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6 novembre 2018 2 06 /11 /novembre /2018 23:38

Un thème central des travaux de Brian, consistait en la défense des thèses Freudiennes, bien plus scientifique qu’on pouvait le croire. Par exemple, son idée qu’il pouvait y avoir un rapport entre le fait d’être surdoué et la névrose obsessionnelle lui paraissait significatif. Le refoulement engendre une surcompensation, le détournement de la libido, de la pulsion érotique de son objet naturel vers des objets intellectuels, d’où une érotisation du savoir. Brian lui-même n’employait-il pas des termes érotiques pour qualifier son intense curiosité ? Il était excité à l’idée de lire un livre, frustré s’il ne pouvait l’acheter, un peu comme les femmes et leurs fétichismes pour les vêtements.

 

Il aimait exposer que les cognitivo comportementalistes ont tort quant au traitement des TOC, symptômes plus que troubles. Ils omettent le fait que les patients savent parfaitement qu’il n’y a pas de rapport de causalité entre rituels et conséquences espérées, par conséquent leurs schémas de pensée ne sont pas erronés. Mais ils ne peuvent s’empêcher de s’y livrer car si la face négative, rituels non réalisés donc problèmes à venir est aisée à abandonner, l’aspect positif, rituels exécutés donc protection est beaucoup plus pénible à abandonner. Et c’est là le vrai problème. Tous les hommes ou la plupart ont leurs rituels, de la pensée magique, pour se prémunir du chaos (d’ailleurs qu’est-ce que la religion ?) et ces rituels sont plus appuyés chez les personnes souffrant de TOC à la suite de traumatismes, donc d’une angoisse plus forte. Et comme, en plus, la vie est réellement dangereuse, qu’il peut réellement survenir, et qu’il survient, accidents, maladies, décès et violences, s’efforcer de changer des schémas de pensée valides alors que le vrai problème, c’est l’angoisse initiale qui  s’exprime par cette irruption d’exercices, c’est une erreur.

Comme l’a bien vu Thomas C Durand dans « l’ironie de l’évolution », il existe une similarité entre les TOC et les rituels religieux : obsession de la pureté, évitement du contact, conjuration d’un danger indétectable. Une hypothèse intéressante, c’est que les premiers rituels religieux seraient le résultat de TOC, lesquels sont d’autant plus activés que les circuits neuronaux de la détection d’un danger sont sollicités.

 

Une autre idée phare pour Brian, c’est la critique de la critique de Sartre vis-à-vis de Freud. Or, Irvin Yalom a repris les postulats de la psychanalyse existentielle, à savoir la responsabilité de l’homme névrosé ou psychotique comme porteur originaire de ce projet existentiel. Ainsi, l’homme n’est pas déterminé par son inconscient puisqu’il est aussi son inconscient, et comme l’écrit Sartre, il a fallu que le moi soit conscient du caractère dangereux de contenu refoulé pour avoir la volonté de le refouler. Ainsi, le conscient a la priorité, domine l’inconscient. Sartre et Yalom oublient deux choses. D’abord le refoulement produit des effets bien réels, qui échappent à la conscience, indépendament du fait que la conscience dominait. Ensuite, la personne avait besoin de ce refoulement. Il était vital pour elle, pour la survie d’un minimum de cohérence psychique. Ainsi, de même que la volonté n’est que la moralisation de processus physiologiques, Sartre moralise un processus de préservation psychique, ce qui est un jugement qui sauve l’existentialisme mais n’a pas lieu d’être. Précisons que même si Sartre a tenté de concilier libre arbitre individuel et déterminisme des situations, il s’agissait toujours d’une liberté absolue en situation, et en aucun cas d’une indétermination croissante en situation. Or, à partir de quels seuils d’arrangement matériel et corporel de la liberté peut émerger, si elle le peut ce qui est une hypothèse métaphysique ?

 Bref, l’existentialisme, qui fait de chaque homme, du seul fait qu’il est homme, une liberté en acte, une existence qui se fait son essence indépendamment  (comme causalité) de son inscription dans les lois physico-chimiques (bien qu’en dépendant dans ses conséquences), est une doctrine spiritualiste qui concorde moins avec la science que les intuitions Freudiennes.

Yalom a beau jeu de parler de déni ou d’acceptation de la responsabilité, de locus de contrôle interne ou externe avec le souci de normalisation à la clé. Il est possible, et seulement possible, que se croire libre aide à vivre, encore que « nul n’est moins libre que celui qui se croit libre », et qu’il s’agisse d’adhérer de toute façon à une fiction, comme la religion est une fiction consolatrice, un « faire comme si » aux conséquences désastreuses. Je pense que, pour sauver la morale, et peut-être par souci de se préserver lui-même du chaos psychique, Irvin Yalom est de mauvaise foi quand il semble ne pas même pouvoir nier  l’existence du libre arbitre comme norme authentifiant l’individu sain. Pour lui, manifestement, l’homme est un « empire dans un empire », un monde dans le monde, lui échappant mystérieusement, un être surnaturel. Rien de rationnel là-dedans. Pour qu’une telle possibilité soit prise au sérieux, elle devrait être naturelle, surgir de quelque découverte physique ou biologique par exemple, et tout resterait encore à  expliquer, à justifier, de toute façon. L’évidence est de notre côté, aux partisans du libre-arbitre la charge de la preuve !

 

 

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