
Mes centres d'intérêt actuels me portent davantage vers le JJB, Le MMA, le silat ou certains styles chinois tels le Pa kua et le Hsing I.