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22 juin 2017 4 22 /06 /juin /2017 13:47

Tous les types fabuleux qui servaient à Brian de modèle avaient un point commun. Ils avaient pris le risque de perdre la vie, pour vivre véritablement. Ce n'était pas facile. On a beau tous savoir qu'on va mourir de toute façon, et très rapidement, il y a toujours la peur. Parfons, on se lance dans le vide, et on en réchappe. On en sort grandi. Mais parfois, on se lance et on y reste. On en ressort très, trop abîmé. Ce n'est pas évident d'affronter la mort. Ce qui fait peur, ce n'est pas nécessairement la crainte des Dieux, le jugement dernier. C'est peut-être tout bonnement de cesser de vivre. Et c'est pourquoi les argements des Epicuriens ou des Stoïciens ne sont pas très efficaces pour triompher de l'angoisse. Brian avait peur, très peur de la mort, et ce n'est pas Dieu, les Dieux, les djinns ou le Diable qui l'effrayaient, c'était de partir sans jamais avoir réellement vécu, été heureux, avoir aimé et s'être senti aimé. C'était ça qu'il craignait, et c'est ce qui l'enchaînait à ses peurs et le retenait prisonnier de la vie.

Alors il appréciait des types comme Mike Birch "le cowboy des mers" ou Franceshi, le baroudeur aux multiples facettes. Eux avaient vécu l'aventure. Ils s'en étaient sortis, grâce à de la prudence mêlée à leur courage, à de la perspicacité au milieu des dangers mais aussi, beaucoup, à la chance, et la chance aussi, d'être ce qu'ils sont, des types bien balancés, bien doués, et favorisés par le sort.

Il y a un côté Hégélien dans le processus. Oser risquer sa vie pour être libre, plutôt qu'être esclave de la vie, de la peur, et donc aussi des hommes et des situations. Mais comme chez Hegel, préférer l'esclavage à la mort, ça a aussi des avantages à long terme. La lâcheté sauvegarde et développe des compétences. Elle est aussi indissociable d'une certaine lucidité. L'excès de courage et de dureté, la témérité, détruit les hommes si inflexibles qu'ils préfèrent à toute souillure, comme les Japonais optant pour le seppuku plutôt que se rendre, ou les kamikazes allant à la mort certaine. Le courage n'exclut pas la souplesse, et quelques accommodements. Au final, la vie triche, les animaux trichent, et les tricheurs sont récompensés. Ils vivent, et profitent.

Le machiavélique l'emporte sur l'homme d'honneur. Sun Tzu triomphe de Musashi. Les conseils rédigés dans "l'art de la guerre", faits pour survivre, préservent la vie des guerriers tandis que le bushido, fait pour mourir, la leur enlève. Comme dans le film "Rusty James", les types trop épris de mythologie finissent souvent mal, et ne sont pas suivis. Ce que veulent la plupart des hommes, c'est leur confort, et ils choisissent celui qui le leur donnera. Il y a bien sûr des exceptions, comme Napoléon.

Et puis comme l'écrit Joseph Campbell, ce qui compte finalement, ce n'est pas de trouver un sens à la vie, ou d'en créer un, c'est de vivre plus intensément, d'accepter, de rechercher les épreuves qui font se sentir plus vivant.

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