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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 19:35

 

 Lorsque j'ai lu Henry Miller pour la première fois, j'étais dans ma période "littérature américaine".

J'avais lu les Fante père et fils, Bukowski, Toole, Harrison, Wolfe, Hemingway. Et j'avais trouvé un véritable alter ego en John Fante et son double, Arturo Bandini.

Ca avait été comme une révélation, fondée sur une immédiate connivence.

Les livres de Fante sont pleins de tendresse, d'humour, d'élan romantique, d'aspirations littéraires, et par-dessus tout d'humanité.

 

J'ai découvert Henry Miller l'année où Fante m'est devenu un être cher, et si j'ai été ébloui, dans un premier temps, par le passage du "Trolley ovarien"  par exemple, quelque chose m'a déplu, peut-être un ton méprisant qui stigmatise beaucoup d'hommes et qui pour moi exprime un manque de sagesse, c'est-à-dire d'une compréhension englobante des causes et des effets.

Malgré toute la finesse des vues de Henry Miller, et même l'expression de son génie qui émerge quasi constamment, un certain manque d'humanité, une certaine froideur, une distance condescendante me gênait. Mais cette vision personnelle sur l'homme et l'oeuvre concernait essentiellement "Tropique du Cancer" et "Tropique de Capricorne", et tout changea lorsque j'abordais la "Crucifixion en rose" par "Plexus". Quelles heureuses circonstances m'ont poussé à acheter ce livre ?

 

J'étais dans une librairie Française de Londres. Je naviguais entre divers classiques.

"Les Possédés" ? Plus envie ! "Guerre et Paix" ? Pas le moment ! "En Patagonie" ? Je trouvais que "Le chant des pistes" était surestimé. Dans le genre Ecrivains Voyageurs, je préfère "l'Usage du monde" de Bouvier par exemple.

 

Alors quoi ?

 Tiens, du John Irving, pourquoi pas ? Un peu de philosophie ? "Ainsi parlait Zarathoustra", auquel je reviens constamment, mais que je n'ai jamais pu finir ?

Non, quelque chose m'en empêche.

"Plexus", de Henry Miller ? Volume conséquent ; vais-je le lire ? En vaut-il la peine ?

J'hésite, mais sans doute, inconsciemment et combiné avec le fait qu'aucun autre livre ne me fait au moment plus envie, plusieurs motifs sont décisifs.

D'abord, malgré mes réticences, j'avais été subjugué par le brio, le génie, la dextérité, les aptitudes de Miller.

Ensuite, j'avais lu quelques mois avant la biographie de Thoreau par Gilles Farcet. Dans ce livre, qui m'a beaucoup apporté, et à la suite duquel j'ai lu "Walden", il y avait de nombreuses références à Henry Miller, de nombreux rapprochements entre lui et Thoreau, et aussi Kerouac, Snyder, les sages indiens et d'autres.

 

Donc, un ensemble de facteurs plus une bienheureuse intuition m'ont poussé à l'achat de "Plexus". Bien m'en a pris !

C'était le livre dont j'avais besoin, parfait en quelque sorte dans le sens où je ne pouvais imaginer meilleur livre. Il y existe une telle quantité de passages absolument merveilleux, absolument purs, que ça me donne envie de les lire à voix haute, de les partager ainsi, bien que je sois un pitoyable lecteur.

Pour un spectacle, ou une série de spectacles, cette seule oeuvre me suffirait, pas besoin d'en chercher d'autres.

Elle est telle que je ne peux ni la résumer, ni l'expliciter, je ne peux que la proposer au lecteur potentiel.

 

C'est d'ailleurs pourquoi je désire la lire publiquement, pour en faire profiter directement les hommes, les y amener.

 

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