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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 12:52

 

 

 Thoreau est pour moi un référent. Il est le précurseur de tout ce que l'Amérique a compté et compte de libre et subversif.

Les Mark Twain, London, Steinbeck, Miller, Kerouac, Fante, Bukowski, Toole, Harrison et autres en sont les continuateurs, avec leurs modalités propres.

On parle sans cesse de "Désobéissance civile" qui influença beaucoup de contestataires, à commencer par Gandhi, dont les deux principaux maîtres furent Tolstoï et Thoreau.

 On oublie un peu "Walden".

 

Ce livre est très étrange. Je ne pense pas qu'il ait très bien été traduit. Et malgré cela, il est si profond, si original, ( je n'ai jamais rien lu qui m'ait donné cette impression ) qu'il est parfois difficile à lire.

Ce n'est pas qu'il soit complexe, ou tout à fait neuf dans ce qu'il propose, c'est la façon dont l'auteur s'y prend pour nous éclairer qui est surprenante et peut parfois sembler farfelue tant cela nous sort de l'ordinaire.

 

Thoreau a le mérite d'oeuvrer pour la vie. Il est un maître, un véritable philosophe qui ne s'est pas satisfait d'une conceptualisation, mais qui a réellement vécu, et qui est parti serein quand c'était l'heure, non pas faussement ou par l'usage de quelque artifice, mais naturellement et tout simplement, parce qu'il avait réellement et pleinement vécu.

Cet auteur nous dit qu'à la limite, on ne devrait écrire qu'empli d'énergie et de joie, de force tranquille puisée dans l'harmonie et l'abondance de la nature, et ne transmettre que cela, cette vie.

C'est tellement différent des conceptions occidentales, qui associent trop souvent l'artiste, la création, à la maladie, à la neurasthénie ( le romantisme, Baudelaire, Cioran, Houellebecq...).

C'est bon de montrer qu'il y a d'autres voies, que si "génie" et  "folie" sont souvent liés ( Van Gogh, Schumann, Artaud ), ce n'est pas une fatalité.

 

Thoreau, dans "Walden", développe ses intuitions, ses impressions dont on peut se servir pour notre propre vie.

Bien sûr, il s'agit de notre vie, et pas de la sienne, c'est à nous de nous faire nous-mêmes.

Mais, luçide, Thoreau le dit aussi. Son but n'est pas qu'on le suive, c'est de contribuer à ce que chacun trouve sa voie, s'éveille selon ses aptitudes, goûts, besoins, désirs propres.

 

Ainsi,certaines de ses vues sont contestables.

 

Par exemple, il prône le détachement des biens naturels, mais il n'avait pas d'enfant et en avoir complique les choses.

Les parents veulent que leurs enfants aient au moins l'essentiel. Thoreau aussi le voulait, mais l'essentiel pour un enfant, et pour beaucoup d'hommes en fait, comprend aussi du superflu, du superflu "nécessaire" pour la majorité des individus pour lesquelles les conditions de vie de Thoreau, son dénuement ne seraient pas supportables.

 

De même, lorsqu'il dit qu'il n'y a pas de meilleure odeur que celle de l'air frais que l'on inspire, j'étais, comme mu par un souci mimétique. d'accord. Je me souvenais de sensations fortes, pleines de vie, où je "sentais" l'air, et c'était bon.

Mais finalement, en étant honnête avec moi-même, je m'aperçus que ce n'était pas l'odeur que je préférais, que je divergeais à cet endroit de Thoreau. Moi, l'odeur que j'aime par-dessus tout, c'est l'odeur des femmes qui me plaisent. Elle m'enivre littéralement. Je ne pourrais vivre que de cette odeur, je serais comblé.

 

Mais qu'importe ces différences, Thoreau n'oblige personne à le suivre, il m'impose rien.

 

Il ouvre pleins d'autres pistes, et ce que je pourrais en dire ne serait que la perspective d'un ignorant ( intellectuel aspirant à la sagesse, mais pas libéré ) à propos d'un véritable sage, d'un homme tout simplement.

 

 

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