Autant Kyrill Hamdoulah, favorisant l’idiotie généralisée, devait être au fond lui-même, pour une bonne part, un abruti, tout comme ses téléspectateurs, autant Laurent Jolloré abrutissait volontairement les masses et n’en partageait ni les privations matérielles ni les insuffisances et œillères intellectuelles. Celui-là, il fallait, sinon le faire souffrir, au moins assurer une mise en scène qui serve d’exemple. Que les grands de ce monde se sentent un peu menacés, leur sommeil moins tranquille.
Pour ce faire, peut-être Brian aurait besoin du « Monstre ». Le « Monstre » habitait en forêt, et détestait l’humain. C’est un type que Brian avait connu en maison de correction. A l’époque, énervé, il traversait les murs. Et pourtant, il avait, alors, peur de Brian, parce que Brian était spécial. Qui ne craignait pas Brian à l’époque? Mais Brian s’était préservé de l’inhumanité. Il n’était pas passé de l’autre côté.
Quand on jour un rôle pour se protéger, on en vient à s’identifier à ce rôle. Ca entraîne des conflits psychiques parce qu’on n’est pas comme cela au fond de soi. Mais on est prisonnier du rôle, on pense que sans la carapace qu’il nous assure, on ne pourra plus se protéger, on sera sans défenses. Et on ne sait plus, si on l’a jamais su, qui on est vraiment derrière toutes les identifications endossées. Mais parfois, l’identification est sans retour. On joue trop longtemps, ou trop profondément. Et alors on passe de l’autre côté. On perd toute humanité. On devient un monstre. Et le « Monstre », il ne supportait plus l’humain. Mais comme un monstre a malgré tout besoin de contacts, d’un semblant d’amitiés, il était resté lié à Brian, l’homme le plus mystérieux pour lui, fort, intelligent, proche et différent. Une fascination là encore, et réciproque.