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7 janvier 2018 7 07 /01 /janvier /2018 22:21

D’autres souvenirs affluaient.

 Ces sœurs jumelles qu’il faisait rire avec ses pitreries à la maternelle. Cette fille qu’il avait aimé pendant le primaire mais, bamban honteux, dont il n’avait pu s’approcher. La sœur de son meilleur copain de centre aéré qu’il revoyait tous les été.

 

 Il y avait cette charmante blonde, Kathy, qu’il avait rencontré en camp de vacances dans les Alpes. Il n’avait pas osé l’aborder. Elle le regardait, lors de la soirée qui clôturait le séjour, dansant un slow avec d’autres (et tu danses avec lui…). Un de ses camarades avait dit à Brian que s’il ne se dévoilait pas, il le dirait à Kathy. Qui sait, peut-être avait-il pressenti une opportunité ? Mais Brian lui avait répondu de ne pas le faire, tant son angoisse était intense. Il ne pouvait s’approcher ni se laisser approcher par une femme dont il était attiré car l’émotion générée par la proximité des corps le submergeait. Et si son copain avait dit à Kathy que Brian l’aimait, le stress de Brian aurait été bizarrement insoutenable, et il aurait certainement fui.

 

Il y avait une fille d’amis à ses parents, qu’il avait rencontré à 16 ans, de 6 ans sa cadette. Elle pratiquait la danse classique. Il avait été touché par son charme et sa fragilité. Il voulait la protéger, mais comme il ne pouvait montrer ni émotions ni sentiments, il l’avait ignoré lors d’un moment ou elle avait réclamé son attention. Brian en avait été malade une bonne semaine. Il avait à l’époque une bague taoïste noire et blanche qu’elle lui avait demandé. Il lui aurait bien donné mais il n’avait pas osé, car il aurait montré une sensibilité et donc une espèce de fragilité devant sa famille. Alors, de désespoir et de regret, il l’avait ôté de son doigt, rangé dans un tiroir et s’était promis qu’il ne la remettrait pas, mais la réserverait pour cette fille quand il la reverrait. Mais ils ne se revirent qu’une seule fois, un an après. Brian appris par la suite qu’elle pratiquait l’athlétisme. Il avait été un peu déçu.

 

Il y avait eu cette Bulgare, la femme d’un ami philosophe, qui lui avait dit un jour, alors qu’elle le quittait après une soirée, « on t’abandonne », avec gentillesse et regret. Elle l’avait compris. Il aurait aimé lui dire que ça l’avait touché, sur le ton de la plaisanterie enjouée que ça lui déchirait le cœur et l’âme.

 

Il y avait cette jolie étudiante orthophoniste, qui mangeait dans le même resto U. Elle le regardait et n’avait pu se contenir. Elle s’était déplacée et lui avait demandé si elle pouvait manger avec lui. Il avait opiné. Ils avaient bavardé, mais il avait été froid. Ils avaient parlé de psychanalyse. Elle lui avait demandé pourquoi ça lui plaisait. Il lui avait dit, neutre, que c’était intéressant, sans s’ouvrir à rien de personnel. Il s’était fermé, incapable de s’abandonner un peu. Elle l’avait ressenti. Il ne voulait pas aller plus loin, pas prêt.

 

Il y avait eu cette prof de danse de salon, extrêmement belle, qui évoquait pour lui une figure italienne, une héroïne de roman russe. Ils s’étaient croisés, et elle avait insisté pour qu’il danse avec elle. Finalement, pour une fois, il s’était déplacé. Mais il ne l’avait pas regardé, bêtement. Il avait fui son regard, pour lui montrer qu’il la respectait, qu’il n’était pas lourd. Une erreur de plus.

 

Et puis cette philosophe catholique, qui était impressionnée par son parcours et n’avait cessé de lui parler de sexe, chez elle, ou cette autre philosophe, juive, impressionnée elle aussi par sa force morale comme elle disait, qui insistait beaucoup sur le sexe aussi.

 

Il avait rencontré une guadeloupéenne quand il fréquentait encore l’aumônerie des étudiants. Elle était très sensuelle, mais, bizarrement, désirait rentrer dans les ordres. Elle lui disait qu’elle était contente de le voir, à chaque fois, et lui avait demandé un massage. Il n’avait pas réagi. Il avait perdu le contact. Il espèrait qu’elle profitait des plaisirs terrestres plutôt que d’y renoncer, cloîtrée.

 

Lorsqu’il surveillait des examens de caplp français/histoire géo, il avait rencontré lors de 2 sessions différentes 2 étudiantes. L’une d’elles, juriste, désirait être juge des enfants. Elle lui avait dit qu’elle préférait les hommes plus âgés, comme lui. Elle le voyait lire « 3 essais sur la sexualité », et rire, quand il contrôlait le bon déroulement des examens, et lui avait dit qu’il deviendrait fou à force de lire Freud. Il n’avait pas répondu à ses sollicitations. Il ne la trouvait pas si attractive que cela, mais en y repensant… Une fille assez jolie, intelligente, réceptive. Tout de même.

Par contre, il avait ressenti une forte attirance pour l’autre jeune femme. Il y avait quelque chose avec elle. Elle lisait John Irving, et, le voyant lire Dostoïevski, lui avait dit que son père le lisait aussi. Bon point. Mais il n’osait pas la regarder, lui montrer d’ouverture, de crainte d’être rejeté sans doute. Alors, la durée des examens passa et ils se séparèrent. Il en fut anéanti quelques jours. Finalement, il la revit à la gare de Poitiers une année après. Un de ses oncles était mort. Elle allait à l’enterrement, puis partait étudier en Grèce. Mon Dieu, qu’elle était belle ! De retour chez lui, il chercha son numéro, et l’appela. Il lui dit qu’il avait été attiré par elle, qu’il était soulagé de le lui dire, qu’il se débarrassait d’un fardeau. Elle fut surprise. A ce point là ? C’était trop tard. Il aurait été préférable de lui dire en face, à la gare. Mais était-il monstrueux, lui ferait-il peur ? Il se savait beau, et pourtant toujours cette angoisse le travaillait. Crainte, pitié, mépris, il ne voulait pas voir ça dans les yeux des femmes. Ce n’est d’ailleurs pas ça qu’il voyait, quand il les regardait.

 

Il y avait eu , cette prof de philo d’origine coréenne. Brian aimait bien les coréennes. Apparemment, les femmes coréennes, comme les femmes peintres, l’aimaient bien aussi. Allez savoir pourquoi. Elle l’avait soutenue, voulait travaille avec lui pour un projet de master. Une belle femme, très intelligente, très énergique, un alter ego peut-être. Elle lui avait montré qu’il lui plaisait, l’avait même valorisé, et c’était rare de sa part. Il était passé à côté.

 

Il y avait cette fille, qu’il avait rencontré dans une formation pour jeunes diplômés. Elle était médiatrice culturelle après des études de socio, était passionnée par le jazz. Jolie, névrosée. Ils étaient sortis ensemble. Dans un bar, le soir, ils discutaient, et une femme croyant que Brian ne le remarquait pas, avait fait des signes à cette fille, évoquant l’idée d’y aller, de « l’attaquer ». Sortis du bar, elle l’invita chez lui, et il déclina. Il ne voulait pas la déranger. « Mais tu ne me déranges pas », «  Mais je ne veux pas te déranger ». Malentendu. A la fin de la formation, après être sortis plusieurs fois ensemble, elle vint à lui tandis qu’il s’accoudait au comptoir d’un bar. Il se mit à délirer, à partir dans son trip légion, « j’aurais dû crever à la légion », il lui dit, sous entendu, « c’aurait été mieux d’y crever que de pas pouvoir m’ouvrir et coucher avec toi», qu’il ne lui dit pas. Elle lui répondit : « Je suis là ». Il lui dit qu’il ne pouvait s’expliquer, et partit. Il la revit une fois, dans un bar, chacun avec une compagnie différente, et c’est tout. Il aurait bien aimé la revoir.

 

Il avait, également, rencontré une jeune femme lors d’un remplacement comme prof de philo à Parthenay. Une jolie fille, un peu gitane, un peu indienne, un peu punk, dont il aurait bien aimé connaître la vie. Ils s’était assis à côté d’elle à la terrasse d’un bar, le skipper. C’était la veille de son premier jour de classe, et il était mort de trouille. Etre prof quand il ne supportait pas d’être regardé, évalué, jugé ! Enfin, il avait soupiré, elle aussi, et ils s’étaient parlés. Elle aimait la philo, et les hommes qui en faisaient. Elle, avait quitté l’école assez tôt. Brian aurait aimé lui dire que lui aussi, avant une reprise d’études, mais il ne voulait pas rentrer dans les détails. Il ne lui dit pas. Il la revit plusieurs fois. Elle semblait chercher une reconnaissance. Il eut l’impression de quelqu'un de sensible, qu’on n’écoutait pas vraiment quand elle pleurait. Il y pensait. Ca le touchait. Et elle était belle, elle lui plaisait. Elle l’avait invité dans un collectif d’artiste. Elle était un peu peintre, photographe, avait été prof de théâtre. Des cours de théâtre, Brian en aurait eu besoin. Elle était très entourée mais il la sentait un peu triste et incomprise. Il lui ferma la porte quand il sut qu’elle était en couple avec un artiste connu du lieu. Elle lui avait dit qu’elle ne se priverait pas d’une rencontre si ça lui apporterait quelque chose. Etait-ce une invite implicite, ou pas ? Il lui avait répondu, bêtement, qu’il était contre l’amour libre, que la jalousie était naturelle, qu’il ne croyait pas au couple Sartre et Simone de Beauvoir. Il l’avait éloigné sans s’en apercevoir. Puis, quand il la revoyait, il craignait de lui montrer son intérêt par un rougissement intempestif, alors il gardait ses distances. De toute façon, dans une petite ville, elle très connue, avec son copain à proximité, comment l’approcher, comment s’isoler ?

Vraiment, ça aurait pu être une rencontre entre deux solitudes. Il y en avait eu l’amorce et quelques échanges prometteurs et sereins. Il la sentait seule. Au fond, il était plus seul qu’elle, et avait au moins autant besoin d’elle qu’elle avait besoin de lui. Et peut-être même n’en avait-elle pas du tout besoin.

 

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