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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 21:17

 

 

 Il existe dans la littérature Française un esprit mortifère, se complaisant dans le malheur.

Ce courant va de Montaigne à Houellebecq, Schiffter, en passant par des romantiques comme Musset, des décadents comme Huysmans, des Spleeneux comme Baudelaire, des catho comme Bloy, des Schopenhaueriens comme Cioran.

 

 Heureusement, la littérature Française, ce n'est pas que cela. C'est aussi Balzac, Stendhal, Céline, Genêt, Sartre, Saint-Exupéry, bref, de l'énergie.

 

 Mais actuellement, la tendance Houellebecquienne l'emporte.

 Je trouve pourtant qu'elle manque de cohérence.

Si Schopenhauer a raison, si la vie est essentiellement souffrance, pourquoi ne nous suiciderions-nous pas, puisque  même si cet acte témoigne d'une volonté contrariée, le résultat est tout de même efficace, on ne souffre individuellement plus des effets du vouloir vivre alors.

 

Donc, si on reste en vie, si on reconnaît une valeur à la vie, on doit essayer d'aller dans son sens, de pousser vers ce sens.

Quand un Schiffter critique le manque de luçidité des gens, leur ignorance, leur préjugé optimiste, leur ridicule désir de bonheur, et qu'en même temps, il déprécie la valeur de la vie, c'est incohérent.

Car alors, qu'a t' il à leur proposer de toute façon ?

 

Soit la vie peut valoir le coup, et on est en mesure de l'encenser, de montrer pourquoi, comment, d'aider les êtres à s'épanouir, soit on considère qu'elle n'en vaut pas la peine, on la déprécie à outrance, comme une sorte d'enfer, mais dans ce cas, on ne peut en vouloir aux gens de s'illusionner, de n'être pas philosophe, car s'il n'y a que de la peine à en tirer, à quoi bon philosopher ?

La philo, dans ce dernier cas, serait l'aptitude a accroître les souffrances qui accompagnent la luçidité, mais si elle ne peut rien donner d'autre, à quoi bon ? Laissons les gens se divertir !

 

Par contre, dans le cas ou la vie est promesse d'épanouissement, alors la philo, dans la mesure ou elle ne se résume pas à un assemblage de concepts ( même si c'est là le plaisir de quelques-uns, et cela compte aussi ), peut aider les hommes à mieux vivre, de façon plus intense.

Elle peut contribuer à leur libération, à ce qu'ils se déterminent eux-mêmes.

De  cette meilleure appréciation des préjugés et des possibles, à une vie réellement différente et réussie, il  y a encore un monde et la bonne vie n'implique pas nécessairement l'exercice philosophique, comme la philo conduit rarement à la bonne vie.

Mais c'est toujours quelque chose, une amorce.

 

L'essentiel, c'est je crois, de suivre les traces de Thoreau, et non de Kierkegaard.

 

Le premier a tout fait pour vivre pleinement, et comme il le raconte dans "Walden", il craignait de mourir avec le sentiment de n'avoir pas vécu.

Il a agi selon cette perspective, et il est mort serein, car jusqu'à la dernière extrémité, il fut pleinement vivant.

 

Le deuxième s'est fourvoyé dans une compréhension de la religion comme devant être opposée à la vie terrestre, et à la fin de sa vie, étant passé à côté de pratiquement toutes les bonnes choses de l'existence, il dit, et c'est terrible : "A la limite, je n'ai pas vécu."

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