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18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 16:21

J'aimerais apporter ma contribution pour les motifs du désintérêt croissant pour l'aïkido. J'ai moi-même arrêté la pratique cette année après environ une quinzaine d'années d'entraînements dans différents dojo (à Niort, Poitiers, Parthenay, Saint-Malo et Londres).

Même si cela me manque, j'éprouve une certaine lassitude. Je vais expliquer pourquoi.

D'abord la prétendue douceur de l'aïkido. En fait, l'aïkido est assez brutal. A force de chuter, et de subir des clés, on finit par s'abîmer.  J'ai pratiqué d'autres arts martiaux, dont le karaté, que j'ai trouvé bizarrement moins violent. Quant à l'esprit pacifique de l'aïkido, il est contestable car se défendre dans la rue avec un violent irimi nage, un nikyo ou un sankyo sur un type non entraîné fait plus de dégâts qu'employer un gyaku tsuki ou un mae geri chudan non appuyé.

Un autre point problématique, c'est la difficulté de le situer. On peut au départ être attiré par pleins d'aspects, l'esthétique, l'efficacité, le mysticisme, le plaisir des mouvements, mais tous ces aspects sont des leurres et s'avèrent décevants, pour moi en tout cas.

L'esthétique, on s'habitue, on ne la remarque plus.

Le plaisir, à force de répétitions, s'atténue. L'envie d'essayer autre chose, d'autres techniques, se fait sentir.

L'efficacité, on en doute. On aimerait bien quand même, après avoir beaucoup sué, savoir si nos techniques passeraient en cas d'agression. Il faut insister sur le fait que l'aïkido est aussi un art martial, et il doit donc être efficace, sinon, si on se désintéresse de l'efficacité, pourquoi ne pas faire que du zen, du taï chi, ou du yoga? Mais s'il n'est pas efficace, pourquoi passer son temps à projeter et passer des clés? Autant passer au muay thaï, au JJB, au silat ou au MMA!

La spiritualité/philosophie peut être un élément central de l'intérêt porté à l'aïkido. J'étais fasciné, adolescent, par la personnalité de Ueshiba et je pensais que la pratique conduisait à la paix intérieure. Las, le niveau d'Ueshiba semble inaccessible, si l'on en juge par les hauts gradés actuels. J'avais aussi l'impression, débutant, que les hakamas étaient sereins car ils dégageaient une sorte de sérénité dans leurs mouvements. En fait c'était illusoire, les aïkidokas étant aussi névrosés que tout un chacun, et la pratique de l'aïkido n'apporte aucune espèce de sagesse ou d'altruisme, malgré la publicité autour de ça.

Enfin, dernière critique, la mentalité de beaucoup d'aïkidokas, persuadés de faire le meilleur art martial, avec l'éthique la plus noble, méprisant les autres arts martiaux, et au final beaucoup plus égocentriques. Il m'est arrivé de m'entraîner plusieurs années dans un même club, et certains anciens ne connaissaient pas mon prénom, et les pratiquants ne demandaient pas de nouvelles si je m'absentais quelque temps. Dans tous les clubs de divers arts martiaux et sports de combat que j'ai fréquentés, l'ambiance était paradoxalement beaucoup plus chaleureuse et fraternelle. Au final, les rivalités, les conflits, les ego sont tout aussi présents dans le monde de l'aïkido si ce n'est plus.

Voilà. J'en ai un peu marre pour toutes ces raisons. Peut-être n'ai-je pas rencontré le prof qui m'aurait permis de garder la motivation, me permettant de franchir un niveau technique, ou de renouveler ma vision. O Sensei disait qu'un Ikkyo n'était jamais le même qu'un autre Ikkyo. J'avais l'impression inverse de faire toujours la même chose, répétant indéfiniment les mêmes kote gaeshi, les mêmes shiho nage etc

Mes centres d'intérêt actuels me portent davantage vers le JJB, Le MMA, le silat ou certains styles chinois tels le Pa kua et le Hsing I.

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27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 09:38

 

Le niveau technique et l'efficacité de Steven Seagal sont souvent contestés. On le compare à Van Damme. Mais si Van Damme a du charisme, et la condition physique, son niveau technique est assez faible. C'est plus un danseur qu'un pratiquant, et ses fameux titres sont des fake, ou des compet confidentielles sans valeur. Seagal est un vrai expert. Il est 7ème dan d'Aïkido, et il est reconnu par de nombreux maîtres, dont Dan Inosanto, ce qui n'est pas rien. Beaucoup de types qui sont passés entre ses mains disent qu'il est vraiment très bon. S'il est légitime de critiquer Franck Dux, qui ne montre jamais ses techniques, à part quelques mouvements à la portée de tous, les démo de Seagal sont accessibles et manifestent une connaissance et une dextérité bien réelles.

 

Dans le monde du MMA, on prend le parti de Bas Rutten qui se moque de Seagal. Mais en fait, si Kimbo demande de l'aide à Rutten, et Machida et Anderson Silva à Seagal, il y a une raison. En fait, Rutten n'apporte rien de neuf aux combattants actuel qui ont tous leur coach en boxe thai, en lutte et enJJB ! Par contre, Seagal leur apporte de la nouveauté, un savoir original, quelque chose qui peut enrichir leur façon de combattre.

Il est évident par exemple que Machida maîtrise le mae geri du karaté. Seagal lui montre donc une variation plutôt proche du wing chun. Est-ce un hasard si Silva puis Machida l'emportent successivement grâce à cette frappe?

Je pense que Seagal a encore beaucoup à apporter en MMA.

 

 

 

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25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 14:22

 

 Les films de Seagal ont popularisé l'aïkido. Je ne trouve pas qu'il mette l'aïkido en valeur, du point de vue technique et moral.

 

Techniquement, on pourrait faire beaucoup beaucoup mieux. Il suffirait de varier davantage les techniques, d'exprimer tout à la fois l'unité et la richess de l'aïkido, de ralentir de temps en temps les mouvements etc

 

Moralement, le but de l'aïkido est d'épargner l'intégrité de l'agresseur qui, comprenant qu'on peut le détruire mais qu'on le préserve volontairement, renonce à sa violence. C'est parce qu'on l'épargne qu'il est reconnaissant et abandonne toute vélléité de se battre.

Seagal détruit ses agresseurs si violemment qu'on ne voit pas pourquoi ils pourraient ne pas lui en vouloir, et progresser. En fait, ce qu'il montre, c'est tout l'inverse de l'aïkido.

 

 

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 20:20

L'Aïkido, une démarche qualitative.

 

 

Dissertation sur l'aïkido.

Quelques éclaircissements.

 

Un nombre important d'études ont été écrites sur l'aïkido. Celles-ci respectent, à ma connaissance, ce qui constitue sa spécifité. Mais, finalement, peu l'approfondissent réellement, et certaines, s'écartant quelque peu du sujet, s'en arrangent avec leur propre théorie, approchant l'aïkido sur un mode sectaire, le fusionnant avec une conception globalement ésotérique de la vie, parfois à la limite de l'obscurantisme, ce qui est dangereux pour la pérennité de l'aïkido, et son rayonnement. Il me semble que certains points de vue, contestables, doivent être discutés, soumis à la critique. Ce terme, critique, en choquera déjà quelques-uns car il évoquera pour eux le monde occidental, intellectuel et ratiocinateur, opposé au monde oriental, intuituif. Or, nous verrons que cette scission, souvent proposée comme un absolu, entre monde Oriental et monde Occidental, est moins tranchée, plus complexe qu'on ne le pense. Monde Occidental et monde Oriental, se ressemblent plus que nombre de pratiquants semblent le penser, et ils sont amenés à converger. Il est dommageable pour l'aïkido, qu'un nombre conséquent de ceux qui y puisent une source d'espérance, qui croient en la force, la pertinence de ses valeurs et de ses principes, cultivent paradoxalement un état d'esprit hostile à tout ce qui peut provenir d'Occident, ou qui à leurs yeux représentent le monde Occidental, et acquiescent sans douter à tout ce qui porte le sceau de l'Orient. Ainsi, philosophie, arts, sciences Occidentales sont souvent mal comprises et caricaturées ; et taoïsme, bouddhisme, hindouisme, confucianisme, shintoïsme, calligraphie, astrologie chinoise, yoga etc, sont acceptés en bloc, comme des évidences, et émettre un avis, sinon négatif, au moins sceptique vis-à-vis de l'une de ces tendances, est jugé présomptueux, caractéristique de l'esprit négateur du monde Occidental. Mais, entrons dans les détails.

 

Tout d'abord, si l'Orient et l'extrême-Orient étaient si sages, si équilibrés, grâce à leur sagesse millénaire, on se demande pourquoi la situation du peuple Chinois a permis l'émergence et le triomphe de Mao, pourquoi la Corée ceux de Kim ll-sung, pourquoi Pol-Pot au cambodge. On oublie l'oppression que le Japon a fait subir aux peuples qu'il voulait se soumettre, les centaines de milliers de femmes prostituées de force. Et puis, on n'insistera pas sur le système indien des castes, qui prend appui sur des principes religieux pour perpétuer les inégalités les plus terribles.

De plus, si, par exemple, la médecine orientale attire les occidentaux, et leurs traditions, arts et principes de vie en général, on méconnaît le fait que ce qui passionne un grand nombre d'orientaux, c'est le monde Occidental, avec ses arts, ses courants philosophiques, etc.

Chinois, Coréens, Japonais sont parmi les plus fins connaisseurs du répertoire de la musique classique européenne. Proust, Bergson, Simone Weil sont très appréciés des Japonais. L'école de Kyoto, dont la figure fondatrice est Nishida Kitaro, a centré son travail sur la réinterprétation de l'idéalisme allemand, c'est-à-dire Kant, Hegel surtout, mais aussi Fichte, Schelling, Husserl ou Heidegger, qu'elle a assimilé, intégré et associé aux conceptions plus proprement, plus particulièrement japonaises , dans la façon par exemple d'aborder la vie en communauté, ou la spiritualité, autour de notions telles que l'intersubjectivité, ou le "basho", terme signifiant approximativement le néant créateur. Voilà quelques considérations montrant que les valeurs et conceptions du monde supposées Occidentales, qui sont souvent présentées caricaturalement, comme le rationalisme, ou la dualité corps/esprit, sont rejetées en fonction d'une méconnaissance de ce qu'elles sont véritablement.

La rigueur démonstrative irrite beaucoup, mais on ne peut tricher avec elle, et elle est tout à fait compatible avec la valorisation d'une certaine forme d'intuition, dont la "prétention" à pouvoir coïncider avec la réalité davantage que les concepts ne le permettent, n'est pas nécessairement remise en cause. Simplement, il faut pouvoir en rendre raison, accepter au moins une tentative d'explication, sans laquelle aucun critère ne permet de distinguer les charlatans des véritables maîtres. Or, faire confiance, s'en remettre "corps et âme" si l'on peut dire, à un maître, n'a de sens que s'il l'est, peut l'être réellement. Ceux qui étudièrent, comme disciple interne, "ushi-deshi", auprès de Ueshiba, ont eu le bonheur d'être guidé par un homme sur lesquels tout le monde semble s'accorder, mais cet homme, ce maître, ne l'oublions pas, était exceptionnel, doué d'une aura tout à fait particulière. Ce qui le concernait ne touche qu'une extrême minorité de guides. D'ailleurs, ne l'appelait-on pas O Sensei, le Maître des maîtres ! Mais, pour un Ueshiba, combien de charlatans, qui se servent comme prétexte de l'argument que la connaissance conceptuelle, et conventionnelle, est impropre à saisir, restituer, faire vivre le réel, pour se débarrasser un peu vite de toute discussion, de toute possibilité critique, paravent efficace, pour ne pas avoir à se justifier, et abuser de disciples crédules. On voit donc ici que la rigueur démonstrative (soi-disant caractéristique d'une faiblesse de la démarche philosophique occidentale) est aussi nécessaire que l'usage des paraboles. Une autre comparaison que l'on établit souvent, entre Occident et Orient, concerne les rapports de l'âme et du corps. S'appuyant sur Descartes exclusivement, on porte un jugement sévère sur toute la philosophie occidentale, à laquelle on reproche d'avoir établi une séparation radicale entre le corps et l'Esprit. Mais Descartes n'est pas toute la philosophie, et celle-ci comprend également des courants monistes ou âme et corps relèvent d'une même Substance. De plus, les vues générales des divers courants Extrêmes-Orientaux, si elles considèrent que le travail du Corps a son importance, car il peut être véhicule et incarnation de l'Esprit, ou méthode pour s'y élever, établissent par là-même une distinction entre ce qu'elles jugent ressortir de la corruptibilité, le Corps, et appartenir au domaine de l'immuable, l'Esprit.

On peut en conclure que les mêmes tendances se trouvent dans les deux mondes.

Après ces quelques considérations, nous allons maintenant nous concentrer sur l'aïkido.

 

 

L'aïkido est l'apothéose, le point culminant d'une tendance particulière, consistant dans l'idée qu'une certaine pratique corporelle, axée sur la volonté et la nécessité d'être en mesure de se défendre physiquement, peut dans le même temps et paradoxalement développer la paix, l'harmonie en soi et autour de soi.

L'histoire des arts martiaux est fort longue et s'incarne en de multiples courants. Il existe sans doute un fonds commun à tous ces courants, un art indien ancien, le kalaripayat, comprenant un ensemble de techniques, d'où toutes les formes prises par la suite émaneraient. Très vite, cependant, des différences apparurent entre ceux qui, pragmatiques, ne visaient que l'efficacité, et ceux qui, sans nier leur fonction première, y associèrent d'autres aspirations, souci de bien-être, de santé, mise en place d'exercices dont la finalité était l'accroissement de la vitalité, permettant par exemple aux moines bouddhistes de méditer plus ardemment ( comme ceux qui furent crées par Boddhidharma pour les progrès des membres du temple Shaolin, comme le raconte la légende ).

A force de réflexions sur le sens de la pratique martiale, certains maîtres évoluèrent vers une conception altruiste de leur art, et tentèrent de propager l'idée que les pratiquants devaient servir la paix, se défendre, et défendre autrui des agressions, en épargnant, dans la mesure ou cela s'avérait possible, l'intégrité physique, intellectuelle, globale, de l'agresseur. A leur pratique, ils associèrent différentes tendances religieuses, comme le Taoïsme pour le Tai-chi-chuan, le Bouddhisme Zen ou le Shintoïsme pour certaines écoles japonaises de sabre. Ils spiritualisèrent donc leur art, spiritualité dont les progrès ne conservent cependant de véritable sens que par la pratique. Du souci exclusif de soi, de sa propre intégrité, de son propre bien-être, de son évolution personnelle, on est passé au souci de la protection et de l'épanouissement des autres agressés, ce qui est un progrès, puis au souci du sort des autres agresseurs, ce qui constitue un autre progrès, plus inattendu, et encore plus altruiste. Par ce progrès, les anciens guerriers rejoignirent la morale évangélique, le plus difficile n'étant pas d'entretenir des relations pacifiques avec ses amis, mais bel et bien de favoriser la réconciliation avec ses ennemis, voire, encore plus difficile, de les aimer.

Or, après avoir intégré, assimilé ses principes, il restait un problème, de taille, à résoudre. Comment développer concrètement l'Esprit pacifique, si les techniques martiales pratiquées comportent un aspect contredisant cette volonté de paix, si les techniques, de par leur forme, détruisent, ou humilient l'agresseur, aussitôt qu'elles sont effectuées ?

Avec la meilleure volonté du monde, la plupart des pratiquants d'arts martiaux ne pouvaient et ne peuvent toujours être en accord avec leur désir de paix. En effet, s'ils sont confrontés à la violence de telle façon qu'ils ne puissent y échapper, qu'ils soient contraints à l'affrontement physique, ils seront forcés de puiser dans un réservoir de techniques, dont, certes, la pratique leur a permis de fortifier leur corps, de renforcer leur assurance générale, mais dont l'application détruira provisoirement ou définitivement le corps, et plus généralement les diverses possibilités des agresseurs. Cela pour la simple raison que les techniques utilisées pour se forger le corps et l'esprit n'ont pas suivi l'évolution, les progrès de la conception de plus en plus altruiste de la pratique. Il y a donc un décalage, une inadéquation entre les dispositions intérieures de ceux qui désirent le bien de tous, et la matière dont ils disposent pour le réaliser. Ce n'est pas assez de vouloir le bien de ses ennemis. Il faut que ce bien dispose de moyens non contradictoires à sa réalisation. Il faut donc s'efforcer d'affiner, de préciser les techniques, de façon à ce qu'elles associent l'exigence nécessaire d'efficacité à la protection des agresseurs eux-mêmes, souci de protection remarquable et tout de même assez novateur dans la perspective purement martiale.

Lorsque les techniques seront orientées dans le sens de la paix et de l'harmonie, leur usage à des fins de légitime défense sera seul réellement et sans contestation possible légitime.

De plus, la violence entraîne la violence. Le seul moyen d'y mettre un terme, c'est, tout en adoptant une attitude ferme, implacable avec l'agresseur - car il n'est pas question d'en subir la folie - de s'assurer un contrôle de sa violence, contrôle qui, par le désir conscient de ne pas nuire associé à la grâce de la technique elle-même qui préserve l'intégrité physique, et intellectuelle, mais aussi la dignité de l'agresseur, en modifiera, avec lui mais comme malgré lui, la psychologie en profondeur. Implacable mais pas impitoyable, comme le disait maître André Nocquet, distinction essentielle qui laisse à l' être violent, en en garantissant l'intégrité, la possibilité d'une réorientation pacifique, et qui l'encourage même en cette voie par la sérénité tranquille de celui auquel il s'oppose, qui lui ne s'oppose pas, mais laisse passer, et guide l'intention de nuire et la force mal orientée.

Cet art, qui intégrerait l'éthique et la spiritualité au cœur même des techniques, nous en parlions comme s'il n'existait pas encore, comme l'idéal qu'il faudrait contribuer à incarner.

Mais il semble, cet art, avoir été crée ; peut-être serait-il préférable de dire qu'il fut reçu.

Un homme, historiquement déterminé, accumulant en lui et synthétisant le processus évolutif d'une voie particulière, est, on ne sait par quel prodige, par quel mystérieux dessein, concours de circonstances providentiel, parvenu à transmuter le matériau légué par des millénaires de laborieux perfectionnement. Cette situation extraordinaire n'ôte rien aux efforts que cet homme dut livrer pour accéder au rang de réceptacle de la Vie dans sa forme la plus haute, elle ne supprime pas les mérites nécessaires qui lui valurent ce don. Cet homme s'appelait Morihei Ueshiba ; il nomma son art "Aïkido", qui signifie littéralement "voie de l'harmonisation des "ki", donc des énergies", et qu'il est d'usage de transcrire par "voie de la divine harmonie" .

Ses disciples l'appelaient "O Sensei", ce qui signifie le "Maître des maîtres", et l'approbation était unanime. Les témoignages concordent pour tenter de dire l'indicible se manifestant sous leurs yeux.

La pratique de cet art emporte l'assentiment des incrédules, car alors quelque chose se passe, quelque chose se sent, et cette expérience éprouvée dans son corps, on ne peut la nier sans folie, et d'ailleurs, même les fous s'apaisent quand ils pratiquent cet art - peut-être leur permet-il, en les recentrant physiquement, de les rééquilibrer mentalement - ce qui est révélateur de l'harmonie dont il est expression et vecteur.

 

Ueshiba donc, fut formé à diverses disciplines, s'entraîna plus qu'aucun autre, accéda à la maîtrise des arts de destruction. Mais, parvenu au bout d'à peu près tout ce qu'on peut connaître dans le genre, et, de plus, doué d'une personnalité complexe et éprise d'Absolu, il ne pouvait se satisfaire de ce dont se contentent les âmes ordinaires, ou farouches mais non animés par l'esprit d'équité.

 

La transformation globale, de l'esprit et des techniques, est le résultat, d'ailleurs inachevé et toujours en cours, d'un travail incessant, d'une refonte continue. Mais il semble tout de même qu'il y eut une expérience révélatrice à l'origine du renversement des perspectives générales portées sur la vie et le monde, une prise de conscience du sens de la vie, qui est la vie même, donc de la nécessité de la servir, de favoriser sa perpétuation et son épanouissement par l'entremise de la protection des êtres vivants de qui la réalisation de la vie ne se dissocie pas.

Il faut protéger les créatures pour protéger la vie qui s'y affirme, qui s'y manifeste et s'y précise, qui s'y révèle. L'homme doit comprendre cela, et par la multitude accrue d'hommes qui le comprendront, le monde pourra enfin accéder à une ère nouvelle, une ère des bonnes volontés, ou les hommes contribueront à leur mutuel épanouissement, ou l'affirmation des uns ne se réalisera pas au détriment des autres, ou l'augmentation de la puissance d'agir, le passage à un degré de perfection supérieure procédera d'une unification des consciences, d'un progrès collectif qui n'exclura pas la liberté individuelle, mais bien au contraire la renforcera, en assurera les conditions de réalisation. L'aïkido sert cet idéal.

 

Les techniques d'aïkido sont instituées de telle façon que leur pratique influe sur l'esprit du pratiquant, même si celui-ci est animé au commencement de mauvaises intentions, car progresser en cet art implique une modification du rapport à son propre corps, du rapport à autrui par l'intermédiaire du corps d'autrui, et cette évolution corporelle, la disparition de blocages "biomécaniques" divers, la douceur contrôlée des gestes, leur fluidité et continuité sans heurts, l'incessant partage des rôles qui veut que celui qui réalise une technique en réponse à une saisie, à une frappe, la subira tout aussi régulièrement, le fait de ne pas s'opposer directement à la force, de ne pas se servir de la force musculaire et surtout d'y être obligé, puisqu'on ne peut progresser en aïkido qu'en intégrant les principes de non-opposition et en laissant l'usage de la force musculaire s'atténuer progressivement jusqu'à ce qu'elle se réduise à presque rien, juste ce qu'il faut pour se tenir debout et lever les bras, tout ceci explique pourquoi l'aïkido est une saine pratique, utile pour tous, qu'elle est source de bienfaits pour ceux-là même qui ne la considéraient au départ que comme un moyen d'accroître leur puissance individuelle à des fins égoïstes, au mépris de l'affirmation nécessaire des autres existences. Ainsi, la règle qui prévaut traditionnellement dans les milieux martiaux, qui veut que l'on n'y accepte que des disciples d'une bonne moralité, ne doit pas avoir cours en aïkido, ou au contraire l'on doit estimer logiquement que ce sont les êtres animés des plus mauvaises intentions qui ont le plus besoin de l'art qui permettra leur changement, la lente transformation de leurs penchants. Plutôt que d'opposer les bons et les mauvais membres d'une société, de façon irréductible, aidons les mauvais à devenir bons, et les bons à le rester. C'est par ailleurs par cette façon d'envisager les choses, que la société progressera réellement.

 

L'aïkido nous paraît être le plus humain des arts martiaux, le plus adapté aux particularités de l'homme. Dans nombre de pays asiatiques, il existe des traditions où les techniques s'inspirent des mouvements d'attaque et de défense des animaux, où elles sont modelées sur ces mouvements. Mais ceux-ci correspondent aux besoins et corps propres des animaux qui les utilisent. Même modifiés et adaptés à l'usage des hommes, ils conservent la marque de leur origine. On peut s'émerveiller de ce que l'homme puisse, par sa liberté, son indétermination native, se déterminer lui-même, et donc choisir librement de modeler ses mouvements sur ceux du serpent, ou sur ceux du tigre, de la grue blanche, de la mante religieuse, ou du dragon des légendes. Mais, on peut se dire qu'après tout, le mieux pour un tigre, ce qui est le plus utile à sa survie et à l'expansion de ses forces vitales, c'est d'utiliser ses propres armes, de se servir de ses bonds, de ses griffes et de sa mâchoire/gueule, et non pas de tenter de combattre à la manière des serpents, ce qui est valable pour le serpent. Or, eux n'ont pas le choix, ils suivent leur instinct. Leur réaction est directement, spontanément accordée à leur nature respective, à leurs propriétés corporelles. Le comportement de l'homme, par contre, n'est pas régi par un système unique de mouvements qu'il ne pourrait remettre en cause. Aussi lui est-il possible de s'inspirer de tel ou tel animal, ou bien, au contraire, de chercher ce que pourrait bien être, à quoi pourrait bien correspondre, un art fait pour l'homme, répondant à ses spécificités corporelles, psychiques, et idéologiques. Or, l'aïkido, qui ne vise nullement la domination d'un individu sur les autres, mais qui aide au contraire ses pratiquants à sortir des rapports de domination, qui exclue la force musculaire, et canalise l'agressivité, dont les mouvements guident plus qu'ils ne contraignent, et harmonisent l'attaquant et l'attaqué, la thèse et l'antithèse, la positivité et la négativité, dans une spirale d'où la synthèse émergente, tout en associant dans un mouvement commun les deux individualités, leur permettra à chacune d'aller au bout d'elles-mêmes, de développer et de sortir, de communiquer le meilleur d'elles-mêmes, fusion sans confusion des êtres qui s'harmonisent, l'aïkido donc, semble finalement être l'art qui correspond vraiment à la nature de l'homme, art qu'il a paradoxalement fallu chercher pour le faire émerger, la nature de l'homme étant ainsi faite qu'il doit lui-même trouver ce pour quoi il est fait, parce que son naturel n'étant pas fixé, il se doit de contribuer à sa propre définition, à sa propre édification, parce qu'il est le produit de ce qu'il veut être. Cependant, créature particulière, l'homme est aussi celui qui peut remonter consciemment à la connaissance et à l'intégration des principes qui meuvent le monde, qui le coordonnent, le maintiennent dans l'existence, l'animent, lui apportent cohérence et fécondité. Il peut exprimer ses principes, les favoriser, aider leur réalisation qui ne se fait pas sans peine. Libre, il est aussi intégré à l'Univers, et le mieux pour lui est qu'il associe sa liberté aux principes originaires d'harmonie qui luttent pour émerger du désordre et triompher de la souffrance. Sa liberté, il doit la mettre au service des forces de vie, non des forces de mort.

 

Un problème se pose. Si l'aïkido est le point culminant d'une tendance, son aboutissement, doit-on considérer toutes les autres traditions martiales, avec leurs coutumes, leurs habits, leurs techniques particulières, comme des arts dépassés, désuets, moins adéquats aux principes de vie, et donc à délaisser ou bien doit-on les considérer tout de même comme une richesse à préserver ?

Si l'aïkido doit seul rester (dans son domaine propre bien évidemment), n'est-ce pas une perte pour l'humanité, une réduction des possibilités qu'elle offre ?

Mais si, vraiment, cet art martial seul respecte ce qui est véritablement humain en l'homme, il serait sain que sa pratique s'impose progressivement aux hommes. Et puis, comme l'aïkido n'a/est pas surgi de rien, mais est comme le résultat de la maturation d'un long processus, résultat qui cependant a modifié la nature de ce dont il vient, on peut considérer que c'est l'essentiel des diverses traditions, ce qui mérite d'être conservé, qui est préservé dans l'aïkido et élevé au-dessus de ce qu'il était dans les arts antérieurs que l'Aïkido synthétise et renouvelle. La recherche de l'unité n'a donc pas sacrifié la richesse de la multiplicité, puisque celle-ci se retrouve dans l'unité, ce qui lui permet d'accéder à un niveau de perfection auquel elle n'aurait pu prétendre sans son intégration à l'unité, si elle était restée isolée.

 

Un point sur lequel on n'insiste pas assez, c'est la nécessité pour l'aïkido de converger avec tout ce qui concourt à améliorer les conditions de vie, de se mettre en relation avec les progrès des divers courants théologiques, philosophiques, politiques, scientifiques, artistiques. On a prétendu que Ueshiba se désintéressait de la politique. C'est possible parce qu'un homme ne peut s'intéresser à tout, s'il s'est choisi pour tâche d'approfondir une voie particulière, ou s'il a été choisi pour cette tâche. La politique reste néanmoins essentielle. Après tout, ce sont les avancées sociales qui permettent, et permettront à ceux qui ne le peuvent pas encore, de pratiquer l'aïkido, par exemple, ou de lire Bergson. L'ouvrier qui se tuait au travail quatorze heures par jour ne disposait ni du temps, ni de l'énergie, ni de l'envie suffisante pour pratiquer, ou s'intéresser aux concepts de durée, d'élan vital, ou bien encore de religion statique et dynamique.

Le loisir est nécessaire pour qui cherche à cultiver et approfondir son être, et il est même nécessaire à la plupart des hommes pour que naisse en eux ce désir de perfectionnement, pour qu'il émerge consciemment.

 

Un autre point litigieux concerne la philosophie. Les propos de Ueshiba sont parfois déformés. On se sert de l'idée que les mots sont des constructions conventionnelles pour discréditer l'entreprise philosophique. Cette critique correspond à une tradition que toutes les mystiques ont plus ou moins développées. Au Japon, le Zen a beaucoup travaillé sur ce problème. L'usage des "koan", formules rituelles absurdes censées provoquer l'illumination/l'éveil, dont une étape est la prise de conscience du ridicule de la prétention à saisir la vérité par les mots, participe de cet esprit. Cependant, si les mots n'avaient aucune utilité, on peut se demander pourquoi la nature en aurait pourvu les hommes, et si la recherche philosophique se résumait à du futile verbiage, pourquoi la nature leur aurait donné ce besoin ?

Ueshiba n'a jamais prétendu qu'il ne fallait pas penser, et seulement pratiquer ou se livrer à des exercices méditatifs. Il a dit qu'il ne le fallait pas, pendant la pratique. Les mots, insuffisants, sont néanmoins nécessaires !

De même, il y a une distinction à bien percevoir entre le fait qu'on ne peut ressentir le mouvement par les mots, et la possibilité de le dire, par les mots. Il ne faut pas confondre les deux tentatives. Si, effectivement, les propriétés conceptuelles s'avéraient incapables de faire ressentir le mouvement, cela ne signifierait pas qu'il s'en ensuivrait logiquement que les mots ne pourraient dire ce qu'il est. Or, les pratiquants ne conservent trop souvent que l'aspect physique de l'art, comme ils ne conservent du Budo que son aspect martial, oubliant que l'idéal du Budoka était proche de celui des Grecs : "Un Esprit sain dans un Corps sain". Les "arts de l'esprit" comme la poésie, la calligraphie, l'étude de diverses tendances religieuses, étaient aussi essentielles que la pratique du sabre, du tir à l'arc, ou de l'équitation, le but étant de former des êtres complets. La philosophie est souvent considérée comme une inutile complication de l'existence, critique qui n'est pas entièrement infondée, et jugée difficilement accessible, obscure, ce qui est parfois vrai. Mais elle n'est pas que cela !

Souvenons-nous d'une phrase d'Agueev : " La platitude réside dans la tendance à mépriser ce qu'on ne comprend pas". Cela nous évitera bien des rejets rapides, et tachons de nous orienter dans l'immense matériau, plus ou moins vivant, qu'elle nous propose.

 

Ainsi, il nous semble exister une relation assez extraordinaire entre la philosophie Bergsonienne et l'Aïkido. Les thèmes de la Création, de la vie, de l'intuition, et puis la durée, le mouvement, le changement, la spiritualité, la mystique, telles qu'ils sont définis par Bergson, semblent s'accorder à l'œuvre de Ueshiba. Si Ueshiba avait pu choisir la traduction philosophique de l'Aïkido, c'est certainement du côté de "l'Essai sur les données immédiates de la conscience", de "l'Evolution Créatrice", de la "Pensée et le Mouvant", qu'il se serait tourné. Nous n'entrerons pas ici dans les détails, et n'insisterons pas non plus sur les rapports nombreux qui existent entre l'Aïkido et l'œuvre de Teilhard de Chardin, qui paraissent aussi converger, et qu'une mise en parallèle pourrait mutuellement féconder [ notion de Panthéisme d'union, de centre, de Centre des centres, d'union différenciante (ce n'est pas par l'isolement, mais par l'union avec autrui qu'on donne le meilleur de soi, qu'on va au bout de soi-même), d'ascèse de traversée (Ueshiba, comme Teilhard, n'étaient pas de purs contemplatifs ; ils ont apporté beaucoup au monde), puis insistance sur la nécessité de changer les mentalités, de convertir les rapports de domination en rapports de progression n'excluant personne etc… ]

 

Il est intéressant, aussi, d'appuyer sur quelques points qui posent problème.

Des corrélations sont souvent établies entre bouddhisme et Aïkido. Mais Ueshiba, comme tout Japonais, était nourri de nombreuses autres influences, parmi lesquels le bouddhisme, mais aussi le taoïsme et le shintoïsme.

L'idée bouddhiste selon laquelle l'homme doit vaincre tout désir, puisque celui-ci est à l'origine de la souffrance, omet la face positive du désir, puisque celui-ci est à l'origine de la joie. Il est de plus, la vie même, et Ueshiba, comme nous allons le voir, n'avait pas une conception mortifère de l'existence. L'idée que toute satisfaction d'un désir quelconque n'est que partielle et provisoire ne signifie pas qu'il soit vain de l'accomplir, car cette satisfaction servira de point d'ancrage, de repères, de jalons pour les avancées futures.

Et puis, si l'on y réfléchit bien, c'est parce que Bouddha était un être qui ne se satisfaisait pas de ce qui suffisait à combler les autres, et que son angoisse métaphysique et son désir de la résoudre surpassaient ceux des ascètes qui l'entouraient, qu'il émergea de l'expérience commune aux autres contemplatifs. Idem pour Maître Dogen, grand parmi les grands, du bouddhisme zen, qui devait désirer l'Absolu plus que ses propres maîtres, puisque, mécontent de ce qui lui était enseigné, il voyagea jusqu'en Chine pour y ramener au Japon ce qu'il croyait être le bouddhisme originel, le plus pur donc, débarrassé de toutes fioritures et ornementations superflues.

Ueshiba, lui-même, s'il s'était contenté de l'enseignement dispensé par ses premiers maîtres, puis par Takeda, n'aurait pas crée l'Aïkido, et puis, il ne se serait pas efforcé de perfectionner sans cesse son art, ceci jusqu'à la fin de sa vie. Il n'aurait pas crée l'Aïkido, s'il n'avait pas été mu par un désir miraculeusement presque insatiable de progrès. On voit donc que l'insatisfaction est motrice.

 

Une autre difficulté rejoint l'essence du budo. Il y est dit qu'il ne faut pas craindre la mort. Mais le vrai sens de cette idée et attitude à adopter dans le combat est éludé. Si la peur ne doit entraver ni la sérénité de l'esprit ni les mouvements corporels qui en découlent, c'est pour être plus efficace, donc pour rester en vie, et entier si possible. Il est donc normal de craindre la mort, car autrement, s'il était absolument indifférent de mourir, pourquoi se défendre ? Par conséquent, l'indifférence face à la mort est une stratégie utilisée, une méthode de concentration dont le but est de nous maintenir dans l'existence. L'indifférence n'est donc pas réelle mais jouée, et réelle sur le moment pourrait-on dire, par souci d'efficacité. Ueshiba accordait d'ailleurs une valeur toute particulière à la vie, car autrement, il n'aurait pas crée l'Aïkido, pas fait évoluer l'art qu'il tenait de Takeda vers un art se souciant de la vie même de ses adversaires.

 

Ici du reste, les adversaires se muent en partenaires malgré leur volonté de nuire, car l'Aïkido, art fondamentalement dialectique, transforme par la grâce de son mouvement la négativité en positivité, et l'aspect destructeur de l'antithèse (l'agresseur), qui voulait détruire la thèse (l 'agressé) est nié, mais l'essentiel en est préservé et assimilé à la thèse (l 'agressé) dans une harmonieuse et progressive synthèse ou il se trouve modifié et élevé au-dessus de ce qu'il était, avec la thèse elle-même. Ainsi, agresseurs et agressés évoluent, par la grâce d'un mouvement commun, dans le même temps et ensemble. Si d'autres arts martiaux se soucient de la vie des agresseurs, lequel sans soucie autant que de celle des agressés ? Et lequel a permis par ses techniques d'incarner ce souci altruiste, de le rendre effectif ? Si cultiver intellectuellement des idéaux de paix est un chose, les ressentir vraiment, y adhérer au fond de soi en est une autre, et l'Aïkido a cet effet réel d'apaisement. A t 'on le sentiment d'avoir accompli une bonne action au sortir d'une séance de musculation ? C'est loin d'être évident !

Au contraire, après un cours d'Aïkido - preuve s'il en fallait que cet art est en accord avec la vie, qu'il la sert- l'assurance d'avoir accompli quelque chose de bien ne laisse aucun doute : elle s'impose car elle se sent.

 

Evidemment, il y a toujours un revers. Le fait que l'usage de la force diminue en fonction des progrès accomplis décevra ceux qui recherchent une musculature saillante. Ils pourront pratiquer l'Aïkido, mais devront y associer un sport reconnu pour sculpter le corps, ou directement la musculation. Mais, c'est justement parce que l'Aïkido use si peu de la force qu'il est merveilleux, parce qu'il est fermeté tout en étant douceur, parce qu'il s'adapte à toute constitution, tout âge, et tout niveau de forme. C'est pour cela qu'un vieillard, un "nain", une femme peuvent réellement valoir, être bien plus efficaces même, que des hommes jeunes et robustes, ce qui n'est souvent que théorique, qu'une vue de l'esprit dans les autres arts martiaux. Même en judo, ou pourtant, l'usage de la force est censé être minime, il est douteux, pour ne pas dire inimaginable, qu'un vieux haut gradé judoka puisse rivaliser avec David Douillet. Tous les compétiteurs actuels se livrent d'ailleurs à des exercices spécifiques améliorant la qualité de leur musculature, et semblent ne pouvoir s'en passer. Ces exercices sont inutiles en Aïkido, qui semble avoir réalisé les desseins de Jigoro Kano, fondateur du Judo. Ne dit-on pas que Kano, à la vue de la pratique de l'Aïkido, s'exclama un jour : "Voici le Budo idéal", c'est-à-dire celui qu'il aurait aimé crée, perfection à laquelle il aspirait. Il envoya d'ailleurs quelques-uns de ses meilleurs élèves étudier auprès de Ueshiba. L'Aïkido, Budo idéal enfin réalisé : l'hommage le plus définitif, le plus émouvant de la part d 'un des plus grands maîtres du Budo, Jigoro Kano !

 

Conclusion.

 

L'accomplissement du Budo, son véritable sens, semble bel et bien prendre forme, vie et réalité dans l'Aïkido.

C'est un art de self-défense incluant le respect de l'adversaire. C'est un art qui sert la vie, glorifiant et continuant l'acte de Création en favorisant l'épanouissement du vivant, des hommes d'abord, mais par répercussion de toute créature vivante. C'est un art qui utilise des moyens appropriés à ses fins, qui n'use pas de force musculaire, adaptable à toute constitution, à tout sexe et à tout âge. C'est un art universalisable parce que ses principes ne contredisent aucune religion particulière, mais pouvant tout aussi bien emporter l'adhésion des athés, puisqu'il sert la vie avant tout et est à l'opposé de toute conception mortifère de l'existence qui n'accorderait à la vie qu'un rôle préparatoire, donc une valeur secondaire.

L'Aikido montre qu'il est possible de dépasser radicalement les présupposés originaux d'un domaine particulier et d'en modifier le sens. Il est une apothéose qui doit inspirer l'orientation de tout domaine. Par le grâce de son fondateur et de tous ceux qui participèrent à son avènement, l'aïkido a su renouveler l'esprit et la matière qui caractérisaient la pratique martiale, et il est parvenu à l'orienter naturellement vers l'harmonie et la paix, vers la vie.

Un germe de positivité, la possibilité de faire le bien, était présent dès les commencements mais immergé, non actualisé, dans les pratiques de combat à mains nues, pratiques barbares qui acquirent une dignité nouvelle lorsqu'elles eurent droit, du fait de leur polissage, à la qualification d'art.

C'était le signe d'un raffinement progressif des techniques et de l'esprit, l'accès à une dimension spirituelle, puisqu'on pouvait parler de tao, de voie à trouver et à réaliser par leur moyen.

Cependant, l'essentiel n'était pas accompli. Si l'esprit avait évolué, et si les techniques qu'il animait atteignaient une telle beauté, une telle précision, un tel mélange de complexité et de simplicité qu'elles participaient elles aussi à l'accomplissement du pratiquant, un fond violent en faussait l'intention, et l'esprit du pratiquant lui-même n'en sortait pas indemne, car par l'interaction constante de l'esprit et du corps, l'usage de techniques violentes a une influence rétroactive sur l'esprit qui en est la source. C'est pourquoi les maîtres doués des volontés les plus pacifiques restaient insatisfaits, comme prisonniers d'une contradiction, et c'est la raison pour laquelle beaucoup d'entre eux, après avoir atteint un niveau exceptionnel dans leur art, se retirèrent dans des monastères, des ermitages, et cessèrent complètement leur pratique.

Il fallait qu'un renversement total, sans retour possible, s'opérât, une transmutation définitive de toutes les composantes de la pratique. Cela, nous pensons, a été réalisé par l'aïkido, et les raisons principales de cette magnifique réalisation ont ici été exposés sommairement.

Cela paraîtra peut-être confus ou difficile, surtout si le lecteur intéressé par les rapprochements décide de plonger au cœur des textes de Bergson ou de Teilhard dont nous conseillons particulièrement le "Phénomène Humain". Mais, rien ne se fait sans effort, et si les vertus prodiguées par l'Aïkido se méritent, et sont la conséquence de l'implication physique et mentale sur le tatami, la compréhension intellectuelle de ses principes se mérite elle aussi, et c'est à ce prix que l'aïkidoka parviendra à saisir tous les enjeux de la voie qu'il s'est choisie.

Cette voie, l'aïkidoka l'a choisie parce que, correspondant aux aspirations profondes de tout être, lui a eu la chance de s'en rendre compte, et la volonté de faire le pas qui colorera gaiement sa vie, et en changera assurément la qualité.

Il doit donc être empli de gratitude envers le Fondateur, et envers tous ceux qui ont contribué à la maturation, et à l'expansion de son art. Et il doit remercier le sort qui lui a permis, avec le concours de sa liberté, d'être placé sur de bons rails, et dans de bonnes dispositions.

 

Quelques points importants.

 

  •  

  • Il s'agit moins de supprimer tout désir, que de désirer du désir même de Dieu, ou de principes divins (proche de Spinoza). En ce sens, Ueshiba paraît plus proche du taoïsme ou du shintoïsme que du bouddhisme.
  •  

     

  • Si l'Aïkido peut être amélioré, ce ne peut être que dans le sens de l'aïkido, c'est-à-dire dans le respect de ses principes. Tout ajout qui, par souci de synthèse, y apporterait de éléments qui en contrediraient l'esprit, le dénaturerait automatiquement, en corromprait l'essence, le dessein, et le résultat ne serait plus de l'Aïkido. Des tentatives ont été réalisé en ce sens (synthèse avec le judo et avec le karaté pour Hiroo Mochizuki et le Yoseikan Budo ; intégration de la compétition avec le Tomiki Aïkido par exemple, ou encore attachement rétrograde aux vieilles formes destructrices de l'aïkijutsu). Cela s'éloigne des volontés du fondateur.
  •  

- Si les techniques sont fondamentales, elles ne sont qu'un moyen, pas la finalité de la pratique. Il existe quantité de "grands hommes", de bienfaiteurs de l'humanité, qui ne savent même pas ce qu'est un art martial. Elles ne sont donc pas indispensables, mais simplement une voie parmi d'autres. De plus Ueshiba a dit qu'un être qui verrait ce qu'il a vu, comprendrait ce qu'il a compris, ressentirait ce qu'il a ressenti, atteindrait son niveau en trois mois. Ce ne peut donc être une question technique, quantitative, puisque quarante années n'y suffiraient pas. Il ne peut donc s'agir que d'une expérience intuitive, qualitative, spirituelle.

 

 

Quelques pistes à explorer.

 

- Peut-on, non pas forcer, mais courber les lois naturelles ? (voir physique quantique et taoïsme).

  •  

  • Comparaison avec le Taichi : On y absorbe l'énergie de l'adversaire pour mieux la rejeter, et non l'assimiler pour un progrès commun. Ainsi, l'adversaire y reste un adversaire, et ne devient pas un partenaire.
  •  

     

  • Approfondissement de la dialectique Omote/Ura.
  •  

     

  • Creuser la comparaison avec des auteurs Occidentaux classiques, comme Bergson (La Pensée et le Mouvant), ou Teilhard (Le Phénomène Humain), et des auteurs vivants éventuellement à contacter, ( Elie During, David Rabouin ou François Jullien).
  •  

     

  • Un poème : "Vers dorés" de Nerval.
  •  

     

  • Une anecdote personnelle.
  •  

     

  • Ki et amour.
  •  

     

  • Qu'est-ce que vivre pleinement l'instant présent?
  •  

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 20:17

DE L’AIKIDO OU DE L’INCARNATION DE L’IDEE PLATONICIENNE

ET DE LA MANIFESTATION ENFIN CONCRETE

ET APPLICABLE DE L’IDEAL CHRETIEN

 

 

AIKIDO, art magnifique, dont je loue les mérites qui ne le seront jamais assez, tu es une des émanations les plus parfaites de ce qui est bien, bon et grand. Tu donnes enfin à l’idée platonicienne sa preuve la plus évidente. Car UESHIBA ne t’a pas créé, tu existais déjà, forme parfaite qu’il fallait atteindre. UESHIBA s’est mis en état de recevoir, et il t’a senti. La grâce qu’il portait et ses facultés lui ont permis de t’extérioriser et de l’invisible te passer au visible. Les autres arts martiaux sont tous des créations plus ou moins complexes, plus ou moins attractives, mais toi es ce qu’il fallait sentir. Car où est le défaut ? Ni éthiquement, ni philosophiquement, ni physiquement, tu n’as de faille. Evidemment, il faut un corps pour te pratiquer, mais ce corps invalide qui nous entrave s’il est infirme ne nuit en rien à la perfection de ta forme.

 

Il existe des arts martiaux appelés l’art du tigre, d’autres l’art du dragon, ou du singe, ou de l’ours. Mais le tigre ne serait-il pas ridicule à vouloir imiter l’homme ? Et à un homme ne fallait-il pas un art spécifiquement humain, c’est-à-dire participant de la qualité la seule vraiment représentative de notre condition, à savoir celle permettant de sortir du cercle dont les animaux sont tous des victimes, et nous-mêmes avant que d’en être sortis, c’est-à-dire du cercle des dominants-dominés, cercle dont les rapports sont dépassables par nous seulement et qu’il faut donc dépasser, car tel est notre devoir. Ainsi, tous les autres arts ont et gardent ce côté violent de la domination, et pour cause, leurs techniques même les obligeant, car tous s’apparentent au karaté détruisant par les coups, au judo humiliant par les techniques très bestiales et rappelant la soumission ou au mieux au tai-chi-chuan qui seul peut croire rivaliser avec l’aïkido, mais si l’objectif est, comme en aïkido, d’absorber l’énergie de l’adversaire, c’est pour l’en mieux projeter, et là il en diffère totalement ! Le tai-chi-chuan associe pour mieux séparer, l’aïkido associe pour ne faire qu’un de deux éléments séparés, sublime les différences et améliore, fait avancer les protagonistes ensemble, dans un même mouvement. Ainsi, l’aïkido seul efface les antagonismes et appelle l’homme à Dieu. Car il y a une fabuleuse spécificité de l’aïkido, qui se démarque des autres arts " pacifistes ", dont le message et le but sont les mêmes –la formation de l’homme, la maîtrise de soi, la compassion- mais qui se prêtent en dernier recours aux techniques violentes contredisant par là-même d’une façon ou d’une autre leurs messages.

 

L’aïkido, lui, utilise des techniques qui en plus de leurs mérites d’être non violentes et non conflictuelles sont amenées par leur essence même à changer directement la psychologie et les intentions de l’agresseur. Et c’est cela qui est merveilleux, car non seulement, il s’agit de se défendre sans nuire à l’adversaire dangereux, mais en plus de faire prendre conscience à cet adversaire de la vanité, de la futilité de son attaque et finalement de lui montrer qu’il n’est pas cet adversaire qu’il croyait être mais un ami dont on a compris les angoisses et qui grâce à cette compréhension va se mettre lui aussi à aimer et comprendre les autres.

 

Et c’est là que j’en appelle au Christ. Car je ne sais s’il y a eu de la part de UESHIBA connaissance de son enseignement mais les deux attitudes sont étonnantes de ressemblance : même message d’amour appuyé. En effet, qu’un chrétien soit confronté à ce dilemme du pacifisme absolu : comment se défendre physiquement sans trahir le message du Christ ? Qu’il soit soulagé, ce dilemme n’existe plus ! Jésus avait raison sur l’amour et sur la vie, la seule façon d’aimer vraiment, c’est de se sacrifier, il a montré l’exemple. Il a fait ce qu’il devait et a inspiré beaucoup d’hommes. C’est évidemment le message idéal. Mais 2000 ans ont passé et nous ont montré une vérité : que l’homme n’était pas prêt ! Et comme je le comprends, car est-il facile de se sacrifier, donner sa vie, son corps, quand on ne sait pas si Dieu existe réellement et plus encore quand on pense que son existence est indémontrable, ce qui nous condamne donc à l’incertitude et au doute permanent. Facile, j’ai employé ce mot pour dire que ça ne l’était pas, mais ce mot est faible car le sacrifice n’est ni facile, ni difficile, il est ce qui est de plus difficile. Et donc l’homme n’était pas prêt… Aussi, désormais, il nous est permis d’avoir des principes, de nous défendre, si besoin était, sans les renier, et encore d’amener cet homme néfaste qui nous agresse, maintenant maîtrisé et désarmé, à nous suivre dans cette voie qui recherche l’amour, et le professe avec largesse. Ainsi l’homme commun qui se voit une issue au problème de violence et ne renie pas ses idéaux de paix, doit remercier UESHIBA, qui est un autre " celui qui a su trouver ".

 

Le budo japonais est l’aboutissement des arts martiaux d’Orient. L’aïkido est l’aboutissement du budo japonais. Mais il est aussi un excellent moyen de se constituer un bon physique, il est donc un sport. Et je pense affirmer qu’il est le meilleur sport au monde. En effet, non brusque, sans heurts, il ne présente pas, comme la plupart des sports, une atteinte à l’intégrité physique du pratiquant. Ses mouvements sont doux, amples, mais précis et énergiques ; les jambes sont légèrement pliées et à force d’être mues, elles deviennent sûres et puissantes, elles s’assouplissent, deviennent dynamiques ; le corps est droit ; les bras décrivent des mouvements larges, les poignets deviennent puissants, les bras plus forts, la cage thoracique se développe, la posture ainsi utilisée travaille l’énergie, les muscles se détendent, les nerfs se dénouent. Cet art donc, et tout cela sans dommage pour la santé, muscle, assouplit, développe l’énergie, la vitalité, et équivaut par le bienfait qu’il procure et la sensation que l’on éprouve à la fin d’une séance au meilleur des massages. Voilà après l’aspect spirituel, pour le côté physique.

 

L’aspect esthétique n’est pas en reste dans cet art dont les mouvements tournoyants, en spirale, sont magnifiques. Il ressemble à un ballet et évoque les danses fabuleuses des mystiques soufis, les derviches tourneurs.

 

Voilà pour cet art merveilleux qui réunit toutes les qualités qui vont lui permettre, je l’espère, de devenir un des arts phares du XXIème siècle. Mais il faut se souvenir qu’en aucun cas l’aïkido ne peut être suffisant. Il lui faut associer un enseignement intellectuel car aucune technique, aucun art n’est si parfait qu’il peut se suffire à lui-même. Il faut un but et ne jamais perdre ce but de vue. Le but sans la pratique n’est rien ; la pratique sans le but n’est rien non plus. 1999/2000

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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 12:25

 

Je precise tout d'abord que ce texte ne comporte pas d'accents parce qu'il est ecrit de Londres, donc d'un clavier anglais!

 

  Je crois avoir compris ce que voulait dire Ueshiba, lorsqu'il pretendait etre l'Univers lui-meme, et que si on l'attaquait, on attaquait l'Univers, et donc qu'on ne pouvait le vaincre,

Pendant des annees, j'ai essaye de comprendre ses paroles intellectuellement aussi bien qu'en pratiquant et leur sens m'a toujours echappe.

Mais il me semble les avoir compris hier, physiquement. En fait, mon erreur avait ete de chercher une explication mystique,  esoterique, metaphysique de ce qui en fait etait evident d'un point de vue concret, reel.

 

 M'entrainant depuis longtemps dans divers arts martiaux, ameliorant mes competences martiales, je travaillais mes frappes, comme souvent, hier. Je les variais, utilisant les principes de la boxe un moment,  ceux du karate shotokan un autre moment,affinant les sensations lorsque par reaction, je pensais a l'aikido, et voila que m'est apparu la verite des paroles d'Ueshiba, dans leur simplicite.

En fait, il faut prendre ses paroles au serieux. Lorsqu'il disait que la puissance en aikido n'est pas limitee, qu'elle egale l'Univers, c'est a prendre au premier degre.

 

La puissance developpee par un tsuki peut s'augmenter mais elle restera si faible, comparee aux puissances de l'Univers, l'energie generee si limitee!

Meme dans le monde animal, on se fera toujours surpasser, en terme de puissance,a ce compte la.

 

Les principes de non-opposition du judo s'approchent plus des principaux aiki, mais si on utilise la force de l'agresseur, si quand "il tire, on pousse, et quand il pousse, on tire", il reste de l'opposition,du face-a-face, de la resistance,et donc une limite tres concrete a la puissance developpee.

Un petit gabarit ne fera pas chuter Teddy Riner s'il ne le veut pas. Et qu'est-ce qu'une technique qui bloque face a 130 kg, a laquelle 130 kg pose probleme?

 

Comment passer de cette limitation extreme a la puissance,absolue en quelque sorte, de l'Univers lui-meme? Et, si l'on y parvient, qui pourrait vaincre l'Univers ?

En fait, l'aikido a ce qu'il faut pour y parvenir ( les principes, les techniques qui permettent l'application des principes, l'esprit aiki ), mais seuls quelques etres d'exception ont pu ou peuvent le mettre en pratique. Peut-etre Ueshiba seul parvenait a appliquer l'essence de l'aikido.

 

Mais les fondements sont clairs, et le chemin est clair, et la progression de chacun va naturellement dans ce sens, par la grace meme, la vertu des techniques aiki.

 

J'en viens a l'explication, que tout le monde connait en aikido, mais sans la connaitre, sans en mesurer l'importance.

On ne parvient pas a la rattacher aux paroles de Ueshiba, qui passent pour esoteriques. Mais dans tout  dojo ou l'on pratique l'aikido, l'on sait que le principe de non oppsition y est pousse a son extreme, et est vraiment realise. Il n'y a plus de resistance, On s'efface completement, on laisse passer la force, l'energie, la puissance adverse, et on se contente de la guider, on l'accroit meme grace nos techniques, et l'agresseur , ou le partenaire plonge dans le vide, il ne rencontre rien.

La puissance qu'on lui propose est illimitee, puisqu'elle n'existe pas pour lui, ou elle ne fait que participer a sa chute, qu'accroitre la vitesse avec laquelle on l'aide a se neutraliser lui-meme.

 

C'est ce qui differencie l'aikido des arts utilisant des projections et cles des plus sophistiquees, comme le judo, le shorinji kempo, le ju jutsu bresilien.

Dans ces arts, la technique l'emporte sur la force. Par exemple, au sol, le gabarit est un facteur qui perd de l'importance.

Mais la force reste un element dont on se sert, qui compte, car a competence egale, le plus puissant l'emporte, d'ou les categories de poids, meme en JJB.

L'aikido est le seul art, a ma connaissance, ou une femme de 50 kg peut, sans etre superieure techniquement, realiser les memes prouesses qu'un homme de 130kg.

 

C'est donc une sorte d'ideal qui a ete atteint, de revolution qui s'est accomplie dans les arts martiaux, avec l'aikido.

 Et cela, Kano Jigoro, le fondateur du judo, l'avait sans doute percu, lui qui, assistant a une demo du fondateur, y avait vu le "budo ideal", une sorte d'apotheose, la metamorphose de tous les arts anciens en art nouveau, doue d' une nature autre.

Et le genie de Ueshiba, c'est d'avoir cree des techniques, des mouvements qui permettent la realisation de l'esprit de non-opposition, d'un pacifisme superieur.

Il fait exister le vide, a notre dimension.

 

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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 19:36
Fedor Emelianenko est le meilleur combattant mondial en MMA actuellement !  
Son règne dure depuis six années.

Il a commencé par le judo, puis le sambo qu'il continue ( il y est multiple champion du monde ) et il s'est initié avec brio à la boxe pied poing pour compléter sa formation.
J'aime le voir combattre. Ses poings sont étonnamment rapides pour un lourd. Il sait comment placer son corps pour y mettre du poids. Ses projections sont spectaculaires. Son sol lui permet de se tirer des pires situation. Son ground and pound est sans équivalent.

Certains irréductibles contestent encore sa suprématie.
Il a pourtant triomphé des plus grands ( Tim Silvia, Arlovski, Randleman, 2 fois Coleman, Cro Cop, Arona, 2 fois Minotauro entre autres ).

Plus surprenant, il est joueur d'échecs, et surtout il apprécie la grande littérature russe!
Meilleur combattant du monde, et fin lecteur de Dostoievski, il n'y a que l'âme slave pour être capable de cela !

Toujours humble et respectueux de ses adversaires, il cherche perpétuellement à progresser dans sa manière de combattre.
J'ai remarqué que son entraînement, et celui de beaucoup de russes, était l'inverse de celui qui est montré dans la série des Rocky.
On y voit Stallone s'entraîner en pleine nature, avec des mouvements dits "naturels" comme abdos, pompes, tractions, et son adversaire Dolph Lundgren, qui joue le russe, s'entraîne en salle avec des machines. En réalité, ce sont les russes qui s'entraînent en plein air, et les ricains en salle.
Fedor dit d'ailleurs ne pas supporter l'idée d'une autre forme d'entraînement.

Fedor, "the last Emperor", est au combat libre ce Gary  Kasparov était aux échecs, où Alexander Karelin à la lutte Gréco-romaine. Sa domination est totale, il est sans rival.
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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 23:14


1 -Du fait de la spécificité de ce que l'aïkido s'efforce de trouver, l'efficacité proprement martiale met du temps à s'acquérir. C'est pourquoi, si l'on a besoin d'être rassuré physiquement, on ne doit pas hésiter à pratiquer un autre art martial, plus efficace à court terme, et on ne doit pas culpabiliser à la pensée de s'y exercer sous le prétexte qu'il serait moins évolué.
De plus, la conscience de la valeur de l'aïkido ne doit pas contribuer à l'édification d'un surmoi empiétant sur ses désirs véritables. Si l'on se force à la pratique de l'aïkido parce que l'on est attiré par son côté humaniste et spirituel, mais que l'on n'y trouve pas le plaisir réel que l'on éprouverait  par exemple dans l'exercice de la boxe ou du combat libre, il ne faut pas, je pense, s'y contraindre pour des motifs éthiques. Il faut aussi faire ce qu'on aime...

2-Il peut être intéressant de chercher à établir des ponts entre cet art et la pensée Occidentale. Il me semble notamment que les intuitions de Bergson développent de nombreux parallèles avec les perspectives développées par l'aïkido.
L'aïkido en quelque sorte, est le versant pratique de la théorie de l'évolution créatrice , la réalisation de certains moments de la pensée Bergsonnienne,  une création concrète d'imprévisible nouveauté...

3-Il est courant d'associer le zen à l'aïkido, presque comme si c'en était la philosophie officielle. Or, il n'y a pas, dans l'aïkido, la dévalorisation de la vie qui résulte inévitablement de l'idée que la distinction entre la vie et la mort est illusoire.
Ne pas craindre la mort pendant le combat n'est qu'un stratagème dont la finalité est de gagner en efficacité, donc de préserver sa vie et son intégrité. Il est donc naturel et légitime de craindre la mort, si l'on accorde une valeur spécifique à la vie. C'est d'ailleurs ce que pensait Ueshiba, sinon pourquoi s'efforcer de préserver de la destruction sa vie et celle d'autrui, et de sauver, en plus, toutes ses facultés?
De ce point de vue, il me semble que l'aïkido se rapproche davantage du Taoîsme et du Shintoisme que du Bouddhisme en général,  et plus précisément que du Bouddhisme Zen.

4-Dans les faits, la pratique de l'aïkido n'est pas aussi douce  que sa réputation le laisse entendre , elle ne va pas sans heurts. En réalité, elle peut être bien rude, et on peut se lasser des innombrables torsions de poignet et autres chutes claquées...

5-De par sa nature spirituelle, l'aïkido présente un danger de sectarisme.
Il entraîne dans sont sillage, en effet, de nombreux pseudo-gourous qui mélangent tous les plans, ne savent pas vraiment de quoi ils parlent, et confondent la spiritualité avec la pensée magique ( voir Kochi Tohei par exemple ).

 

6-Il est courant d'entendre dire que l'aïkido procure le parfait équilibre du corps et de l'esprit, la paix de l'âme.
En fait, c'est loin d'être suffisant. Rien de miraculeux à en attendre. Il a son rôle à jouer, et c'est déjà pas mal.

7- Comme on n'y emploie pas la force physique, qu'on y réalise l'idéal du Budo ( et du judo selon Jigoro Kano lui-même ),  qu'il n'y existe pas de compétitions, les catégories de poids, d'âge et se sexe sont absentes. On pratique avec tout le monde. L'aïkido doit fonctionner avec tous. C'est très bien, seulement tout avantage à sa contrepartie, et ce qui se gagne d'un côté se perd de l'autre.
Ainsi, le principe de non-opposition dispense les pratiquants d'une condition physique impeccable.
Par conséquent, et même si l'aïki est "physique", il ne faut pas en attendre un modelage sculptural du corps. Il faudra lui associer un autre type d'exercices pour ce but.

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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 21:07


L'aïkido est un art martial que je pratique depuis une bonne dizaine d'années. Il a été crée par Morihei Ueshiba (  1883-1969 )
C'est une synthèse d'arts martiaux traditionnels nippons, et aussi une tentative de dépassement de ces arts de destruction, une transmutation recherchée, générant un renversement de perspectives.

Le vingtième siècle est l'époque des grandes révovations martiales. Cette évolution caractérise les arts japonais avec le judo ( synthèse et épuration de divers ju jutsu) le karatédo ( synthèse de styles Okinawaiens), le kendo ( version sportive de la voie du sabre ), le shorinji-kempo ( synthèse de ju jutsu et de kung fu shaolin ), et l'aïkido ( synthèse et modification d'écoles de sabre -Shinkage ryu-, de ju jutsu -Tenshin Shino ryu-, d'aikijutsu -école de Takeda).

Cette modernisation ne concerne pas que le Japon. On la trouve aussi à l'oeuvre en Corée : le taekwondo est une synthèse entre taekyon, warang do et tang soo do ; le hapkido est une synthèse entre l'aikijutsu japonais et le taekwondo.

Cependant, les arts martiaux japonais se sont davantage exportés. Cette réussite est due aux capacités de classification, d'organisation, de systématisation des japonais.
Mais pas seulement.
Il existe une spécificité, une aura propre à la culture Japonaise, et celle-ci est indissociable de son passé féodal, des légendaires mais bien réels samourais et ninjas.
Les temps étaient si durs pour ces guerriers, qu'il leur fallait une idéologie particulière qui leur apporta le détachement nécessaire pour relativiser l'importance de leur propre mort.
Pour ce faire, le Bouddhisme zen, ou plutôt une certaine orientation du zen, était plus adapté que la religion ancestrale de l'île, le Shintoisme.

Pour la branche du zen qui nous intéresse, les distinctions entre vie et mort sont illusoires, et résultent des erreurs de notre ego.
Celui-ci entrave nos perceptions et notre bon sens puisqu'il nous place individuellement en quelque sorte, au centre de l'univers.
Il faut donc s'en débarrasser, le trancher, et prendre conscience de l'impermanence de toutes choses, de l'éternelle vacuité.
Cette révélation, cet éveil doit dédramatiser la mort, et donc aider le guerrier à en vaincre la peur.

Mais cette nécessité qui était celle du guerrier n'est plus accordée à l'époque moderne, que signe l'ère Meiji ( 1868-1912 ), l'occidentalisation du Japon.

A partir du moment où l'on commence à envisager la vie pour elle-même, comme source de joie, et donc à considérer comme légitime et naturelle la peur de la mort, l'on se voue à des occupations d'un autre genre que celles qui, dans une optique de détachement forcé, étaient toutes orientées vers la destruction et la quête de l'état de conscience susceptible de l'assumer sereinement.

C'est pourquoi, pour les Japonais, il paraissait contradictoire  de préserver leur patrimoine martial et de privilégier leurs aspirations progressistes.
Ainsi, quantité d'anciens guerriers, riches de connaissances techniques raffinées, furent cantonnés dans des rôles subalternes, comme gardiens de parc, un peu comme l'apport des philosophes est dévalorisé dans le système capitaliste actuel.

L'antinomie entre tradition et modernité était-elle insurmontable?
Les formes anciennes de culture doivent-elles, sans reste, nécessairement être abandonnées au profit de nouvelles formes plus ou moins élaborées, ou bien y a t'il un moyen d'en conserver l'essentiel, la quintessence magnifiée, grâce à la richesse des processus synthétiques?

De jeunes maîtres japonais trouvèrent, ou créerent le chemin qui amorça la solution.

Les arts réellement traditionnels étaient sans doute incompatibles avec la recherche de pacification des moeurs, puisqu'ils étaient seulement orientés par le souci d'efficacité.
Il fallait donc les transformer, sélectionner et synthétiser, à partir des anciennes connaissances, les techniques appropriées aux temps modernes, et éventuellement les modifier.
Cette refondation fut la quête, entre autres, de Jigoro Kano pour le judo, de Gichin Funakoshi pour le karatédo, de Morihei Ueshiba pour l'aïkido.

Pour Jigoro Kano, le but du budo moderne était de favoriser "l'entraide et la prospérité mutuelle".
Il ne conserva, de toutes les branches qu'il étudia du ju jutsu, que les techniques appropriées à ce dessein dont on pourrait dire qu'il est l'équivalent de l'idéal antique de l'"esprit sain dans un corps sain".

C'est réellement cette évolution des techniques et des mentalités qui donnèrent aux arts anciens la dignité de voies spirituelles, d'où le rajout du suffixe do ( voie ), et ce même si l'histoire présente à toutes les époques des exemples d'hommes et de femmes qui cherchèrent dans les arts martiaux autre chose que l'art de tuer.

La différence avec les temps anciens vient du fait que c'est la nature profonde de l'art qui est changée, officiellement en quelque sorte. La pratique se veut spirituelle et aucun pratiquant n'est censé ignorer la  finalité profonde de l'art.
Ce qui était le propre d'êtres exceptionnels s'est universalité, démocratisé, est devenu la norme et se désire tel.

Q'est-ce donc qui renforce cette tendance, et culmine en l'aïkido, qui s'en veut l'apothéose, et le distingue?

En fait le processus par lequel la création d'Ueshiba se distingue est toujours à faire. Il n'est pas achevé. Il est le fruit évolutif d'une recherche qui ne connaîtra d'autre fin que celle de l'humanité elle-même.

Ueshiba constata qu'un défaut majeur et tenace persistait dans les arts martiaux modernes, ce qui les empêchait d'accéder à la fin recherchée et les rendait impropres à satisfaire leur éthique pacifiste.
En gros, ils ne disposaient pas des moyens ( les techniques, fondées sur les principes ), adéquats à leurs fins ( l'éthique altruiste ).
Certes, le karatéka ne doit pas attaquer le premier, et chaque kata commence par un mouvement défensif, incarnant cette orientation volontairement pacifiste. Il n'en demeure pas moins que l'effet inhérent à la réalisation de sa technique, s'il l'utilise, est l'annihilation de  la menace par la destruction parcellaire ou totale, provisoire ou définitive, de l'agresseur.
Et si le judoka dispose de ressources moins traumatisantes pour l'agresseur, elles conservent un degré élevé de dangerosité .
Ueshiba comprit donc que l'idéal moderne du budo, la préservation de la paix, ne serait qu'une vue abstraite tant que la technique, le sens de la technique n'épouserait pas l'éveil de l'Esprit.
Il fallait donc reconsidérer l'ensemble des techniques, pour, tout en en préservant l'indispensable efficacité, leur ôter leur capacité destructrice en réorientant par exemple les clés de bras dans le sens naturel des articulations, ce qui engendre la douleur mais ne provoque pas d'infirmités, ou en affinant les méthodes de projection, pour éviter une chute trop lourde etc

Le travail de toute une vie!

Par cette orientation pacifique renforcée, on comprend du même coup que toute la recherche aïki doit s'appuyer sur des techniques n'en contredisant ni les principes ni l'éthique. Les tentatives de synthèse entre l'aïkido et d'autres arts sont donc possibles et ont d'ailleurs été tentés ( tomiki aïkido par exemple ), mais il ne s'agit alors plus d'aïkido, puisque l'incorporation de techniques dévastatrices en contredit l'essence, les fondements, la nature, tout ce qui le caractérise comme aïkido.

Cependant, rien n'interdit d'envisager des innovations techniques majeures, à partir du moment où elles favorisent la tendance altruiste de cet art, et en préservent l'efficacité, le pragmatisme sans lequel l'art perdrait tout autant sa valeur, puisqu'il serait alors sans application possible ( l'agressé se doit une protection efficace : s'il fait juste de la danse, certes il ne détruit pas son adversaire, mais c'est son adversaire qui le détruit ) !

L'aïkido se veut donc un sport ( forme physique ), une self défense ( pour prévenir les agressions ), un art ( esthétique ) , une science ( basée sur des principes et des techniques), une voie ( spiritualité ), dont toutes les orientations s'efforcent de convertir la pulsion de mort en pulsion de vie, de construire quelque chose à partir de tendances hostiles et destructrices.
Il s'agit d'un effort réel donc, corporel, incarné, pour concilier la thèse ( l'agressé ), avec l'anti-thèse ( l'agresseur ), cette dernière n'étant pas niée mais acceptée, conservée et élevée dans la tentative d'harmonisation des énergies, de résolution pacifique des conflits. C'est un art que l'on pourrait qualifier de dialectique donc, au sens où la synthèse n'annihile pas mais préserve le meilleur des deux parties par l'enrichissement de la confrontation des opposés qui les élève au dessus d'eux-mêmes!

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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 18:29

Je suis un des rares fan de combat libre en France. J'attends avec impatience les résultats des différents événements (UFC , Strikeforce, Dream), comme pour le défunt Pride, et je regarde les combats avec un grand plaisir. Le MMA prend pour moi la place du foot pour le commun des mortels.

Etonnant de la part d'un philosophe à dominante psychanalytique, et, surtout, pour un pratiquant assidu d'aïkido, dont le but, la préservation de l'intégrité du partenaire/adversaire/agresseur est diamétralement opposé.

Alors pourquoi? Est-ce la pulsion de mort qui domine la pulsion de vie chez moi?
Peut-être mais pas seulement.
Indépendamment de l'aspect sauvage, avec montée d'adrénaline inhérente, le spectacle de ces confrontations est exceptionnellement intéressant pour les pratiquants d'arts martiaux et sports de combat. Ce n'est pas un hasard si on utilise surtout le terme de MMA ( mixed martial arts ) pour remplacer celui de free fight. Cela signifie que ce sport est surtout devenu une affaire de spécialistes, de techniciens hors pair, et qu'ils doivent combiner une connaissance à plusieurs niveaux pour rester au top, et maintenant y accéder.

Il est loin le temps ou le bourrinage (Tank Abott) suffisait pour se faire remarquer. Les combats de MMA sont ce qui se fait de mieux en termes de techniques. Le niveau est si élevé qu'il arrive par exemple que des spécialistes de lutte (Quinton Jackson) ou de bras de fer (Gary Goodridge) triomphent de combattants dans les règles des disciplines dont ils ne sont pas issus (pout le pied poing contre Cyril Abidi par exemple, spécialiste international de kickboxing "K1").

Au départ (premiers UFC 1993/94/95), il s'agissait de déterminer quelle discipline était la plus efficace. Royce Gracie surprit tout le monde avec son ju jutsu brésilien. Il amenait ses adversaires au sol, et soit les étranglait soit leur luxait un membre ( soumission ) ou bien il leur infligeait un ground and pound ( frappes au sol ) dévastateur. Tous ses adversaires furent ainsi ridiculisés.
Première découverte qui devait révolutionner le monde des arts martiaux, l'apprentissage du sol s'avérerait indispensable, et pour cela, le ju jutsu brésilien ( jjb ), synthèse de ju jutsu brésilien mise au point par Hélio Gracie, et axée sur le travail au sol, était le meilleur art.

Ensuite, on découvrit l'importance de la lutte, avec des types comme Dan Severn, Mark Coleman, Mark Kerr.
C'était intéressant de le combiner avec du jjb.

Mais tout ce qui était arts de percussions, comme la boxe thaï, le karaté, étaient décrédibilisés.

Puis, en la personne de Maurice Smith, champion de Kickboxing qui terrassa Coleman, champion de lutte, on se dit qu'avec quelques adaptations, aménagements, la boxe pied poing et le karaté kyokushinkaï qui y ressemble, avait son utilité. Il fallait simplement travailler les techniques de "sprawl" pour éviter les amenées au sol "takedowns", donc ajouter des techniques, des stratégies de lutte au pied poing pour que celui-ce devienne vraiment pertinent.
Mais si ces combattants d'un nouveau genre ne pouvaient pas contrer les projections "takedown', ils perdaient.
C'est ainsi qu'ils se mirent à acquérir des bases au sol, au cas où.

Les kickboxeurs travaillèrent donc beaucoup la lutte, et un peu le sol, et les lutteurs travaillèrent beaucoup les différents types de boxe et s'initièrent au sol façon jjb.

Les spécialistes de jjb se trouvèrent dépassés ( Royce Gracie prit une trempe lors de son retour contre le lutteur Matt Hughes, qui avait travaillé aussi sol et pied poing ).
Il leur fallut donc comprendre que leur art ne suffisait plus et, de toute façon, entre deux jjbistes, c'est surtout la compétence à un autre niveau qui créé la différence.
Donc, comme les lutteurs et les boxeurs, ils apprirent ce qui leur manquait, c'est-à-dire qu'ils renforcèrent leur lutte et leur pied poing.

On s'est aperçu aussi, avec le temps, que d'autres arts avaient leur utilité, comme le judo ( Yoshida ), le sambo ( Taktarov, Arlovski, Kharitonov, les frères Emelienenko ), le sanda ( Cung Lee), et tout récemment le karaté shotokan ( Lyoto Machida ) qui était pourtant méprisé jusque là.
Le MMA est en perpétuelle évolution, c'est pourquoi il est si intéressant. On ne sait pas de quelle nouveauté il s'enrichira.
La stratégie s'est elle aussi beaucoup modifiée.

Si un spécialiste de jjb ( comme Jacaré ) affronte un kickboxer ( comme Chuck Liddell), il devra l'amener au sol pour le finaliser. Il lui faudra donc tenir jusque-là, grâce à son travail en boxe, et son entraînement en lutte l'aidera dans ses amenées.
Le but du Kicker sera à l'opposé. Il lui faudra conserver le combat debout "stand up", et mettre son adversaire KO. Son travail de lutte lui permettra d'essayer de contrer les amenées au sol, et un apprentissage minimum du sol réduira les dégâts s'il s'y trouve engagé.

Un combat entre deux lutteurs se jouera sur la différence de niveau de l'un des deux au sol ou en stand up. Mais il peut y avoir des surprises. Par exemple, un lutteur qui a beaucoup travaillé sa boxe, et peu son sol, peut vouloir y faire la différence contre un autre lutteur censé s'être plus formé au sol où il voulait amener le combat. Et là, étonnement, ce dernier se révèle meilleur boxeur. Du coup, notre premier lutteur n'a plus de ressources, de solutions, puisqu'il fait face à un autre lutteur, dont il n'avait pas prévu la qualité de boxe, et qu'il ne peut compter sur un sol peu travaillé.

Tous les combats impliquent  donc une stratégie complexe en fonction des connaissances des 3 niveaux : le pied poing " stand up"; le corps à corps "clinch, takedown, sprawl"; le sol " positions défensives, soumissions, et ground pound".
Ce qui importe aussi, c'est l'aptitude à assurer les transitions entre ces différents niveaux, ce qui est encore autre chose.
Un combattant peut être bon dans les trois niveaux, et mauvais dans le passage de l'un à l'autre, la façon de gérer ce passage.
Et puis, bien sûr, la stratégie d'un combattant dépend de son adversaire.

Pour toutes ces raisons, expertise, stratégie, mais aussi pour le professionnalisme qui entraîne conditon physique optimum, coaching individualisé etc, le MMA moderne offre dans le monde des arts martiaux des rencontres sans équivalent sur le plan technique. Il suffit de détailler quelques profils de combattants pour s'en rendre compte :

Brock Lesnar :                               -120 kilos de muscles ; champion  des USA de lutte ;entraînement complémentaire  
                                                         en boxe

Chuck Liddell :                               -champion du monde de kickboxing ; entraînement approfondi en lutte.

George St Pierre :                         -ceinture noire de Kyokushinkaï ;  niveau national en lutte au Canada ; ceinture                                                            noire de jjb  
                                                       
Anderson silva    :                         -champion de boxe thaï du Brésil, niveau minimum en lutte, ceinture noire de jjb

Rodrigo "minotauro" Nogueira : -niveau international en jjb ; niveau national en boxe anglaise


et le meilleur de tous, Fedor emelienenko : - champion d'Europe de judo par équipe avec la Russie ; multiple champion du monde de sambo ; niveau international en pied poing.

Et après ça, étonnez-vous que les combattants unidimensionnels prennent une trempe, comme Mark Hunt ( pourtant 118 kilos , champion du K1 ) ou Ogawa ( multiple champion du monde de judo poids lourd ) quand ils s'essaient au MMA. C'est dire le niveau !

Teddy Riner lui-même aurait-il une chance ? Le judo ne lui suffirait pas en tout cas.
r
Les vieux mythes ( Rickson Gracie, Bas rutten ) se feraient balayer s'ils revenaient.

Et pour finir : Les Japonais sont les premiers fans de MMA dans le monde. Vu le niveau technique des Japonais en général, on comprend que ce n'est pas que pour la violence qu'ils le plébiscitent, mais essentiellement pour la richesse des techniques appliquées.

 
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