Brian continuait à s’entraîner, tout en modifiant les exercices qu’il pratiquait. Il aimait la pratique du sabre de bois japonais (le ken), ainsi que du bâton (le jo). Les deux étaient complémentaires. Le ken fortifiait les épaules, le dos, et les avant-bras, avec ses coups qui évoquaient le bûcheronnage. Le jo développait davantage la souplesse, la puissance des poignets, et offrait des opportunités plus ludiques, plus de jeu. Le jo était l’arme qu’il maîtrisait le mieux, l’arme la plus évidente, et universelle de son point de vue.
Il pratiquait aussi la musculation. Peu d’abdominaux, car il travaillait les abdos avec d’autres exercices. Il bossait les jambes avec du poids de corps. Squats, squats sur une jambe, squats sumo, jumping jack, fente avant, arrière, demi pont constituaient une base. Il se servait également d’haltères. Il pratiquait, pour le haut du corps, du curl marteau pour les avant bras, du curl en isolation, du curl avec rotation, du développé militaire, des élevations latérales, du rowing, du tirage vertical, qu’il aimait particulièrement, et des exercices hybrides. En poids de corps, il affectionnait les dips, les tractions horizontales, et les pompes. Un vrai fana des pompes, qu’il pratiquait depuis l’adolescence. Pompes mains écartées , très écartées, peu écartées avec coudes classiques ou le long du corps, pompes avec les mains tournées vers l’extérieur, vers l’intérieur, sur les poings, les doigts, pompes diamants, pompes croco, pompes scorpion, pompes spartan, avec marche du lézard vers l’avant ou l’arrière, pompes indiennes , pompes navy seals (dive bomber push up). Mais, bizarrement, il se sentait moins puissant, moins fort, moins gainé, moins complet, exhalant moins de charisme aussi, qu’avec ses exo de danse.
Avec ceux-ci, il se livrait à un travail fonctionnel, plus en profondeur. Certes, le nombre de répétitions sur les exo de muscu classique ou le poids des charges diminuaient ou n’étaient pas impactés avec ce genre d’entraînement. Mais les impressions étaient meilleures, les sensations. C’est qu’en sautant, lançant les jambes et les bras, se pliant, se contorsionnant, plongeant vers le sol, il alternait des exo de gymnastique martiale japonaise (taiso), chinoise (Qi Gong), de danse contemporaine, de yoga, et beaucoup de ses positions, de ses mouvements au sol évoquaient le silat et les échauffements du jiu jutsu brésilien. C’était un entraînement personnel, une synthèse vraiment complète. Plus les mouvements de karaté ou d’aïkido qu’il introduisait parfois dans sa danse, ça lui prenait parfois deux heures , parfois quatre, non stop, et il en ressortait avec l’impression d’être plus affuté qu’avec n’importe quelle pratique.
De plus, Brian s’entraînait avec Chao. Frère Tang lui avait présenté ce « bâton rouge », un membre d’une résurgence des 3 harmonies. Il désirait retrouver l’esprit à l’origine de la fondation de la Triade. Il avait été envoyé à Paris pour aider les Chinois à régler leurs différends de la manière forte. Chao, c’était un type efficace, l’équivalent Chinois d’une sorte de super chasse-gueux Malouin quand les chasse-gueux ne suffisaient plus. Or, il vint visiter Frère Tang, et Brian, si désespéré, fut convié à une soirée organisée par Tang. Puis, après enquête de la Triade, ils avaient découvert que, malgré la pratique d’arts martiaux japonais, une fausse note, les compétences martiales de Brian étaient avérées, qu’il avait des connections, et son intérêt non simulé mais réel pour la Culture Chinoise les avait intrigués. Il n’est pas aisé de remonter de « bâton rouge » à « tête de dragon », mais il lui avait été permis un échange fructueux avec Chao, grâce auquel ils s’enrichirent tous les deux. Brian pouvait apporter des mouvements issus du daito-ryu, proche du Quinna (ou Chin na), ainsi qu’une manière particulière de se mouvoir proche du Machida karaté et de la gestuelle d’Ido Portal et une façon de distribuer ses frappes, avec un côté silat ou kempo hawaïen (kajukenbo), et Chao lui apprenait des techniques du pa kua, du hsing i, et issues de la pratique du kung fu sportif, le sanda ou sanshou, avec de bons enchaînements stand up et lutte (un mixte de boxe pied poing Occidentale, de techniques issues des boxes Shaolin, et de la lutte Chinoise Shuai Jiao). Puis ils échangeaient sur la culture Occidentale et Chinoise, leurs convergences et leurs divergences.
Brian présenta Chao à Maharo, et enfin ils allèrent voir le Monstre. Chao refusa l’aide de Brian et de Maharo pour la situation des Chinois à Paris, ça ne se faisait pas comme ça, mais le Monstre lui parut nettement plus convaincant à vrai dire, et ils échangèrent un peu à l’écart. Le Monstre, s’il le souhaitait, pourrait s’occuper avec plus d’ardeur de la situation et serait plus convaincant que toutes les mafias réunies. Quelque soit la cause, transhumanisme, élimination des ennemis de Brian, ou sécurité de la diaspora Chinoise, il broierait tous ceux auxquels il s’opposerait et s’imprimerait si loin dans les consciences qu’il les traumatiserait pour des générations et des générations. Une peur abyssale, une terreur au plus profond enracinée, il leur infligerait. Et Chao avait compris ça.