Ce qui m'exaspère chez Céline, c'est qu'il extrait de la réalité quelque chose de sombre et qui existe, mais qu'il ne se concentre que sur cela et par conséquent, je pense que ce n'est pas un hasard s'il a fini par écrire des pamphlets antisémites.
Certes, le "Voyage", "Mort à crédit" décrivent à merveille les multiples aliénations militaires, industrielles, biologiques , et illustrent même le processus mimétique théorisé par René Girard bien plus tard.
Mais tout y est globalement très glauque ; le pensionnat anglais dans "Mort à crédit", les passages qui se déroulent en Afrique ou bien la scène dans laquelle Bardamu évite de peu le lynchage dans "le Voyage" par exemple.
On est bien loin de Jean Genêt, de Bresson, de Pasolini, de Dostoievski qui font d'une réalité misérable quelque chose de beau et sublime, qui magnifient les "Pauvres gens", les "Humiliés et Offensés", les "Damnés de la Terre".