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3 août 2018 5 03 /08 /août /2018 22:47

« Quand le tigre descend de la montagne vers la plaine, il est intimidé par les chiens ».

Assailli, accablé par des images mentales violentes, Brian aurait aimé les extirper de lui-même. Il repensa à toute cette putain d’absurdité de la vie. Il fallait parvenir à vivre, malgré cette absurdité, trouver, créer du sens malgré cet absurde. Mais était-ce possible ? Il fallait que cette possibilité soit contenue à l’état virtuel dans un univers ordonné, d’où on pouvait extraire du sens. Après tout, comme l’écrivent les Taoïstes, comme l’écrit François Roustang, quelque chose tient, dans l’Univers, crée du lien, et une continuité à partir de laquelle on peut se projeter. Il y a une stabilité, une cohérence, une cohésion. Même si tout semble absurde, si l’humanité semble être l’erreur la plus insupportable crée par la nature, espèce qui amplifie démesurément la violence, la manipulation, la bêtise, la destruction et même la laideur.

Quelque part, Bouddha a raison. Lorsque l’on voit les gens déambuler dans la rue, on a l’impression qu’ils portent tous un fardeau trop lourd à porter, qui les tasse et leur impose un masque de souffrance. C’est un spectacle affligeant, pathétique et triste. Seuls les jeunes hommes et les jeunes femmes y échappent un temps. Après, c’est vraiment la vieillesse, la souffrance et la mort. Il vaut mieux s’éloigner ou fermer les yeux, échapper à tout ça. Mais les habitants des contrées les plus reculées sont parfois des créatures effroyables, tant au physique qu’au moral. On est dans « La Colline a des yeux » ou dans « Délivrance ». Finalement, la seule chose qui peut permettre de tenir le coup, c’est l’amour et les rencontres amicales. Mais quand l’amour manque, ça ne sert plus à rien de lutter, on lutte pour rien, juste pour tenir ou alors on lutte pour l’amour à venir. Pourquoi les gens, dans leur malheur, tiennent le coup ? Dans l’espoit d’une accalmie un jour, de l’amour, d’une rencontre, du bonheur, d’un peu de sérénité. On sait bien que cet espoir sera pour la plupart déçu. « Les hommes meurent écrit Camus, et ils ne sont pas heureux ». Quel scandale. Savoir qu’on n’a pas plus d’importance pour l’Univers qu’une fourmi, souffrir bien davantage, et continuer quand même ? Par peur de la mort et que tout soit fini ? Rien de plus déprimant que « tant qu’il y a de la vie, y a de l’espoir ». La mort vient rapidement, pour tous et pour l’éternité, et alors, avec ça, mort, plus d’espoir hein ? Plus de rencontres ,plus d’activités, plus de projets, plus d’amour, plus rien ? Eh quoi alors ?

Vive la superficialité, l’ivresse, le shopping, et la bêtise finalement. Comment supporter tout ça, autrement ?

Comme l’écrit Tolstoï, reprenant les Stoïciens, si la vie est trop insupportable, il y a mille portes de sortie pour une porte d’entrée. Mais il écrit aussi que les trois dernières semaines que l’on ne vivrait pas si l’on se tuait auraient peut-être été celles qui auraient tout expliqué, tout récapitulé, tout justifié. Alors on espère cela, on le ressent plus ou moins, et on tient pour et par cette croyance, avec l’espoir de la vérification d’une hypothèse.

 

Brian repensa à la petite Coréenne croisée trois mois plus tôt lors du festival de danse. Cette jeune prof de danse avait quelque chose de spécial, son physique, son regard, sa présence, jusqu’à sa façon de s’habiller. Il avait eu une sorte de coup de foudre pour elle. Allait-il s’envoler sur un coup de tête et partir la rejoindre à Séoul ? Une nouvelle vie là-bas, loin des exploits et de la violence ?

Amour impossible ou impossibilité de l’amour ? Tragédie non comique avec issue ? C’était si rare pour lui de rencontrer des femmes pour lesquelles il ressentait attirance physique immédiate et sentiments, une femme qui le touchait et avec qui il avait envie d’être. De par le monde, tellement de femmes sans attraits, et tellement de jolies filles creuses et sans charme, qui lui étaient complètement indifférentes. Et parfois, une belle apparence avec une aura, un regard et une présence, qui émergeait et était là. Et la vie sans l’émergence de cette perle semblait vaine. Pourtant de ces rencontres, que resterait-il mort ? Quels souvenirs, quelles traces, quelles émotions ? Quelle conscience ? Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark !

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