4 février 2011
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16:00
J'ai tente de relire les commentaires de Mishima a propos du "Hagakure", celebre traite sur la facon dont doivent se comporter les guerriers. C'est surprenant comme me parait depasse, voire stupide tout ce qui m'enthousiasmait autrefois. La docilite, l'obeissance, l'indifference a la mort, la plupart des valeurs guerrieres du Samourai comme du chevalier me semblent infondees, contre-nature, mortiferes. Combien me semble plus sage un Celine, si pitoyable puisse t'il paraitre, qu'un Ernst Junger sans peur et sans reproches. Au moins Mishima s'est-il efforce a cette durete minerale, car il n'etait pas de ces brutes monolithiques au naturel, comme Kessel! Mais pourquoi gacher son potentiel vers des aberrations ? Lui qui s'est moque de la psychanalyse en avait bien besoin me semble t'il. Toutes ses obsessions, comme se sculpter un corps d'acier afin d'en faire offrande a la mort, c'est surprenant. Oui, il faut peut-etre, pour bien partir, meriter sa mort, comme le disait Edith Piaf, mais en vivant pour et de la vie, pas pour et de la mort. Il n'est pas jusqu'a son culte de la virilite, son mepris de la feminite, qui n'ait des antecedents nevrotiques, sorte d'interiorisation d'un modele, ideal du moi qui l'a empeche d'etre lui-meme, et d'accepter, d'assumer, voire de valoriser sa propre fragilite, sa sensibilite. Avec l'ideologie Samourai, il avait tout a portee de main pour renforcer son delire primordial et ses ramifications. Il a meme fonde un ordre, le "Tatenokai", la Societe du Bouclier, et a fini par le Seppuku. Mais la mort est toujours la mort, et comme l'a ecrit Yourcenar a son propos, il n'etait pas plus avance ainsi, le corps pantelant, inerte, un cadavre comme un autre. Son parcours me fait penser a mes errances, mes exercices d'endurcissement toujours plus intenses, mes bains froids, mon interet pour le suicide "a la Japonaise", ma fondation d'un ordre "les Tigres de Sparte", qui pretendait perpetuer l'Esprit Spartiate, en plus dur, avec un code, des conditions physiques a remplir, autant de perspectives qui m'ont conduit vers la legion, les paras, et meme a la mort, avant que par une revelation venue d'on ne sait ou, la nature en moi peut-etre, je compris mon erreur, et l'enchainement desastreux d'une vie desastreuse. Et je revins d'entre les morts, mais la readaptation au monde des vivants est toujours difficile, toujours en cours. Seulement maintenant elle porte ses fruits, de temps en temps.