Les progrès de la civilisation doivent-elles s'accompagner d'un accroissement automatique de la répression libidinale, donc des inhibitions, du surmoi, de la culpabilité et du malheur ?
N'y gagne t'on pas, ou n'y peut-on pas gagner, malgré les apparences ?
Certes, la structure actuelle de la société favorise l'abrutissement et l'aliénation générale.
Cependant, c'est l'orientation privilégiée du système qui favorise cette exploitation, pas les savoirs eux-mêmes et les possibilités qui leurs sont inhérentes.
En fait, l'apprentissage des savoirs, qui est une entreprise ardue, médiatise la satisfaction, la diffère, mais, au final, il la décuple.
En effet, la maîtrise d'un art permet de retrouver le plaisir de la sensation primitive, avec en plus le contrôle, qui permet la liberté et la créativité.
C'est manifeste que la connaissance d'un instrument de musique augmente la jouissance du maître par rapport aux balbutiements d'un débutant ou d'un ignare.
Comme il est évident que la pratique des arts martiaux, de la danse, procure un immense plaisir pour qui possède les formes de corps basiques propres à ces arts, qui permettent une créativité pratiquement infinie.
Tous ces accomplissements sont inaccessibles sans un niveau de raffinement, de technicité élaborée propre à élever les savoirs jusqu'à la dignité d'arts, et de voies.
La civilisation dispose donc d'une grande quantité de compensations possibles aux sacrifices du narcissisme qu'elle impose. Plus elle se développe, plus elle exige certes, mais plus elle peut offrir.
Il reste que son organisation moderne encourage l'avilissement et la servitude plus qu'elle ne favorise l'épanouissement de la créativité humaine. C'est déplorable.