Il est coutumier d'entendre les Bouddhistes stigmatiser les "émotions négatives". Pour eux, non seulement la souffrance domine, mais il faut toujours l'annihiler. Ils rejoignent Spinoza pour qui la joie est "augmentation de la puissance d'agir" et la tristesse "diminution de la puissance d'agir".
C'est oublier que la tristesse a son rôle. Elle nous est nécessaire, comme la peur. Elle nous est même indispensable biologiquement. Et puis la tristesse, la souffrance, les émotions négatives font parties de l'expérience humaine, de la gamme naturelle de nos affects.Vouloir en atténuer l'impact, c'est normal, à condition de rester dans les limites d'une saine dialectique. Mais chercher systématiquement à les écarter, à les étouffer par des méthodes non naturelles, comme la méditation, à chaque fois qu'elles émergent, conduit à amputer l'être d'une partie substantielle de lui-même, et cette dénégation d'un vécu ordinaire ne manquera pas de faire retour symptômatiquement.