Je vais aborder la critique du Bouddhisme.
Le Bouddhisme est fondé sur les 4 nobles vérités :
-la vérité de la souffrance. ( Toute vie implique souffrance )
-la vérité de l'origine de la souffrance. ( le désir, les attachements )
-la vérité de la cessation de la souffrance. ( elle est possible )
-la vérité du chemin à suivre pour triompher de la souffrance. ( couper le désir à la racine )
La souffrance l'emporte donc sur la joie dans la vie. Elle est même le propre de la vie puisqu'elle seule a une existence "positive", et puisque la joie, qui consiste en la diminution de la souffrance, est"négative".
Le problème, c'est qu'on est enchaîné à la vie par le désir. Il nous faut le vaincre, mais pas superficiellement, car alors nous nous réincarnerions dans une autre vie, et ainsi de suite, alors qu'il nous faut atteindre l'extinction totale du désir, donc de la vie, la résolution définitive des tensions., bref, le nirvana et la mort.
Plusieurs difficultés apparaissent déjà.
1 Comme la renaissance est un phénomène des plus contestable, tout l'effort Bouddhique aboutira à ce que nous atteindrons tous naturellement et sans efforts, la mort.
( La croyance en un cycle de mort et de renaissance est un stratagème inconscient afin de se rassurer, car les Bouddhistes, par ce subterfuge qui fait de la mort, de l'extinction bien définitive, un but presque inatteignable, se persuadent ainsi qu'ils vont continuer à vivre indéfiniment, ce qu'ils espèrent au fond ).
2 Toute la doctrine est fondée sur le primat de la souffrance sur la joie. Il suffit d'accorder une valeur positive à la joie, et donc à la vie et au désir, pour que toute la doctrine s'effondre.
La vie n'est pas oscillation perpétuelle entre le manque ( désir non satisfait ) et l'ennui ( désir satisfait ), comme l'écrivait Schopenhauer.
Elle est aussi affirmation et joie.
Certes, la réalisation d'un désir déçoit partiellement, mais elle comble aussi partiellement et provisoirement. Et c'est en allant de réalisation en réalisation que l'homme progresse, que l'homme se trouve.
Il est de toute façon préférable d'avoir "tout" vécu et d'avoir été déçu, et du coup, rassasié, de quitter le monde sans trop de peine, que de n'avoir "rien" vécu, être passé à côté de sa vie, et plombé par les regrets.
Les Bouddhistes ignorent que toutes les formes de détachement sont des méthodes inconscientes pour mieux gérer l'attachement. Mais parvenir à rompre tout attachement, de son vivant, serait une aberration, un crime contre la nature de la vie.
3 Si les Bouddhistes respectent toute forme de vie, c'est pour que la créature vivante puisse aller au bout de ses possibilités, afin de lui permettre de se réincarner en une forme plus complexe. On lui laisse vivre sa vie dans ce but.
Ainsi, on n'interfère pas avec le "karma" de l'animal, ce qui est aussi bon pour notre propre karma. Et on accroît les chances de l'animal épargné ( ainsi que les siennes d'ailleurs ) d'être "délivré" lors d'une future renaissance.
On lui épargne donc sa vie pour accroître ses chances de mourir pleinement et véritablement, en aucun cas par respect de la vie.
D'autres difficultés qui proviennent de la doctrine du Bouddhisme résultent de sa vision "non dualiste" de l'existence et du monde. En condamnant toute scission générée, arbitrairement croient-ils, par l'ego, le langage, la science, ils réintroduisent systématiquement ce fameux dualisme tant critiqué, sans même s'en apercevoir.
Et puis, on peut s'interroger sur la notion " trancher l'ego". Certes, celui-ci peut être hypertrophié ( narcissisme ), mais il a sa place.
Pourquoi la nature nous aurait-elle pourvue d'un ego ( comme d'une conscience ), s'il n'avait son utilité, sa fonction ?
Il faut être déjà bien malade ( comme se prendre pour objet quasi exclusif de sa libido, libido du moi ) pour chercher à se débarrasser de son ego !
Cela vaut pour les mots et concepts. Les "koan", sortes de formules rituelles absurdes, servent à nous faire prendre conscience des limites de la spéculation pour appréhender le réel "tel qu'en lui même".
Pourquoi pas ? Mais il faut au moins justifier ce primat de l'intuition sur l'intelligence, comme l'a fait Bergson, ou cela peut conduire à toutes sortes de dérives sectaires et incontrôlables.
N'importe quel charlatan peut s'emparer de ce procédé pour masquer son ignorance.
Pourquoi la nature nous aurait-elle attribuée la capacité à créer les concepts, s'il ne fallait en user ?
Et, dernier point, le Bouddhisme me paraît en contradiction avec la nature elle-même, le désir naturel d'expression, de communication, de transmission.
Son "idéologie", bien éloignée des exigences vitales, de la lutte pour la vie, me semble donc contre-nature.
Je ne la sens conciliable, ni avec Darwin, ni avec Lamarck.