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13 mai 2023 6 13 /05 /mai /2023 12:43

Un Loup n'avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
" Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée :
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. "
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. "
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
" Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.

Les Fables, Livre I
 

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13 mai 2023 6 13 /05 /mai /2023 12:29

"Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, ce qu’on sent aujourd’hui, à la vue du travail – on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir – , qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l’on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l’on adore aujourd’hui la sécurité comme la divinité suprême. – Et puis ! épouvante ! Le « travailleur », justement, est devenu dangereux ! Le monde fourmille d’« individus dangereux » ! Et derrière eux, le danger des dangers – l’individuum* ! (…) Êtes-vous complices de la folie actuelle des nations qui ne pensent qu’à produire le plus possible et à s’enrichir le plus possible ? Votre tâche serait de leur présenter l’addition négative : quelles énormes sommes de valeur intérieure sont gaspillées pour une fin aussi extérieure ! Mais qu’est devenue votre valeur intérieure si vous ne savez plus ce que c’est que respirer librement ? si vous n’avez même pas un minimum de maîtrise de vous-même ?"

NIETZSCHE, .Aurore

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12 mai 2023 5 12 /05 /mai /2023 23:26

 

« La philosophie a finalement toujours été une école de management et de leadership ». On pourrait dire également que les managers et les leaders sont les philosophes des temps actuels.

L’existentialisme :

« L’existence précède l’essence ». Qu’est-ce que ça veut dire ? Que vous êtes libre de bien bosser, ou non, pas d’excuses. Comme l’a écrit Sartre, condamnés à être libre, quels que soient vos choix. « Projet originel d’existence », vous n’êtes pas déterminé. Certes, il y a les situations, mais toujours vous avez le choix, librement inconditionné, au sein de ce contexte. Vous êtes embarqué. Qu’allez-vous faire de votre vie ? Servir l’entreprise, ou non ? Freud était de mauvaise foi. Pour refouler quelque chose comme dangereux dans l’inconscient, il faut en avoir une conscience première, donc vous êtes encore et toujours libre. Votre conscience l’emporte. Pas d’excuses.

Le Bergsonisme :

Il y a l’élan vital, la morale close, fermée pour les faibles, la morale ouverte pour les forts. Vous voulez être faibles ? Soyez les créateurs de vos propres valeurs, boostez votre créativité, la vie est « création d’imprévisible nouveauté », comme l’écrit Bergson, et servez l’entreprise au mieux. On rejoint les Taoïstes. Soyez flexibles, libres, adaptez-vous et assumez vos choix. Certes, les rites sont utiles à toute organisation (Confucius), mais l’excès de rites ne doit pas scléroser, figer, empêcher l’innovation. Peut-être atteindrez-vous alors le dernier stade, le mystique, et l’empathie que vous aurez bénéficiera à tous vos collaborateurs, à vos subalternes, et même à vos supérieurs, eh oui, je vous le dis, c’est provocateur, mais même vos supérieurs ont besoin de vous, peuvent apprendre de vous. Mais si vous êtes pauvres, interrogez-vous vraiment. Qu’avez-vous fait, réellement, sincèrement, pour devenir riches ? Mais pour bien anticiper, il faut se concentrer sur le pouvoir du moment présent, riche de toutes les virtualités, les possibilités en sommeil. Méditons.

La main invisible du marché :

Comme l’écrivait Adam Smith, toujours bon de rappeler les fondamentaux, on ne demande pas à un boulanger d’être sympathique, on lui demande de faire du bon pain. Eh bien, on ne demande pas à un cadre d’être un gentil garçon (rires), on lui demande d’être efficace, de produire, d’agir. Un temps pour la réflexion, un temps pour l’action. Et souvenez-vous toujours de cette maxime tirée de La Fontaine, ce maître de sagesse, « L’oisiveté est la mère de tous les vices » et, encore, je ne peux m’empêcher, de vous donner celle-ci, qui a été ma boussole, mon repère toute ma vie « Le travail, c’est le vrai trésor ».

Pragmatisme :

N’oubliez pas, les plus grands penseurs américains étaient pragmatiques. Ce qui compte, ce n’est pas la vérité de la proposition, c’est si elle fonctionne. Que vous importe si Dieu existe ou non, si croire en son existence vous apporte le bonheur. Souvenez-vous que la réussite de votre entreprise, et donc de vos collègues, dépend de votre motivation. Libre à vous de vous détruire, de renoncer, mais, je vous en prie, ne gâchez pas la vie de vos collègues !

Nietzsche :

Comme l’a bien vu Nietzsche, la vie est surmontement, dépassement de soi. L’homme est un pont vers le surhomme. Voulez-vous faire partie des faibles ? Alors stagner. Régresser ? Non, tout de même, car alors c’est la porte (rires). Non, sérieusement, stagner aussi, c’est un crime contre la vie, la volonté de puissance de domination. Il vous faut vous surpasser à chaque instant, et écraser, sans vergogne, la concurrence, car la vie est cette lutte pour le pouvoir, l’accroissement. Nietzsche rejoint ici Spinoza, pour qui le bonheur est le passage à un degré de perfection supérieure. Allez, je vous la fais plus simple, l’augmentation de la puissance d’agir, c’est, aussi, la joie. Vous voulez être tristes ?  Baissez les bras, abandonnez la lutte, vous serez tristes, mais vous ruinerez la vie de vos collègues, les entraînerez dans votre sillage, inondant d’ondes négatives l’espace de travail. Et vous croyez vous en tirer comme ça, si simplement ? (rires). Non, ce n’est pas acceptable. La responsabilité avant tout. Ne vous défaussez pas. Et la mystique encore, aller je vous le donne, la connaissance du troisième genre, la plus haute chez Spinoza, la béatitude intellectuelle dans le travail, au travail, par le travail. 

Selon Nietzsche, encore, il y a Apollon, l’ordre nécessaire à toute organisation, le support de l’entreprise, et Dionysos, la créativité géniale qui fera prospérer l’entreprise. L’entreprise doit trouver un équilibre entre le dionysiaque et l’apollinien, laisser du lest à ses employés, tout en les cadrant. C’est ce qui fait la beauté de la culture d’entreprise.

Stoïcisme :

 Et les Stoïciens, dans tout cela, me direz-vous ? Ah, ce n’étaient pas le genre à se plaindre, ce n’étaient pas des grincheux, eux ! Et on ne veut pas de ce travail, et on veut plus d’argent, et tels avantages. Non ! Pensez qu’il y a des choses qui dépendent de vous, d’autres non, et qu’il faut les distinguer pour sagement mener sa vie. Votre patron vous en fait voir de toutes les couleurs (rires). Ca ne dépend pas de vous. Seule votre vertu, votre rectitude intérieure, votre maîtrise de vous-mêmes dépendent de vous, et vous mènent à l’ataraxie, l’absence de trouble, la maîtrise de soi, la constance du sage, la tranquillité de l’âme, pour reprendre des traités de Sénèque, qui était, je le rappelle, le conseiller de Néron (qui a si bien réussi comme chacun sait), donc un consultant, un coach, un expert en management lui aussi, pour ceux qui douteraient de l’intérêt de la philosophie dans l’entreprise, pour la vie pratique.

Imaginez toujours le pire ! Voilà qui devrait être un mantra. Imaginez toujours que vous pouvez être licenciés du jour au demain, et vous ne serez pas surpris, choqué de l’être. Cynisme ? Non, car vous pourrez ainsi, préparés, mieux rebondir. Pensez qu’Epictète était esclave, et qu’il considérait que le sage, imperturbable, ne souffrirait pas s’il perdait femmes et enfants, car ce sont choses naturelles qui ne dépendent pas de lui, de nous. Pourquoi, si nous ne nous attachons à rien qui ne soit indépendant de nous, irions-nous gémir ?

« Gémir, prier, pleurer est également lâche

Fais énergiquement ta longue et lourde tâche

Dans la voie où le sort a voulu t’appeler

Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler »

C’est le loup élevant le poète, et lui délivrant son magnifique message de grandeur et de vie. Il lui enjoint de le prendre pour exemple. Eh bien, votre vie à vous, « la voie où le sort a voulu vous plonger, c’est l’entreprise, et la résignation que vous devez atteindre, c’est celle du loup, qui ne gémit, ni ne pleure, ni ne prie (quoique vous pouvez prier) mais fais énergiquement sa longue et lourde tâche dans voie où le sort a voulu l’appeler. Puis après avoir souffert, il meurt dignement, sans jérémiades, sans parler est-il écrit. Voilà ce que devrait être votre vie dans l’entreprise, au service de l’entreprise. Et, encore, plongé dans le taureau de Phalaris –qu’est-ce que le taureau de Phalaris, me direz-vous (eh bien, on y brûlait vif les condamnés), le sage est heureux, il n’est point troublé. Eh bien, vous qui vous plaignez sans cesse de vos conditions de travail, êtes-vous plongé, dites-moi, dans le taureau de Phalaris ?

Et comme mantra, aussi, « ce n’est pas l’événement qui m’affecte, c’est la représentation de l’événement ». On vous l’a souvent dit, ou c’est nouveau pour vous.  Eh bien, ce n’est pas le développement personnel qui l’a trouvé ça, non, ce sont les Stoïciens. Ca veut dire que vous êtes troublé par la représentation, non par l’événement réel. Votre femme meurt, et c’est l’événement qui vous trouble croyez-vous ? Mais regardez votre voisin, qui vit la même chose sans souffrance, parce que sa représentation de l’événement est différente. Ainsi, vous perdez un bras, votre travail, un proche, ne vous plaignez pas, agissez sur ce que seul vous pouvez contrôler, l’usage de vos représentations. Vous avez un patron irascible, des conditions de travail que vous trouvez déplorables ? Dites-vous bien que ce n’est que dans votre tête que cela se passe, qu’il vous suffit de changer la façon dont vous percevez les choses pour modifier votre état d’esprit. Et vous deviendrez adultes, autonomes, ne vous plaindrez plus dans une attitude de victime, un geste infantile, le refus d’assumer vos propres responsabilités car c’est facile, sur le patron, les collègues, la société, le boulanger, ou le service SNCF (rires) qui vous fait arriver en retard, quand vos collègues, eux, n’ont pas de retard. Mais quand donc deviendrez-vous adultes, responsables ? N’oublions pas le pouvoir du moment présent, méditons. 

Pascal :

Finissons par Pascal. Paraphrasons ce grand maître de sagesse. Pour Pascal, un patron a toujours raison, non dans l’absolu qui n’est pas de ce monde, mais du seul fait de sa position en tant que patron, on lui doit obéissance, car le respect de la hiérarchie est inévitable pour préserver la paix sociale, éviter le chaos. Un peu d’injustice est préférable à la faillite de nos institutions, de notre belle société n’est-ce pas ? Vive la République, vive la France ! Hourra !

Ce sera la conclusion, chers amis ! 

Ps : L’historien Harari dit que les poules ont réussi au niveau de l’espèce, d’un point de vue démographique, mais que leurs vies individuelles (enfermées dans des box) sont terribles et nettement moins libres et heureuses que celles de leurs ancêtres. Ne pourrait-on pas ajouter, si l’on suivait anarchistes et marxistes, qu’il en est exactement de même de l’homme, qui s’est multiplié en tant qu’espèce, mais qui vit parqué dans des espaces fermés toute la journée, quand, avant l’avènement de l’agriculture, l’homme du paléolithique chassait et cueillait au grand air ! Eh bien, osons le dire. L’homme enfermé qui œuvre au bien commun, qu’on dispense de penser pour son bien, au profit de l’entreprise et de la société, n’est-il pas le plus heureux des hommes ? On le prive ainsi d’inutiles atermoiements, qui plus est néfastes à la société, et on lui offre en retour tant de divertissements, de distractions salutaires, pensons à nos bleus champions du monde, aux émissions de variétés si ludiques et entraînantes. Nous verrons lucidement qu’on lui offre le meilleur des sorts, une vie confortable, où tout est balisé, sécurisé, sans incertitudes, sans risques, sans pensées, la vie idéale en somme, où tout est fait pour son bonheur. Car l’homme ne veut-il pas être heureux ? Comme le disent le Dalaï lama, Christophe André, Eckart Tollé, Ringpoché quelque chose, et tant de maîtres de sagesse, arrêtons de nous plaindre, de ressasser le passé, d’anticiper l’avenir, et concentrons-nous sur le moment présent, surtout sans réfléchir, et peut-être arborerons nous sur notre visage la magnifique idiotie du parfait crétin, le crétin des hauts plateaux himalayens, le visage de l’imbécile heureux le plus connu de la planète, (mais Eckart Tollé n’est pas loin, puis suivent de près Laurent Gounelle et Eric Emmanuel Schmitt), j’ai nommé le Dalaï lama.

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12 mai 2023 5 12 /05 /mai /2023 23:25

 

Quelques perspectives.

 

La véritable philosophie est, aussi, critique, subversive. Comment la concilier avec les objectifs de rentabilité, de performance, de productivité de l’entreprise ?

 

Absurde les récupérations par le management de pratiques contemplatives, tels le « tao management », la « pleine conscience ». Le tao, c’est d’abord l’éloge du vagabondage, de l’oisiveté, du détachement dans un esprit très « transcendantalisme américain ». Quant à la pleine conscience, qui égrène un tissu de platitudes et propose comme solution à tout problème de vivre un instant présent dont l’existence est contestable, il prend les choses à l’envers. Plutôt que de changer les conditions objectives de travail, il vise à adapter les individus pour qu’ils tiennent le coup dans des conditions déshumanisantes, tout en les culpabilisant avec l’idée d’un mérite, d’une responsabilité fondée sur une liberté absolue et inconditionnée qui n’est qu’une fiction métaphysique.

 

Et que dire de la PNL, ni philosophique ni scientifique, qui sévissait dans les entreprises il y a peu, remplacée peu à peu par la « mindfulness », et par le retour de l’hypnose,  non l’hypnose issue des travaux rigoureux de François Roustang, mais celle d’écoles tenus par des charlatans qui font payer des sommes extravagantes pour des formations et diplômes dont les intitulés et programmes font horreur, et qui parfois utilisent des concepts philosophiques ou scientifiques mal assimilés pour gagner en crédibilité ! De la pure escroquerie…

 

Associer philosophie et démocratie me semble hasardeux. Des philosophes, et non des moindres, à commencer par Platon, ne la tenaient pas en grande estime. Le triomphe de la majorité, c’est aussi celui de la médiocrité, telle qu’elle règne actuellement, presque partout. Est-ce intrinsèque à la domination de la masse, ou est-ce le résultat d’une démocratie dévoyée, c’est discutable.

 

L’idée d’une transmission populaire de la philosophie, oui bien sûr, mais à partir des textes, des œuvres. La philosophie est une discipline exigeante, comme la physique, la biologie, et il me semble étonnant de citer Kant pour se dédouaner d’une vulgarisation outrancière. « On n’apprend pas la philosophie, on apprend à philosopher ». Certes. Mais Kant était un génie d’une part. D’autre part, il connaissait très bien la philosophie. Qu’aurait-il créé, sans Leibniz, Rousseau, et surtout Hume le réveillant de son sommeil dogmatique ? C’est donc à partir des œuvres que l’on se hisse hors des conversations de bistro.

 

La philosophie n’est pas une « école de coaching », comme je l’ai lu, et se servir, comme je l’ai souvent vu, d’arguments extraits des Stoïciens, de Spinoza, de Nietzsche, de Bergson, hors contexte, et pour faire autorité, sans exposer les failles et fragilités de ces penseurs, ce n’est pas sérieux, si l’on prétend faire autre chose que de l’ornementation philosophique managériale.

 

Même si je ne souscris pas aux thèses existentialistes, et si je préfère Lucrèce, Montaigne, Freud ou Darwin, Sartre a bien montré la différence, dans « Plaidoyer pour les intellectuels ? », entre le technicien du savoir, qui opère une synthèse artificielle entre l’universalisme, l’efficience de la science et l’idéologie particulière, dominante, technicien du savoir parasite remercié par le pouvoir, et l’intellectuel, qui choisit la vérité au détriment de l’idéologie et des valeurs établies, et est donc exclu des privilèges que la classe dominante accorde. La philosophie est cette prise de risques. Et des grands noms, subversifs, comme Darwin, Henri Laborit, François Roustang, sans être philosophes, font œuvres de philosophie.

 

Quelle tristesse par exemple de constater le succès d’un Christophe André égrenant des banalités, toujours les mêmes de livre en livre, quand Russell, pourtant spécialiste de logique, propose tant de vues profondes et éclairantes dans « A la conquête du bonheur », livre accessible, sans jargon, lucide, n’omettant pas les déterminismes sociaux, économiques, le milieu, dans le difficile processus de l’épanouissement individuel.

 

Nous sommes donc actuellement en pleine régression, et si l’entreprise désire de la philosophie non édulcorée, si elle désire s’ouvrir à ses exigences, alors, passant de Lucrèce à Montaigne, de Schopenhauer à Freud, De Darwin à Michel Serres, de Hume à Russell, de Thoreau à Lin Yutang, alors nous serons vraiment profitables, utiles. Si la philosophie est réduite à un package managérial qui lui ôte toute sa substance, tous ses doutes, sa puissance, alors elle ne sert à rien. Ce n’est plus de la philosophie.

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12 mai 2023 5 12 /05 /mai /2023 22:58

La Pnl dominait dans le développement personnel et le management il y a quelques années. Or, rien que le terme est sujet à caution. Programmation neuro-linguistique. Programmation comme si nous étions des ordinateurs à programmer. Ensuite neuro-linguistique, pour faire scientifique. Or, même si les fondateurs s’inspirent de concepts scientifiques, comme la logique de Alfred Korzybski, ce qu’ils en ont fait n’est reconnu, ni par les scientifiques ni par les philosophes, comme très sérieux. Il suffit de se référer aux critiques justifiées. C’est une démarche qui me semble à l’opposé de la démarche philosophique. Je ne vais pas développer, de très bonnes critiques sont accessibles sur le net. Quant à son chef de file médiatique, Anthony Robbins, sorte de gourou télévangéliste bodybuildé, il me répugne. Tout me semble faux, artificiel chez lui. Une poupée marvel.

La Pnl a été remplacée par la pleine conscience (et une certaine hypnose actuellement), que je connais mieux pour l’avoir pratiqué. J’ai fait un cycle il y a une dizaine d’années, quand c’était plus accessible et assez nouveau. Je ne nie pas que cela ne contienne des éléments intéressants, notamment le fait de donner des accès à la méditation pour des laïcs, où pour des hommes qui ne se reconnaissent dans aucune religion, mais avec des aspirations spirituelles. Je me suis servi d’exercices par la suite dans ma propre vie.

Mais il y a de multiples interrogations quant à cette pratique.

-Absence de contexte sociologique, économique, philosophique

- Focalisation sur le bonheur comme but de la vie. Or, pourquoi cette obsession contemporaine pour le bonheur ? Comme l’écrit Huxley dans « Le meilleur des mondes », être libre et souffrir plutôt qu’être heureux mais asservi. C’est la fable du Loup et du chien.

-Une responsabilisation individuelle qui culpabilise ceux qui ne parviennent pas à être heureux, comme si l’individu était absolument libre de choisir sa vie, indépendamment des multiples déterminismes, contextes dans lesquels il est inséré, un nœud de serpent comme l’écrit Laborit. C’est une hypothèse qui ne tient pas sociologiquement.

-Une voie qui se veut libératrice individuellement, mais qui procède par une standardisation mécanique, normée d’une pratique, ce qui est contradictoire (bien développé par Graziani).

-Le fait qu’elle soit très demandée par les entreprises. On insiste sur la responsabilité individuelle encore une fois. On cherche à renforcer la résistance de l’individu (résilience est le mot à la mode), pour qu’il s’adapte à des conditions de travail qu’il serait préférable de changer, plutôt que d’y conformer les individus.

-Le business autour, et la médiocrité intellectuelle des livres sur le sujet. Christophe André en écrit des tonnes, ou, comme le Dalaï lama, il ressort toujours les mêmes choses, et les mêmes platitudes. C’est pour cela que j’avais loué le livre de Russell « A la conquête du bonheur ». Comme « L’éloge de la fuite » de Laborit, ils vont beaucoup plus loin sur le sujet, en un seul livre.

-La détestable idéologie du bonheur, ou de la joie, le concept de pensée positive. Penser positif, c’est se condamner à ne pas penser du tout. Christophe André m’évoque la dystopie de Zamiatine « Nous autres », où il est question du bonheur comme idéal, validé par les moyens de la science. C’est exactement cela qu’on nous propose, qu’on nous impose presque. D’ailleurs, cet homme qui moralise, Christophe André, a dit dans une émission qu’il n’aimait ni Baudelaire, ni Dostoïevski, ce qui ne m’étonne guère, la complexité de l’âme humaine lui échappant. Le spleen a sa fonction, la tristesse et la colère sont aussi essentielles que la joie ou l’apaisement. Quant à Dostoïevski, « Le sous-sol » est l’exact opposé de l’idéologie hygiéniste actuelle. Et si je veux être malheureux, si je refuse leur conception du bonheur, ou le bonheur tout court? Préfiguration Dostoïevskienne des totalitarismes nazis et communistes. Or, nous glissons vers un totalitarisme du contrôle, hygiéniste et technologique, une uniformisation des pensées, des comportements, une surveillance et une transparence constantes. Le loup est devenu caniche, le cavalier des steppes mongoles est un docile employé de bureau en open space. La liberté contre la sécurité.

-La critique systématique de la psychanalyse, qui prend en compte, elle, la complexité de l’âme humaine. Mais la psychanalyse est subversive, donc dangereuse. Il est plus facile pour la société, pour les familles, pour les institutions, de responsabiliser les individus comme auteurs de leurs pathologies, où sans nécessairement les responsabiliser, de les considérer comme étant seuls porteurs de problèmes, indépendamment de leur environnement,  plutôt que d’approfondir le passé traumatique, les influences désastreuses, les conditions économiques, la violence et le non sens au travail, la misère culturelle et médiatique. La souffrance est un symptôme. Le symptôme a une signification. Il exprime, ou tente d’exprimer un malaise, un désir. Et on veut l’étouffer avec des médicaments où des pratiques, comme la pleine conscience, qui n’en tiennent pas compte. Or, sur les phobies par exemple, il me semble que la psychanalyse est dans le vrai. Christophe André me paraît survalorisé, surmédiatisé, car il sert le système, dont il est un efficace chien de garde. Il suffit de lire « Malaise dans la civilisation », ou « L’avenir d’une illusion », pour mesurer l’écart à l’avantage de Freud, mais aussi pourquoi ses apports sont si combattus, y compris sa critique de la religion.

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12 mai 2023 5 12 /05 /mai /2023 22:42

 

Auteurs :

La fessée Platonicienne , ou fessée des essences intelligibles : Peut-on parvenir au monde des Idées pures par le moyen matériel, sensible, de la fessée ? Question qui occupe une place centrale dans l’histoire de la philosophie.

La fessée du cogito (Descartes) : Je fesse donc je suis (j’agis), mais si je suis fessé, je suis pure réceptivité, alors suis-je ?

La fessée empiriste (Hume) : Preuve par les marques rouges de la réalité de mon existence, et de l’existence d’autrui.

La fessée matérialiste/idéaliste : Idéalisme absolu (Berkeley) : Il n’y a que la fessée. Matérialisme absolu : La fessée n’existe pas. Ou l’inverse !

Spinoza : La Substance fessiale, avec ses modes, ses attributs, qui se déploie, se divise, se décline, mais qu’on peut retrouver, et la paix de l’esprit, par la fessitude intellectuelle en Dieu.

Leibniz : Dieu a conçu la meilleure fessée possible avec son intelligence, l’a choisi par sa bonté, et l’a fait exister par sa puissance.

La fessée transcendantale (Kant) : Révolution Copernicienne de la fessée centrée sur le sujet. Nous n’allons pas développer ici sur le fait bien connu qu’on ne peut savoir si on a accès à la fessée telle qu’elle est en soi, ou si nous n’avons qu’une perception modifiée de la fessée par nos intuitions a priori, sans espérer jamais en avoir d’intuition intellectuelle. Concentrons-nous sur un détail plus pragmatique :

Exemple d’application à la Loi morale. Si la compagne de Mx s’éloigne de l’impératif catégorique, Mx lui administre une fessée pour l’aider à se réorienter. Voici le problème, appelé « antinomie de la fessée transcendantale, ou de la fessée pure pratique » : Si la compagne éprouve le moindre plaisir, la moindre inclination dans le châtiment, la fessée manque son but. Or, il est impossible de savoir avec certitude si la compagne éprouve, ou non, du plaisir, si elle subit la punition en parfait accord avec la Loi morale, de façon désintéressé, par devoir et non conformément au devoir. Voilà un problème crucial qui n’a pas complètement été résolu par les successeurs de Kant. Mais même si l’histoire ne nous certifie pas qu’un seul exemple de compagne fessée reçut le châtiment par pur devoir, il faut faire comme si, ce que Kant nomme « Idéal régulateur cosmogonique de la fessée ».

Hegel : La manifestation de la fessée Absolue dans le monde et dans l’Histoire. La dialectique de la Fessée. Je fesse/Je suis fessé/Nous nous fessons.

Marx : La fessée ne s’effectue pas, dans une pureté abstraite, dans le monde. Elle est le résultat des conditions de production qui la font telle ou telle.

Feuerbach : La réappropriation par l’homme de l’essence de la fessée.

Stirner : Je suis la fessée, l’Unique !

Kierkegaard : La fessée angoissée, ou l’angoisse de la fessée !

Teilhard : Fessée et science ne sont pas incompatibles, ils convergent.

La fessée phénoménologique (Husserl) : La fessée, rien que la fessée, mais toute la fessée !

La fessée personnaliste (Mounier) : La fessée m’identifie comme singularité irréductible.

La fessée originelle d’existence (Sartre) : Chacun s’est choisi originellement libre dans sa façon de donner ou de recevoir la fessée. L’homme est condamné à être libre. La fessée ne précède pas l’existence, c’est l’existence qui précède la fessée.

Stephen Jay Gould : Principe du non empiètement des magistères : Fessée et science ont leurs domaines respectifs, distincts, qui ne se recouvrent pas.

Bachelard : La fessée poétique, la fessée des 4 éléments, de l’eau, de l’air, de la terre, du feu.

Freud : La fessée refoulée et sa guérison par l’abréaction, ou catharsis fessiale.

Nietzsche : La fessée n’est qu’un pont vers la surfessée. Le grand Fesseur est mort !

 

Thèmes et problèmes :

Fessée quantique : E=FC2

Darwinisme : La fessée évolutive. Nous n’avons pas de preuves, malgré des lignes évolutives concluantes, d’une continuité historique sans faille de la pratique. Cela invalide-t-il la théorie ?

Preuve de l’existence de Dieu : La pratique répandue de la fessée, en toute époque et presque dans tous les pays prouve qu’il y a une harmonie naturelle voulue, pré-établie, car comment toutes ces fessées pourraient si bien se réaliser, se combiner, s’il n’y avait le Grand Fesseur, à l’origine de toutes les fessées, Cause des causes et premier moteur ?

La fessée mystique : Parvenir à la fusion avec le grand Tout par l’abandon que procure la fessée, ceci corroboré par la science. En langage moderne, on parle de « fessée en pleine conscience ».

 

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8 décembre 2022 4 08 /12 /décembre /2022 00:46

Tentative d’annulation de l’Opéra de Moussorgski "Boris Godounov", adaptation du chef d’œuvre de Pouchkine, par l’ambassade ukrainienne et des anti Russes.

Même pendant la seconde guerre mondiale, il était absurde de censurer Goethe, Beethoven ou Thomas Mann.

Quelle erreur d’avoir opté pour les Usa. Les américains, ils sont loin, ce ne sont pas eux qui se font bombarder. La chance de l’Ukraine, c’est, c’était la proximité avec le grand frère Russe. Sans les Russes, et quand les américains les lâcheront, que restera-t’il aux ukrainiens ? C’était si difficile de résister à l’Occident dégénéré, et de choisir la Russie ? Oui, c’était difficile, avec l’influence américaine, Soros et zelensky, et la lâcheté de nos politiciens, avec Pfizer et Ursula Von Der Leyen.

C’était très difficile. Ils avaient tout contre eux. Mais ils reviendront, ils n’ont pas le choix.

Ps : dans l’optique où les américains veulent, et voudront un retour sur investissements, même si ça tournait à l’avantage de Zelenski, il est évident que l’ukraine serait dirigée par les américains, territoire vassal des Usa, et perdrait sa souveraineté effective, devrait rendre des comptes.

Quand bouterons-nous les américains de l’Europe ?

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8 décembre 2022 4 08 /12 /décembre /2022 00:44

Il y a de l’argent pour sauver les banques. Il y a de l’argent pour les armes. 100 milliards de dollars ! Et la pauvreté, l’éducation, la santé ? Le Peuple Américain doit être très très en colère.

 

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8 décembre 2022 4 08 /12 /décembre /2022 00:44

 

Que des abrutis américains désirent « effacer » les références aux Classiques Européens, c’est idiot, mais on peut le concevoir, parce que c’est le prolongement d’une tentative continue de fonder leur propre culture, leur littérature, leur philosophie (Whitman, Mark Twain, le Transcendantalisme, le mouvement Beatnik…) Mais que ce mouvement s’implante en Europe, c’est lutter contre sa propre culture au service d’un Continent qui n’est pas le nôtre et dont nous ne partageons ni les valeurs, ni les soubassements idéologiques, ni les nécessités.

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8 décembre 2022 4 08 /12 /décembre /2022 00:43

 

Si, un jour, j’étais nommé chevalier des arts et des lettres, j’aurais bien trop honte pour l’accepter, vu les nominés. Qu’ils soient à peu près tous nuls, c’est un fait. Chantal Lauby, Orelsan, chevaliers des arts et des lettres, vraiment ? Mais Franky Vincent, c’est un pas de plus vers l’innommable et la démagogie. Que cette nomination ait été d’abord voulue par Bachelot, ministre de la culture se vautrant dans les blagues graveleuses et la fange des «grosses têtes », ce n’est pas surprenant. Et, toujours, le même refrain. « Il a du succès » ; « Il est populaire aux Antilles » ; « Il n’y a pas de sous-culture » ; « Tout se vaut ». Mais oui. Il n’y a pas de sous-culture. Quelle différence entre Franky Vincent et Dostoïevski après tout ?

Mais imagine-t’on Poutine honorer d’un titre Russe équivalent Franky Vincent ? Non. Imagine t’on Zelenski le faire ? Oui

Et l’Occident ne serait pas décadent ? Balzac, Hugo, Pasteur, Malraux, Franky Vincent…

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