Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 février 2025 3 19 /02 /février /2025 20:25

Spontanément, je m’éloigne de plus en plus des arts martiaux. Ils furent une grande passion et je m’y intéresse toujours. Mais ils ne me paraissent plus indispensables et indissociables de ma personnalité, de ma vie. Je vais donner quatre axes pour expliquer cette évolution : efficacité ; spiritualité ; plaisir du mouvement ; esthétique.

L’efficacité des arts martiaux est toute relative. On se découvre, en fait, de plus en plus faible, de plus en plus vulnérable à mesure qu’on acquiert de l’expérience. L’efficacité est une illusion. De toute façon, il y a toujours plus fort, et la quête de l’efficacité martiale est sans fin, toujours insatisfaisante. Il est préférable d’atteindre une sérénité intérieure indépendamment de cette quête.

J’ai très tôt associé arts martiaux et spiritualité. Peut-être que j’ai été influencé par tout un syncrétisme. Mythologie du bushido, des samouraïs, mystères presque occultes des ninjas, comme s’ils portaient avec eux une force, des pouvoirs énigmatiques, fascination pour les moines shaolin et leur sagesse supposée… C’est comme si spiritualité et arts martiaux étaient indissociables, où plutôt comme si les arts martiaux étaient le vecteur privilégié de la spiritualité, et de la paix intérieure. C’est assez étrange, car la quête spirituelle peut tout à fait s’en passer, s’en délivrer même. Elle en est indépendante. Je dirais de plus que si la concentration dans les arts martiaux peut conduire à une forme d’état modifié de conscience, la danse permet une libération de la conscience. La conscience s’ouvre avec l’ouverture des défenses d’un corps cadenassé, canalisé pour le combat. Et ce qui émerge, les défenses amoindries, ce n’est pas de la faiblesse, c’est de la vraie force. La danse peut donner une assurance psychique et physique inattendue, que les arts martiaux promettent mais semblent si rarement procurer.

Pratiquer les arts martiaux, c’est aussi prendre plaisir à bouger. On arrêterait vite si ce n’était qu’une ascèse douloureuse, un effort. Apprendre des mouvements, enchaîner des mouvements, travailler l’équilibre, la tonicité, la coordination, la vitesse, cela donne des sensations.  L’entraînement, c’est aussi une forme de dépense nerveuse qui libère des endorphines. Se concentrer sur les gestes, c’est également un genre de méditation active, où l’on ne pense pas, où on est pris par/dans le flow, où on est moins pris par les soucis, les ruminations. Mais ce plaisir du mouvement, et tous ces avantages des arts martiaux, je les trouve plus encore, maintenant, dans la danse. Tout art martial reste un système contraignant, même quand on créé des enchaînements, car ceux-ci reposent sur une base technique très codifiée. On n’invente pas soi-même ses propres mouvements. La danse donne une liberté dont les seules contraintes sont les limites du corps. On peut tout y explorer, sans souci d’efficacité.

La beauté des arts martiaux. J’ai pris beaucoup de plaisir visuellement aux arts martiaux. Aïkido, silat, différents types de kung fu, taekyon, katori shinto ryu etc… Mais que ce soit l’habitude, qui m’en a lassé, ou la découverte de la danse, je ne trouve plus ça aussi beau. Parfois, ce qui m’exaltait me paraît même presque ridicule. Mon attirance pour l’esthétique des arts martiaux, le désir de m’en approprier les mouvements pour en reproduire la beauté gestuelle, ont été remplacés par l’esthétique de la danse, ses multiples possibilités nouvelles à explorer, à m’approprier, ce renouvellement des formes de corps et des perspectives, et l’état d’esprit différent, la métamorphose spirituelle que cela implique. Accepter d’abandonner le souci d’efficacité, envisager la formation d’un corps pacifié, et non plus tourné vers l’obsession des réponses possibles à l’agression.

Partager cet article
Repost0

commentaires