Dans le développement personnel, on culpabilise souvent les hommes qui ne réussissent pas, parce qu’ils ne veulent pas assez réussir, ne veulent pas assez être heureux. La psychanalyse, ainsi que la sociologie démontent ces préjugés volontaristes, l’idéologie du mérite. Moi, on m’a souvent félicité pour ma reprise d’études après l’armée, puis pour ma réussite. Mais je n’étais pas plus méritant alors qu’adolescent quand j’étais en échec scolaire. Je voulais tout autant réussir, j’étais tout aussi méritant, mais je n’y arrivais pas. Le recours à la volonté, comme si celle-ci était indéterminée, toute puissante, est une mystification.
Réfléchissant sur le problème du mal avec un ami fort érudit dans le Bouddhisme, et qui me disait que quelque part, tout était bien, il fallait juste en prendre conscience, « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes » écrit Leibniz, je lui objectai qu’un paralysé ne peut pas dire que c’est une bonne chose, ce qui lui est arrivé, mais que peut-il faire de bien, quand même ? Il n’a pas le choix de toute façon. Mais pour un génocide ? Comment des enfants morts peuvent s’épanouir ? Et c’est le problème. La rédemption est parfois impossible. La dialectique ne récupère pas tout. Purgent-ils une sorte de karma ? Leur sacrifice permet-il à l’humanité de progresser (par exemple : progrès de la chirurgie avec les « gueules cassées », notion de crimes contre l’humanité, dépréciation collective des valeurs guerrières, sensibilisation aux droits des prisonniers, au respect de l’homme en tant que sujet, à la protection des animaux etc) ? C’était un peu la justification donnée par mon ami. Moyennement convaincu quand même, pour les individus sacrifiés ou détruits.