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5 septembre 2017 2 05 /09 /septembre /2017 21:28

 

Même à considérer les humains comme des animaux, le problème c’est qu’ils parlent. Sans les mots, ils seraient supportables. De toute façon, Brian serait seul, partout où il irait. Aucune ville, aucun pays peuplé d’alter ego. Comme l’écrit Schopenhauer, c’est partout la même misère intellectuelle, et le philosophe est toujours incompris. Ainsi c’était à Brian de s’adapter au niveau des autres, mais eux ne s’efforçaient jamais de le comprendre. C’était excessivement déprimant de supporter cette solitude. Et toute la société du spectacle renforçait cet isolement insupportable. Etre le seul être à penser ! Et le reste de l’humanité composé d’un ramassis de singes hurleurs, grégaires et lyncheurs, à 10000 lieues au-dessous de lui. C’était terrifiant. On dit souvent que l’intelligence est la capacité à s’adapter, mais pour Bergson, cette aptitude à répondre aux impératifs de l’action est limitée, et sert d’œillères au détriment de l’intuition. Schopenhauer écrit que chez l’immense majorité des hommes, la soif de connaissance est subordonnée à l’action, mais que chez certains êtres exceptionnels, l’envie, le besoin d’apprendre l’emporte sur toute autre considération, et est déconnectée des nécessités vitales. Ces hommes à la curiosité extraordinaire souffrent d’un décalage, d’une adaptation problématique à la vie quotidienne. Brian était de ceux-là, et comme les x men, il pouvait supposer qu’en lui, quelques mutations le poussaient vers le surhomme, l’ultra humain, qu’il était déjà en quelque sorte un transhumain, et en annonçait le règne. L’homme devait être dépassé. Et puisque ni l’économie, ni la philosophie, ni la sociologie, ni la psychologie, ni la politique, ni les révolutions, ni les religions et leurs pseudo sages n’avaient modifié la bassesse effroyable de l’humain, peut-être la science y parviendrait-il, et lui ferait franchir un bond évolutif par l’accélération de ce que Teilhard de Chardin appelait la loi de complexité-conscience.

 

Et Brian, réfléchissant sur le mouvement, fantasmait sur une « ligue des ombres », un ordre secret, comme les Tigres de Sparte qu’il avait fondé adolescent, le Tatenokaï de Mishima, qui changerait l’humanité. Or, nombre des idées qu’il avait développé étaient proches du transhumanisme, et peut-être qu’il pourrait en être un théoricien, et un bras armé. Alors il aurait enfin une cause où s’épanouir, lui permettant la fructification de ses forces. Or, le matérialisme radical, la critique du libre arbitre, de l’égalitarisme, des institutions basées sur ces hypothèses métaphysiques, l’émergence d’un homme nouveau parce que structurée différemment, l’antispécisme, les critiques des religions, et plus encore, se retrouvait dans le trans, ou post humanisme. Qui sait, peut-être en deviendrait-il l’âme damnée, la figure pensante, le prophète. Tout pour en finir avec la médiocrité triomphante d’une démocratie gangrenée par la vulgarité et le conformisme de la société du spectacle, empêchant toute expression originale et toute noblesse, tout y compris la destruction de l’humanité, l’espèce la plus créative mais aussi la plus malfaisante de tout ce qui existe sur Terre.

 

Brian, donc, parmi les hommes, se sentait radicalement différent, un transhumain, un x men, un mutant, et la société était incapable d’intégrer sa singularité. On lui vantait l’humilité. Brian enculait l’humilité ! Seuls les faibles sont humbles sincèrement. L’orgueil provient de la conscience intuitive de sa propre valeur, et naît de la comparaison. L’humilité est un stratagème inconscient qui permet de différer l’expression urgente de son intériorité. L’humilité sert à survivre, c’est sa fonction. Plus on a de valeur, moins on trouve sa place, moins on se satisfait. Qui peut le plus peut le moins mais ne peut s’en contenter. Dieu est l’absolu de l’insatisfaction.

 

Comme l’arbre de « Charisma », la survie de Brian dépendait de la destruction de tous les autres. Il leur donnerait la chance de les changer, de les modifier, de les faire évoluer. S’ils ne s’y prêtaient pas, il les détruirait. Et il aurait un mouvement derrière lui, extrêmement riche et à la technologie avancée. Tout ce qui ne suivrait pas, Brian l’éliminerait. Et il en était ravi. Au mieux, le monde évoluerait, au pire, la disparition du monde humain pacifierait la Terre. Mais non, le pire pour Brian, ce serait la stagnation, et la répétition de tous les vices humains. Il faut en finir avec l’humanité.

 

Brian, l’âme noire des mutants, le monstre des monstres, le leader incontesté dans la radicalité, la réponse armée de la Nature, la colère de Dieu !

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