J’ai vu un doc sur Gilles Arsène, un homme sympathique, précurseur du MMA en France, et spécialisé en ju jutsu brésilien. Il expliquait que la vraie concurrence pour le judo, ce n’était pas le MMA, mais le JJB et développait d’autres points de vue intéressants. Je voudrais préciser 2/3 idées.
Sur le JJB, il était faux de dire, comme le disaient les Gracie en leur temps (ce que ne dit pas Gilles Arsène), que tous les combats vont au sol, et que par conséquent on ne peut pas se battre contre 2 adversaires à la fois. En fait, la perspective du spécialiste en JJB est biaisée, puisqu’il conçoit le combat comme du grappling se déroulant essentiellement au sol, et projette son expertise sur la rue. Mais la plupart des agresseurs dans la rue ne sont spécialistes de rien du tout, ni du sol, ni de la lutte, ni du pied poing. Donc un boxeur peut par exemple mettre ko 2 agresseurs, un judoka en projeter 2 sur le béton sans les accompagner au sol etc… Et bien sûr, un combattant de MMA, polyvalent, aura encore plus d’options.
Gilles Arsène dit que l’apprentissage des arts martiaux ne donne pas vraiment confiance en soi, et ne donne pas d’avantages conséquents dans la rue, n’apprend pas à faire face à la réalité, à son imprévisibilité. C’est en partie vrai. Mais il se passe aussi un phénomène fréquent dans l’entraînement, c’est que plus on est fort plus on se sent faible, et on surestime les capacités de combat et de résistance de n’importe quel quidam dans la rue. Un homme immergé dans l’univers du combat, de l’UFC, va imaginer au bout d’un certain temps que tout le monde est aussi fort, aussi endurant, et anticiper une confrontation très dure. Mais les champions, les Rampage, les Dan Henderson ne courent pas les rues. Et la pratique donne bien un avantage important. Un champion de boxe thaï part gagnant contre un homme sans techniques ni conditions, sans muscles ni cardio. Il se pourrait même qu’une seule frappe, un seul low kick, un seul direct dissuade l’agresseur peu préparé. Et même un hooligan habitué à se battre part largement perdant s’il n’a pas l’habitude de subir des coups très durs, ou une projection inhabituelle.
Enfin, dernier point, on entend souvent : « Ce qui compte, ce n’est pas la technique, l’art martial, c’est le pratiquant ». C’est faux. Un type courageux qui se sert d’un art peu efficace sera désavantagé contre un art martial plus efficace. Dans les vieux combats entre les Gracie et les représentants d’autres styles, les Gracie gagnaient toujours. Est-ce que les Gracie étaient plus courageux, plus tenaces que leurs opposants ? Non, mais leurs techniques étaient meilleures. Prenez un combattant moyen de MMA avec un mental moyen contre un champion du monde de taekwondo très décidé, ou un expert en wing chun, le combattant de MMA l’emportera très facilement, car ses techniques lui assureront la victoire. Etre fort mentalement, c’est un plus, mais le décisif, ce qui compte, ce qui fait la différence, c’est -avec la condition physique- la technique, l’art pratiqué.