On entend sans cesse valoriser le travail, « la valeur travail », « travailler plus » etc… Méditons un instant sur ces phrases de Laborit « L’Homme est un être de désir. Le travail ne peut qu’assouvir des besoins. Rares sont les privilégiés qui réussissent à satisfaire les seconds en répondant au premier. Ceux-là ne travaillent jamais ».
Pour la plupart des hommes, le travail est une torture, qui pourrait être évité si l’homme n’était pas au service du Capital. Tout dans notre société, les religions, les psychiatres, les journalistes sont au service du pouvoir, et cherchent, non à libérer les forces créatives de l’individu, mais à le conformer, à l’adapter aux normes néolibérales de productivité, performance, compétition…
On escamote le problème de la mort par le recours à des arrières-mondes hypothétiques, des divertissements haïssables tellement ils sont obscènes et abrutissants, des drogues aux effets d’inhibition. Qu’est-ce que la méditation « de pleine conscience », si ce n’est une méthode dépourvue de toute critique sociologique, philosophique, économique, une méthode standardisée, mécanique, où la pensée est bannie, et dont la visée est une réforme intérieure qui doit permettre de s’adapter à l’instabilité économique, à la flexibilité, aux normes en vigueur, sans associer mal-être intérieur et conditions réelles d’existence, de travail, environnement.
Alors, contre toutes ses malveillances, moi, je dis « Travaillez moins, beaucoup moins ». La vie est courte, vous allez mourir très vite, et après il y aura un néant éternel. Si, en plus, vous passez votre vie toute occupée par un travail que vous détestez, ou qui n’a pas de sens, ne vous épanouit pas, remplissage temporel absurde, vous arriverez à la fin de votre vie sans jamais avoir accompli quelque chose de personnel, dont vous pourriez être réellement fier. Il faudrait donc, comme le préconise Lafargue mais aussi Russell, travailler maximum 3h par jour.
Je termine par Thoreau : « Je m’en allais dans les bois, parce que je voulais vivre sans hâte, vivre intensément et sucer toute la moelle de la vie, mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie, pour ne pas découvrir à l’heure de ma mort que je n’avais pas vécu. » « Walden ou la vie dans les bois ».