Il rompit ses relations épistolaires avec Clara. Il s’était déssilé. Elle se révélait inconséquente, et le pire défaut pour Brian, dure. Il s’était également aperçu qu’il s’intéressait plus à son travail qu’elle au sien. Elle ne lui écrivait jamais rien sur sa vie, ses idées, ses projets, ce qu’il lui demandait, à défaut de le voir. En fait, elle n’était pas à la hauteur de ce qu’il pouvait lui apporter. Lui, l’héritier d’intrépides aventuriers du corps et de l’esprit, le fier Malouin pour lesquelles les princesses Ottomanes se damnaient sans réponse, il s’était laissé abattre par une histoire impossible avec une femme qui, pour d’insondables raisons, lui était inaccessible. Il s’était perdu, comme Swann, pour une femme qui n’était pas son genre. Il critiquait Spinoza, Sartre ou Freud via La Mettrie, et elle lui ressortait les platitudes si prisées par les femmes issues de psycho magazine ou des niaiseries Tibétaines. Qu’était-elle, sinon une belle femme avec ses qualités intrinsèques, pas très cultivée, comme il en existe des centaines de milliers en France ? Il l’avait idéalisée. Et elle l’avait fait souffrir. Et puis, il s’était rendu compte qu’il n’y avait que des généralités dans ses messages, mais rien qui lui soit destiné en propre, rien de personnel. Elle était en réalité complètement indifférente, et il se sentit trahi d’avoir livré la vérité de son cœur, de sa vie, de son âme, à une femme qui s’en foutait éperdument, et peut-être incapable d’en sentir la profondeur.
De toute façon, il ne pensait plus qu’à la petite Coréenne avec qui il s’était mis en contact. Il lui avait écrit en anglais ce qu’il n’avait pu terminer de lui dire en face, après son « it’s good, it’s good » . Poitiers sans cette jeune femme c'était Poitiers vidé de toute vie, de tout intérêt, de toute chaleur et de tout amour pour lui. Une ville morte et déprimante, une ville vide.
Il aimait tout d’elle, même sa façon de s’habiller, qu’il adorait. Il n’aspirait plus qu’à partir en Corée. Pour lui, elle était parfaite.