L’équipe constituée, et Dieu sait si Brian n’avait pas l’esprit d’équipe et haïssait les groupes, il était temps de passer à l’action.
Ils arrivèrent sans encombre à proximité de la villa de Jolloré. Une dizaine de gardes du corps à éliminer. Entrer dans les détails pour démonter les stratégies employées pour désamorcer les alarmes, s’approcher furtivement, et entrer dans l’arène, n’a aucun intérêt. On a, 10000 fois, raconté ces choses. On peut néanmoins entrer un peu dans les détails pour l’exécution car, leur étant spécifique, elle peut receler quelque originalité.
L’espagnol trancha la gorge de trois gardes après les avoir martelés de coups de poing. Sa boxe anglaise était remarquable d’efficacité.
L’indonésien, armé de ses kerambit, tua cinq types. Il glissait, rampait, se redressait, et éliminait. Il excellait par la variété de ses coups, et par des clés et projections typiques du Silat, grâce auxquelles il brisait poignets, coudes, doigts, genoux, vertèbres, nuques, mâchoires, ou gorges.
Le Monstre, par sa force brute et sa férocité écrasa les trois colosses chargés de la protection rapprochée de Jolloré et s’occupa lui-même du traitement spécial qui lui était destiné. Brian lui avait laissé carte blanche. Alors, il lui scia bras et jambes, le maintint en vie en cet état, et le sodomisa à l’état de tronc. Puis il lui creva un œil, lui coupa une oreille, lui broya une testicule, fit cogiter Jolloré un temps sur ce qui lui restait comme possibilités et comme organes, et s’occupa du deuxième œil, de la deuxième oreille et du deuxième testicule. Puis il le pendit à « la grand vergue », avec les quelques morceaux de corps qui subsistaient.
Pour Brian, ce fut plus compliqué. Il parvint, avec difficulté à neutraliser un des deux solides gaillards qu’il avait ciblé. La précision et la rapidité de ses coups ne suffisait à combler son déficit de masse pour détruire les deux blocs qui lui firent face. Et ceux-ci, loin des cobayes figés des cours de self défense, réagissaient. Ils bougeaient, se désaxaient, et cognaient. Avec l’action de ces deux types en même temps, malmené, Brian perdit momentanément l’usage de sa vue, ses paupières clignant avec fébrilité, comme il arrive souvent dans des bagarres de rue, où l’on ne voit pratiquement plus rien et où tout se fait comme à l’instinct, surtout contre plusieurs. Il avait survécu, sans trop de dégâts qu’un visage très tuméfié, à un combat de rue contre sept délinquants quand il en était un lui-même, adolescent, juste avant l’armée. Le pire, c’est qu’il aurait pu éviter la situation, mais comme le leader de la bande lui avait mal parlé, il s’était précipité dessus. Alors tous lui étaient tombés dessus, et il s’en était sorti à l’instinct, sans vraie technique, donnant une sorte de swing dans le tas, pivotant sur lui-même, et, sortant du cercle de ses assaillants, après avoir fait face, il s’était enfui. Il aurait pu sortir son couteau, et aller à l’abordage mais il avait fui pour sauver sa peau. Et son expérience, c’était que se battre contre un si grand nombre -et il avait eu de la chance parce qu’il n’avait pas été projeté au sol et roué de coups- c’était comme de passer dans une machine à laver, on était bousculé, tiraillé, poussé, on encaissait sans rien pouvoir donner, et on ne voyait plus rien, que des images confuses et indistinctes. Et on ne pouvait s’en sortir que par l’émergence d’une énergie insoupçonnée, une force qui venait des tripes, et on l’avait ou on ne l’avait pas. Et lui l’avait. Et il y avait aussi la chance. Mais ça il ne l’avait pas. Il réussit donc à se mettre sur le côté d’un assaillant (taï sabaki en aïkido), et à lui placer un hiji kime osae solide qui permit d’amener son adversaire au sol en lui brisant le coude et le poignet droit. Mais au moment où il se redressa, l’autre type le projeta avec une violence extrême sur le sol. Le dos et la nuque de Brian tapèrent sur un nivellement du sol, comme un trottoir, et il fut sonné. Heureusement,, le Monstre débarquait à cet instant et son côté crépusculaire choqua si bien l’agresseur de Brian qu’il en resta paralysé, surpris par le démon qu’il avait face à lui, sorte de Yujiro Hanma au faciès Frankensteinien contre qui il savait qu’il n’avait aucune chance.
Il restait planté là, tétanisé, figé. Le Monstre ne l’épargna pas pour autant, et il lui arracha presque la tête lorsu’il lui pris le cou en « guillotine » pour l’étrangler. Sa victime, complètement passive, n’émit que quelques spasmes, et s’écroula.
Brian, lui, releva partiellement le torse, puis se rallongea, prudent. Il lui semblait ne pas éprouver trop de dégâts. Ses bras saignaient, son dos et son crâne le lançaient. Sans doute un trauma crânien léger mais pas de blessures handicapantes.