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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 23:14


1 -Du fait de la spécificité de ce que l'aïkido s'efforce de trouver, l'efficacité proprement martiale met du temps à s'acquérir. C'est pourquoi, si l'on a besoin d'être rassuré physiquement, on ne doit pas hésiter à pratiquer un autre art martial, plus efficace à court terme, et on ne doit pas culpabiliser à la pensée de s'y exercer sous le prétexte qu'il serait moins évolué.
De plus, la conscience de la valeur de l'aïkido ne doit pas contribuer à l'édification d'un surmoi empiétant sur ses désirs véritables. Si l'on se force à la pratique de l'aïkido parce que l'on est attiré par son côté humaniste et spirituel, mais que l'on n'y trouve pas le plaisir réel que l'on éprouverait  par exemple dans l'exercice de la boxe ou du combat libre, il ne faut pas, je pense, s'y contraindre pour des motifs éthiques. Il faut aussi faire ce qu'on aime...

2-Il peut être intéressant de chercher à établir des ponts entre cet art et la pensée Occidentale. Il me semble notamment que les intuitions de Bergson développent de nombreux parallèles avec les perspectives développées par l'aïkido.
L'aïkido en quelque sorte, est le versant pratique de la théorie de l'évolution créatrice , la réalisation de certains moments de la pensée Bergsonnienne,  une création concrète d'imprévisible nouveauté...

3-Il est courant d'associer le zen à l'aïkido, presque comme si c'en était la philosophie officielle. Or, il n'y a pas, dans l'aïkido, la dévalorisation de la vie qui résulte inévitablement de l'idée que la distinction entre la vie et la mort est illusoire.
Ne pas craindre la mort pendant le combat n'est qu'un stratagème dont la finalité est de gagner en efficacité, donc de préserver sa vie et son intégrité. Il est donc naturel et légitime de craindre la mort, si l'on accorde une valeur spécifique à la vie. C'est d'ailleurs ce que pensait Ueshiba, sinon pourquoi s'efforcer de préserver de la destruction sa vie et celle d'autrui, et de sauver, en plus, toutes ses facultés?
De ce point de vue, il me semble que l'aïkido se rapproche davantage du Taoîsme et du Shintoisme que du Bouddhisme en général,  et plus précisément que du Bouddhisme Zen.

4-Dans les faits, la pratique de l'aïkido n'est pas aussi douce  que sa réputation le laisse entendre , elle ne va pas sans heurts. En réalité, elle peut être bien rude, et on peut se lasser des innombrables torsions de poignet et autres chutes claquées...

5-De par sa nature spirituelle, l'aïkido présente un danger de sectarisme.
Il entraîne dans sont sillage, en effet, de nombreux pseudo-gourous qui mélangent tous les plans, ne savent pas vraiment de quoi ils parlent, et confondent la spiritualité avec la pensée magique ( voir Kochi Tohei par exemple ).

 

6-Il est courant d'entendre dire que l'aïkido procure le parfait équilibre du corps et de l'esprit, la paix de l'âme.
En fait, c'est loin d'être suffisant. Rien de miraculeux à en attendre. Il a son rôle à jouer, et c'est déjà pas mal.

7- Comme on n'y emploie pas la force physique, qu'on y réalise l'idéal du Budo ( et du judo selon Jigoro Kano lui-même ),  qu'il n'y existe pas de compétitions, les catégories de poids, d'âge et se sexe sont absentes. On pratique avec tout le monde. L'aïkido doit fonctionner avec tous. C'est très bien, seulement tout avantage à sa contrepartie, et ce qui se gagne d'un côté se perd de l'autre.
Ainsi, le principe de non-opposition dispense les pratiquants d'une condition physique impeccable.
Par conséquent, et même si l'aïki est "physique", il ne faut pas en attendre un modelage sculptural du corps. Il faudra lui associer un autre type d'exercices pour ce but.

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