Je viens de finir "Soumission". En fait, je suis déçu. Livre assez médiocre finalement. Un style mortifère et plat, et quelques idées originales. Houellebecq est intelligent, mais sans plus. On est très loin de Balzac, Dostoïevski, Proust, Céline, Miller ou London. Et si je me réfère à ces auteurs, c'est parce que Houellebecq passe pour être un des plus grands écrivains actuels. Son narrateur est aussi ennuyeux et mou que l'auteur l'est sans doute. Ca confirme mes théories. Houellebecq est un intellectuel pur. Il n'a pas de corps. Ainsi, il a suffisamment d'imagination pour anticiper, regretter, mais n'a pas de matière, n'a rien à regretter. Il ne peut donc que rester à la surface de la vie, et ne développer rien d'essentiel, de réellement profond. Il lui manque la vibration fondamentale, le bouillonnement intellectuel, corporel, qui fait aimer la vie, entravée par la conscience incessante de la mort à l'origine de l'urgence de se réaliser qui fait la force créatrice, la révolte contre tout ce qui empêche l'individu de s'exprimer, la fondation des religions, la critique des religions, les problèmes existentiels des écrivains, toutes les grandes oeuvres, et les grandes révolutions. Et Houellebecq, il n'a pas ce qu'il faut pour ça. Il n'est pas à côté, au-delà de l'engagement. Il est bien en-deçà. Il semble mépriser Sartre, mais malgré ses faiblesses, Sartre était incomparablement plus intelligent, plus énergique, plus percutant. C'est peu dire que Houllebecq ne lui arrive pas à la cheville. C'est un écrivain un écrivain moyen que plébiscite une époque amorphe.
Son livre n'est pas nul. Il se lit, et ses développement sur Bloy, sur l'Islam, ne sont pas exempts d'originalité, mais tout ceci reste très superficiel. Un peu de critique littéraire, de prospective politique, de psychologie évolutionniste, d'histoire des religions. Que du banal. J'ai découvert récemment "Le journal de galère" d"Imre Kertesz. C'est d'un autre niveau."