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7 août 2014 4 07 /08 /août /2014 21:20

 

 

Je lisais un livre sur La Mettrie dernièrement "La Mettrie, un matérialisme radical", par Claude Morilhat.

Je désirai intégrer l'association des amis de La Mettrie, mais je n'ai trouvé aucune référence sur le net. D'origine Malouine et philosophe, comme moi du reste, je trouvai que La Mettrie n'était pas mis en valeur par sa ville qui, emplie de grands hommes, de Corto Maltese réels, d'écrivains, mais traditionnellement catholique et monarchiste, préfère louer les mérites de Chateaubriand, de Surcouf, de Lamennais, de Jacques Cartier, de La Bourdonnais, plutôt que ceux de Maupertuis ou La Mettrie.

Mais ce dernier, novateur exceptionnel par son matérialisme radical, était si extême qu'il choquait également les matérialistes les plus endurcis de son temps, à savoir Voltaire, Diderot, D'Holbach.

Sa lecture m'a enthousiasmé,

La même passion, le même côté provocateur coule dans mes veines.

Il n'est pas impossible, qu'en plus de partager une ascendance avec Jacques Cartier, Chateaubriand et Duguay Trouin, quelques gênes dominants de l'organisme La Mettrie ne m'est été transmis.

Moi qui avait mis en exergue de mon mémoire la formule choc de Darwin : "Celui qui comprendra le fonctionnement du babouin fera plus progresser la métaphysique que Locke" , et l'avait jetée à la face des professeurs spécialistes de l'idéalisme allemand, j'aurais sans doute été approuvé par La Mettrie qui, à n'en point douter, aurait été l'ardent défenseur des thèses Darwinienne.

 

Son matérialisme, dans la lignée d'Epicure et annonçant "L'homme neuronal" de Jean-Pierre Changeux, donnant à Onfray le titre d'un de ses essais "L'art de Jouir", pousse très loin le concept Cartésien d'animal automate, de corps réduit à un mécanisme, puisque La Mettrie l'applique non seulement au corps de l'homme, comme Descartes, mais à son âme, qui n'est que conscience provisoire et épiphénomène du corps, d'où le titre de son essai le plus connu "L'homme machine".

Puisque l'homme n'est homme que par son corps, tel homme par tel corps, que l'environnement ne modifie sa conscience qu'en tant qu'il altère son corps d'abord, on peut dire que l'homme n'est pas davantage que son corps, que le tout n'est pas plus que la somme de ses parties, comme chez Bergson, mais au contraire qu'il lui est complètement réductible.

Ainsi, adieu spiritualisme mais adieu aussi au matérialisme dialectique, à l'existentialisme, à l'existence prècède -mystérieusement-  l'essence, mais place au processus sans sujet, aux pures et sans restes déterminismes des situations.

Dans un tel contexte, il ne saurait plus y avoir ni survie de "l'âme" individuelle, ni libre-arbitre. Cela change-t-il quelque chose? Comprendre les criminels n'empêche pas la sanction, non pour leur responsabilité niée, mais pour éviter qu'ils ne nuisent.

Comprendre les processus chimiques inhérents à l'amour n'empêche pas d'aimer.

Un homme ne se suicide pas parce que la lecture des Stoïciens l'y incite, car s'il était heureux, il passerait outre, mais il se tue parce qu'il ne voit pas d'issue à une situation qu'il perçoit comme désespérée.

En bref, savoir, comme dit Spinoza, que "l'homme se croit libre parce qu'il est conscient de ses actions mais ignorant des motifs qui le déterminent à agir." n'empêche pas le monde de tourner. Simplement, progressant dans la connaissance, on ne peut plus faire comme si on ne savait pas, et l'on doit oeuvrer pour réformer les institutions et accéder à l'Ultra-humain, comme l'écrit Teilhard de Chardin, ou au transhumanisme comme l'on dit maintenant.

Si le corps fait l'homme, l'homme dans son humanité mais aussi dans son effroyable bêtise la plupart du temps, et personne n'y échappe totalement, alors un corps amélioré semble la solution idéale pour que cesse l'âge de pierre où nous sommes toujours.

Le matérialisme radical n'est d'ailleurs pas nécessairement incompatible avec l'humanisme, puisque le libre-arbitre ne lui est, à mon avis, pas nécessaire. Otons à l'homme sa liberté. Sa conscience, bien qu'éventuellement épiphénomène, a-t-elle disparue, ses oeuvres d'art, ses constructions ont-elles disparues, ses caractéristiques, la complexité du "Phénomène humain", ont-elles disparues? Eh bien non, tout cela reste en place.

 

La Mettrie a de belles formules.

"Les seuls philosophes qui méritent de la Patrie sont les médecins". Valorisation de la médecine, comme chez Descartes, mais La Mettrie était médecin et c'est par l'exercice de son métier qu'il comprit l'influence des processus physiologiques sur l'esprit, de l'organique sur la conscience, ce qui amorça peut-être, en tout cas fortifia sa vision du matérialisme et lui donna des arguments.

"Le matérialisme est l'antidote de la misanthropie". En effet, si l'on considère les hommes par rapport à une norme transcendante à laquelle ils doivent correspondre, se hisser, dans ce cas ils sont libres de le faire ou de ne pas le faire, car autrement il n'y aurait pas de devoir être, de devoir faire, alors comment ne pas les juger et mépriser?

Mais si on les considère comme des machines, allant comme elles peuvent jusqu'où elles peuvent selon leurs natures, leurs limites et la nécessité, sans liberté aucune, alors effectivement, le jugement fait place à la compréhension d'un enchaînement de causes et d'effets, triste mécanique menant le monde et les hommes comme des marionnettes, et il n'y a plus que de la pitié et une espèce de spectacle pathétique et grotesque.

 

Cette conception matérialiste et désillusionnée s'accorde mieux avec l'Epicurisme qu'avec le Stoïcisme. Le plaisir, la volupté sont le but de la vie, et l'ascétisme Stoïcien y est vivement critiqué comme trop dur, inhumain, désincarné. Les Stoïciens sont "sévères, tristes, durs". Ils ont fait "abstraction de leur corps".

La Mettrie respectait grandement Montaigne "le premier Français qui ait osé penser", mais lui reprochait de rester encore trop imprégné des doctrines Stoïciennes, "d'avoir cru, comme les Stoïciens, que la mort devait faire la principale étude d'un philosophe [...] La philosophie bien réglée conduit à l'amour de la vie, dont nous éloigne son fanatisme (car elle a le sien) ; mais enfin elle apprend à mourir, quand l'heure est venue."

 

 

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commentaires

C
Vraiment intéressant!<br /> Génial, votre blog.
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