4 janvier 2010
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19:57
Teilhard de Chardin est un jésuite né à Orcines (1881-1955).
Il est connu ( enfin l'était surtout ), pour avoir tenté de concilier la foi ( catholique ) et la science ( évolutionnisme contre fixisme ).
Il s'inspire davantage des théories Lamarckiennes que Darwiniennes. Il pense qu'il y a une évolution des organismes vivants vers le plus complexe, un progrès dans le monde, une finalité, donc une création évolutive et orientée, bien que partiellement libre du fait de la co-responsabilité humaine.
Pour Teilhard, il y a une loi fondamentale à l'oeuvre dans l'Univers, la complexité-conscience, qui appuie plus qu'elle ne dénie l'existence de Dieu. Elle exprime l'idée que l'Esprit s'incarne en des corps de plus en plus complexes, jusqu'au corps de l'homme, en qui apparaît la réflexion, une conscience "au carré", et la liberté.
L'Esprit transcende donc le corps de l'homme en l'homme, même si le corps est la "condition de possibilité" de sa réalisation.
Les hommes devraient continuer à progresser dans le futur, et former une noosphère ( sphère des esprits ou mondialisation ) évolutive ( noogénèse ).
Pourquoi pas ?
Cependant, sans rentrer dans le détail d'une critique religieuse du monothéisme, quelques points sont problématiques chez Teilhard.
Tout d'abord, où se situe la liberté humaine, la responsabilité puisque les capacités de l'esprit d'un homme sont strictement dépendantes du niveau de complexité de son corps?
Pour la même raison, l'immortalité de l'âme pose problème, car même si le psychisme humain est peut-être capable ( c'est pas sûr ) de déborder, de dépasser les conditions de possibilité ( le corps ) qui permettent l'émergence de ce psychisme, il demeure que cette éventualité est permise par la complexité du corps humain, et donc qu'elle doit cesser en même temps que la destruction du corps, ou dès que celui-ci s'altère suffisamment.
D'autre part, autre problème, Teilhard a critiqué les Chrétiens qui se désintéressent de ce monde-ci et qui attendent tout de l'autre.
Pour leur redonner le goût de l'action, il a cru bon de prétendre qu'elle était nécessaire à la réalisation totale de la Création, et donc à la venue de Dieu Lui-même, à la Parousie.
Le problème, c'est que c'est Dieu qui doit tout apporter au final, puique nous ne pourrons jamais franchir le saut du fini à l'infini, de la mortalité à l'immortalité par nos propres moyens. Donc, en quoi notre action peut-elle servir à quelque chose qui soit essentiel à la venue de Dieu Lui-même, puiqu'il semble très clairement qu'Il est seul en mesure d'apporter cet essentiel?
On dit parfois que Teilhard est victime d'un optimisme outrancier.
Je le pense aussi puisque, pour lui, Dieu n'est pas indifférent à sa Création, comme l'est celui de Descartes. Il y est engagé. Si la Création échoue, Dieu est entraîné dans sa Création en quelque sorte. Or, je ne pense pas que Teilhard envisage un échec de Dieu lui-même. Donc, tout le processus doit se réaliser pour le mieux, quelques soient les actions des hommes. Alors oui, Teilhard est un optimiste béat, et on ne comprend pas, encore, la valeur, le rôle de l'action dans un tel système.
En fait, si Teilhard avait eu le courage de rompre avec l'Eglise, s'il n'avait artificieusement rattaché ses thèses intéressantes au Catholicisme en particulier, et au Christianisme en général, son audience resterait d'actualité.
Il n'en a hélas pas eu le courage, d'où crise de larmes, regrets, doutes etc
Et surtout, il aurait couché avec sa grande amie, Lucile Swann.
Cela lui aurait évité la même erreur que Chateaubriand avec Madame de Récamier.
Comme quoi, ce n'est jamais très bon de vivre pour un autre ( le Christ en l'occurence ), et d'y sacrifier sa vie...