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31 mars 2018 6 31 /03 /mars /2018 18:57

Finalement Brian revit la petite Coréenne. D’abord, il la croisa dans le hall immense du TAP de Poitiers, empli de monde, et il n’eut pas la présence d’esprit de rester à proximité, d’aller à sa rencontre. Puis le lendemain, en forme, lors d’un spectacle d’un danseur nu avec gants et chaussures, Aleckander, il s’assit au fond de la salle, à gauche. Il vit le groupe coréen venir. Elle vint à lui, lui fit un signe droite gauche avec les mains, et s’installa à quelque places à sa gauche, séparée de lui par quelques personnes. Il hésita à se lever et à lui demander s’il pouvait s’asseoir à côté d’elle. Il se dit qu’à la fin du spectacle, il ne bougerait pas et attendrait qu’elle passe à ses côtés, pour pas rater l’occasion. Lorsque ce moment arriva, il attendit un peu, puis descendit malgré tout les marches avant qu’elle se soit suffisamment rapprochée. Il s’en voulut et décida de rester dans le bar attenant. Il la vit venir, si mignonne et spéciale, dégageant une aura spécifique. Elle se tourna vers lui, rougit, il rougit aussi. Il fut sur le point de l’accoster, mais son anglais était mauvais, son coréen pire encore. Et puis, il y avait les profs de danse coréennes plus âgées à côté. Il resta bloqué. Rentré chez lui, il s’en voulut à mort. Ca le fit cogiter toute la nuit, une aide inattendue du Cosmos que sa lâcheté avait fait foirer.

 

Le jour suivant, il y avait une représentation d’étudiants sur le Campus l’après-midi, et deux spectacles le soir au TAP. Il espérait qu’elle s’y trouverait, et tenterait de lui parler. Elle était là sur le Campus, avec le groupe. Il avait pensé à elle, à ce qu’il lui pourrait lui dire. Ca n’avait plus rien de spontané, et l’émotion le mit sur les nerfs. Un shoot d’adrénaline. Il s’installa au fond quand ils rentrèrent dans la salle. Elle se rassit pas loin à côté, et ils se firent de nouveau un signe et un sourire commun. Après un temps de représentation, dont il se désintéressa du coup complètement, il sortit pour aller aux toilettes et prendre une timbale de café. Quand il revint, il la chercha des yeux, mais ne la trouva pas. Puis la porte s’ouvrit et il vit qu’elle était sortie pour prendre un café à sa suite. Ils s’étaient encore loupés. L’occasion idéale, puisqu’elle était seule. Il la regarda et lui fit un signe maladroit avec le visage pour qu’elle s’installe à ses côtés mais un signe à peine esquissé. Il dut quitter le spectacle un peu avant la fin pour aller à un rendez-vous. Il espérait la voir de nouveau le soir.

 

Au TAP, il la chercha un temps, puis la vit dans le bar du théâtre, avec tout le groupe Coréen. Ils étaient les seuls présents dans l’endroit. Au moment d’aller à la représentation, il se demanda si elle viendrait. Comme elle n’était pas dans la queue, il hésita à revenir sur ses pas et à aborder le groupe entier. C’était pas évident. Il vit quelques Coréens au bout de la file, derrière lui,  ce qui lui fit espérer sa présence mais ils partirent. Seule une grande danseuse Coréenne, belle et classe, assistait au spectacle, et Brian se désintéressat complètement de la scène, souhaitant juste en finir le plus vite possible, l’âme triste à en être anéanti, sonné, le corps entier vacillant. Quand il revint au bar, où il y avait quelques coréens qui discutaient, il s’enstalla en face d’une coréenne qui enlacait une étudiante française et pleurait avec elle, bouleversées de la fin de cette parenthèse dans leur vie, et de la séparation à venir. Brian aussi avait le cœur lourd. Son moral était au plus bas, et au diapason de leur tristesse. Il se déplaça pour prendre un café et comme une femme prit un verre de vin rouge, il changea d’avis et en prit un aussi. Puis il se replaca sur le canapé en face de la coréenne. Il but lentement, ¾ d’heures d’attente à tenir, quand il la vit venir, avec son aura spécial. Elle le regarda, ils se sourirent, et elle s’enstalla avec un groupe de danseurs mélangés de Coréens et d’autres nationalités. Il fallait qu’il y aille. Assise en face, elle le regardait de temps en temps. Comment y aller, avec ce putain de groupe ? Il la vit se lever et rejoindre celle qui semblait la plus expérimentée du groupe qui marchait là. Elles sortirent du bar. Brian se leva et commanda un deuxième verre de vin. Il était au comptoir quand elle apparut seule. C’était le moment, et merde, la prof plus âgée qui reparaissait à sa suite. Elles s’installèrent face à face, à l’ancienne place de Brian. Elle était placée de façon qu’elle puisse le regarder. Bon sang, il fallait y aller ou mourir. Il vida son verre, le posa, et alla droit sur elle. Il lui fit comprendre qu’il voulait s’asseoir à ses côtés. Il y avait  peu  de place entre elle et une autre femme, mais elle le lui permit. Là, il s’embourba. L’esprit brouillé par l’émotion, avec elle à ses côtés, et la prof plus âgée en face, dans un Anglais qu’il baragouinait, il perdit le fil, précipité. Il lui dit qu’il donnait des leçons de philosophie mais qu’il était très mauvais en anglais. Elle lui répondit que c’était pareil pour elle. Il lui dit : « Tu es prof de philo aussi ? » Non elle parlait mal anglais. Alors, pressé, il lui parla de culture coréenne, d’artistes qu’il aimait bien, mais elle ne compris pas de qui il parlait, sans doute à cause de sa prononciation. Elle lui répondit : « Tu aimes bien le peuple coréen ». Puis il se perdit à nouveau. Au lieu d’attendre, il enchaîna, ne sachant quoi dire, ayant trop préparé mentalement la scène. Alors, après un blanc, décontenancé, il lui dit : « it’s good, it’s good » et partit brusquement, ce qui sembla la surprendre. Il aurait du rester et tenter de parler d’elle, genre : « Are you teacher of danse ? », « What’s your name ? »,  «I’m shy so it’s difficult to say for me but you are beautiful, special, very charismatic girl », « Philosophy is not important, you are important ». Malgré la gêne, il aurait du rester sur place et voir ce que ça aurait donné. Après, pour le spectacle, il la voyait le regarder, mais il ne put l’accoster à nouveau. Ca le bousillait.

 Il y avait une fête de cloture, mais sans elle ça ne l’intéressait plus. Tout ça était vide sans elle.

 

La nuit venue, il fit un rêve étrange, avec la prof grande et classe, merveilleuse danseuse, qui, assise à ses côtés, reposa sa tête sur ses genoux comme si elle avait besoin de réconfort et d’affection. Ca l’avait intrigué au réveil. Elles repartiraient en Corée, et sans doute il ne les verrait plus. Il se débrouillerait pour avoir leurs noms et en savoir plus. C’était trop dur sans ça.

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