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24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 13:38

 

J'ai lu quantité de livres sur le zen et les arts martiaux. Actuellement, je lis une synthèse de trois classiques de Yagyu Munenori et Takuan, commenté par Thomas Cleary.

L'insistance est mise sur la non fixation, le détachement, une sorte d'état permanent de non pensée.

Or si, par exemple lorsque l'on médite, on obtient un résultat qui s'apparente à la non pensée, on est bien forcé d'y revenir de temps et temps. Je crois que ce qu'ils veulent dire, c'est ne pas s'enfermer dans la pensée, ne pas s'y fixer, en être prisonnier, mais il me semble qu'on est parfois obligé de s'y "arrêter", car si on laissait le flux de pensées couler en permanence, comme dans la position zazen, avec parfois une absence totale de représentation mentale, on ne pourrait jamais rien formuler ni même conceptualiser. Sans cristallisation et fixation, il me semble qu'il y aurait une pure intuition , mais pas de communication possible. Ces"arrêts" sont quasi permanent en fait et sont produits naturellement, donc il y a là un problème peu clair pour le zen. On touche une difficulté, à savoir comment contrôler sa pensée, l'annihiler, ou bien la fluidifier, la laisser passer et la récupérer, alors que tout ce processus se fait pour ainsi dire naturellement et qu'il est  donc demandé un effort paradoxalement contre nature pour retrouver notre vraie nature, alors qu'en fait notre vraie nature trie les informations spontanément.

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 14:02

 

En général, je défends le Taoïsme car je trouve ce courant plus en phase avec la Nature et la vie que le Bouddhisme, moins mortifère.

Et cependant, l'insistance sur la mesure, l'équilibre, à quoi bon ? Il faut être chaste si on le peut, rester sobre, parler peu, s'habiller de couleurs ternes, favoriser l'ignorance du peuple, ne pas voyager pour ne pas prendre de risques inutiles etc

Mais pourquoi tout ceci ? Pour vivre un peu plus longtemps ?

A quoi bon si l'on se restreint sur tout ? Sage ou insensé, nous aurons le même sort de toute façon. Alors pourquoi ? Pour mener une vie conforme au Tao, parce que sans cela on s'en éloigne ? Mais les Taoïstes se contredisent alors car si tout provient du Tao et y retourne, désir excessif, guerre, désordre corporel et psychique, excès en tout genre, égo démesuré sont compris également dans le Tao, en proviennent, comme tout ce qui est culture, civilisation, création humaine ne peut être d'autre origine, en définitive, que le Tao, et ne peut qu'y retourner.

Comment, alors, fonder la légitimité de ceci plus que de cela ?

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 13:29

 

 D'abord, le fait de la destruction, avec plusieurs niveaux, frapper volontairement, ou frapper sans frapper, c'est-à-dire spontanément, sans réfléchir.

 

Ensuite, réduire l'opposition, la résistance, en créant du vide. En s'effaçant, laisser place au vide. Là aussi, plusieurs niveaux, du judo par exemple où les techniques de projection impliquent une certaine résistance, à l'aïkido où, à la limite, la puissance de l'agressé peut être absolue si le mouvement est correct, dans la mesure ou l 'agresseur ne rencontre plus rien. Puissance sans limite après déplacement, il reste à se mouvoir !

 

Enfin, le dernier niveau. Etre en empathie avec l'agresseur et lui être de ce fait sympathique. Plus besoin de créer du vide, plus besoin de se déplacer, de s'effacer. Plus rien à faire.

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 15:47

 

 

 

 J'ai retente la lecture de Krishnamurti et j'ai ete une nouvelle fois decu.

 

Ce sage qui prone le detachement, comment s'epanouit-il lui ?

Ne prend il pas sa place, ne s'affirme t il pas en donnant, en exteriorisant le meilleur ou ce qu'il croit le meilleur de lui-meme ?

Il ne faut pas faire ceci, il ne faut faire pas cela, il faut regarder a l'interieur de soi-meme, et se liberer du desir, de la sensation, de l'experience. Et puis des mots et du moi tant qu'a faire !

 

C'est sur que morts, nous n'aurons plus de problemes.

Mais nous sommes vivants, ce qui complique les choses, et il nous faut une logique de vivants !

 

Concretement, qu'est-ce que cela donne, Krishnamurti ?

L'inertie des vieillards a l'hospice erigee en apotheose de la vertu ?

Qu'a-t' il a proposer exactement ? Rien ?

Eh bien, pourquoi tant dire sur ce rien si ce dire n'a pas d'autre utilite que l'expression de Krishnamurti lui-meme ?

 Ah mais je ne suis pas contre, mais qu'il reconnut comme loi naturelle la necessite de l'affirmation de soi en ce monde et il aurait ete consequent!

 

Je ne nie pas que l'on y trouve des propos interessants ( sur la vie dans l'instant et la non fixation, la non repetition par exemple ), mais il n'y a la rien de neuf ( Bergson, Ueshiba etc, ).

 

Enfin, qu'est-ce que peut bien signifier "supprimer le moi, supprimer les mots" ?

En finir avec les problemes obsessionnels associes, okey, mais les supprimer ?

Je ne me suis pas a moi-meme donner un moi, ou les mots, c'est la nature qui me les a donnes, par l'intermediaire de mon cerveau, et de l'intersubjectivite. Donc, pourquoi les stigmatiser a priori ?

Si la nature nous a pourvus ainsi, il doit y avoir une raison, une utilite, cela doit correspondre a une fonction.

Tenter de passer outre, n'est-ce-pas aller contre nature, se priver des possibilites qui sont les notres, s'amputer d'une part du reel ?

 

 

 

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 11:03

 

Il y a une force dans le Zen, qui tient en l'originalite du Zazen.

Il est possible de faire Zazen, de mediter pour se trouver soi-meme, voir a l'interieur de soi et se pacifier, se decouvrir, se liberer, sans aucun rattachement a la doctrine du Bouddhisme.

On peut faire Zazen, se concentrer, se ressaisir, en etant catho, bouddhiste, agnostique ou athee.

C'est pour cela qu'a la limite, il faudrait pouvoir se contenter de Zazen pendant Zazen, et ne pas subir de references, ni a l'enseignement  bouddhiste classique, ni a la lignee des Bouddhas et Patriarches.

Comment se trouver et se liberer soi-meme si on vit sous la tutelle de maitres qui ne sont pas soi, et si on desespere d'atteindre leur niveau quand il faut se concentrer sur soi et partir de soi ?

Comment etre alors son propre maitre?

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 10:25

 

Plus je lis les ecrivains Taoistes, moins je me revele Taoiste. Il n'y a guere que leur symbole noir et blanc qui m'inpire, que je trouve profond, le blanc dans le noir, le noir dans le blanc. 

Mais rien ne m'y parait clair.

Tout m'y parait aller contre la nature, contre la vie.

En tant que philosophe, que scientifique, que Darwinien, qu'homme de l'observation, je ne peux qu'etre interloque.

L'emploi des mots par exemple est critique, mais ceux-ci proviennent des capacites qui sont les notres, et la nature ne nous les a pas donnes en vain.

L'effacement, le renoncement sont preferes a l'affirmation.

Les hommes sont regardes comme ce que les auteurs Taoistes croient qu'ils devraient etre, pas comme ils sont reellement.

Si les choses etaient si simples, il n'y aurait pas de problemes. Mais si l'homme est un  animal doue de raison, son corps prime sur toute justification.

Ainsi, les hommes sont mus par l'instinct de conservation, et ils cherchent a s'affirmer, a prendre leur place, a developper ce dont ils se sentent les porteurs.

Tous les hommes sont ainsi. Ma critique ne vise pas que les Taoistes evidemment.

 

Les mystiques ecrivent des milliers de pages pour dire que les mots ve servent a rien.

 

L'oeuvre de Schopenhauer se contredit elle-meme car si elle expose la verite du vouloir vivre, elle pretend qu'il est absurde et qu'il faut tenter d'en supprimer ou attenuer les effets. Mais cela n'est pas naturel comme le montre l'affirmation de Schopenhauer lui-meme par son oeuvre.

 

Krishnamurti expose les principes d'une vie sans conflits, mais lui-meme, en tant que maitre recherche ( qu'il l'ait voulu ou non ), n'a t'il pas ainsi pris sa place, et n'etait-il pas epanoui parce qu'il lui etait possible de donner le meilleur de lui-meme ?

 

Je peux resumer la verite de l'existence en deux lignes : Chaque etre s'efforce a l'expression de ce dont il est le porteur. Son epanouissement, sa vitalite, son bonheur en dependent.

 

C'est d'ailleurs pour cela qu'il est plus facile de vivre pour un idiot que pour un homme aux aptitudes moyennes, et plus aise de vivre pour ce dernier que pour un homme tres profond.

 

Ainsi je ne juge pas. Le sage ou l'ecrivain qui meprisent le sportif ou le buzinessman n'ont pas compris que tous les hommes n'etaient pas doues de la meme intensite et des memes potentialites, et que l'homme d'affaires qui s'epanouit et se realise dans son domaine a trouve sa voie, qu'il est tout aussi respectable.

 

Finalement, pour revenir au Taoisme, je partage l'opinion d'un philosophe Confuceen du 3eme siecle av JC, Siun-tse, qui ecrivait que Lao Tseu avait compris l'art du repliement mais pas celui du deploiement.

 

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 14:12
Plus je vais, et plus j'ai les religions en horreur ( surtout les monotheismes ), les institutions, mais aussi les hommes qui les incarnent soi-disant le mieux, les mystiques, qui me paraissent meme pires que les autres en ce qu'ils prennent au serieux des aberrations contre nature. Quelles que soient les perspectives critiques, et il y en a beaucoup, elles reviennent toutes a ceci qu'elles empechent l'homme de vivre sa vie, qu'elles le trompent par de fausses esperances qui different indefiniment son epanouissement ici et maintenant !
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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 22:52


Il est coutumier d'entendre les Bouddhistes stigmatiser les "émotions négatives". Pour eux, non seulement la souffrance domine, mais il faut toujours l'annihiler. Ils rejoignent Spinoza pour qui la joie est "augmentation de la puissance d'agir" et la tristesse "diminution de la puissance d'agir".

C'est oublier que la tristesse a son rôle. Elle nous est nécessaire, comme la peur. Elle nous est même indispensable biologiquement. Et puis la tristesse, la  souffrance, les émotions négatives font parties de l'expérience humaine, de la gamme naturelle de nos affects.Vouloir en atténuer l'impact, c'est normal, à condition de rester dans les limites d'une saine dialectique. Mais chercher systématiquement à les écarter, à les étouffer par des méthodes non naturelles, comme la méditation, à chaque fois qu'elles émergent, conduit à amputer l'être d'une partie substantielle de lui-même, et cette dénégation d'un vécu ordinaire ne manquera pas de faire retour symptômatiquement.

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 01:22

Je vais aborder la critique du Bouddhisme.

Le Bouddhisme est fondé sur les 4 nobles vérités :

-la vérité de la souffrance. ( Toute vie implique souffrance )
-la vérité de l'origine de la souffrance. ( le désir, les attachements )
-la vérité de la cessation de la souffrance. ( elle est possible )
-la vérité du chemin à suivre pour triompher de la souffrance. ( couper le désir à la racine )

La souffrance l'emporte donc sur la joie dans la vie. Elle est même le propre de la vie puisqu'elle seule a une existence "positive", et puisque la joie, qui consiste en la diminution de la souffrance, est"négative".
Le problème, c'est qu'on est enchaîné à la vie par le désir. Il nous faut le vaincre, mais pas superficiellement, car alors nous nous réincarnerions dans une autre vie, et ainsi de suite,  alors qu'il nous faut atteindre  l'extinction totale du désir, donc de la vie, la résolution définitive des tensions., bref, le nirvana et la mort.

Plusieurs difficultés apparaissent déjà.

1 Comme la renaissance est un phénomène des plus contestable, tout l'effort Bouddhique aboutira à ce que nous atteindrons tous naturellement et sans efforts, la mort.
( La croyance en un cycle de mort et de renaissance est un stratagème inconscient afin de se rassurer, car les Bouddhistes, par ce subterfuge qui fait de la mort, de l'extinction bien définitive, un but presque inatteignable, se persuadent  ainsi qu'ils vont continuer à vivre indéfiniment, ce qu'ils espèrent au fond ).

2 Toute la doctrine est fondée sur le primat de la souffrance sur la joie. Il suffit d'accorder une valeur positive à la joie, et donc à la vie et au désir, pour que toute la doctrine s'effondre.
La vie n'est pas oscillation perpétuelle entre le manque ( désir non satisfait ) et l'ennui ( désir satisfait ), comme l'écrivait Schopenhauer.
Elle est aussi affirmation et joie.
Certes, la réalisation d'un désir déçoit partiellement, mais elle comble aussi partiellement et provisoirement. Et c'est en allant de réalisation en réalisation que l'homme progresse, que l'homme se trouve.
Il est de toute façon préférable d'avoir "tout" vécu et d'avoir été déçu, et du coup, rassasié, de quitter le monde sans trop de peine, que de n'avoir "rien"  vécu, être passé à côté de sa vie, et plombé par les regrets.
Les Bouddhistes ignorent que toutes les  formes de détachement sont des méthodes inconscientes pour mieux gérer l'attachement. Mais parvenir à rompre tout attachement, de son vivant, serait une aberration, un crime contre la nature de la vie.

3 Si les Bouddhistes respectent toute forme de vie, c'est pour que la créature vivante puisse aller au bout de ses possibilités, afin de lui permettre de se réincarner en une forme plus complexe. On lui laisse vivre sa vie dans ce but.
Ainsi, on n'interfère pas avec le "karma" de l'animal, ce qui est aussi bon pour notre propre karma. Et on accroît les chances de l'animal épargné ( ainsi que les siennes d'ailleurs ) d'être "délivré" lors d'une future renaissance.
On lui épargne donc sa vie pour accroître ses chances de mourir pleinement et véritablement, en aucun cas par respect de la vie.

D'autres difficultés qui proviennent de la doctrine du Bouddhisme résultent de sa vision "non dualiste" de l'existence et du monde. En condamnant toute scission générée, arbitrairement croient-ils, par l'ego, le langage, la science, ils réintroduisent systématiquement ce fameux dualisme tant critiqué, sans même s'en apercevoir.

Et puis, on peut s'interroger sur la notion " trancher l'ego". Certes, celui-ci peut être hypertrophié ( narcissisme ), mais il a sa place.
Pourquoi la nature nous aurait-elle pourvue d'un ego ( comme d'une conscience ), s'il n'avait son utilité, sa fonction ?
 Il faut être déjà bien malade ( comme se prendre pour objet quasi exclusif de sa libido, libido du moi ) pour chercher à se débarrasser de son ego !
 
Cela vaut pour les mots et concepts. Les "koan", sortes de formules rituelles absurdes, servent à nous faire prendre conscience des limites de la spéculation pour appréhender le réel "tel qu'en lui même".
Pourquoi pas ? Mais il faut au moins justifier ce primat de l'intuition sur l'intelligence, comme l'a fait Bergson, ou cela peut conduire à toutes sortes de dérives sectaires et incontrôlables.
N'importe quel charlatan peut s'emparer de ce procédé pour masquer son ignorance.
Pourquoi la nature nous aurait-elle attribuée la capacité à créer les concepts, s'il ne fallait en user ?

Et, dernier point, le Bouddhisme me paraît en contradiction avec la nature elle-même, le désir naturel d'expression, de communication, de transmission.
Son "idéologie", bien éloignée des exigences vitales, de la lutte pour la vie, me semble donc contre-nature.
Je ne la sens conciliable, ni avec Darwin, ni avec Lamarck.





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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 23:37


Je me suis longtemps intéressé au Bouddhisme.
J'ai eu ma période Bouddhiste, comme j'ai eu ma période catho ou ma période philo.

Le Bouddhisme a commencé à m'intriguer quand j'ai vu le film "Siddharta", de Bertolucci, avec Keanu Reeves dans le rôle du Bouddha.
J'ai trouvé que ce film dégageait une espèce de sérénité, et j'avais fort besoin de me pacifier à l'intérieur, ( comme à l'extérieur d'ailleurs ).
J'ai commencé par méditer seul. Je ne savais comment m'y prendre. Fallait-il fermer complètement les yeux ou bien les laisser entrouverts? Devions-nous fixer un point avec le regard ? Quelle était la posture exacte ? Que signifiait faire le vide ? Comment l'obtenir ? Et quel était le rôle de la respiration ?
Je me débrouillais tant bien que mal. Ma curiosité à l'égard du Bouddhisme finit par se dissiper un peu, quand je fus confronté à d'autres problématiques, d'autres exigences. Elle se réactiva quand je repris mes études au lycée, après le service militaire.
Il faut dire aussi que j'associais le Bouddhisme aux moines shaolin qui étaient en quelque sorte des modèles pour moi.
Je décidai donc d'approfondir cette voie. Je lus quelques livres sur le sujet. Mais, comme je suis extrême en toute chose, je voulais, comme le Bouddha, atteindre le Nirvana. Ne dit-on pas que tout homme a la nature du Bouddha, après tout ? Je désirai atteindre une espèce d'affranchissement définitif, sans retour ( sans régression, tentation de la régression ) possible.
Je pris contact avec la Gendronnière, temple situé près d'Orléans, et fondé par Taisen Deshimaru, disciple de Kodo Sawaki. Deshimaru est une figure du Bouddhisme Zen en France. C'est lui qui a initié son développement. Il a commencé par avoir un dojo à Paris, ou se côtoyaient quelques célébrités ( Matzneff, Béjart ) et beaucoup de drogués.
Deshimaru était mort depuis quelque temps déjà quand j'allais livrer mon corps et mon âme à une Sesshin ( pratique intensive de la méditation et de l'enseignement Zen ). Il est décédé d'un cancer foudroyant du cerveau. Trop de méditation peut-être ? Mais ce n'était de toute façon pas très important pour lui, la distinction entre la vie et la mort n'étant qu'une illusion générée par l'ego, et cette vérité apaisante de la non dualité devant nous apparaître lorsque notre ego ne rompt plus le flux, la continuité des phénomènes par ses interventions intempestives. Nous y reviendrons !

Ma première surprise, ce fut de constater la différence entre l'atmosphère particulière du Temple et celle d'un Monastère Chrétien. L'accueil y est plus froid. On doit se débrouiller seul, comme si on devait faire ses preuves, avant d'être accepté. L'ambiance y est lourde, sans doute du fait des séances de méditation, car elles font un peu l'effet d'une auto-analyse, c'est-à-dire qu'on y est seul face à soi-même. Des "Démons" surgissent toujours lors des séances, car elles durent longtemps ( 1 h 30 scindée en deux , avec une pause occupée par une marche méditative  ) et elles sont nombreuses ( 3/4 dans la journée ). Pas de transfert/contre-transfert ici, il faut assumer seul sa part d'ombre. C'est pour cela que de nombreuse personnes craquent.

Le but est de n'en avoir aucun, d'être au-delà, ou en-deça de la dualité de l'espoir/désespoir, du sens/non sens, de la vie/mort. Mais, s'il ne faut pas entretenir ses pensées, on ne doit pas chercher à les dissiper volontairement. On doit seulement les laisser passer naturellement.
Par ce processus, le vide "s'instaure" progressivement, mais, plus exactement, il est ouverture à une autre forme de conscience, débarrassée de l'ego, qui allège notre perception du monde, l'épure, nous permettant de nous concentrer sur l'essentiel. ( Laisser passer les idées et images qui nous traversent peut évoquer l'association libre en psycha- nalyse ).

Evidemment, il existe de nombreuses rechutes. Pour s'en prémunir, atténuer leur impact, ou les détourner, le méditant dispose de plusieurs moyens.
D'abord, Il doit se concentrer sur sa posture, ( dos bien droit, genoux enfoncés dans le sol, épaules relâchées, menton légèrement rentré, yeux entrouverts, sommet du crâne tendu vers le haut ).
La rectification incessante de la posture aide à évacuer les pensées parasites, et à contrer l'assoupissement .
Ensuite, il doit développer une respiration lente et profonde, dont l'expiration l'emporte en durée sur l'inspiration. On prétend qu'une bonne respiration découle naturellement d'une posture correcte. Respirer convenablement, profondément, aide l'esprit à se tranquilliser ( par l'intermédiaire de l'interaction avec l'organisme ).
Enfin, le méditant peut, s'il le souhaite, demander à recevoir un coup de bâton, "kyosaku",asséné par derrière, et sur un point précis de l'omoplate. Ce coup sert à vérifier la concentration du méditant puisqu'il ne doit pas ressentir de douleur s'il est suffisamment relâché. Il sert aussi à réveiller ( à coup sûr ) celui qui s'endort. Et il est utile pour distraire celui dont l'esprit lutte avec ses obsessions.

Dans les Temples Zen, la nourriture est très bonne. Le cuisinier est très respecté, et ce n'est pas étonnant si on considère les affinités du zen avec la cuisine, art éphémère par excellence, dont les produits son si vite consommés.

Il est habituel d'associer le travail manuel à la méditation, comme chez les Trappistes "ora et labora".
J'ai ainsi pu tâter du ménage, de la  cuisine, de la vaisselle, du jardinage, et du "bucheronnage", et c'était sympa, toutes ces activités en peu de temps.
En plus, comme je dormais en dortoir, j'ai pu faire beaucoup de rencontres, dont pas mal de phénomènes, avec entre autres un sous marinier, un bûcheron, un philosophe, un grand type au crâne rasé dont la vraie passion était le Bouddhisme tibétain mais dont un maître n'avait pas voulu, lui conseillant d'aller voir un psy d'abord, ce pour quoi il était avec nous chez les zen, ( nous voulions pratiquer avec les moines de Shaolin ensemble ), et quantité "d'anciens" drogués.
Il y avait aussi des malades incurables qui cherchaient la guérison miraculeuse avec le zen. Ils n'ont pas compris que le zen, loin de redonner la santé, relativise et dédramatise la mort. Enfin, c'est peut-être de parvenir à cette façon de l'envisager qui est le miracle et la grande santé.

 

J'étais assez intransigeant. On nous enseignait qu'il fallait se tenir dans la vie comme dans le zazen, et je les voyais tous se relâcher, même nos "guides".

Plusieurs filles me draguèrent, dont une superbe actrice de théâtre, mais j'avais l'esprit si mal tourné que je les considérais comme des démons séducteurs qui me distrayaient de ma quête, comme les tentatrices de Bouddha.

Moi mon but, c'était le nirvana, et je me dis qu'il me faudrait rester en méditation jusqu'à ce que j'y parvienne. Je m'y suis abymé les genoux plus tard.

J'avais ma conception du "juste milieu". Je trouvais qu'il servait d'alibi pour ne rien foutre. En fait, le Bouddha a beaucoup lutté ( ascèse intransigeante ), avant d'accéder à la tempérance. J'avais l'impression que les Bouddhistes déniaient l'importance du combat, comme s'ils désiraient le but sans la médiation nécessaire pour y parvenir, la fin sans les moyens adéquats.
C'était sans doute vrai pour beaucoup. Mais ce qui l'est aussi, c'est que l'on doit se servir de l'exemple des anciens pour ne pas reproduire les mêmes erreurs, pour atteindre plus rapidement leur niveau, sans quoi leur transmission est inutile.

J'aborderais l'aspect critique du Bouddhisme, dans un autre article.




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