La tentation d'un fascisme culturel a tenté et tente tous les hommes exaspérés par le goût majoritaire. On parle souvent, à la suite de Bourdieu, de la souffrance des dominés, ignorant les codes de la culture dominante, mis hors jeu, mais jamais de la souffrance des êtres supérieurement cultivés qui souffrent d'isolement. Or, ceux qui dominent vraiment, ce sont les 95% d'ignares qui méprisent la culture. Les radios libres affligeantes, à la limite de la débilité profonde, les programmes de TV vulgaires et infantilisants, les arthur, coe, sebastien, dechavanne, naguy hanouna, y compris les animateurs censés relever le niveau comme ardisson, giesbert ou pivot et qui sont d'une bêtise crasse, les films les plus populaires, les musiques les plus abrutissantes, les écrivains comme marc lévy, guillaume musso, paulo coelho, laurent gounelle, jean d'ormesson,, qui se vendent le plus, le Dalaï-lama avec ses aphorismes niais, c'est ce qui domine.
Mais le passionné de Dreyer, de Pasolini, de Hume, de Bergson, de Balzac, de Dostoievski, de la pensée chinoise, de tout ce qui relève d'une certaine profondeur se retrouve seul et stigmatisé.
Comme La Mettrie aide alors. "Le matérialisme est l'antidote de la misanthropie"
Tous les efforts pour élever de force les hommes ont échoué, ce qui prouve qu'ils sont substantiellement étrangers à toute forme de hauteur. Seule une minorité, et ce dans tous les milieux, est sensible et réceptive à ce qui est bon, et ce depuis toujours.
Si l'on considère les hommes par rapport à une norme à laquelle ils doivent tendre, c'est désespérant et facteur de jugement. Si on les comprend selon le matérialisme mécaniciste, c'est-à-dire qu'ils font ce qu'ils peuvent faire, comme ils peuvent le faire, alors on comprend qu'un abruti comme Hanouna fasse ce qu'il fait, que des téléspectateurs apprécient cela etc
Comprendre mais pas juger, avec Spinoza, qui n'empêche pas l'homme supérieur, comme Spinoza l'était, de s'offusquer de la bêtise des gens. Peut-être la technologie, en modifiant le corps des hommes, parviendra enfin à leur faire franchir un bond décisif dans l'évolution, aussi fondamental que de la matière à la vie, de la vie à la conscience, de la conscience à la conscience réfléchie, et qui serait l'accession à ce que Teilhard de Chardin appelait l'ère de l'Ultra-humain.