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18 juin 2018 1 18 /06 /juin /2018 20:35

Il savait que si Clara le désirait, elle pouvait l’appeler. Et elle ne l’appelait pas. Il fit quelques exercices de méditation la nuit. Il put se reprendre. Il se concentra sur sa respiration. Il se dit qu’elle n’était peut-être pas prête, qu’il n’était pas prêt, que ce n’était pas le bon moment, que peut-être elle n’était pas la bonne personne. Et il tenta de séparer l’observateur et l’observé, la conscience et ce qui défilait sur l’écran mental, les mots, les images, les associations, afin de n’en être pas le prisonnier. Ca l’apaisa un peu. Mais elle revint en images lors de la nuit, comme ses projets, son travail, et au réveil. Elle s’imposait à lui. On dit que les femmes se pâment, mais c’est lui qui était en pâmoison devant elle, admiratif, impressionné. Finalement, pour qu’il y ait amitié, il faut des forces et des vertus équivalentes. Il n’était peut-être pas à la hauteur tout simplement.

Les quelques moments où il s’était cru aimé d’elle, il avait été heureux. La désillusion était rude à chaque fois. Il rencontrait parfois d’autres femmes, qui le distrayaient de sa douleur, comme lors d’un cours de tai chi, cette pratiquante expérimentée, belle rousse, plus âgée, qui le regardait avec bienveillance, avec une attention, une présence, des yeux bleus magnifiques et profonds, un regard. A chaque fois qu’il la voyait, il se sentait un peu mieux, moins seul, regardé. Au même cours de taï chi, il y avait une petite cambodgienne, mignonne, sexy, attentionnée à son égard, aussi, qui riait ou souriait à la moindre de ses paroles ou gestes et expressions. Elle lui plaisait, à tout niveau. Mais dès le cours terminé, et pendant une bonne partie du cours également, il repensait à Clara. Il ne comprenait pas qu’il inspirât de la sympathie et du désir à toutes ces femmes, mais pas à elle, avec qui, il en était sûr, il avait des affinités profondes. Pourquoi cette distance ? Il ne pourrait y tenir, et lui demanderait pourquoi elle ne lui avait pas laissé la moindre chance d’une vraie rencontre, réelle et non virtuelle, en-dehors des échanges autour de la danse. Pourquoi celle dont il se sentait le plus proche, avec qui il partageait une sorte de mystique et de grâce, se refusait à un contact plus intime, plus réel que par écran et fugaces rencontres ? Pourquoi ne prenait-elle pas le risque ? Merde, elle lui plaisait, et sans doute il lui plaisait un peu lui aussi, alors pourquoi ?

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Published by Lawrence King