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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 20:47

Il rompit ses relations épistolaires avec Clara. Il s’était déssilé. Elle se révélait inconséquente, et le pire défaut pour Brian, dure. Il s’était également aperçu qu’il s’intéressait plus à son travail qu’elle au sien. Elle ne lui écrivait jamais rien sur sa vie, ses idées, ses projets, ce qu’il lui demandait, à défaut de le voir. En fait, elle n’était pas à la hauteur de ce qu’il pouvait lui apporter. Lui, l’héritier d’intrépides aventuriers du corps et de l’esprit, le fier Malouin pour lesquelles les princesses Ottomanes se damnaient sans réponse, il s’était laissé abattre par une histoire impossible avec une femme qui, pour d’insondables raisons, lui était inaccessible. Il s’était perdu, comme Swann, pour une femme qui n’était pas son genre. Il critiquait Spinoza, Sartre ou Freud via La Mettrie, et elle lui ressortait les platitudes si prisées par les femmes issues de psycho magazine ou des niaiseries Tibétaines. Qu’était-elle, sinon une belle femme avec ses qualités intrinsèques, pas très cultivée, comme il en existe des centaines de milliers en France ? Il l’avait idéalisée. Et elle l’avait fait souffrir. Et puis, il s’était rendu compte qu’il n’y avait que des généralités dans ses messages, mais rien qui lui soit destiné en propre, rien de personnel. Elle était en réalité complètement indifférente, et il se sentit trahi d’avoir livré la vérité de son cœur, de sa vie, de son âme, à une femme qui s’en foutait éperdument, et peut-être incapable d’en sentir la profondeur.

De toute façon, il ne pensait plus qu’à la petite Coréenne avec qui il s’était mis en contact. Il lui avait écrit en anglais ce qu’il n’avait pu terminer de lui dire en face, après son « it’s good, it’s good » . Poitiers sans cette jeune femme c'était Poitiers vidé de toute vie, de tout intérêt, de toute chaleur et de tout amour pour lui. Une ville morte et déprimante, une ville vide.

Il aimait tout d’elle, même sa façon de s’habiller, qu’il adorait. Il n’aspirait plus qu’à partir en Corée. Pour lui, elle était parfaite.

 

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31 mars 2018 6 31 /03 /mars /2018 18:57

Finalement Brian revit la petite Coréenne. D’abord, il la croisa dans le hall immense du TAP de Poitiers, empli de monde, et il n’eut pas la présence d’esprit de rester à proximité, d’aller à sa rencontre. Puis le lendemain, en forme, lors d’un spectacle d’un danseur nu avec gants et chaussures, Aleckander, il s’assit au fond de la salle, à gauche. Il vit le groupe coréen venir. Elle vint à lui, lui fit un signe droite gauche avec les mains, et s’installa à quelque places à sa gauche, séparée de lui par quelques personnes. Il hésita à se lever et à lui demander s’il pouvait s’asseoir à côté d’elle. Il se dit qu’à la fin du spectacle, il ne bougerait pas et attendrait qu’elle passe à ses côtés, pour pas rater l’occasion. Lorsque ce moment arriva, il attendit un peu, puis descendit malgré tout les marches avant qu’elle se soit suffisamment rapprochée. Il s’en voulut et décida de rester dans le bar attenant. Il la vit venir, si mignonne et spéciale, dégageant une aura spécifique. Elle se tourna vers lui, rougit, il rougit aussi. Il fut sur le point de l’accoster, mais son anglais était mauvais, son coréen pire encore. Et puis, il y avait les profs de danse coréennes plus âgées à côté. Il resta bloqué. Rentré chez lui, il s’en voulut à mort. Ca le fit cogiter toute la nuit, une aide inattendue du Cosmos que sa lâcheté avait fait foirer.

 

Le jour suivant, il y avait une représentation d’étudiants sur le Campus l’après-midi, et deux spectacles le soir au TAP. Il espérait qu’elle s’y trouverait, et tenterait de lui parler. Elle était là sur le Campus, avec le groupe. Il avait pensé à elle, à ce qu’il lui pourrait lui dire. Ca n’avait plus rien de spontané, et l’émotion le mit sur les nerfs. Un shoot d’adrénaline. Il s’installa au fond quand ils rentrèrent dans la salle. Elle se rassit pas loin à côté, et ils se firent de nouveau un signe et un sourire commun. Après un temps de représentation, dont il se désintéressa du coup complètement, il sortit pour aller aux toilettes et prendre une timbale de café. Quand il revint, il la chercha des yeux, mais ne la trouva pas. Puis la porte s’ouvrit et il vit qu’elle était sortie pour prendre un café à sa suite. Ils s’étaient encore loupés. L’occasion idéale, puisqu’elle était seule. Il la regarda et lui fit un signe maladroit avec le visage pour qu’elle s’installe à ses côtés mais un signe à peine esquissé. Il dut quitter le spectacle un peu avant la fin pour aller à un rendez-vous. Il espérait la voir de nouveau le soir.

 

Au TAP, il la chercha un temps, puis la vit dans le bar du théâtre, avec tout le groupe Coréen. Ils étaient les seuls présents dans l’endroit. Au moment d’aller à la représentation, il se demanda si elle viendrait. Comme elle n’était pas dans la queue, il hésita à revenir sur ses pas et à aborder le groupe entier. C’était pas évident. Il vit quelques Coréens au bout de la file, derrière lui,  ce qui lui fit espérer sa présence mais ils partirent. Seule une grande danseuse Coréenne, belle et classe, assistait au spectacle, et Brian se désintéressat complètement de la scène, souhaitant juste en finir le plus vite possible, l’âme triste à en être anéanti, sonné, le corps entier vacillant. Quand il revint au bar, où il y avait quelques coréens qui discutaient, il s’enstalla en face d’une coréenne qui enlacait une étudiante française et pleurait avec elle, bouleversées de la fin de cette parenthèse dans leur vie, et de la séparation à venir. Brian aussi avait le cœur lourd. Son moral était au plus bas, et au diapason de leur tristesse. Il se déplaça pour prendre un café et comme une femme prit un verre de vin rouge, il changea d’avis et en prit un aussi. Puis il se replaca sur le canapé en face de la coréenne. Il but lentement, ¾ d’heures d’attente à tenir, quand il la vit venir, avec son aura spécial. Elle le regarda, ils se sourirent, et elle s’enstalla avec un groupe de danseurs mélangés de Coréens et d’autres nationalités. Il fallait qu’il y aille. Assise en face, elle le regardait de temps en temps. Comment y aller, avec ce putain de groupe ? Il la vit se lever et rejoindre celle qui semblait la plus expérimentée du groupe qui marchait là. Elles sortirent du bar. Brian se leva et commanda un deuxième verre de vin. Il était au comptoir quand elle apparut seule. C’était le moment, et merde, la prof plus âgée qui reparaissait à sa suite. Elles s’installèrent face à face, à l’ancienne place de Brian. Elle était placée de façon qu’elle puisse le regarder. Bon sang, il fallait y aller ou mourir. Il vida son verre, le posa, et alla droit sur elle. Il lui fit comprendre qu’il voulait s’asseoir à ses côtés. Il y avait  peu  de place entre elle et une autre femme, mais elle le lui permit. Là, il s’embourba. L’esprit brouillé par l’émotion, avec elle à ses côtés, et la prof plus âgée en face, dans un Anglais qu’il baragouinait, il perdit le fil, précipité. Il lui dit qu’il donnait des leçons de philosophie mais qu’il était très mauvais en anglais. Elle lui répondit que c’était pareil pour elle. Il lui dit : « Tu es prof de philo aussi ? » Non elle parlait mal anglais. Alors, pressé, il lui parla de culture coréenne, d’artistes qu’il aimait bien, mais elle ne compris pas de qui il parlait, sans doute à cause de sa prononciation. Elle lui répondit : « Tu aimes bien le peuple coréen ». Puis il se perdit à nouveau. Au lieu d’attendre, il enchaîna, ne sachant quoi dire, ayant trop préparé mentalement la scène. Alors, après un blanc, décontenancé, il lui dit : « it’s good, it’s good » et partit brusquement, ce qui sembla la surprendre. Il aurait du rester et tenter de parler d’elle, genre : « Are you teacher of danse ? », « What’s your name ? »,  «I’m shy so it’s difficult to say for me but you are beautiful, special, very charismatic girl », « Philosophy is not important, you are important ». Malgré la gêne, il aurait du rester sur place et voir ce que ça aurait donné. Après, pour le spectacle, il la voyait le regarder, mais il ne put l’accoster à nouveau. Ca le bousillait.

 Il y avait une fête de cloture, mais sans elle ça ne l’intéressait plus. Tout ça était vide sans elle.

 

La nuit venue, il fit un rêve étrange, avec la prof grande et classe, merveilleuse danseuse, qui, assise à ses côtés, reposa sa tête sur ses genoux comme si elle avait besoin de réconfort et d’affection. Ca l’avait intrigué au réveil. Elles repartiraient en Corée, et sans doute il ne les verrait plus. Il se débrouillerait pour avoir leurs noms et en savoir plus. C’était trop dur sans ça.

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28 mars 2018 3 28 /03 /mars /2018 15:31

Brian revit la femme aux yeux superbes, et Véronique, la médiatrice culturelle, qui s'assit à ses côtés lors d'un spectacle de danseurs exilés syriens. Mais elles ne l'intéressaient plus. Son esprit revenait sans cesse vers Clara, qu'il trouvait différente. Peut-être l'idéalisait-il, comme Don Quichotte dont le délire métamorphosait n'importe quelle femme en vertueuse princesse. Mais quelque chose en elle l'avait touché, une fragilité, un frémissement du corps et de l'âme qui traduisait une sensibilité et une ouverture à la vie peu commune, et il imaginait  les obstacles qu'elle avait dû surmonter pour son épanouissement, quelle était sa vie d'avant, et tout cela le remuait intérieurement. Il était partagé entre son désir un peu égoïste de la voir, et la bonne distance qui lui permettrait de contribuer de loin à la fructification de ses dons. Était-ce incompatible? Serait-il un poids pour elle s'il se rapprochait? Il n'avait pas l'habitude de se voir comme ça, mais son insistance l'avait-elle transmué en boulet? Il ne savait pas.

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28 mars 2018 3 28 /03 /mars /2018 00:11

 

En attendant le moment de buter Jolloré, Brian continuait à danser. Il avait un projet de danse solo. Il voulait montrer de façon esthétique et belle son évolution des arts martiaux durs et destructeurs, synthèse personnelle entre shotokan, kyokushin et divers apports, à une pratique martiale apaisée et harmonieuse, préservant agresseur et agressé, et enfin à la pure joie de danser. De la danse de mort, il passerait à la danse de la vie. Puis il terminerait par un seppuku qu’il ne parviendrait pas à aboutir. C’était de l’histoire vécue. Il l’avait tenté avec un cran d’arrêt, adolescent, dans un moment de désespoir. Mais c’était contre nature, et il avait échoué. Il désirait montrer que la dureté conduit au désespoir et à l’effondrement, et le manifester par une alternance entre le maitien trop rigide et droit et l’écroulement. Puis il se redresserait, et trouverait l’équilibre.

Seul Brian pouvait faire vivre cette histoire. Personne d’autre. Et personne d’autre ne pouvait bouger comme lui.

 

L’idée, c’était donc de « danser sa vie », d’exprimer sa vie. On était en plein concept de danse contemporaine. Il avait découvert les fondements de la mutation moderne avec les innovation de François Delsarte, pour qui le corps entier doit être mobilisé pour l’expression. Ainsi, les mouvements corporels traduisent l’état intérieur, et l’influencent en retrour. Ce précurseur français méconnu eut un rôle pour le développement de la danse en Amérique, grâce notamment à son disciple Steele Mc Kay, qui créa une méthode, les « harmonic gymnastics »

Puis, il y eut l’immense Isadora Duncan, dont la vie fut tragique et passionnante. Elle voulut réconcilier, contre les artifices de l’académisme, le corps et l’âme par des mouvements naturels. Elle s’inspira également beaucoup de la Grèce antique.

« Je suis venue en Europe pour provoquer une renaissance de la religion par la danse, pour exprimer la beauté et la sainteté du corps humain par le mouvement. »

Puis Ruth Dennis, influencée par Geneviève Stebbins, combina le delsartisme avec l’inspirante Duncan et y ajouta une technique rigoureuse et une pratique méditative. Danser était pour elle un acte spirituel.

 

Ces découvertes progressives exaltaient Brian. Il voyait s’ouvrir devant lui de nouvelles perspectives. La pratique quotidienne le réconciliait avec lui-même. Les stages et ateliers lui permettaient de s’initier à de nouvelles techniques, et de rencontrer des hommes et des femmes différents des pratiquants d’arts martiaux. Et comme il était d’un naturel bouillonnant, pressé, il avait du mal à contenir sont excitation.

 

Lors d’un échauffement collectif de Jumpstyle, avec La Horde, il réalisa les exercices proposés, assez physiques, à côté d’une délégation d’étudiants et d’enseignants coréens. Il remarqua de très jolies jeunes filles, mais elles se ressemblaient toutes par leur beauté, indistinctes, et comme le narrateur de « La Recherche », elles n’étaient pour lui que des jeunes filles en fleur, et son attention disposait de trop peu de temps pour s’attacher à une figure en particulier.

Il remarqua quelques coréennes plus âgées. De l’une d’elles, grande et mince, se dégageait une profonde intelligence, et elle était pourvue d’une souplesse remarquable dont Brian se demanda si elle provenait du yoga, ou d’un art traditionnel coréen.

Mais son attention fut surtout accaparée par une petite coréenne, jeune encore bien que plus âgée que les étudiantes, sans doute une enseignante, ou un personnel de l’encadrement, qui était placée à quelque distance devant lui, à sa droite, moins belle mais douée de plus de charme, dynamique, généreuse et qui amusait Brian. Ils se regardèrent. Il eut l’impression qu’elle l’avait remarqué. Elle se déplaça et se mit juste derrière lui, seule. Elle le regarda et lui fit un signe d’encouragement et de sollicitude sur un geste ardu. Il lui montra de la connivence. Puis l’échauffement prit fin. Brian ne sut que faire. Elle s’était un peu isolée, les mains sur les hanches. Il resta sans bouger, indécis. Comment l’aborder avec le groupe Coréen resté très proche ? Finalement, il mit son manteau sur ses épaules, prit son sac et se changea dans les toilettes de la Maison des Etudiants. Puis il se dit qu’il avait merdé. Avait-il fui ? Il aurait du rester un peu plus longtemps, et la regarder plus longuement, car elle lui plaisait. Et elle l’avait distrait quelque temps de son attachement excessif pour Clara, française d’origine coréenne qu’il avait cru d’abord d’origine chinoise. Il n’y avait pas que Clara, c’était rassurant, même si la probabilité d’une nouvelle rencontre avec la petite coréenne était bien faible. Bon sang, quel tropisme pour les Coréennes tout de même ! Comme s’il partageait une âme commune avec ce Peuple. Il irait peut-être vivre en Corée, et si les choses tournaient mal, et qu’une bombe lui tombât sur la tête, il se dit qu’il mourrait volontiers avec les Coréens, au sein d’une patrie aimée et désirée. Et pourquoi pas ?

Il ne comprenait toujours pas les résistances de Clara. Elle était, se rendait inaccessible. Et il se demandait si elle ne contribuait pas par ce procédé à stimuler son intérêt. Quoi qu’il en soit, elle restait ferme et résolue dans son refus de le voir. C’était dingue parce que tant de femmes cherchaient sa compagnie, sa conversation, mais il fallait se rendre à l’évidence. Sans être indifférente, pourtant elle le fuyait.

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12 mars 2018 1 12 /03 /mars /2018 20:52

Laurent Jolloré, grand patron et abrutisseur des masses archétypal, devait animer un séminaire pour motiver ses troupes, en Bretagne, région dont il était originaire. Quelques bouffons vulgaires, dont un manchot, un chti, devaient l’accompagner lors de ce raout. Il ferait l’éloge de son ancien protégé, tué par on ne savait qui, mais « ils allaient payer ces salauds » qui descendirent ce brave Hamdoulah.

Brian, issu de la Bretagne Nord, se dit que c’était le moment pour s’occuper de cette ordure. Il alla à la rencontre du Monstre, car il voulait que celui-ci, en plus de son aide, puisse s’amuser. Il lui lâcherait la bride. Cheminant à travers bois, il alla le trouver, impérial et fou, tordu et serein dans son étrangeté. Vieux camarades de maison de correction, ils n’avaient pas à parler pour évaluer les souffrances subies et se comprendre. Ils se rejoignaient sur leur détestation de l’humain, mais les retenues qui restreignaient Brian, parce que même privé de « témoin secourable » jeune, il avait rencontré quelques personnes dignes et attentionnées, le Monstre n’en éprouvait pas le poids et les tabous.

Il avait manqué de tout, et son mépris pour les hommes était si prononcé qu’il n’avait pas l’envie ou le besoin de les réformer. Ni de les exterminer d’ailleurs. Il les ignorait, la plupart du temps. Il suivait sa voie, indifférent. Et ne s’en souciait que s’ils entravaient ses désirs et menaçaient sa façon de vivre.

Quelque part, Brian était plus dangereux, un pied encore dans l’humain, trop pris par ses affects pour se débarrasser d’un passé encombrant. Il était comme ces fanatiques révolutionnaires, ne supportant pas l’ignominie humaine et voulant forcer l’idéal, ayant trop éprouvé en lui-même les bassesses et l’hypocrisie effroyable de l’homme pour envisager une évolution intime parallèle.

Tout à la fois incapable de s’intégrer parce que ne désirant pas l’intégration, ne partageant rien avec ce monde faux, et souffrant de cette exclusion volontaire.

 

Le Monstre était bien plus équilibré, dans la résolution propre de ses conflits. Il n’était pas beau, juste impressionnant, avec un visage intimidant, et un physique dégageant une impression de force extraordinaire, comme on imagine celui de Frankenstein.

A vrai dire, Brian était le seul homme dont il acceptait la compagnie, parce que même en maison de correction, il n’était pas comme les autres, étrange, à la fois violent et attentionné, préoccupé de littérature autant que de combats. Il était une exception, et une énigme pour le Monstre, et le seul qu’alors, il craignait. Il ne le craignait plus à présent. Brian était très fort, mais ses compétences physiologiques restaient dans la norme. Lui en sortait.

Brian avait besoin de lui, pour tuer un type qu’il n’aimait pas, et sans doute, quelques personnes dans son entourage. Soit. Ca ne l’intéressait pas, mais il l’aiderait, et anéantirait ces types. Et même, puisqu'il en était ainsi, leur ferait-il pire que les traitements infligés par les cartels mexicains à leurs ennemis. Il s’amuserait.

 

Il leur restait dix jours pour planifier, préparer. Ce type, Jolloré, devait être protégé par  une flopée de gardes rapprochés. Son séjour serait court. Même s’il disposait d’une villa là-bas, il y séjournait rarement. Il ne resterait que pour le show en soirée, et repartirait le lendemain, après sa ballade habituelle sur les falaises qui longeaient la mer. C’est là qu’il fallait agir.

Les rituels ont du bon, même pour les assassins.

 

Le seul hic, c’est qu’après avoir sauté en parachute et affronté les montagnes à l’armée, Brian avait développé, progressivement, un vertige sclérosant, une véritable phobie du vide. A chaque fois qu’il devait côtoyer les abymes, franchir un pont, l’angoisse le prenait, et il perdait une partie de ses capacités. Peut-être le symptôme déplacé d’un trauma méconnu, ou tout simplement le conflit éprouvant entre l’envie et la possibilité d’en finir brutalement avec la vie, et des résistances psychiques et corporelles à cette fin brutale et sans appel.

Ca allait être périlleux de rester lucide sur ces hauteurs surplombant la mer et d’agir avec efficacité tout en ayant le cerveau et l’esprit figés par la peur. Il perdrait une bonne partie de ses facultés, comme lorsque, au centre de l’attention, se sentant regardé, le jugement et l’évaluation pressentis, supposés, le paralysaient et le plongeaient en état de sidération, d’hébétude.

Peut-être, s’il triomphait de ses peurs, se libérerait-il à la même occasion de ses liens si forts et empoisonnés, et n’éprouverait-il plus alors le besoin, une fois son moi assuré et incontestable, d’éliminer des cibles dont la bêtise et la vulgarité, en même temps qu’elles salissaient le monde, lui donnaient l’impression de le contaminer lui-même?

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14 février 2018 3 14 /02 /février /2018 15:20

 

Brian avait participé à une soirée avec l’association OVS dans un bar du centre-ville, pour l’expérience. Soirée désastreuse. Il n’avait pas connu ça depuis des années. Ils étaient une quinzaine, hommes et femmes, et il n’avait trouvé aucun intérêt à être parmi eux, absolument aucune joie, et éprouvé un immense ennui. D’habitude, même avec des êtres pour lesquels il n’avait pas d’inclinations, il trouvait des accroches. Mais là non. Il avait eu comme le cerveau bloqué. Riche de trop d’idées, le fossé à franchir était trop important. Il s’était vraiment senti un loup solitaire, et complètement indifférent à ceux qui l’entouraient. Il n’était vraiment pas humaniste. Il aimait certaines personnes, mais il préférait chiens, loups, rhinocéros, hippopotames, tigres, crocodiles et dauphins à ces membres de son espèce. Vraiment désappointant. Il s’était fait l’impression d’être le héros de « A beautiful day » au milieu d’esprits de commerciaux gangrenés par la société du spectacle, incapables de pensées complexes, le genre abruti par la TV réalité,  à apprécier « Despacito » et « Fast and Furious », avec qui toute conversation intellectuelle est impossible.

Au bout d’un moment, las, Brian prit sans diplomatie son manteau et partit. Certains participants étaient gentils, mais toute cette médiocrité bruyante donnait à brian l’envie de se battre. La pression montait, et il s’en fallut de peu qu’il ne démonte un maximun de types. Mais ce genre de soirées, ou seul se battre l’intéressait, il voulait le laisser derrière lui.

 

Il lisait un livre sur le bonheur de Russell. Putain c’était bon. Toujours aussi subversif, et tellement meilleur que les bouquins de développement personnel et les niaiseries et platitudes de Mathieu Ricard, du Dalaï lama, d’Eckart Tollé, de Laurent Gounelle, de Christophe André ou d’Arnaud Desjardins. D’ailleurs, ils écrivaient des dizaines de livres ou ils répétaient toujours la même chose, et en plus se permettaient des leçons de morale. Le bouquin de Russell est beaucoup plus pertinent, provoquant, anti-conformisme, et il n’en a écrit qu’un sur le thème. C’est vraiment un livre, accessible, à faire connaître.

En repensant à la souffrance des esprits libres et originaux, dont parle Russell, Brian reprit conscience qu’ils souffraient tous, et étaient toujours rejetés par la masse. C’était logique mais également injuste que les hommes les plus intéressants, minoritaires, soient ostracisés, persécutés par le troupeau, les imbéciles et les ignorants. Galilée, Copernic, Giordano Bruno, Darwin, Freud, Genêt, Miller, Fante, Kerouac, Polanski ou Woody Allen souffraient de l’immonde ignominie des gens ordinaires. C’était insupportable. Si la démocratie, de par sa nature, doit systématiquement conduire au triomphe de la majorité et donc de la médiocrité, et si l’homme supérieur est sacrifié, elle ne peut être un régime satisfaisant. Le but, c’est que tous aient accès à Dostoïevski ou Pasolini, pas que l’uniformisation évolue vers le plébiscite de Koh Lanta, Arthur ou Hanouna, expressions d’un débilité plus tragique que profonde. Ainsi les plus évolués sont ridiculisés, et l’anti intellectualisme, de pair avec l’ultra libéralisme, est toujours plus influent.

Partout, celui qui lit, donc qui s’isole, se soustrait à l’influence du groupe, est mal vu. Brian avait bien connu ça, notamment à l’armée, et dans un reportage sur la formation des CRS, il avait vu un type, plus fin que les autres, d’origine étrangère, qui lisait. Il était le seul parmi les novices, et ceux-ci ne l’acceptaient pas.  Le jour où les masses seront vraiment éclairées, lire ne sera plus perçu comme quelque chose de subversif par nature.

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 19:00

 

Brian se morfondait dans ses idées noires, comme dans la chanson de Lavilliers, se sentait glisser vers la parano, quand Maharo sonna à sa porte. Lui, d’un esprit plus scientifique que littéraire, gardait le moral. Il  trouvait toujours à s’occuper, et s’il était secoué par quelque difficulté existentielle, allait courir 15km ou enchaînait pompes et tractions. Brian n’était pas homo, mais comme l’a dit Van Damme, on est tous homo, et si le corps des femmes, même lorsqu’il est empli d’imperfections, est  sexuellement plus attrayant, Brian aimait regarder des corps d’hommes en forme, comme doués d’une énergie qui était également la sienne. Or, Maharo était grand, élancé, et ses muscles exhalaient la puissance, la combativité. Il n’était ni trappu, ni bodybuildé, plutôt comme on imagine le physique de Queequeg dans «Moby Dick», ou de Larsen dans «Le loup des mers». Et c’était un plaisir de le contempler.

 

Son ami lui parla d’une connaissance commune qui, trop las des violences vues et son esprit incapable de s’en détacher, avait rejoint le Cosmos sous une autre forme. A chaque fois que Brian apprenait le départ définitif d’une connaissance, proche ou non, ça l’affectait profondément. Même la mort de gens célèbres le remuaient. Amy Whinehouse, Mickael Jackson, David Bowie, Whitney Houston, Halliday, Dolorès O'Riordan, ça le plombait. La mort, merde, la fin de la vie, des rencontres, de l’amour, plus d’échanges avec les femmes. Vraiment terrible.

 

Il était décidément plus proche de Kerouac que de Miller. En plus de sa misogynie, il y a une sorte de distance constante derrière les plaintes incessantes de Miller. Il a peut-être trop souffert dans sa jeunesse, alors il semble détaché de tout. Il est souvent cynique lorsqu’un de ses amis meurt, paraît indifférent, s’en vante même. Pas pour rien qu’il a intitulé sa trilogie « Plexus, Nexus, Sexus » : « Crucifixion en rose » .

Chez Kerouac, comme chez Brian, il s’agirait plutôt de « Crucifixion en noir ». Kerouac était extrêmement tourmenté, et pratiquement toujours îvre. Dans « Vanuité de Duluoz », il écrit que tous ses périples, sa création littéraire, sa gloire, ses efforts, tout ça n’a servi à rien. Miller lui, a vécu beaucoup plus longtemps, et jouissait de sa célébrité. Il n’avait pas recours sans cesse aux substances pour supporter la souffrance. Kerouac n’a pu colmater l’abîme initial parce qu’il n’a pas su défusionner d’une mère envahissante. Il est revenu vivre chez elle, et y mourir. Miller a souffert des insuffisances maternelles, mais il a coupé les ponts rapidement, et comme un héros de Mark Twain, tôt, il a fait sa vie. Il s’est davantage autonomisé, et était ainsi plus blasé que mélancolique. Il était donc également plus libre et moins fragile. Il semble aussi moins fermé, moins mutique, plus sociable que Kerouac.  Mais ses failles, associées à son génie, le reléguèrent longtemps aux marges.

 

Maharo conta quelques histoires de la légion à Brian. Sortis du service, beaucoup de légionnaires se retrouvaient clochards ou allaient en prison. Ils avaient besoin du cadre et ne parvenaient pas à se motiver seuls, à entretenir une discipline personnelle. Cela plus la violence passée et la boisson, et c’en était vite fini de leur superbe, et de leur prestance. Ils perdaient leur silhouette martiale et prenaient une allure pitoyable. Maharo, lui, n’avait pas besoin du cadre. Il avait aimé s’y éprouver, se confronter à ses limites, ses faiblesses. Désormais il se débrouillait sans. Et il gardait son corps affuté, préparé pour la guerre. Sorte de prince du combat, ses qualités auraient mieux trouvé à s’employer en des époques plus lointaines, ou Brian l’imaginait volontiers, tel Sasaji Kojiro, vaquant de combat en combat, bien droit, seigneurial, l’épée dans le dos. Il était taillé pour ce genre d’aventures, aristocrate de la guerre.

Quant à Brian, lui, il restait l’insatiable malouin, toujours insatisfait, épris d’ailleurs, mélancolique, triste et seul. Un vrai breton, comme Kerouac.

 

Il aimait les femmes du Sud. Les filles du Sud-Est Asiatique, les filles des ïles, les espagnoles, les italiennes, les arabes. Il trouvait les anglaises laides et vulgaires, et même les Nordiques, les Scandinaves sur lesquels beaucoup d’hommes fantasmaient, le laissait indifférent. Certes, la beauté de belles blondes aux yeux bleus était parfois impressionnante, mais ça ne le touchait pas. Il avait une inclination particulière pour les femmes arabes. Il les trouvait chaleureuses. La peau mate le réchauffait, même mentalement. Elles étaient souvent énergiques et gentilles, ce qui pour des Occidentales est plutôt contradictoire. Il aimait leur physique, leurs manières gestuelles très expressives. Lui, breton, ne parlait pas avec les mains, et c’était un plaisir de les voir se mouvoir. Et puis, les françaises issues des pays arabes sont partagées entre deux cultures, et ont donc souvent des problèmes d’identité, et cette fragilité liée à la quête identitaire leur ajoutait encore quelque chose, et touchait Brian qui, pour d’autres motifs, partageait cette faille.

La grâce toute royale de certaines arabes, la dignité princière de leur port, et le haut degré de raffinement, d’intelligence, et de sensibilité qui émanent de leurs visages et de leurs expressions l’incitaient, lui le breton, à voyager vers le Sud, et à sortir de sa forteresse Malouine, à s’élancer vers des femmes complémentaires, aux visages moins bornées, moins dures et granitiques, plus colorées que les femmes de sa région. Ceci dit, les bretonnes peuvent également avoir du charme, notamment pour les hommes du Sud, et même Brian était parfois touché par une belle Nantaise au style typique du coin. Ca lui arrivait, aussi, mais moins souvent. Il préférait la chaleur au froid, et l’impression de chaleur générée par l’aspect physique, même réduite à être une impression illusoire, lui suffisait. D’ailleurs, elle n’était pas qu’illusoire. Elle était réelle.

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5 février 2018 1 05 /02 /février /2018 11:47

 

Il commencait tout juste à voir. Oui, c’était possible avec les femmes qui lui plaisaient. Il n’était pas le monstre qu’on lui avait fait croire qu’il était. Il s’autorisait juste à y croire, à l’accepter. Mais à cette découverte narcissique, émancipatrice, s’associait l’idée d’une faute, qu’il allait être sanctionné pour cette ouverture, pour cette liberté qu’il s’octroyait, se découvrait, redécouvrait, car il ne pouvait se permettre de s’estimer aimable. Il ne l’était pas. Il était monstrueux, et se laisser aller à penser qu’il pouvait être désiré, aimé par de belles femmes était une transgression. D’où venait tant de violence, uen telle haine de soi, une telle faille narcissique ? D’un abîme de souffrance qui lui barrait la route de la réconciliation.

Sans amour propre de base, il était dépendant du regard de l’autre, prisonnier de son évaluation, de son jugement. Il n’avait pas d’existence, d’individualité bien définie, d’où un besoin de reconnaissance viscéral. Cela avait généré un colossal effort de compensation, qui l’avait rendu extrêmement fort sur les plans intellectuels et physiques, mais qui, quête sans fin, se révélait inutile pour se libérer de ses peurs, de ses obsessions, de ses traumatismes. Le mal, il luttait contre, mais il ne le coupait pas à la racine.

 

Brian s’était inscrit à un atelier de théàtre. Etre au centre de l’attention lui posait problème. Il détestait ça, et voulait travailler dessus. Passer de l’ombre à la lumière.

 Lors de cette journée, il avait de nouveau fait une rencontre marquante. Il s’était senti pris d’intérêt pour une médiatrice culturelle, Véronique, qui assurait le lien entre la metteur en scène et les stagiaires. Il voulait la revoir, mais ne savait pas grand-chose sur elle, si elle était mariée, avait des enfants, ni comment créer l’occasion. Il voulait donc la revoir, et ne souhaitait même pas parler de lui-même ou se faire reconnaître par elle. Juste la voir, l’entendre, et en profiter.

Il s’interrogeait. Parfois, une femme se distinguait des autres femmes et il y avait comme un contact d’âme à âme. Le physique de la personne plaisait, sa voix, sa manière de parler, de bouger, et surtout, on ne se sentait plus seul en sa présence. Mais pourquoi les femmes qui éveillaient ainsi Brian, le ramenaient à la vie, étaient-elles si rares ? Les autres femmes continuaient, autour, à exister, mais Brian se sentait seul avec elles. Et depuis qu’il s’était imprégné du physique et de l’aura de Véronique, son image revenait sans cesse. Alors faillait-il s’efforcer de chasser le flux continu de souvenirs et de projections, le prolonger et s’y complaire, ou prendre du recul, l’accepter et, sans lutter contre, l’observer ? Il fallait surtout revenir au réel et revoir Véronique. Finalement, Brian trouva le moyen.

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17 janvier 2018 3 17 /01 /janvier /2018 20:04

 

Au fond, la seule chose qui intéressait Brian, les femmes, était la seule qui incessamment lui échappait. Il y avait là comme une malédiction, une fatalité, une tragédie. Il en avait eu, mais pas celles qu'il voulait. Et quand des femmes qui lui plaisaient lui disaient qu’il leur évoquait son ex, il entendait, mais ne parvenait pas vraiment à y croire, tant son image de soi était détériorée. Désormais, il avait l’impression qu’il ne charmait plus les jeunes filles. Il ne savait pas comment vivre avec ça, avec cette conscience d’être passé à côté de tout, et cette souffrance permanente, quotidienne. Comme l’écrit Romain Gary « Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable ».

Il ne pouvait, quand il était plus jeune, draguer, tant sa crainte d'être rejeté était intense, et lorsque les femmes l'abordaient, le sollicitaient, ce qui sauvait son narcissisme, il était bloqué pour deux raisons. D'une part, il se disait qu'elles pouvaient être séduites de loin, mais qu'elles s'apercevraient à quel point il était idiot, stupide, et vide, si elles s'approchaient. Et puis, le rapprochement des corps générait en lui une angoisse insoutenable. Il était submergé par l'émotion. Ca le dépassait, et il était poussé à s'enfuir, comme si la présence du corps féminin, du désir féminin, était intrusif et l'agressait.

Et il lui avait fallu des années pour surmonter tout cela.

Heureusement, en s'ouvrant, les possibilités de rencontre se multipliaient à nouveau. Il n'était plus la bête sauvage qu'il était autrefois. Il avait récemment eu un bon contact avec une femme mi yéménite, mi indienne, rencontrée dans un bar. Et une femme dont l'expression des yeux était formidable, et douée d'intuition comme si elle était une âme soeur, l'avait poussé à s'exprimer et à sortir de lui-même, ce qui lui avait apporté bien plus que son entraînement ou ses lectures quotidiennes, mais avait aussi appuyé là où ça faisait mal, lui avait révélé une nouvelle fois comme il souffrait de ce qui lui manquait. Il en avait perdu le goût de lire.

Il était temps de repasser à l'action.

Il avait laissé passer le temps avec Maria et il avait des infos qui lui laissaient peu d'espoir. Comme dans la chanson de Johnny Hallyday, "Oh Marie... Evanouie mon innocence, tu étais pour moi ma dernière chance, peu à peu tu disparais, malgré mes efforts désespérés".

Et Clara, dont il avait besoin, à qui il aurait pu apporter des choses, qui aurait pu lui apporter beaucoup, ne lui avait laissé aucune chance.

Dur de repartir. Buter Laurent Jolloré avec le "Monstre", c'était aussi redevenir un guerrier froid, fermé, implacable. Il le fallait.

 

 

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15 janvier 2018 1 15 /01 /janvier /2018 19:45

Les séries américaines avaient aussi ouvert l’esprit de Brian. Elles touchaient son humanité.

 Il y avait eu « Friends » avec sa bonne ambiance. Il était amoureux de Rachel à l’époque.

 Il aimait, dans « Desperate Housewives », les secrets cachés par les personnages ou les familles, auxquels il s’attachait.

Dans les « Sopranos », il y avait l’impossibilité d’être soi, les mafieux prisonniers d’un rôle, la psychanalyse de Tony.

Les red neck devenaient sympas avec « My name is Earl » et l’idée du Karma, avec le personnage principal qui établissait une liste de toutes ses erreurs et tentait de rattraper tous ses méfaits passés était une bonne trouvaille scénaristique.

Dans «six fith under », le seul homme qui comprend l’héroïne artiste, qui lui est attentif, c’est un commercial de droite. Il est vraiment là pour elle, et l’amour se fout des étiquettes.

Dans « New orange is black », chaque personnage secondaire devient le personnage principal, et révèle une histoire riche et émouvante.

Dans « Dexter », Brian aimait le rapport au père. D’abord, l’obéissance étroite à ses règles, ensuite le questionnement et la révolte, puis la réconciliation distanciée avec son héritage. Et le succès de cette série s’explique parce que la plupart d’entre nous joue un rôle social, porte un masque, se sent différent, et craint que son côté « Hyde » soit exposé.

A l’inverse du héros de la série, psychopathe qui manque d’émotions et qui joue, pour s’adapter, à en avoir, Brian souffrait d’une sensibilité extraordinaire, qu’il s’était efforcé à camoufler, croyant que cette force était une faiblesse.

« Scrubs » lui avait appris des choses. Il était un peu amoureux du docteur Reid, ce qui le motivait à vrai dire. Et puis, la série l’avait rendu plus tolérant. Il y avait une période où il pensait avoir toujours raison, était intransigeant, et n’était pas à l’écoute. Maintenant, il ne cherchait pas à l’emporter dans la conversation. Il était plus attentif à la préservation de l’équilibre de son interlocuteur, et ne cherchait pas à exposer ses raisons si ça lui paraissait préjudiciable. Dans la série, on voit le docteur Cox , sarcastique, se moquer d’une infirmière qui croit en Dieu. Celle-ci lui explique très franchement qu’elle en a besoin, et qu’elle s’écroulerait certainement sans cela. Le docteur Cox est stoppé dans son ironie. Brian s’étit dit qu’il laisserait leurs illusions aux gens si elles leur étaient nécessaires et s’ils ne pouvaient leur apporter mieux.

Dans « Rectify », il y avait l’amitié en prison, la difficulté de repartir vers la vie après tant d’isolement. Son ami, exécuté, lui apparaît en rêve. Daniel lui dit « je ne sais pas si j’y arriverais », son ami lui répond « je ne t’en voudrais pas ». Et puis, Daniel est sympathique, très littéraire, aussi. Il y a une belle rencontre avec la femme de son demi frère.

 

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