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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 20:20

L'Aïkido, une démarche qualitative.

 

 

Dissertation sur l'aïkido.

Quelques éclaircissements.

 

Un nombre important d'études ont été écrites sur l'aïkido. Celles-ci respectent, à ma connaissance, ce qui constitue sa spécifité. Mais, finalement, peu l'approfondissent réellement, et certaines, s'écartant quelque peu du sujet, s'en arrangent avec leur propre théorie, approchant l'aïkido sur un mode sectaire, le fusionnant avec une conception globalement ésotérique de la vie, parfois à la limite de l'obscurantisme, ce qui est dangereux pour la pérennité de l'aïkido, et son rayonnement. Il me semble que certains points de vue, contestables, doivent être discutés, soumis à la critique. Ce terme, critique, en choquera déjà quelques-uns car il évoquera pour eux le monde occidental, intellectuel et ratiocinateur, opposé au monde oriental, intuituif. Or, nous verrons que cette scission, souvent proposée comme un absolu, entre monde Oriental et monde Occidental, est moins tranchée, plus complexe qu'on ne le pense. Monde Occidental et monde Oriental, se ressemblent plus que nombre de pratiquants semblent le penser, et ils sont amenés à converger. Il est dommageable pour l'aïkido, qu'un nombre conséquent de ceux qui y puisent une source d'espérance, qui croient en la force, la pertinence de ses valeurs et de ses principes, cultivent paradoxalement un état d'esprit hostile à tout ce qui peut provenir d'Occident, ou qui à leurs yeux représentent le monde Occidental, et acquiescent sans douter à tout ce qui porte le sceau de l'Orient. Ainsi, philosophie, arts, sciences Occidentales sont souvent mal comprises et caricaturées ; et taoïsme, bouddhisme, hindouisme, confucianisme, shintoïsme, calligraphie, astrologie chinoise, yoga etc, sont acceptés en bloc, comme des évidences, et émettre un avis, sinon négatif, au moins sceptique vis-à-vis de l'une de ces tendances, est jugé présomptueux, caractéristique de l'esprit négateur du monde Occidental. Mais, entrons dans les détails.

 

Tout d'abord, si l'Orient et l'extrême-Orient étaient si sages, si équilibrés, grâce à leur sagesse millénaire, on se demande pourquoi la situation du peuple Chinois a permis l'émergence et le triomphe de Mao, pourquoi la Corée ceux de Kim ll-sung, pourquoi Pol-Pot au cambodge. On oublie l'oppression que le Japon a fait subir aux peuples qu'il voulait se soumettre, les centaines de milliers de femmes prostituées de force. Et puis, on n'insistera pas sur le système indien des castes, qui prend appui sur des principes religieux pour perpétuer les inégalités les plus terribles.

De plus, si, par exemple, la médecine orientale attire les occidentaux, et leurs traditions, arts et principes de vie en général, on méconnaît le fait que ce qui passionne un grand nombre d'orientaux, c'est le monde Occidental, avec ses arts, ses courants philosophiques, etc.

Chinois, Coréens, Japonais sont parmi les plus fins connaisseurs du répertoire de la musique classique européenne. Proust, Bergson, Simone Weil sont très appréciés des Japonais. L'école de Kyoto, dont la figure fondatrice est Nishida Kitaro, a centré son travail sur la réinterprétation de l'idéalisme allemand, c'est-à-dire Kant, Hegel surtout, mais aussi Fichte, Schelling, Husserl ou Heidegger, qu'elle a assimilé, intégré et associé aux conceptions plus proprement, plus particulièrement japonaises , dans la façon par exemple d'aborder la vie en communauté, ou la spiritualité, autour de notions telles que l'intersubjectivité, ou le "basho", terme signifiant approximativement le néant créateur. Voilà quelques considérations montrant que les valeurs et conceptions du monde supposées Occidentales, qui sont souvent présentées caricaturalement, comme le rationalisme, ou la dualité corps/esprit, sont rejetées en fonction d'une méconnaissance de ce qu'elles sont véritablement.

La rigueur démonstrative irrite beaucoup, mais on ne peut tricher avec elle, et elle est tout à fait compatible avec la valorisation d'une certaine forme d'intuition, dont la "prétention" à pouvoir coïncider avec la réalité davantage que les concepts ne le permettent, n'est pas nécessairement remise en cause. Simplement, il faut pouvoir en rendre raison, accepter au moins une tentative d'explication, sans laquelle aucun critère ne permet de distinguer les charlatans des véritables maîtres. Or, faire confiance, s'en remettre "corps et âme" si l'on peut dire, à un maître, n'a de sens que s'il l'est, peut l'être réellement. Ceux qui étudièrent, comme disciple interne, "ushi-deshi", auprès de Ueshiba, ont eu le bonheur d'être guidé par un homme sur lesquels tout le monde semble s'accorder, mais cet homme, ce maître, ne l'oublions pas, était exceptionnel, doué d'une aura tout à fait particulière. Ce qui le concernait ne touche qu'une extrême minorité de guides. D'ailleurs, ne l'appelait-on pas O Sensei, le Maître des maîtres ! Mais, pour un Ueshiba, combien de charlatans, qui se servent comme prétexte de l'argument que la connaissance conceptuelle, et conventionnelle, est impropre à saisir, restituer, faire vivre le réel, pour se débarrasser un peu vite de toute discussion, de toute possibilité critique, paravent efficace, pour ne pas avoir à se justifier, et abuser de disciples crédules. On voit donc ici que la rigueur démonstrative (soi-disant caractéristique d'une faiblesse de la démarche philosophique occidentale) est aussi nécessaire que l'usage des paraboles. Une autre comparaison que l'on établit souvent, entre Occident et Orient, concerne les rapports de l'âme et du corps. S'appuyant sur Descartes exclusivement, on porte un jugement sévère sur toute la philosophie occidentale, à laquelle on reproche d'avoir établi une séparation radicale entre le corps et l'Esprit. Mais Descartes n'est pas toute la philosophie, et celle-ci comprend également des courants monistes ou âme et corps relèvent d'une même Substance. De plus, les vues générales des divers courants Extrêmes-Orientaux, si elles considèrent que le travail du Corps a son importance, car il peut être véhicule et incarnation de l'Esprit, ou méthode pour s'y élever, établissent par là-même une distinction entre ce qu'elles jugent ressortir de la corruptibilité, le Corps, et appartenir au domaine de l'immuable, l'Esprit.

On peut en conclure que les mêmes tendances se trouvent dans les deux mondes.

Après ces quelques considérations, nous allons maintenant nous concentrer sur l'aïkido.

 

 

L'aïkido est l'apothéose, le point culminant d'une tendance particulière, consistant dans l'idée qu'une certaine pratique corporelle, axée sur la volonté et la nécessité d'être en mesure de se défendre physiquement, peut dans le même temps et paradoxalement développer la paix, l'harmonie en soi et autour de soi.

L'histoire des arts martiaux est fort longue et s'incarne en de multiples courants. Il existe sans doute un fonds commun à tous ces courants, un art indien ancien, le kalaripayat, comprenant un ensemble de techniques, d'où toutes les formes prises par la suite émaneraient. Très vite, cependant, des différences apparurent entre ceux qui, pragmatiques, ne visaient que l'efficacité, et ceux qui, sans nier leur fonction première, y associèrent d'autres aspirations, souci de bien-être, de santé, mise en place d'exercices dont la finalité était l'accroissement de la vitalité, permettant par exemple aux moines bouddhistes de méditer plus ardemment ( comme ceux qui furent crées par Boddhidharma pour les progrès des membres du temple Shaolin, comme le raconte la légende ).

A force de réflexions sur le sens de la pratique martiale, certains maîtres évoluèrent vers une conception altruiste de leur art, et tentèrent de propager l'idée que les pratiquants devaient servir la paix, se défendre, et défendre autrui des agressions, en épargnant, dans la mesure ou cela s'avérait possible, l'intégrité physique, intellectuelle, globale, de l'agresseur. A leur pratique, ils associèrent différentes tendances religieuses, comme le Taoïsme pour le Tai-chi-chuan, le Bouddhisme Zen ou le Shintoïsme pour certaines écoles japonaises de sabre. Ils spiritualisèrent donc leur art, spiritualité dont les progrès ne conservent cependant de véritable sens que par la pratique. Du souci exclusif de soi, de sa propre intégrité, de son propre bien-être, de son évolution personnelle, on est passé au souci de la protection et de l'épanouissement des autres agressés, ce qui est un progrès, puis au souci du sort des autres agresseurs, ce qui constitue un autre progrès, plus inattendu, et encore plus altruiste. Par ce progrès, les anciens guerriers rejoignirent la morale évangélique, le plus difficile n'étant pas d'entretenir des relations pacifiques avec ses amis, mais bel et bien de favoriser la réconciliation avec ses ennemis, voire, encore plus difficile, de les aimer.

Or, après avoir intégré, assimilé ses principes, il restait un problème, de taille, à résoudre. Comment développer concrètement l'Esprit pacifique, si les techniques martiales pratiquées comportent un aspect contredisant cette volonté de paix, si les techniques, de par leur forme, détruisent, ou humilient l'agresseur, aussitôt qu'elles sont effectuées ?

Avec la meilleure volonté du monde, la plupart des pratiquants d'arts martiaux ne pouvaient et ne peuvent toujours être en accord avec leur désir de paix. En effet, s'ils sont confrontés à la violence de telle façon qu'ils ne puissent y échapper, qu'ils soient contraints à l'affrontement physique, ils seront forcés de puiser dans un réservoir de techniques, dont, certes, la pratique leur a permis de fortifier leur corps, de renforcer leur assurance générale, mais dont l'application détruira provisoirement ou définitivement le corps, et plus généralement les diverses possibilités des agresseurs. Cela pour la simple raison que les techniques utilisées pour se forger le corps et l'esprit n'ont pas suivi l'évolution, les progrès de la conception de plus en plus altruiste de la pratique. Il y a donc un décalage, une inadéquation entre les dispositions intérieures de ceux qui désirent le bien de tous, et la matière dont ils disposent pour le réaliser. Ce n'est pas assez de vouloir le bien de ses ennemis. Il faut que ce bien dispose de moyens non contradictoires à sa réalisation. Il faut donc s'efforcer d'affiner, de préciser les techniques, de façon à ce qu'elles associent l'exigence nécessaire d'efficacité à la protection des agresseurs eux-mêmes, souci de protection remarquable et tout de même assez novateur dans la perspective purement martiale.

Lorsque les techniques seront orientées dans le sens de la paix et de l'harmonie, leur usage à des fins de légitime défense sera seul réellement et sans contestation possible légitime.

De plus, la violence entraîne la violence. Le seul moyen d'y mettre un terme, c'est, tout en adoptant une attitude ferme, implacable avec l'agresseur - car il n'est pas question d'en subir la folie - de s'assurer un contrôle de sa violence, contrôle qui, par le désir conscient de ne pas nuire associé à la grâce de la technique elle-même qui préserve l'intégrité physique, et intellectuelle, mais aussi la dignité de l'agresseur, en modifiera, avec lui mais comme malgré lui, la psychologie en profondeur. Implacable mais pas impitoyable, comme le disait maître André Nocquet, distinction essentielle qui laisse à l' être violent, en en garantissant l'intégrité, la possibilité d'une réorientation pacifique, et qui l'encourage même en cette voie par la sérénité tranquille de celui auquel il s'oppose, qui lui ne s'oppose pas, mais laisse passer, et guide l'intention de nuire et la force mal orientée.

Cet art, qui intégrerait l'éthique et la spiritualité au cœur même des techniques, nous en parlions comme s'il n'existait pas encore, comme l'idéal qu'il faudrait contribuer à incarner.

Mais il semble, cet art, avoir été crée ; peut-être serait-il préférable de dire qu'il fut reçu.

Un homme, historiquement déterminé, accumulant en lui et synthétisant le processus évolutif d'une voie particulière, est, on ne sait par quel prodige, par quel mystérieux dessein, concours de circonstances providentiel, parvenu à transmuter le matériau légué par des millénaires de laborieux perfectionnement. Cette situation extraordinaire n'ôte rien aux efforts que cet homme dut livrer pour accéder au rang de réceptacle de la Vie dans sa forme la plus haute, elle ne supprime pas les mérites nécessaires qui lui valurent ce don. Cet homme s'appelait Morihei Ueshiba ; il nomma son art "Aïkido", qui signifie littéralement "voie de l'harmonisation des "ki", donc des énergies", et qu'il est d'usage de transcrire par "voie de la divine harmonie" .

Ses disciples l'appelaient "O Sensei", ce qui signifie le "Maître des maîtres", et l'approbation était unanime. Les témoignages concordent pour tenter de dire l'indicible se manifestant sous leurs yeux.

La pratique de cet art emporte l'assentiment des incrédules, car alors quelque chose se passe, quelque chose se sent, et cette expérience éprouvée dans son corps, on ne peut la nier sans folie, et d'ailleurs, même les fous s'apaisent quand ils pratiquent cet art - peut-être leur permet-il, en les recentrant physiquement, de les rééquilibrer mentalement - ce qui est révélateur de l'harmonie dont il est expression et vecteur.

 

Ueshiba donc, fut formé à diverses disciplines, s'entraîna plus qu'aucun autre, accéda à la maîtrise des arts de destruction. Mais, parvenu au bout d'à peu près tout ce qu'on peut connaître dans le genre, et, de plus, doué d'une personnalité complexe et éprise d'Absolu, il ne pouvait se satisfaire de ce dont se contentent les âmes ordinaires, ou farouches mais non animés par l'esprit d'équité.

 

La transformation globale, de l'esprit et des techniques, est le résultat, d'ailleurs inachevé et toujours en cours, d'un travail incessant, d'une refonte continue. Mais il semble tout de même qu'il y eut une expérience révélatrice à l'origine du renversement des perspectives générales portées sur la vie et le monde, une prise de conscience du sens de la vie, qui est la vie même, donc de la nécessité de la servir, de favoriser sa perpétuation et son épanouissement par l'entremise de la protection des êtres vivants de qui la réalisation de la vie ne se dissocie pas.

Il faut protéger les créatures pour protéger la vie qui s'y affirme, qui s'y manifeste et s'y précise, qui s'y révèle. L'homme doit comprendre cela, et par la multitude accrue d'hommes qui le comprendront, le monde pourra enfin accéder à une ère nouvelle, une ère des bonnes volontés, ou les hommes contribueront à leur mutuel épanouissement, ou l'affirmation des uns ne se réalisera pas au détriment des autres, ou l'augmentation de la puissance d'agir, le passage à un degré de perfection supérieure procédera d'une unification des consciences, d'un progrès collectif qui n'exclura pas la liberté individuelle, mais bien au contraire la renforcera, en assurera les conditions de réalisation. L'aïkido sert cet idéal.

 

Les techniques d'aïkido sont instituées de telle façon que leur pratique influe sur l'esprit du pratiquant, même si celui-ci est animé au commencement de mauvaises intentions, car progresser en cet art implique une modification du rapport à son propre corps, du rapport à autrui par l'intermédiaire du corps d'autrui, et cette évolution corporelle, la disparition de blocages "biomécaniques" divers, la douceur contrôlée des gestes, leur fluidité et continuité sans heurts, l'incessant partage des rôles qui veut que celui qui réalise une technique en réponse à une saisie, à une frappe, la subira tout aussi régulièrement, le fait de ne pas s'opposer directement à la force, de ne pas se servir de la force musculaire et surtout d'y être obligé, puisqu'on ne peut progresser en aïkido qu'en intégrant les principes de non-opposition et en laissant l'usage de la force musculaire s'atténuer progressivement jusqu'à ce qu'elle se réduise à presque rien, juste ce qu'il faut pour se tenir debout et lever les bras, tout ceci explique pourquoi l'aïkido est une saine pratique, utile pour tous, qu'elle est source de bienfaits pour ceux-là même qui ne la considéraient au départ que comme un moyen d'accroître leur puissance individuelle à des fins égoïstes, au mépris de l'affirmation nécessaire des autres existences. Ainsi, la règle qui prévaut traditionnellement dans les milieux martiaux, qui veut que l'on n'y accepte que des disciples d'une bonne moralité, ne doit pas avoir cours en aïkido, ou au contraire l'on doit estimer logiquement que ce sont les êtres animés des plus mauvaises intentions qui ont le plus besoin de l'art qui permettra leur changement, la lente transformation de leurs penchants. Plutôt que d'opposer les bons et les mauvais membres d'une société, de façon irréductible, aidons les mauvais à devenir bons, et les bons à le rester. C'est par ailleurs par cette façon d'envisager les choses, que la société progressera réellement.

 

L'aïkido nous paraît être le plus humain des arts martiaux, le plus adapté aux particularités de l'homme. Dans nombre de pays asiatiques, il existe des traditions où les techniques s'inspirent des mouvements d'attaque et de défense des animaux, où elles sont modelées sur ces mouvements. Mais ceux-ci correspondent aux besoins et corps propres des animaux qui les utilisent. Même modifiés et adaptés à l'usage des hommes, ils conservent la marque de leur origine. On peut s'émerveiller de ce que l'homme puisse, par sa liberté, son indétermination native, se déterminer lui-même, et donc choisir librement de modeler ses mouvements sur ceux du serpent, ou sur ceux du tigre, de la grue blanche, de la mante religieuse, ou du dragon des légendes. Mais, on peut se dire qu'après tout, le mieux pour un tigre, ce qui est le plus utile à sa survie et à l'expansion de ses forces vitales, c'est d'utiliser ses propres armes, de se servir de ses bonds, de ses griffes et de sa mâchoire/gueule, et non pas de tenter de combattre à la manière des serpents, ce qui est valable pour le serpent. Or, eux n'ont pas le choix, ils suivent leur instinct. Leur réaction est directement, spontanément accordée à leur nature respective, à leurs propriétés corporelles. Le comportement de l'homme, par contre, n'est pas régi par un système unique de mouvements qu'il ne pourrait remettre en cause. Aussi lui est-il possible de s'inspirer de tel ou tel animal, ou bien, au contraire, de chercher ce que pourrait bien être, à quoi pourrait bien correspondre, un art fait pour l'homme, répondant à ses spécificités corporelles, psychiques, et idéologiques. Or, l'aïkido, qui ne vise nullement la domination d'un individu sur les autres, mais qui aide au contraire ses pratiquants à sortir des rapports de domination, qui exclue la force musculaire, et canalise l'agressivité, dont les mouvements guident plus qu'ils ne contraignent, et harmonisent l'attaquant et l'attaqué, la thèse et l'antithèse, la positivité et la négativité, dans une spirale d'où la synthèse émergente, tout en associant dans un mouvement commun les deux individualités, leur permettra à chacune d'aller au bout d'elles-mêmes, de développer et de sortir, de communiquer le meilleur d'elles-mêmes, fusion sans confusion des êtres qui s'harmonisent, l'aïkido donc, semble finalement être l'art qui correspond vraiment à la nature de l'homme, art qu'il a paradoxalement fallu chercher pour le faire émerger, la nature de l'homme étant ainsi faite qu'il doit lui-même trouver ce pour quoi il est fait, parce que son naturel n'étant pas fixé, il se doit de contribuer à sa propre définition, à sa propre édification, parce qu'il est le produit de ce qu'il veut être. Cependant, créature particulière, l'homme est aussi celui qui peut remonter consciemment à la connaissance et à l'intégration des principes qui meuvent le monde, qui le coordonnent, le maintiennent dans l'existence, l'animent, lui apportent cohérence et fécondité. Il peut exprimer ses principes, les favoriser, aider leur réalisation qui ne se fait pas sans peine. Libre, il est aussi intégré à l'Univers, et le mieux pour lui est qu'il associe sa liberté aux principes originaires d'harmonie qui luttent pour émerger du désordre et triompher de la souffrance. Sa liberté, il doit la mettre au service des forces de vie, non des forces de mort.

 

Un problème se pose. Si l'aïkido est le point culminant d'une tendance, son aboutissement, doit-on considérer toutes les autres traditions martiales, avec leurs coutumes, leurs habits, leurs techniques particulières, comme des arts dépassés, désuets, moins adéquats aux principes de vie, et donc à délaisser ou bien doit-on les considérer tout de même comme une richesse à préserver ?

Si l'aïkido doit seul rester (dans son domaine propre bien évidemment), n'est-ce pas une perte pour l'humanité, une réduction des possibilités qu'elle offre ?

Mais si, vraiment, cet art martial seul respecte ce qui est véritablement humain en l'homme, il serait sain que sa pratique s'impose progressivement aux hommes. Et puis, comme l'aïkido n'a/est pas surgi de rien, mais est comme le résultat de la maturation d'un long processus, résultat qui cependant a modifié la nature de ce dont il vient, on peut considérer que c'est l'essentiel des diverses traditions, ce qui mérite d'être conservé, qui est préservé dans l'aïkido et élevé au-dessus de ce qu'il était dans les arts antérieurs que l'Aïkido synthétise et renouvelle. La recherche de l'unité n'a donc pas sacrifié la richesse de la multiplicité, puisque celle-ci se retrouve dans l'unité, ce qui lui permet d'accéder à un niveau de perfection auquel elle n'aurait pu prétendre sans son intégration à l'unité, si elle était restée isolée.

 

Un point sur lequel on n'insiste pas assez, c'est la nécessité pour l'aïkido de converger avec tout ce qui concourt à améliorer les conditions de vie, de se mettre en relation avec les progrès des divers courants théologiques, philosophiques, politiques, scientifiques, artistiques. On a prétendu que Ueshiba se désintéressait de la politique. C'est possible parce qu'un homme ne peut s'intéresser à tout, s'il s'est choisi pour tâche d'approfondir une voie particulière, ou s'il a été choisi pour cette tâche. La politique reste néanmoins essentielle. Après tout, ce sont les avancées sociales qui permettent, et permettront à ceux qui ne le peuvent pas encore, de pratiquer l'aïkido, par exemple, ou de lire Bergson. L'ouvrier qui se tuait au travail quatorze heures par jour ne disposait ni du temps, ni de l'énergie, ni de l'envie suffisante pour pratiquer, ou s'intéresser aux concepts de durée, d'élan vital, ou bien encore de religion statique et dynamique.

Le loisir est nécessaire pour qui cherche à cultiver et approfondir son être, et il est même nécessaire à la plupart des hommes pour que naisse en eux ce désir de perfectionnement, pour qu'il émerge consciemment.

 

Un autre point litigieux concerne la philosophie. Les propos de Ueshiba sont parfois déformés. On se sert de l'idée que les mots sont des constructions conventionnelles pour discréditer l'entreprise philosophique. Cette critique correspond à une tradition que toutes les mystiques ont plus ou moins développées. Au Japon, le Zen a beaucoup travaillé sur ce problème. L'usage des "koan", formules rituelles absurdes censées provoquer l'illumination/l'éveil, dont une étape est la prise de conscience du ridicule de la prétention à saisir la vérité par les mots, participe de cet esprit. Cependant, si les mots n'avaient aucune utilité, on peut se demander pourquoi la nature en aurait pourvu les hommes, et si la recherche philosophique se résumait à du futile verbiage, pourquoi la nature leur aurait donné ce besoin ?

Ueshiba n'a jamais prétendu qu'il ne fallait pas penser, et seulement pratiquer ou se livrer à des exercices méditatifs. Il a dit qu'il ne le fallait pas, pendant la pratique. Les mots, insuffisants, sont néanmoins nécessaires !

De même, il y a une distinction à bien percevoir entre le fait qu'on ne peut ressentir le mouvement par les mots, et la possibilité de le dire, par les mots. Il ne faut pas confondre les deux tentatives. Si, effectivement, les propriétés conceptuelles s'avéraient incapables de faire ressentir le mouvement, cela ne signifierait pas qu'il s'en ensuivrait logiquement que les mots ne pourraient dire ce qu'il est. Or, les pratiquants ne conservent trop souvent que l'aspect physique de l'art, comme ils ne conservent du Budo que son aspect martial, oubliant que l'idéal du Budoka était proche de celui des Grecs : "Un Esprit sain dans un Corps sain". Les "arts de l'esprit" comme la poésie, la calligraphie, l'étude de diverses tendances religieuses, étaient aussi essentielles que la pratique du sabre, du tir à l'arc, ou de l'équitation, le but étant de former des êtres complets. La philosophie est souvent considérée comme une inutile complication de l'existence, critique qui n'est pas entièrement infondée, et jugée difficilement accessible, obscure, ce qui est parfois vrai. Mais elle n'est pas que cela !

Souvenons-nous d'une phrase d'Agueev : " La platitude réside dans la tendance à mépriser ce qu'on ne comprend pas". Cela nous évitera bien des rejets rapides, et tachons de nous orienter dans l'immense matériau, plus ou moins vivant, qu'elle nous propose.

 

Ainsi, il nous semble exister une relation assez extraordinaire entre la philosophie Bergsonienne et l'Aïkido. Les thèmes de la Création, de la vie, de l'intuition, et puis la durée, le mouvement, le changement, la spiritualité, la mystique, telles qu'ils sont définis par Bergson, semblent s'accorder à l'œuvre de Ueshiba. Si Ueshiba avait pu choisir la traduction philosophique de l'Aïkido, c'est certainement du côté de "l'Essai sur les données immédiates de la conscience", de "l'Evolution Créatrice", de la "Pensée et le Mouvant", qu'il se serait tourné. Nous n'entrerons pas ici dans les détails, et n'insisterons pas non plus sur les rapports nombreux qui existent entre l'Aïkido et l'œuvre de Teilhard de Chardin, qui paraissent aussi converger, et qu'une mise en parallèle pourrait mutuellement féconder [ notion de Panthéisme d'union, de centre, de Centre des centres, d'union différenciante (ce n'est pas par l'isolement, mais par l'union avec autrui qu'on donne le meilleur de soi, qu'on va au bout de soi-même), d'ascèse de traversée (Ueshiba, comme Teilhard, n'étaient pas de purs contemplatifs ; ils ont apporté beaucoup au monde), puis insistance sur la nécessité de changer les mentalités, de convertir les rapports de domination en rapports de progression n'excluant personne etc… ]

 

Il est intéressant, aussi, d'appuyer sur quelques points qui posent problème.

Des corrélations sont souvent établies entre bouddhisme et Aïkido. Mais Ueshiba, comme tout Japonais, était nourri de nombreuses autres influences, parmi lesquels le bouddhisme, mais aussi le taoïsme et le shintoïsme.

L'idée bouddhiste selon laquelle l'homme doit vaincre tout désir, puisque celui-ci est à l'origine de la souffrance, omet la face positive du désir, puisque celui-ci est à l'origine de la joie. Il est de plus, la vie même, et Ueshiba, comme nous allons le voir, n'avait pas une conception mortifère de l'existence. L'idée que toute satisfaction d'un désir quelconque n'est que partielle et provisoire ne signifie pas qu'il soit vain de l'accomplir, car cette satisfaction servira de point d'ancrage, de repères, de jalons pour les avancées futures.

Et puis, si l'on y réfléchit bien, c'est parce que Bouddha était un être qui ne se satisfaisait pas de ce qui suffisait à combler les autres, et que son angoisse métaphysique et son désir de la résoudre surpassaient ceux des ascètes qui l'entouraient, qu'il émergea de l'expérience commune aux autres contemplatifs. Idem pour Maître Dogen, grand parmi les grands, du bouddhisme zen, qui devait désirer l'Absolu plus que ses propres maîtres, puisque, mécontent de ce qui lui était enseigné, il voyagea jusqu'en Chine pour y ramener au Japon ce qu'il croyait être le bouddhisme originel, le plus pur donc, débarrassé de toutes fioritures et ornementations superflues.

Ueshiba, lui-même, s'il s'était contenté de l'enseignement dispensé par ses premiers maîtres, puis par Takeda, n'aurait pas crée l'Aïkido, et puis, il ne se serait pas efforcé de perfectionner sans cesse son art, ceci jusqu'à la fin de sa vie. Il n'aurait pas crée l'Aïkido, s'il n'avait pas été mu par un désir miraculeusement presque insatiable de progrès. On voit donc que l'insatisfaction est motrice.

 

Une autre difficulté rejoint l'essence du budo. Il y est dit qu'il ne faut pas craindre la mort. Mais le vrai sens de cette idée et attitude à adopter dans le combat est éludé. Si la peur ne doit entraver ni la sérénité de l'esprit ni les mouvements corporels qui en découlent, c'est pour être plus efficace, donc pour rester en vie, et entier si possible. Il est donc normal de craindre la mort, car autrement, s'il était absolument indifférent de mourir, pourquoi se défendre ? Par conséquent, l'indifférence face à la mort est une stratégie utilisée, une méthode de concentration dont le but est de nous maintenir dans l'existence. L'indifférence n'est donc pas réelle mais jouée, et réelle sur le moment pourrait-on dire, par souci d'efficacité. Ueshiba accordait d'ailleurs une valeur toute particulière à la vie, car autrement, il n'aurait pas crée l'Aïkido, pas fait évoluer l'art qu'il tenait de Takeda vers un art se souciant de la vie même de ses adversaires.

 

Ici du reste, les adversaires se muent en partenaires malgré leur volonté de nuire, car l'Aïkido, art fondamentalement dialectique, transforme par la grâce de son mouvement la négativité en positivité, et l'aspect destructeur de l'antithèse (l'agresseur), qui voulait détruire la thèse (l 'agressé) est nié, mais l'essentiel en est préservé et assimilé à la thèse (l 'agressé) dans une harmonieuse et progressive synthèse ou il se trouve modifié et élevé au-dessus de ce qu'il était, avec la thèse elle-même. Ainsi, agresseurs et agressés évoluent, par la grâce d'un mouvement commun, dans le même temps et ensemble. Si d'autres arts martiaux se soucient de la vie des agresseurs, lequel sans soucie autant que de celle des agressés ? Et lequel a permis par ses techniques d'incarner ce souci altruiste, de le rendre effectif ? Si cultiver intellectuellement des idéaux de paix est un chose, les ressentir vraiment, y adhérer au fond de soi en est une autre, et l'Aïkido a cet effet réel d'apaisement. A t 'on le sentiment d'avoir accompli une bonne action au sortir d'une séance de musculation ? C'est loin d'être évident !

Au contraire, après un cours d'Aïkido - preuve s'il en fallait que cet art est en accord avec la vie, qu'il la sert- l'assurance d'avoir accompli quelque chose de bien ne laisse aucun doute : elle s'impose car elle se sent.

 

Evidemment, il y a toujours un revers. Le fait que l'usage de la force diminue en fonction des progrès accomplis décevra ceux qui recherchent une musculature saillante. Ils pourront pratiquer l'Aïkido, mais devront y associer un sport reconnu pour sculpter le corps, ou directement la musculation. Mais, c'est justement parce que l'Aïkido use si peu de la force qu'il est merveilleux, parce qu'il est fermeté tout en étant douceur, parce qu'il s'adapte à toute constitution, tout âge, et tout niveau de forme. C'est pour cela qu'un vieillard, un "nain", une femme peuvent réellement valoir, être bien plus efficaces même, que des hommes jeunes et robustes, ce qui n'est souvent que théorique, qu'une vue de l'esprit dans les autres arts martiaux. Même en judo, ou pourtant, l'usage de la force est censé être minime, il est douteux, pour ne pas dire inimaginable, qu'un vieux haut gradé judoka puisse rivaliser avec David Douillet. Tous les compétiteurs actuels se livrent d'ailleurs à des exercices spécifiques améliorant la qualité de leur musculature, et semblent ne pouvoir s'en passer. Ces exercices sont inutiles en Aïkido, qui semble avoir réalisé les desseins de Jigoro Kano, fondateur du Judo. Ne dit-on pas que Kano, à la vue de la pratique de l'Aïkido, s'exclama un jour : "Voici le Budo idéal", c'est-à-dire celui qu'il aurait aimé crée, perfection à laquelle il aspirait. Il envoya d'ailleurs quelques-uns de ses meilleurs élèves étudier auprès de Ueshiba. L'Aïkido, Budo idéal enfin réalisé : l'hommage le plus définitif, le plus émouvant de la part d 'un des plus grands maîtres du Budo, Jigoro Kano !

 

Conclusion.

 

L'accomplissement du Budo, son véritable sens, semble bel et bien prendre forme, vie et réalité dans l'Aïkido.

C'est un art de self-défense incluant le respect de l'adversaire. C'est un art qui sert la vie, glorifiant et continuant l'acte de Création en favorisant l'épanouissement du vivant, des hommes d'abord, mais par répercussion de toute créature vivante. C'est un art qui utilise des moyens appropriés à ses fins, qui n'use pas de force musculaire, adaptable à toute constitution, à tout sexe et à tout âge. C'est un art universalisable parce que ses principes ne contredisent aucune religion particulière, mais pouvant tout aussi bien emporter l'adhésion des athés, puisqu'il sert la vie avant tout et est à l'opposé de toute conception mortifère de l'existence qui n'accorderait à la vie qu'un rôle préparatoire, donc une valeur secondaire.

L'Aikido montre qu'il est possible de dépasser radicalement les présupposés originaux d'un domaine particulier et d'en modifier le sens. Il est une apothéose qui doit inspirer l'orientation de tout domaine. Par le grâce de son fondateur et de tous ceux qui participèrent à son avènement, l'aïkido a su renouveler l'esprit et la matière qui caractérisaient la pratique martiale, et il est parvenu à l'orienter naturellement vers l'harmonie et la paix, vers la vie.

Un germe de positivité, la possibilité de faire le bien, était présent dès les commencements mais immergé, non actualisé, dans les pratiques de combat à mains nues, pratiques barbares qui acquirent une dignité nouvelle lorsqu'elles eurent droit, du fait de leur polissage, à la qualification d'art.

C'était le signe d'un raffinement progressif des techniques et de l'esprit, l'accès à une dimension spirituelle, puisqu'on pouvait parler de tao, de voie à trouver et à réaliser par leur moyen.

Cependant, l'essentiel n'était pas accompli. Si l'esprit avait évolué, et si les techniques qu'il animait atteignaient une telle beauté, une telle précision, un tel mélange de complexité et de simplicité qu'elles participaient elles aussi à l'accomplissement du pratiquant, un fond violent en faussait l'intention, et l'esprit du pratiquant lui-même n'en sortait pas indemne, car par l'interaction constante de l'esprit et du corps, l'usage de techniques violentes a une influence rétroactive sur l'esprit qui en est la source. C'est pourquoi les maîtres doués des volontés les plus pacifiques restaient insatisfaits, comme prisonniers d'une contradiction, et c'est la raison pour laquelle beaucoup d'entre eux, après avoir atteint un niveau exceptionnel dans leur art, se retirèrent dans des monastères, des ermitages, et cessèrent complètement leur pratique.

Il fallait qu'un renversement total, sans retour possible, s'opérât, une transmutation définitive de toutes les composantes de la pratique. Cela, nous pensons, a été réalisé par l'aïkido, et les raisons principales de cette magnifique réalisation ont ici été exposés sommairement.

Cela paraîtra peut-être confus ou difficile, surtout si le lecteur intéressé par les rapprochements décide de plonger au cœur des textes de Bergson ou de Teilhard dont nous conseillons particulièrement le "Phénomène Humain". Mais, rien ne se fait sans effort, et si les vertus prodiguées par l'Aïkido se méritent, et sont la conséquence de l'implication physique et mentale sur le tatami, la compréhension intellectuelle de ses principes se mérite elle aussi, et c'est à ce prix que l'aïkidoka parviendra à saisir tous les enjeux de la voie qu'il s'est choisie.

Cette voie, l'aïkidoka l'a choisie parce que, correspondant aux aspirations profondes de tout être, lui a eu la chance de s'en rendre compte, et la volonté de faire le pas qui colorera gaiement sa vie, et en changera assurément la qualité.

Il doit donc être empli de gratitude envers le Fondateur, et envers tous ceux qui ont contribué à la maturation, et à l'expansion de son art. Et il doit remercier le sort qui lui a permis, avec le concours de sa liberté, d'être placé sur de bons rails, et dans de bonnes dispositions.

 

Quelques points importants.

 

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  • Il s'agit moins de supprimer tout désir, que de désirer du désir même de Dieu, ou de principes divins (proche de Spinoza). En ce sens, Ueshiba paraît plus proche du taoïsme ou du shintoïsme que du bouddhisme.
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  • Si l'Aïkido peut être amélioré, ce ne peut être que dans le sens de l'aïkido, c'est-à-dire dans le respect de ses principes. Tout ajout qui, par souci de synthèse, y apporterait de éléments qui en contrediraient l'esprit, le dénaturerait automatiquement, en corromprait l'essence, le dessein, et le résultat ne serait plus de l'Aïkido. Des tentatives ont été réalisé en ce sens (synthèse avec le judo et avec le karaté pour Hiroo Mochizuki et le Yoseikan Budo ; intégration de la compétition avec le Tomiki Aïkido par exemple, ou encore attachement rétrograde aux vieilles formes destructrices de l'aïkijutsu). Cela s'éloigne des volontés du fondateur.
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- Si les techniques sont fondamentales, elles ne sont qu'un moyen, pas la finalité de la pratique. Il existe quantité de "grands hommes", de bienfaiteurs de l'humanité, qui ne savent même pas ce qu'est un art martial. Elles ne sont donc pas indispensables, mais simplement une voie parmi d'autres. De plus Ueshiba a dit qu'un être qui verrait ce qu'il a vu, comprendrait ce qu'il a compris, ressentirait ce qu'il a ressenti, atteindrait son niveau en trois mois. Ce ne peut donc être une question technique, quantitative, puisque quarante années n'y suffiraient pas. Il ne peut donc s'agir que d'une expérience intuitive, qualitative, spirituelle.

 

 

Quelques pistes à explorer.

 

- Peut-on, non pas forcer, mais courber les lois naturelles ? (voir physique quantique et taoïsme).

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  • Comparaison avec le Taichi : On y absorbe l'énergie de l'adversaire pour mieux la rejeter, et non l'assimiler pour un progrès commun. Ainsi, l'adversaire y reste un adversaire, et ne devient pas un partenaire.
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  • Approfondissement de la dialectique Omote/Ura.
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  • Creuser la comparaison avec des auteurs Occidentaux classiques, comme Bergson (La Pensée et le Mouvant), ou Teilhard (Le Phénomène Humain), et des auteurs vivants éventuellement à contacter, ( Elie During, David Rabouin ou François Jullien).
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  • Un poème : "Vers dorés" de Nerval.
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  • Une anecdote personnelle.
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  • Ki et amour.
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  • Qu'est-ce que vivre pleinement l'instant présent?
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commentaires

C
Blog(fermaton.over-blog.com),No-24. THÉORÈME de SCHELLING. - Esprit et nature réconciliés.
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