2 août 2014
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L'argumentation classique pour apaiser l'angoisse de la mort, qui consiste à dire que la mort n'est rien pour nous parce qu'elle ne nous concerne pas de notre vivant, et qu'elle ne nous concernera plus une fois mort ("la mort est un possible que la vie n'actualise jamais" écrivait Heidegger), me paraît très faible. Moi, vivant, j'angoisse à l'idée de ne plus vivre, et pleure mes morts.
Que m'importe qu'une fois hors du monde de la vie, je ne sois plus là pour percevoir quoi que ce soit. Je ne crains pas la mort par crainte des Dieux ou d'un châtiment. Si c'était le cas, je pourrais être apaisé par ce genre d'arguments. Mais je crains de ne plus vivre. J'aimerais vivre éternellement, ou, au moins, des milliers d'années pour vivre plusieurs vies, être rassasié, enfin las, et partir avec l'impression d'en avoir vu, goûté, appris, expérimenté, senti, vécu suffisamment.
De même, prétendre que la vie vaut la peine d'être vécue, ou doit être supportée, ou qu'elle est le seul bien parce que vie et valeur sont consubstantielles, et prétendre que la mort n'est pas un problème me semble contradictoire. Ecrire comme Marc-Aurèle que vivre 5,10 ou 100 ans, c'est du pareil au même me heurte. Si la vie est un bien potentiel, sa qualité mais aussi sa durée importe (voir sage Taoïste), et la mort qui nous l'enlève nécessairement est un mal, surtout si la mort arrivé prématurément, avant une actualisation satisfaisante des possibles.
Quant aux Stoïciens qui placent la vertu au-dessus de la vie, cela ferait bien rigoler les Epicuriens car toute la vertu de la vertu ne peut consister qu'à servir la vie, et n'est d'ailleurs que pas elle.