Ce que je reproche à Montherlant, bien que grand styliste, bon dialecticien, et relativement intègre et courageux, c'est de s'être fourvoyé dans un stoïcisme dépassé.
Il a affirmé "Comprendre que la vie est le seul bien et ne pas avoir peur de la mort", et il a donc refusé de se confronter au réel.
Si la vie est le seul bien, il faut accepter la peur de la mort, qui a son rôle, sa fonction, sa légitimité, et il est contre-nature de passer outre.
Cela rejoint "La dialectique du maître et de l'esclave" appliquée à l'esprit Japonais par exemple.
Les Japonais traditionnellement méprisent ceux qui ne surmontent pas leur peur de la mort, les "lâches" qui refusent le combat. Ainsi, ils méprisaient les Chinois, ou bien les Américains, parce qu'ils "prenaient leurs précautions" pendant la guerre.
Le résultat, c'est que l'attitude contre-nature des Japonais leur a partiellement fait perdre la guerre.
C'est finalement leur folie et leur obstination, leur "invulnérabilité", qui ont poussé les Américains à utiliser la Bombe.
Les nobles sans peur mais non sans reproches, se retrouvent dominés par leurs esclaves craintifs.
Montherlant, prisonnier des préjugés Stoïciens, s'est livré toute sa vie à un combat contre-nature, et donc perdu d'avance, tempéré çà et là par des éclaircies épicuriennes, qui ne le sauvèrent cependant pas de l'idéal factice qu'il avait si bien intériorisé qu'il lui était comme une prison portative et consubstantielle.