Pour Sartre, l'existence de la liberté ne pose pas de problèmes. Elle est un fait. C'est comme ça.
L'homme est condamné à être libre. Mais s'il ne l'est pas, c'est encore un choix.
La liberté n'a jamais eu autant de "causes occasionnelles" que sous l'occupation !
La névrose est le produit d'un projet originel libre, donc résulte d'un choix.
Le processus historique est une affaire de "sujets", et l'histoire se fera, ou pas, avec le concours d'agents libres.
Le problème, c'est qu'à force d'avoir tenté de concilier existentialisme et marxisme, on ne sait plus ou commence la liberté, ou finit la situation, et vice versa.
Et puis, comme disait Marcuse, si la seule alternative, c'est l'esclavage ou la tentative de libération sanctionnée par la mort, il n'y a pas de vraie alternative.
Comment Sartre justifie t-il la liberté ? Il ne la justifie pas. Elle est son idole, l'idole dont il avait le besoin pour surmonter ses propres névroses ( comme la croyance en la Providence, contraire à ses théories, mais qui lui était nécessaire pour agir : voir "Les Mots" et la préface à "Aden Arabie" ).
Donc l'homme est libre parce qu'il est homme, et homme parce qu'il est libre. Pourtant, dans le cadre d'une pensée où l'Esprit ne s'effectue pas par la médiation de la matière, donc un monisme matérialiste, c'est une position difficile.
Il faut que la matière contienne la possibilité d'un arrangement complexe qui permette l'émergence de propriétés attachées à un corps, propriétés qui la débordent, qui dépassent ses conditions initiales de possibilité.
Mais rien ne garantit que cette liberté virtuelle inscrite au coeur de la matière, et actualisée pa l'homme, ne soit pas une chimère. Et si nous l'admettons réelle, il nous faut supposer qu'elle apparaisse à partir d'une certaine complexité. Et par conséquent, elle ne peut pas concerner tous les hommes, ce qui serait encore contraire aux théories Sartriennes.
"Tout un homme, fait de tous les hommes, et qui les vaut tous, et que vaut n'importe qui" !
Un exemple illustre l'application de ses théories, dans "La transcendance de l'ego".
Une jeune fille craint de se pencher à une fenêtre, car elle se croit capable de crier, et ne sait pas si elle pourrait réfréner ce cri éventuel. Cela l'angoisse.
Pour Sartre, s'il s'agit d'une confirmation de ses théories sur la liberté. L'angoisse est inséparable de la liberté, du fait que je peux tout faire, et faire n'importe quoi, à tout moment.
La position de freud, c'est l'inverse. Une personne libre, maîtresse d'elle-même, ne ressentira pas ce vertige des possibilités, qui ne touche que les névrosés, ou du moins ce vertige ne la submergera pas, ne l'empêchera pas de vivre, ce qui serait une pathologie.