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15 mars 2017 3 15 /03 /mars /2017 02:15

 

Sur Paris, ils logèrent dans le treizième, chez un ami de Maharo, un Polonais, Marek, ex du 2ème Rep également. Marek venait de sortir de prison après une bagarre de bar contre des Nord Africains, et il était d’humeur instable, souvent alcoolisé. L’essentiel, c’est qu’il ne posait pas de questions. Tous trois, après un dîner sommaire, prirent un pot au béret vert, sur le Canal Saint Martin. Puis ils se séparèrent. Le Polonais écumerait les bars, laissant à Brian et Maharo la tranquillité pour se poser et affiner leur projet. Leur cible, Kyrill Hamdoulah, habitait un confortable loft dans le Marais. Préoccupé par sa sécurité, il était protégé par 3 gardes du corps, présents en coulissess durant ses émissions. Un seul le surveillait constamment, inspectant les alentours du loft. Celui-ci, il fallait le neutraliser. Maharo s’en chargerait. Brian en profiterait pour pénétrer chez Kyrill, et il le tuerait. Ils décidèrent que ça se ferait le lendemain.

 

Brian, agité, dormit peu. Il était heureux. Tuer un homme le cœur léger, c’était en finir avec le surmoi oppressant, les règles traditionnelles de morale, être libre dans une certaine mesure. Il se passerait d’armes. Il y en avait beaucoup d’autres à qui il pensait faire leur affaire. Bien sûr, c’était impossible de tous les tuer, mais plus il en tuerait, plus il aurait la conscience nette, l’impression que le monde s’en porterait mieux, débarrassé du pire du pire, l’abjection parmi l’abjecte humanité. L’idéal avec cette espèce folle, l’humanité, erreur produite par la nature, dinguerie toujours délirante, ce serait qu’elle disparaisse. Mais ça Brian n’en avait pas les moyens, du moins pas encore. Et en avait-il seulement envie ? Il y avait bien çà et là quelques individus à sauver, pas trop méchants, pas trop corrompus. L’extinction de l’espèce viendrait de toute façon. Ce n’était pas le rôle qu’il s’assignait.

 

Pour se calmer et afin de pouvoir dormir, il fit une marche contemplative, puis il se mit en position de méditation. Il aimait se recueillir ainsi, se concentrer sur sa position, sur sa respiration, se laisser absorber par les sons, puis revenir à l’observation de ses pensées, les voir apparaître, disparaître, se figer de temps en temps sur une idée plus obsédante, une image dérangeante qui s’imposaient à lui, puis les voir s’éclipser jusqu’à, parfois, laisser place à un grand calme, une conscience sans objet, sans représentations, ou les peurs habituelles, les anticipations effrayantes, l’angoisse de la mort disparaissaient. Alors il se retrouvait et se levait, en paix. Il pratiquait aussi régulièrement le yoga. Ça lui tranquillisait l’esprit, le pacifiait, bien plus que le taiso, exercices préparatoires au combat, ou que les arts martiaux.

 

Après quarante minutes environ de méditation, Brian, les jambes engourdies, fit le salut rituel et se leva. Il lui vint une brusque envie de faire des pompes. Il en fit trois séries de trente. Puis il se recoucha. Mais il ne s’endormait toujours pas. Alors il usa d’un stratagème dont il usait parfois. Il se mis sur le dos, se fixa dans la position, relâché, et essaya de s’imaginer planer, et rejoindre une sorte de monde des esprits. Quand ça marchait, les sensations étaient vraiment bonnes. Aucun souci n’encombrait plus son âme vide et libérée. Et il s’endormait.

Cette stratégie fonctionna malgré la teneur si particulière de cette nuit Parisienne. Il se réveilla en forme, sans souvenirs de rêveries. Le sang allait enfin couler.

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