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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 05:27


Qu'est-ce qui l'emporte dans et pour la psychanalyse ? Son aspect normatif ou libérateur ?

S'il est vrai que Freud s'est distingué par la remise en cause de préjugés populaires et savants ( critique des religions, des supertitions, d'une société trop répressive donc nocive ; mise en évidence du fonctionnement commun, mais plus ou moins adapté au milieu, des névrosés et des gens sains, qui implique que les personnes dites équilibrées peuvent aussi bien s'effondrer ; absence de condamnations morale des "perversions", qui sont le résultat d'un processus, d'un enchaînement causal ; mise à jour de la sexualité infantile, et de son rôle fondamental ; existence et fonction de l'inconscient ; complexe d'oedipe et ses conséquences ), il reste que la psychanalyse comporte de nombreux aspects normatifs, et qu'elle est désormais bien souvent taxée de réactionnaire, ce qui peut sembler étonnant tant elle est parue "révolutionnaire" à ses débuts ( voir sa réception par les surréalistes ).

Sur quoi se fonde t elle, ( surtout Freud en l'occurence ), pour justifier son conformisme ?
C'est ce que nous allons analyser maintenant.

Tout d'abord, Freud n'est pas un anarchiste. Il ne pense pas que l'homme soit un être "naturellement" bon, ni d'ailleurs mauvais. Il le conçoit comme un animal conscient, doué de raison, mais mu avant tout par des pulsions, une énergie, donc essentiellement et primitivement narcissique.
L'homme est caractérisé par un égoïsme social, une sorte 'd'associable sociabilité" comme dirait Kant, et il lui faut donc apprendre à intégrer les moeurs et manières de son milieu, à intérioriser les taboux en vigueur dans l'environnement dont il devra maîtriser les codes, sous peine de sanction, d'ostracisme ( comme l'a développé Eric Fromm, la plus grande peur de l'homme, c'est la solitude, et il est tellement conditonné par sa communauté qu'il s'interdit de dire, mais aussi de penser tout ce qui va à l'encontre, pour se maintenir dans une position confortable ; de cette peur résulte l'esprit si borné de la plupart des individus ) .
Le principe de plaisir doit être limité par le principe de réalité. C'est d'ailleurs la seule façon pour l'individu de parvenir à ses fins, d'apprendre à composer avec le réel. Il lui faut apprendre la médiation, sans quoi il ne pourra jamais parvenir à s'adapter, avec des compromis satisfaisants à la clé.
Une première norme est donc inévitable.
L'individu est obligé de s'accomoder des conditions objectives d'existence de sa communauté. Elle peut ne pas le satisfaire. Il peut vouloir la modifier, et son effort pour en changer les règles peut être suffisamment justifié, fondé, pour être légitime.
Mais rien à faire, ce sera toujours à l'individu de se plier aux règles préexistantes et imposées. Quelques soient la société qui le précède, l'individu aura toujours un effort à faire, une assimilation forcée des codes structurant sa communauté à réaliser !

La critique de ce qui nous paraît comme des imperfections est cependant bienvenue.
Freud n'a cessé de s'y livrer. Et les implications de ses théories pourraient suffire, si elles finissaient par imprégner notre société, à en bouleverser la plupart des orientations, éthiques, économiques, pénales etc

Dans "L'avenir d'une illusion", par exemple, Freud a montré que la religion était une névrose universelle de l'humanité, qui dispensait les individus des névroses individuelles, mais inhibait considérablement leur intelligence.
Elle ne structurerait pas irréversiblement le psychisme humain si on lui substituait, dès le plus jeune âge, des connaissances plus rationnelles, comme des principes scientifiques.

Dans "Malaise dans la civilisation", il explique que le degré d'intériorisation des taboux, donc de répression des instincts et de de la frustration, est proportionnel aux progrès et raffinements de la civilisation. Par conséquent, il importe que les compensations à ce sacrifice libidinal constant soient étendues à la majorité des hommes, et non plus réservées à une élité.
Si ces compensations ne sont pas assurées, la révolte du Peuple est légitime.

Si la norme comme socle, comme forme universelle de l'expérience humaine, n'est pas dépassable, son contenu particulier l'est !

 

Dans les "3 théories de la sexualité", Freud dévoile le mécanisme des perversions. Stigmatiser certaines pratiques sexuelles comme perverses, déviantes, c'est les situer en rapport à une norme, une référence sur laquelle se modeler.

Cependant, Freud a été, là aussi, complètement novateur, en ce qu'il a établi, scientifiquement, l'origine de ces déviances, le pourquoi et le comment de la fixation libidinale sur un certain type de "choix d'objet". Et, en démontrant que nous étions tous des "pervers polymorphes" dans la prime enfance, c'est-à-dire que la sexualité de tous les hommes se portait sur tous types d'objet, il a tenté de faire comprendre que les pervers étaient des hommes comme les autres, dont l'évolution psychique et sexuelle avait été entravée, s'était figée à un certain moment de son développement, de son processus d'autonomisation.

D'où une déculpabilisation morale. Il a ramené à une explication rationnelle, ce qui était perçu comme relevant du diable, du démoniaque, du mal absolu.

 

Evidemment, c'est toujours révolutionnaire, puisque cela n'a pas été intégré par notre société pour qui il existe une sorte de "mal absolu", pratique pour se décharger de ses maux internes sur des boucs émissaires, en se masquant le fait que s'ils s'agissaient de "monstres naturels", comme le clame la presse people pour exciter les mégères, il ne pourrait s'agir de les enfermer que pour la prévention, mais qu'ils ne sauraient être tenus pour responsables de leur nature.
Et s'il ne s'agit pas de "nature", ils peuvent encore changer, alors...

C'est pourtant sur le caractère normatif de la sexualité chez Freud que se cristallisent les critiques actuels. Mais en fait, ce rejet de Freud ne vise pas la stigmatisation de toutes les perversions, mais seulement de celles qui ont fini par être "reconnues" socialement, qui se veulent tout autant acceptables que la norme établie, qui prétendent accéder aux mêmes prérogatives, être elles-mêmes la norme en quelque sorte, une partie constitutive de la norme, et non plus une pathologie par définition extérieure à la norme.

Les "perversions" acceptables, qui donc ne s'appréhendent plus comme des perversions, ou des transgressions,  ce sont l'homosexualité, le fétichisme, le sado masochisme et autres échangismes etc
Ne sont pas admises les perversions plus minoritaires comme la pédophilie, la zoophilie, la nécrophilie, sans doute parce que leurs pratiquants sont plus minoritaires encore, et ne peuvent revendiquer leurs goûts. Mais les homosexuels, qui ont lutté pour que leurs penchants sortent de la stigmatisation, se préoccupent-ils du sort des "exclus" les plus pervers? Nullement.
Il semble qu'ils les considèrent désormais comme à la périphérie de norme qu'ils se sont efforcés de rejoindre. Mais rien n'indique que les choses n'évolueront pas encore, et que ce qui est rejeté comme étant des vices monstrueux actuellement, ce qui était le cas de l'homosexualité il y a peu, ne sera pas intégré dans la norme future.

Or, quelle est la position de Freud sur ces problèmes?
Pourquoi est-il si violemment rejeté par les homosexuels?
Parce qu'il ne reconnaît que l'hétérosexualité, c'est-à-dire la fixation de la sexualité sur les zones génitales du sexe opposé, comme norme !
Tout ce qui s'en écarte, à l'âge adulte,  est pour lui une perversion, c'est-à-dire une fixation libidinale qui entrave le développement considéré comme sain de la sexualité.
C'est ainsi qu'il juge tout ce qui a trait au comportement sexuel non hétéro, comme relevant du même plan, celui des perversions. Celles-ci varient par contre en fonction de la fixation libidinale et psychique des individus, elle-même liée à leurs histoires.
Il ne s'agit pas de chercher à les éradiquer d'un coup puisqu'elles font symptômes, et ont donc leur fonction. Mais elles n'ent demeurent pas moins des problèmes auxquels il faut remédier, des pathologies. D'où l'ire des "déviants".

Sur quels critères se fondent Freud pour établir un tel diagnostic ?
S'il définit les perversions par rapport à une norme, pourquoi celle-ci devrait être l'hétéro-sexualité ?

En fait, Freud est influencé par Darwin.
Pour lui, la vie tend à se perpétuer, se transmettre. La finalité naturelle de la sexualité, c'est d'enfanter. Et c'est parce qu'il estime que la vie n'est pas une simple recherche de "résolution des tensions", qui mène à la mort, résolution définitive de toutes les tensions, mais qu'elle vaut la peine d'être vécue ( le but de la cure est de redonner le goût de la vie au patient par une évolution de plus en plus satisfaisante des compromis ), que Freud n'aboutit pas aux conclusions de Schopenhauer.
Pour Schopenhauer, le but à atteindre est la "négation du vouloir vivre" , vouloir vivre qui nous empoisonne. Donc, subvertir la finalité naturelle de la sexualité, qui est la perpétuation de la vie et du vouloir-vivre, est une bonne chose. Cela nous permet de contourner le piège, de rompre l'enchaînement auquel nous destinait la nature.
 Puisque, sur la valeur de la vie, les postulats de Freud diffèrent, il ne s'agit plus pour l'homme d'aller à contre courant.
Les pulsions de vie doivent triompher des pulsions de mort même si l'extériorisation, le "décentrement" libidinal est entreprise ardue, et risquée.
Notre intérêt individuel et celui de l'espèce convergent, et ce n'est même qu'en sacrifiant à la logique de l'espèce qu'on y trouve individuellement son compte, pleine satisfaction.
Pour Freud, la logique de l'espèce implique que ce n'est qu'en participant à sa transmission, qu'on développe toutes ses virtualités personnelles, qu'on accède à la maturité. Même si elle n'est pas une condition suffisante, elle est pour Freud indépassable.

Une perversion est donc telle, parce qu'elle est contre nature pour Freud, et la norme sociale, pour être légitime, doit copier la nature, aller dans son sens.
C'est le tribut que l'homme doit payer à la nature qui garantit son équilibre. Et c'est d'autant plus vrai qu'il associe chaque névrose, chaque pathologie mentale à une fixation, ou une régression libidinale, association qui a par ailleurs été contestée par de nombreux psychanalystes ( Jung ).

C'est aussi parce que la vie vaut la peine, que l'homme doit s'interdire la régression infantile et fusionnelle.
La vie, ses exigences, sont dures. Elles réclament la lutte, "struggle for life". Et l'immaturité psychique n'est pas le meilleur moyen d'y satisfaire. D'où la nécessité de résister à la tentation de la régression, de refuser le cloisonnement et la répétition, et de privilégier l'indispensable prise de risque, la confrontation avec la nouveauté. Aller de l'avant.

Enfin, la norme n'est pas nécessairement répressive. La notion de "surcompensation artistique" par exemple, incite à lâcher du lest sur la sublimation, l'équilibre psychique ne pouvant fairel  'économie de la chair.

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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 01:37


"Le pouvoir de l'amour l'emporte sur l'amour du pouvoir"

La théorie Darwinienne est certainement la plus vraie. Il n'y a pas d'amour désintéressé. On aime toujours en fonction du potentiel global dont on pare l'autre, appréhension adéquate ou inadéquate à la réalité.

L''investissement libidinal peut découvrir la personne réelle ou la travestir selon  un idéal. Dans ce dernier cas, on ne développe que les clichés de l'autre en phase avec notre idéal, et on néglige les autres. Ce processus est inconscient, et domine notre raison parce que l'instinct veut aimer. On aime aimer ( voir Proust ).
C'est pourquoi on peut passer sa vie à aimer une personne dont on s'aperçoit, à la fin de sa vie, qu'en définitive, elle ne nous correspondait pas ( Swann et Odette de Crécy ).

De toute façon, l'amour est toujours une question d'équivalence (réélle ou supposée )"physique", "biologique", de vitalité, de puissance.

Si une femme intéressante s'éprend d'un artiste "maudit", c'est parce qu'elle pressent ce qu'il cache, ses virtualités, ce qu'il pourrait faire, donc c'est encore une question de puissance.
On ne sort pas de la biologie.

"Celui qui comprendra le fonctionnement du babouin fera davantage progresser la métaphysique que Locke". Darwin

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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 01:21


Lors du dernier festival "Etonnants Voyageurs", j'ai discuté de Buk avec une femme, qui m'a assuré qu'il se foutait d'être "reconnu".

Pourquoi s'est-il acharné à écrire alors, et pourquoi s'est-il efforcé de se faire publier ?
Pour les femmes, l'alcool, la tranquillité permise par l'argent des livres et des conférences?
Ce sont soient des formes de reconnaissance, soient des produits de la reconnaissance.

On ne sort pas de la recherche de l'assentiment d'autrui tant qu'on n'est pas autiste.

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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 01:00


"Le choix de l'objet aimé est de l'ordre du mystère".

Il s'explique sociologiquement, psychologiquement, biologiquement.

Le fait de se côtoyer naturellement favorise les rapprochements entre individus d'un milieu social commun, et un niveau culturel égal, un patrimoine, un revenu similaires renforcent cette tendance. ( Bourdieu )

Les déterminations psychologiques inconscientes qui résultent de la première enfance orientent nos choix malgré nous ( ex : la fille qui louchait chez Descartes ).

Enfin, nous sommes attirés par des êtres dont le patrimoine génétique est complémentaire au notre, et cette attirance nous est imposée par la nature, afin d'assurer à notre espèce une perpétuation saine et résistance  par la meilleure combinaison génétique transmise au nourrisson. Cette séduction "génétique" s'opère à notre insu, et résulte de l'appréhension par les sens de signaux visuels, auditifs, olfactifs notamment. ( Schopenhauer )

L'addition de ces 3 facteurs conditionne le "choix" de l''objet aimé, qui est en fait automatique, spontané, naturel, et n'a rien d'un choix, d'un éventuel libre-arbitre.

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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 12:40


Dans "Belle du Seigneur", le personnage Adrien Deume est ridiculisé. Il ne s'occupe que de mondanités, et incarne une sorte de quintessence de la bêtise, de l'insignifiance ( comme le mari de Thérèse Desqueyroux, tellement caricatural qu'il n'est pas crédible ).
Seulement, ce que ne semble pas comprendre Cohen, c'est l'universelle loi qui pousse les hommes à la recherche de la manifestation de soi, de la prise d'ampleur. C'est biologique, c'est la vie. Or, les hommes n'étant pas également doués, leurs modes singuliers d'expression diffèrent en fonction de leurs aptitudes, et la qualité des fruits liés à la voie empruntée est à la mesure de la profondeur des individualités.
Il n'y a donc pas de jugement possibles des individus. Le "type" auquel appartient Adrien Deume ne peut s'excéder lui-même.

Pour cette raison, on peut considérer l'oeuvre d'un écrivain comme pitoyable, mais on ne peut condamner sa création, le fait qu'il la produise, et qu'il produise du médiocre, s'il donne ainsi le meilleur de lui-même.
Ce médiocre aidera beaucoup de gens, la majorité en fait.
Et puis, en général, l'oeuvre d'un auteur est d'une profondeur à peu près constante. Donc si Paulho Coelho fait toujours du Coelho, et s'il n'atteint jamais, il en est loin, la qualité d'un Dosto, c'est que manifestement, il en est incapable. Est-ce sa faute si sa "production" est naturellement insipide et nulle?
Est-ce qu'il devrait s'interdire l'écriture pour cette raison ?
Il semblerait qu'il ait trouvé son épanouissement dans cette voie, et que donc tous ses faibles livres, qui expriment sa faible intériorité, dont les réflexions sont à peine digne d'un préadolescent, constituent envers et contre tout sa raison de  vivre, le mode d'expression dominant de sa vie, la source grâce à laquelle il s'actualise.
Et on ne peut le lui reprocher, ni le lui enlever.

C'est la raison pour laquelle la condamnation du nivellement culturel, de la relativisation du goût, qui nous pousse à la tentation permanente d'un totalitarisme artistique dont la vocation, élever le Peuple par la connaissance des grands chefs-d'oeuvre, paraît digne, ne peut rien changer.
Elle est contrenature.
En cherchant à imposer le meilleur, qui par définition ne concerne, ne peut concerner qu'une minorité, on nie et on étouffe la nature, la vie, les goûts de tous les autres. On les empêche d'exister.
La démocratie s'avère donc le meilleur régime, le plus propice à l'épanouissement de tous les êtres, même s'il faut s'y résigner au triomphe de la médiocrité. Elle est, par essence, constitivement médiocre, mais elle n'empêche personne d'exister.

Ainsi, Adrien Deume est ce qu'il est. C'est son karma.
Qu'y faire?

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 14:38


Pour Sartre, l'existence de la liberté ne pose pas de problèmes. Elle est un fait. C'est comme ça.
L'homme est condamné à être libre. Mais s'il ne l'est pas, c'est encore un choix.
La liberté n'a jamais eu autant de "causes occasionnelles" que sous l'occupation !
La névrose est le produit d'un projet originel libre, donc résulte d'un choix.
Le processus historique est une affaire de "sujets", et l'histoire se fera, ou pas, avec le concours d'agents libres.

Le problème, c'est qu'à force d'avoir tenté de concilier existentialisme et marxisme, on ne sait plus ou commence la liberté, ou finit la situation, et vice versa.
Et puis, comme disait Marcuse, si la seule alternative, c'est l'esclavage ou la tentative de libération sanctionnée par la mort, il n'y a pas de vraie alternative.

Comment Sartre justifie t-il la liberté ? Il ne la justifie pas. Elle est son idole, l'idole dont il avait le besoin pour surmonter ses propres névroses ( comme la croyance en la Providence, contraire à ses théories, mais qui lui était nécessaire pour agir : voir "Les Mots" et la préface à "Aden Arabie" ).

Donc l'homme est libre parce qu'il est homme, et homme parce qu'il est libre. Pourtant, dans le cadre d'une pensée où l'Esprit ne s'effectue pas par la médiation de la matière, donc un monisme matérialiste, c'est une position difficile.
Il faut que la matière contienne la possibilité d'un arrangement complexe qui permette l'émergence de propriétés attachées à un corps, propriétés qui la débordent, qui dépassent ses conditions initiales de possibilité.
Mais rien ne garantit que cette liberté virtuelle inscrite au coeur de la matière, et actualisée pa l'homme, ne soit pas une chimère. Et si nous l'admettons réelle, il nous faut supposer qu'elle apparaisse à partir d'une certaine complexité. Et par conséquent, elle ne peut pas concerner tous les hommes, ce qui serait encore contraire aux théories Sartriennes.
"Tout un homme, fait de tous les hommes, et qui les vaut tous, et que vaut n'importe qui" !

Un exemple illustre l'application de ses théories, dans "La transcendance de l'ego".
Une jeune fille craint de se pencher à une fenêtre, car elle se croit capable de crier, et ne sait pas si elle pourrait réfréner ce cri éventuel. Cela l'angoisse.
Pour Sartre, s'il s'agit d'une confirmation de ses théories sur la liberté. L'angoisse est inséparable de la liberté, du fait que je peux tout faire, et faire n'importe quoi, à tout moment.
La position de freud, c'est l'inverse. Une personne libre, maîtresse d'elle-même, ne ressentira pas ce vertige des possibilités, qui ne touche que les névrosés, ou du moins ce vertige ne la submergera pas, ne l'empêchera pas de vivre, ce qui serait une pathologie.

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 13:55


La psychanalyse comporte un élément d'émancipation individuelle qui peut la rapprocher de l'anarchisme ( Philippe Garnier ).
Cette libération individuelle est toujours un compromis entre les inclinations personnelles et les obstacles qui lui sont imposés du dehors.
Pour qu'il y ait réalisation effective, il faut bien que l'individu s'accomode du principe de réalité.
Ce qui ne signifie pas qu'il ne peut pas et ne doit pas chercher à modifier son réel.
Mais sa liberté, comme dirait Sartre, est bien obligée de faire avec la situation qui lui est donnée.

A la différence de chez Sartre d'ailleurs, l'homme ne naît pas libre, n'est pas condamné à être libre. Mais si "le moi n'est pas maître en sa propre maison", il peut le devenir.
Cependant, comme chez Spinoza, ce n'est pas la liberté qui pose des actes et ainsi fonde, "crée" la nécessité, mais l'accession à une certaine compréhension intuitive de la nécessité qui engendre la liberté.  Et cette libération, sorte de prise de conscience de l'enchaînement des causes et des effets, des motifs qui nous déterminaient à notre insu ( l'inconscient chez Freud ), et dont l'ignorance nous donnait l'illusion d'être libre, cette liberté donc est elle-même le fruit d'une chaîne causale, dont nous ne sommes, en définitive, pas les responsables.

Je crois utile de signaler qu'à mon avis, cette libération a comme corollaire la prise de conscience de notre finitude, donc la critique implicite des dogmes religieux. Freud ne s'est pas privé d'en démontrer le caractère de fiction consolatrice ( Dieu le Père tout puissant, idéal etc ).
Spinoza a dénoncé les croyances religieuses comme superstitions mais sa pensée s'est développée sur le mode de l'éternel, donc s'écarte de Freud sur ce point.

Ce n'est que parce que nous nous sentons finis, que nous pouvons, même si ça ne suffit pas, être libres.
Car alors seulement, nous pouvons réinterroger toutes nos pratiques, nos investissements énergétiques, remise en cause qui ne tient que par la conscience d'un horizon borné.

Il s'agira alors pour nous de réussir à savoir ce qui est l'essentiel pour nous, et pas l'essentiel pour Dieu, pour pouvoir s' y concentrer.
Bien sûr, il faudra y concilier le cadre objectif, historique d'existence dans lequel nous sommes immergés. Mais il importe aussi de se déprendre d'une médiation excessive, sans rapport avec la stricte nécessité imposée par le réel, une médiation de type Hégélienne qui a tendance à repousser indéfiniment la satisfaction du désir.

Reste le délicat problème du contenu exact du concept de la liberté chez Freud.
Il existe 2 visions divergentes, au moins à première vue :

-Pour les surréalistes, Breton en tête, il s'agit de se déprendre de l'influence du conscient, du surmoi, de la  censure, pour laisser agir la fougue de l'inconscient, vraie racine de l'être ( ex : écriture automatique, valorisation du rêve )

-L'autre conception est celle de Thomas Mann. Pour lui, si Freud a exposé la part obscure, irrationnelle, "l'inquiétante étrangeté" en chaque homme, c'est pour mieux la domestiquer, et s'en préserver. Le rationalisme, le moi doivent triompher de l'instinct, des pulsions, de la bestialité non raisonnée.

En fait, il n'est pas exclu que les deux visions, apparemment irréductibles, puissent converger.
Après tout, l'épanouissement individuel réclame la satisfaction libidinale, et le meilleur moyen pour y parvenir, sans se contenter de fantasmes, mais sans enfreindre les moeurs, les valeurs établies, c'est d'avoir un moi "fort", capable de composer avec ça et surmoi, afin de trouver les meilleures solutions pour un compromis toujours précaire, toujours à faire.

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 13:24


Il est notoire que les artistes sont aussi intéressés par la psychanalyse ( Mahler, Mann, Zweig, Breton, Dali ), qu'ils s'en méfient.
Ils pensent que leurs conflits intérieurs sont le moteur de leurs créations, et que s'ils les réglaient, ils n'éprouveraient plus le besoin impérieux de s'en décharger par leurs oeuvres, grâce auxquelles ils modèrent la gravité de leurs névroses et retrouvent le monde réel selon Freud.
Ils le retrouvent, car il leurs faut bien composer avec le principe de réalité, pour aboutir à quelque chose de concret et ne pas stagner dans le fantasme, l'inachevé.
Ils doivent imposer une forme communicable à leur imaginaire.

Je crois que leur crainte est infondée. La psychanalyse peut leur permettre de prendre conscience de leurs désirs réels. Il est possible, en effet, qu'ils ne cherchent à créer que pour répondre à des injonctions inconscientes, telle qu'une intériorisation d'un désir parental par exemple. Dans ce cas, la psychanalyse leur donnerait la possibilité de s'en libérer. Mais s'ils veulent continuer à créer, librement cette fois, à partir de la prise de conscience de leurs désirs, ils le peuvent. Et s'ils s'aperçoivent qu'ils ne le veulent pas, pourquoi s'enfermer dans le mythe de l'oeuvre à faire et gâcher leur vie par cette sacralisation abusive ?

Mais, ce qui importe plus que tout, c'est que la psychanalyse n'altère pas la pulsion primitive, la force de vie de l'individu, sa mémoire, sa libido, son imagination, ses capacités créatives. Au contraire, elle les lui rend.
Elle ne déconditionne pas, comme le fait la psychiatrie, pour reconditionner de façon comportementaliste.
Le reconditionnement est laissé à la charge du patient, donc sa liberté est sauvegardée.
Comme les troubles sont considérés comme des symptômes, on ne s'y attaque pas directement. On ne cherche pas à "forcer" l'individu, on le laisse advenir à son rythme, les symptômes disparaissant progressivement en fonction du mieux-être général.
Et, bien sûr, il s'agit encore moins d'amputer l'être d'une partie de lui-même par des pratiques si odieuses, si abominables, et qui furent néanmoins si fréquentes en psychiatrie ( dont les TCC sont les héritières ), que l'on en taira les noms.

La psychanalyse peut donc être utile aux artistes, surtout aux plus torturés d'entre eux. Elle peut les sauver de l'enfermement obsessionnel qui, s'il est un élément de leur profondeur, peut les conduire à la folie.
Schumann aurait sans doute pu être sauvé par la psychanalyse. Elle ne l'aurait pas rendu moins créatif, en lui offrant la perspective d'une libération intérieure, en le rassurant par la démonstration que ce qu'il prenait pour un mal incurable n'était en fait qu'un entrelacs de complexes psychiques que sa grande intelligence et sa prodigieuse sensibilité auraient en fait aidées à dénouer.

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 05:26


Le problème de l'intériorité, c'est que plus elle est riche, plus elle en pose.

Un individu qui se sent porteur d'intuitions intéressantes sera poussé, naturellement, à les approfondir, à leur donner une forme et à les communiquer.
Il est donc "condamné" à fournir un travail important.
Soit il l'accepte, et se réalise ainsi, mais dans la douleur, soit il refuse la tâche, mais alors il ne peut éviter l'impression permanente de gâchis, de passer à côté de ce qu'il pourrait faire, d'où l'autodestruction.

On comprend alors pourquoi la vie du génie est impossible. Le travail qu'il doit fournir pour parvenir à exprimer le meilleur de lui-même est considérable, et il le pressent. Cette intuition risque de l'épuiser avant le commencement de l'oeuvre. Et il sera toujours tenté par la renonciation. mais, s'il y cède, la conscience de ne pas actualiser ce qu'il porte en lui sera exacerbée, et il se détruira plus vite qu'un individu moyen.
Imaginons Balzac refusant l'oeuvre. Impossible, un tel bouillonnement intérieur tendait à se manifester, devait se manifester. Il était voué à l'épouvantable labeur !

La psychanalyse peut-elle aider ces êtres hors du commun ? Oui, car si elle ne peut se substituer à l'actualisation nécessaire de leurs puissances, elle peut néanmoins les aider à se concentrer sur l'essentiel, à éviter les répétitions et tensions inutiles, et c'est déjà un soulagement.

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 05:22
Thierry Ardisson se croyait malin lorsqu'il se gaussait de Karen Cheryl.
Le parrain de ses enfants est Paulo Coelho, c'est pire.
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